The Mysteries of Paris
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 Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur]

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MessageSujet: Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur]   Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur] Icon_minitimeSam 21 Sep - 19:59

Vous ne pouvez pas nous trouver, nous, nous vous trouvons et nous sommes partout. Nous sommes vos fils, vos filles, vos maris, vos femmes, vos voisins, vos pères, vos mères et bientôt il y aura plus de morts.
Il n'est qu'une chose horrible en ce monde, un seul péché irrémissible, l'ennui.  ☼

… Quelle idée stupide. Pourquoi avais-je accepté ? D’ailleurs pourquoi fallait-il que je dise toujours oui à ma mère ? Le prêtre continua son discours sur la mort, Dieu et la poussière. Bref, des trucs en quoi je ne croyais pas. Je n’écoutais donc pas vraiment. En vérité, je ne savais même ce que je fichais ici. Mon épouse n’avait jamais compté à mes yeux, j’étais un homme et c’était pour cette raison que j’avais assouvi mes besoins naturels avec elle mais à part pour me faire un héritier, elle ne m’était pas utile. Finalement, elle n’avait même pas été capable de faire un fils. Alors à quoi bon lui rendre hommage à sa mort ? Elle ne le méritait pas. Et puis je détestais les enterrements. Ainsi que les tenues de Deuil. Le noir ne m’allait pas. Je m’ennuyais terriblement. Par ailleurs, je trouvais que sa place n’était pas du tout dans le tombeau de ma famille. Elle ne faisait pas partie de ma famille, de ma lignée, après elle, j’en épouserais une autre et ainsi de suite. Toute cette cérémonie était stupide et inutile. Après cela, je n’allais même pas pouvoir me décontracter en chassant. Tout cela à cause de ma mère. A quoi bon vouloir nous réconcilier mon frère et moi ? Nous ne nous étions jamais entendus de toute façon…

***

« Vous n’êtes pas concentré, Sire.
-Mais à quoi ça va bien pouvoir me servir de savoir combattre les yeux bandés ? Tu as peur que je devienne aveugle ?
-On ne sait jamais, si vous aviez besoin de combattre dans le noir ?
-… Cet exercice est stupide. Quand est-ce que je retourne chasser ?
-Sire, la chasse est un sport, pas un passe-temps, un futur roi ne passe pas tout son temps libre à poursuivre des animaux dans les bois.
-Ethan, un futur roi pait ton salaire et te donne les ordres.
-C’est votre père qui fait tout cela et il a exigé que je m’occupe de vous enseigner l’art du combat rapproché. Si je puis me permettre, vous n’avez pas votre mot à dire. »

J’étais épuisé, couvert d’hématomes, avec des courbatures dans tout le corps. A onze ans, je me battais déjà mieux que la plupart des soldats de l’armée de mon père. Mais il fallait toujours que mon maître d’armes en rajoute. Il inventait chaque fois des exercices plus difficiles, plus fatigants… Bientôt, il allait me demander de combattre les mains attachées dans le dos… Tout cela devenait sans intérêt. Pourtant j’étais obligé d’obéir, j’étais persuadé que ça faisait partie de mon devoir, en tant qu’héritier du trône. Tous mes cours me paraissaient ennuyeux, le savoir-vivre et la politesse, la danse, l’élocution et puis les matières normales sciences, mathématiques, français, histoire et géographie... J’étais doué pour le combat, la chasse, l’équitation, j’étais plus sportif que cérébral et j’aimais bien m’entrainer à l’épée mais pas quand l’entrainement commençait à six heures pour finir à dix-huit heures. Et lorsque je n’étais pas en cours, j’étais en compagnie de mon père, mais certainement pas pour m’amuser, je participais à des réunions ennuyeuses avec ses ministres et conseillers, ou alors aux réclamations de certains citoyens dans la salle du trône. J’apprenais à être un Roi. Et cela ne me plaisait pas. Moi, tout ce que je voulais, c’était jouer avec mon petit frère. Lui, il était mauvais en tout mais tout le monde s’en fichait parce qu’il n’était pas le futur Roi, il avait le droit de faire ce qu’il voulait… Ethan me regarda. Je remis le bandeau sur mes yeux en soupirant. Il m’ordonna de me concentrer. Je ne supportais plus de recevoir des ordres. Il attaqua sans prévenir. Je parais quelques coups jusqu’à entendre la voix de mon frère. Il pleurait. Je m’arrêtais net. Ethan me donna un coup sur l’épaule. Je laissai échapper un léger cri de surprise. Quel abruti. J’enlevai le bandeau et le jetai à ses pieds. Il ne s’excusa même pas d’avoir frappé son maître. Lui, je le ferai pendre sur la place publique dès que je serai roi.

« Sire, la séance d’entrainement n’est pas terminée.
-Elle se termine lorsque je le décide, Ethan.
-Sire, je serai dans l’obligation d’aller le dire à votre père.
-Eh bien va. Moi je lui raconterai que tu as osé lever la main sur moi alors que j’étais désarmé et que je ne pouvais pas répliquer. Il croira qui à ton avis ?
-Sire, je ne…
-Hors de ma vue, Ethan. »

Il ramassa le bandeau et pivota sur lui-même pour rentrer au château. J’en avais enfin fini avec cet entrainement. Je rejoignis mon frère qui était assis par terre devant l’écurie et qui pleurait à chaudes larmes en se tenant le genou. Il leva la tête vers moi et je lui souris. Je lui pris la main et l’aidai à se relever. Il n’avait que huit ans. Je l’aimais beaucoup, même si nous n’étions pas pareils… Mais nous passions si peu de temps ensemble et plus les années s’écoulaient, plus j’étais désagréable avec tout le monde. Je ne parvenais pas à lui montrer que je l’estimais plus que les autres.

« Les princes ne pleurent pas, petit frère. J’essuyai tendrement ses larmes et posai un baiser sur sa joue. Père m’a toujours dit que c’est en se blessant qu’on apprend à ne pas refaire les mêmes erreurs, il faut parfois tomber pour mieux apprendre à se relever, tu comprends ? Il me sourit et hocha la tête. Je te montrerai comme faire pour ne plus tomber, d’accord ? »


***

Ma mère me donna un léger coup de coude. Le prêtre avait terminé son discours depuis un moment et tous attendaient que je dise ou fasse quelque chose … Je m’approchai du cercueil et posai la rose rouge dessus puis je quittai le cimetière, j’en avais assez. Je me hâtai de retourner dans mes appartements. Je quittai mes vêtements de deuil, Albert m’aida à enfiler ma tenue de chasse. Je lui demandai de sortir de ma chambre et je mis mes bottes seul. Quel souvenir idiot. Au final, je n’avais jamais appris à mon frère comment faire pour ne plus tomber. J’avais essayé mais j’avais toujours eu quelque chose d’autre à faire. A partir de mes douze ans, je ne me souvenais plus avoir adressé la parole à Arthur une seule fois. Nous étions comme des étrangers. A dix-sept ans, j’étais parti faire la guerre contre l’Espagne, j’avais dirigé les armées avec bravoure durant trois ans puis j’étais rentré en France. La guerre m’ayant rendu plus sûr de moi, plus fort, plus viril, plus violent, j’étais devenu un homme, un vrai… Et je m’étais rendu compte à quel point mon frère n’en était pas un. Et nous nous étions encore plus éloignés. Car nous en étions venus à nous haïr. J’étais ignoble avec lui, pas par méchanceté pure, s’il y avait bien une personne avec qui je ne voulais pas être méchant, c’était lui … Mais simplement pour faire comme les autres, si les nobles que je fréquentais se moquaient de lui, alors je faisais pareil au lieu de prendre sa défense … Bien sûr, le fait qu’il ne soit pas doué en tir ou en escrime m’était incompréhensible mais … Haïr mon frère pour cette raison aurait vraiment été stupide. Il restait mon frère. Cependant, lui devait réellement me détester maintenant et chaque minute en sa compagnie m’était insupportable. Nous ne cessions de nous disputer pour des raisons futiles… Albert frappa à la porte et entra.

« Sire, les invités sont partis pour la plupart, votre mère m’a demandé de vous rappeler que vous deviez sortir avec votre frère.
-Va dire à ma mère que je n’ai pas oublié et que je la remercie encore de cette idée fantastique et merveilleuse.
-Bien Sire.
-Oh ! N’utilise pas le même ton sarcastique que moi pour le lui dire.
-Evidemment, Sire. »

Il me sourit et ferma la porte. Comment pouvait-il encore être gentil avec moi celui-là ? Ne le repoussais-je pas assez ?  J’étais pourtant clair dans mes propos, je ne voulais pas que les gens s’attachent à moi. Et les quelques rebelles, j’allais les briser. Albert et moi n’étions pas amis, peu m’importait depuis combien de temps il travaillait pour moi. Il ne pouvait pas m’aimer. Je me levai et sifflai mon chien. Mon seul et unique fidèle compagnon. Le seul être vivant que je supportais plus de dix minutes. Il se colla à mes jambes et nous sortîmes de ma chambre. Je me dirigeai vers la bibliothèque. C’était le coin préféré  de mon frère. Toujours plongé dans des livres… Ce n’était pas avec ça qu’il pourrait se sortir d’une situation difficile. Comment un homme pouvait préférer l’inaction à l’action ? Cela m’échappait complètement. Il était tranquillement en train de lire. Je m’approchai et m’appuyai sur une étagère. Je claquai des doigts pour le faire lever la tête de son bouquin. Ce n’était pas possible d’aimer autant la lecture… Enfin, j’aimais bien aussi mais de là à y passer mes journées comme lui …

« Eh bien ? Tu n’es pas prêt ? Allez hop, bouge-toi. Rejoins-moi devant l’écurie. »

Je sortis de la bibliothèque et me dirigeai vers l’armurerie. Je pris un fusil pour moi, ainsi qu’un revolver. Je choisis une carabine, plus légère pour mon frère, plus pratique à manier. Aujourd’hui, nous n’allions chasser que tous les deux. Puisque nos professeurs de tir avaient mal fait leur boulot avec lui, j’allais m’en charger plutôt que de me moquer de lui. Autant que mes talents servent à quelque chose. Mon chien sur les talons, j’allai à l’écurie et j’attendis mon frère. Il ne tarda pas trop, mais il n’avait pas l’air motivé et cela m’énerva passablement. C’était mon moment préféré de la journée et il allait le gâcher. Je lui tendis son arme.

« Tu n’as pas intérêt de faire la tête, sinon je vais m’énerver. C’est clair ? Un palefrenier me confia la bride de mon cheval et je montai dessus avec prestance. Première question, tu sais tirer ? »



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MessageSujet: Re: Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur]   Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur] Icon_minitimeVen 7 Fév - 8:12



Un, deux, trois nous irons aux bois
17 mai,
« Je rêve souvent que je vol, la nuit. Ça peut paraître stupide mais... C'est comme ça. Je me transforme en oiseau, je déploie mes ailes et puis, je m'envole. C'est une sensation étrange, douce, et délicieuse. J'aime sentir le vent glisser dans mes plumes, et j'aime savoir que je suis libre d'aller où bon me semble, loin de toute responsabilité. Bien sûr, je n'ai pas de quoi me plaindre, contrairement à mon frère aîné, je n'ai pas le poids du trône sur les épaules. Mais je crois que le pouvoir ne lui fait pas peur. C'est tout ce qu'il veut, lui, être roi, gouverner son peuple du haut de son trône, et voilà tout. Je ne dirais pas vraiment que je le hais, simplement que je ne le comprends pas. Comment peut-il être aussi hautain, méprisant, et méchant envers tout le monde ? C'est tout de même le futur roi du pays, et il se comporte comme un enfant capricieux et gâté qui, au moindre pas de travers, pique sa crise de colère.
En attendant, j'aimerai beaucoup voir le monde. Aller à Londres, par exemple, il paraît que c'est une belle ville, vivante, agréable. J'aimerai également me rendre en Italie, là où est née ma mère, et en Allemagne, ou en Autriche, car c'est la langue que j'apprends en ce moment, étant donné que ma fiancée est Autrichienne. Je me demande si je saurais plaire à cette Dame, car je devrais alors passer ma vie en sa compagnie, et je doute que ce soit très agréable si nous ne nous apprécions pas un tant soi peu.
En parlant de ma mère, la Reine, celle-ci s'est mis en tête de nous faire faire des activités ensemble, à Aimée et à moi. Je doute que ce soit une idée très judicieuse... J'ai même bien peur que ce soit un désastre. Mon frère est un idiot, et une brute qui fait le paon. D'ailleurs, je pense que... »


« Eh bien ? Tu n’es pas prêt ? Allez hop, bouge-toi. Rejoins-moi devant l’écurie. »

Je relevai brusquement la tête vers Aimée, adossé contre un étagère, sursautant légèrement et refermant brusquement mon journal. S'il savait que j'écrivais ce genre de choses, il n'allait pas de priver pour se moquer de moi, et dire que je pratiquais, une fois de plus, des activités trop féminines pour un prince dans mon genre. Je lui lançai un regard légèrement agacé et essayai de me montrer méprisant et suffisant, comme lui savait si bien le faire. Dingue ! Alors que je haïssais son comportement, j'étais en train d'essayer de l'imiter ! De mauvaise grâce, je rangeai précieusement on petit calepin dans la poche de ma veste, et me dirigeai dans mes appartements pour que mon valet me change. J'aimais beaucoup Gus, mon valet, c'était un jeune homme bien portant mais très aimable, et, en règle général, plutôt joyeux, et nous nous entendions bien, car lui aussi appréciait la tranquillité d'une bibliothèque, et les vers d'un beau poème. Il m'avait confié, un jour, qu'il n'aurait pas aimé être le valet d'Aimée, car mon frère avait pour réputation de martyriser ses valets de chambre, comme s'ils n'étaient que de vulgaires jouets. Je me demandais s'il allait réussir à en garder un, un jour... Mais passons, de toute façon, je n'en avais rien à faire. Je rangeai précieusement mon calepin dans le tiroir de mon bureau et poussai un soupir de lassitude.

« Ah, Gus... Je n'ai aucune envie d'aller chasser. Encore moins en compagnie de mon frère. Franchement, j'ai l'impression qu'il va trouver le moyen de m'humilier. Ce n'est tout de même pas de ma faute, si je n'aime pas me battre ! » dis-je d'un ton boudeur.

Gus enleva ma chemise et la plia proprement, comme il en avait l'habitude. Tout était très carré, avec lui. Il l'aida à enfiler un haut plus apte à ce sport qu'était la chasse, et fit de même avec le pantalon et les chaussures. Je me regardai dans le grand miroir qui ornait l'un des murs de ma chambre et passai une main dans mes cheveux bruns, dépité. Je n'avais aucune envie de prendre un pistolet et de tirer sur des animaux, juste pour le plaisir de tirer sur des animaux. A quoi cela pouvait-il bien servir, sérieusement ? A part divertir les hommes comme les nobles, comme mon frère, comme mon père...  J'avais malheureusement tout hérité de ma mère, jusqu'aux traits et à la structure délicate. Elle me considérait d'ailleurs encore comme son petit bébé qu'il fallait absolument profiter du monde. Elle n'avait pas été une très bonne mère, mais je croyais sincèrement qu'elle m'aimait. Et qu'elle aimait Aimée, aussi. Après tout, Père m'avait un jour dit que c'était elle qui avait choisit nos prénoms. Elle ne l'aurait pas appelé « Aimée » pour rien, j'en étais sûr et certain.

« Vous savez, Monsieur, je crois que vous n'avez rien à craindre. C'est vrai que votre frère fait... Très peur, pour ne rien vous cacher, mais bon... Vous êtes son frère. Il sera peut-être plus … Eh bien... Plus sympathique ? »
J'éclatai de rire.
« Mon frère, sympathique ? Ces deux mots semblent être antinomiques ! Nous verrons bien à la fin de la journée. Adieu, Gus, j'ai été heureux de te connaître ! » fis-je, sourire aux lèvres. Il hocha la tête pour me souhaiter bonne chance et je sortis, inspirant profondément. Allez, courage, Arthur !

Traînant des pieds, les mains derrière le dos, je me rendis jusqu'aux écuries. Je savais me tenir à cheval, évidemment, on nous avait appris ce genre de choses, enfants, mais jamais... Jamais je n'avais appris à tirer correctement. Et je ne voulais pas l'avouer. Surtout pas à lui. Bonjour l'humiliation, une fois encore... J'arrivai vers Aimée, il était là, avec son chien, et m'attendait. Je n'aimais pas particulièrement les chiens. Lorsque j'avais trois ans, Mère m'avait raconté qu'un énorme chien m'avait sauté dessus. Pour jouer, bien sûr, mais j'avais eu la peur de ma vie, et hurlé à fendre l'âme. Depuis, cette réticence envers ces animaux à quatre pattes ne m'avait pas quitté. Il me tendit une arme que je pris un peu maladroitement, les lèvres pincées. Je ne savais même pas comment la tenir correctement. Ça commençait très mal, et je n'avais aucune envie de me farcir les commentaires d'Aimée toute la journée. Certes, j'étais peut-être désagréable avec ma mauvaise humeur, et mon manque de motivation, mais lui, croyait-il qu'il était une crème ? Non, Monsieur ! J'aurais pu lui tirer la langue, si je n'avais pas jugé ça aussi puéril. Mon cheval était déjà scellé, je montai dessus, avec un peu moins de prestance que mon frère, certes, mais je me tenais tout de même très bien, droit et plutôt fier, même si je semblais bien moins royal. Évidemment, nous n'avions pas eu la même éducation. Je me souvenais vaguement d'un frère joueur, mais je me rappelais surtout d'une rupture nette. D'une main repoussant la mienne, alors que je le tirais par la manche pour qu'il vienne jouer avec moi, et un regard froid, distant. Je n'étais qu'un morveux, et je salissais ses habits avec mes mains sales. Je décidai de rester fier, aujourd'hui, et il ne m'humilierai pas. Non, Monsieur ! J'essayai de m'arranger de mon arme pour qu'elle ne me gêne pas alors que je conduisais mon cheval dans la cours, prenant les devants.

« Évidemment, que je sais tirer, arrête de me prendre pour un moins que rien. »

Je m'arrangerai simplement pour ne pas avoir à tirer, voilà tout. Je baissai les yeux sur mon armes sans rien ajouter d'autre et nous partîmes, tous les deux, en compagnie de son chien, pour la forêt qui bordait le château de Versailles. Je n'avais pas envie d'aller à cette partie de chasse inutile. J'allais m'ennuyer à mourir, gêner mon frère une ou deux fois sans le vouloir, et il me le ferait méchamment sentir, me rabrouant, et peut-être même en se montrant violent. Je ne savais pas exactement quelle heure il était, mais je savais de source sûre que, normalement, j'aurais dû m trouver tranquillement assis à la bibliothèque, livre ouvert devant moi. Au lieu de quoi, je me retrouvais assis sur le dos de mon cheval, arme dont je n'avais aucune envie de me servir en mains, suivant mon cruel grand frère à travers la forêt. Loin de toute civilisation. Et s'il me tirait dessus et feignait ensuite un accident ? Je ne pus empêcher mon cœur de s’accélérer à toute allure, à cette pensée, et la peur s'empara de moi, l'espace d'un instant. Mais non. C'est tout de même ton frère. Souffla la voix de ma conscience au fond de mon esprit. Au bout de quelques minutes ennuyeuses de trottinement, j'osais prendre la parole pour demander :

« Et que sommes-nous censé faire, comment trouve-t-on des animaux ? » J'ignorais tout de la chasse. En tout, j'avais dû y aller une seule et unique fois, dans ma vie. Ce qui était très peu pour un prince. « Franchement, tu aimes ce genre de choses, toi ? Je préférerai que nous rentrions. »

En fait, plus nous nous enfoncions dans les bois, plus j'avais peur qu'il me tue habilement. C'était stupide, voire irrationnel, étant donné qu'il était mon grand frère. Enfin, techniquement. Car je ne me souvenais pas qu'il eut un jour été gentil avec moi... J'aurais tellement aimé avoir un grand frère. Mais un vrai. Un grand frère gentil, compréhensif, attentionné, aimant... Pas une espèce de brute méprisante. Il se retourna brusquement sur sa scelle, pointant son arme dans ma direction. J'écarquillai les yeux. Mes peurs devenaient réalité, mon Dieu ! Je faillis tomber de ma monture, et résistai à l'envie de m'enfuir à tripe galops.

« Peux-tu baisser ton arme, s'il te plaît ? » demandai-je courageusement, gardant assez de fierté pour ne pas faire trembler ma voix.

Pan. Je fermai étroitement les paupières et me recroquevillai. Mais, à ma grande surprise, j'étais toujours en vie lorsque j'osais rouvrir mes paupières. Mon cœur cessa alors de battre la chamade. Je me tournai vers Aimée qui m'avait dépassé et brandissait une perdrix. Je crus défaillir. Mon teint devait être pâle comme la mort, mais j'avais toutes ces choses en horreur.
FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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MessageSujet: Re: Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur]   Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur] Icon_minitimeDim 9 Fév - 14:05

Vous ne pouvez pas nous trouver, nous, nous vous trouvons et nous sommes partout. Nous sommes vos fils, vos filles, vos maris, vos femmes, vos voisins, vos pères, vos mères et bientôt il y aura plus de morts.
Le véritable pouvoir : C’est de ne jamais avoir à s’excuser.  ☼

Je suivis Arthur. Il montait étonnamment bien à cheval. J’éprouvais une certaine tristesse à ne pas en être l’origine. J’aurais souhaité avoir le temps de lui apprendre à le faire, comme un grand frère idéal l’aurait fait. Malheureusement, je n’étais pas un grand frère idéal et je ne le serais sans doute jamais. Il m’annonça fièrement qu’il savait tirer. Et je savais que ce n’était pas le cas. Mais je ne fis aucun commentaire. J’aurais l’occasion de me moquer plus tard… Enfin, c’était ce qu’il devait penser. En vérité, je n’aimais pas me moquer de lui, je le faisais pour plusieurs raisons, toutes stupides (notamment une volonté de le faire réagir ou juste l’envie d’être méchant gratuitement). Malgré cela, il m’arrivait de le défendre lorsqu’il était absent, auprès des nobles que je fréquentais. Autant je pouvais être odieux et méprisant devant Arthur et avec mes « connaissances », autant je détestais que l’on se moque de lui alors qu’il n’était pas là. C’était paradoxal. C’était idiot. C’était tout moi. Mon chien nous accompagna dans la forêt où j’avais mes habitudes. Il faisait beau et c’était une journée idéale pour chasser mais je voyais bien qu’Arthur aurait préféré être n’importe où plutôt qu’ici, en ma compagnie. Il me détestait bien plus que ce que je croyais, cela me brisa le cœur. J’avais encore moins envie de me montrer gentil avec lui. De toute façon, il ne m’aimait pas, à quoi cela servait que j’essaie de le faire changer d’avis sur moi ? Il avait déjà tous ses préjugés, qu’il les garde, cela m’arrangeait bien au fond. Il ne me demandait jamais rien, il ne m’ennuyait pas, il ne souhaitait pas passer du temps avec moi… C’était tout ce que je voulais… Enfin, j’essayais de m’en persuader. Cela m’évitait de penser à la solitude permanente que je ressentais.

La tension était palpable entre nous. Ce qui était d’habitude agréable me paraissait ennuyeux. Je savais qu’Arthur n’aimait pas chasser, qu’il n’y trouvait aucun plaisir et qu’il ne comprenait pas pourquoi moi, j’adorais cela. Mais, c’était tellement … Reposant. J’appréciais le calme de la forêt, l’éloignement de mes obligations, et tuer des animaux me permettait de me défouler. Cela m’évitait de déverser ma violence sur les humains, bien sûr, j’étais toujours un peu brutal mais si je n’avais pas eu la chasse, j’aurais réellement pu tuer mes valets. Aujourd’hui, les bois ne m’intéressaient pas. Arthur me gênait, je ne parvenais pas à me concentrer. Rien que sa présence était de trop. Nous n’avions rien en commun, aucune amitié et aucune volonté de changer la situation. Il me restait plus qu’à faire comme s’il n’était pas là. Je frottai doucement l’encolure de mon cheval et fis signe à mon chien de chercher du gibier. J’entendis alors la voix de mon frère. Il aurait pu garder le silence, cela ne m’aurait pas dérangé. J’appris donc qu’il ne savait pas du tout chasser. Il était vrai que je ne me souvenais que d’une seule partie de chasse en sa compagnie et cela n’avait pas été une grande réussite. J’aurais aimé lui apprendre mais il n’était pas le genre d’homme à tuer, des animaux ou des humains. Arthur voulait sans doute que je sois un frère compréhensif et agréable mais nos différences étaient si nombreuses que même si je l’avais voulu, nous n’aurions jamais rien à faire ensemble. Il ne voulait pas apprendre à tirer, je ne voulais pas passer plus de temps dans une bibliothèque (enfermé). Si aucun de nous deux ne faisait de concessions, alors nous ne nous rapprocherions jamais. J’entendis mon chien gratter la terre derrière Arthur. J’avais tellement l’habitude de chasser que j’aurais pu tout faire les yeux bandés.

Arthur en rajouta un peu plus. Il voulait rentrer. Eh bien qu’il rentre ! Je n’en avais rien à faire. Nous n’avions même pas commencé et il m’ennuyait déjà ! De quoi avait-il peur ?! Je n’allais pas le forcer à tirer sur un cerf s’il n’en avait pas envie ! Je n’étais pas un monstre ! Ou alors, songeait-il à autre chose ? Je caressai le canon de mon arme. Avait-il peur que je me débarrasse de lui ? Cela ne m’aurait pas étonné qu’il songe à cela. Il était bien plus stupide que ce que je croyais. Pourquoi prendrais-je le risque de commettre un meurtre alors que j’étais l’héritier du trône ? Arthur ne me faisait nullement de l’ombre, cela aurait été plus logique que lui, m’assassine. Cependant, dans cette famille, nous n’étions pas très attirés par le rôle de Roi. Mon propre frère pensait réellement que j’aurais pu l’assassiner dans une forêt à l’abri des regards ? Il ne me connaissait pas. J’aurais donné ma vie pour sauver la sienne en n’importe quelles circonstances… Mais j’étais idiot et provocateur. Je me tournai vers lui sans prévenir. Mon arme, pointée sur sa tête. Il paniquait. Je souris en coin. Il me demanda de baisser mon fusil. Je trouvais qu’il ne manquait pas de courage pour un non-violent tel que lui. Il était effrayé mais il restait calme. Au dernier moment, je tournai légèrement mon canon pour tirer sur la perdrix dénichée par mon chien, juste derrière Arthur. De quoi lui faire faire des cauchemars. J’allai chercher l’oiseau et l’accrochai à ma selle. Je ramenai mon cheval près de celui de mon jeune frère. Il était affreusement pâle. Je lui donnai une tape dans le dos, pas violemment. Je lui souris, pour le rassurer. Maintenant que je lui avais bien fait peur, je pouvais être gentil, au moins dans mes gestes (Oui, j’étais paradoxal, vous le saviez déjà, non ?).

« Je conçois que tu ne puisses pas avoir confiance en moi mais comment peux-tu croire que je te tirerai dessus ? Nous sommes frères bon sang ! J’ai un minimum d’honneur…. Je baissai la tête et rajoutai doucement. Et d’amour pour toi. Je repris contenance et plongeai mes yeux dans les siens. Donc cesse de te persuader que je suis le pire frère au monde, jamais il ne me viendrait à l’idée de te tuer ou de te faire du mal. Tu ne me connais pas. Tu ne me comprends pas. Maintenant, cesse de râler, mère voulait que tu m’accompagnes alors tu vas m’accompagner. Je ne vais pas te demander de tuer un animal. D’ailleurs, je ne vais rien te demander du tout. Dans une heure, nous rentrons. Je suis certain que tu parviendras à me supporter tout ce temps. »

Je fis avancer mon cheval au trot pour laisser Arthur légèrement derrière moi. J’aurais aimé lui dire autre chose. Que je l’aimais. Que je n’avais jamais voulu être méchant avec lui. Que j’étais fier qu’il soit mon petit frère. Mais comme d’habitude, je ne parvenais jamais à exprimer les idées qui se formaient dans mon esprit. Tout devenait méchant à partir du moment où ça traversait mes lèvres. C’était dans mon caractère. Mon chien me dépassa et débusqua un lièvre de son terrier. J’armai mon fusil et tirai sans réfléchir. J’avais de trop bons réflexes pour prendre le temps de penser. Je sautai à terre pour récupérer l’animal mort et remontai en selle. Arthur n’avait pas l’air bien … Soudainement, je prenais conscience que même me voir tuer le mettait mal-à-l’aise et je n’avais pas envie qu’il se sente encore plus mal que d’habitude en ma compagnie. J’avais un cœur, bien qu’il soit caché sous une tonne de mépris et de brutalité. Je plongeai mes yeux dans les siens.

« Je ne suis pas là pour te torturer. Tu n’aimes vraiment pas la chasse et tu n’as aucune envie de rester avec moi. Cependant, mère continuera de nous ennuyer avec notre relation fraternelle si elle nous voit rentrer si tôt. Pour dire la vérité, j’avais juste envie de rester plus longtemps avec Arthur, persuadé que notre mère avait déjà oublié qu’elle voulait notre réconciliation. Alors, on va changer de programme … »

Je pris les deux animaux que j’avais tués et je les lançai dans des buissons pour éviter que mon frère ne les voie. Je fis avancer mon cheval un peu plus loin, jusqu’à une clairière. Je mis pieds à terre et j’invitai Arthur à faire de même. Je ne voulais pas qu’il me déteste mais je ne savais pas comment faire autrement. Ce que je pouvais tenter, c’était au moins de ne pas le dégoûter. J’évitais la chasse pour lui prouver que je pensais un peu à son bien-être mais je n’abandonnais pas l’idée de faire quelque chose qui me plaisait. Au final, j’en revenais à ma première idée, mais j’enlevais les animaux.

« Je vais t’apprendre à tirer. Non, ne t’énerve pas. Ce ne sera pas sur des animaux. De cette façon, on fera quelque chose qui me plait et qui ne te déplait pas … Enfin … J’imagine. Ce sera pour nous occuper durant l’heure qu’il nous reste. »

Je renonçais à mon sport favori pour ses jolis yeux, j’espérais au moins qu’il se rendait compte des efforts que j’étais en train de faire pour lui. Si nous étions restés au château, je lui aurais proposé autre chose … Même si je ne voyais pas vraiment quoi. L’escrime ou la boxe ne lui plaisaient pas non plus. Mais nous devions bien avoir des activités en commun, nous étions frères… J’accrochai mon arme à ma selle. Puis je souris (légèrement) à Arthur. Je me demandais ce qu’il allait me faire faire, lui. Sans doute un truc débile du genre : Lire tous les livres de la bibliothèque… Ou écrire un poème. Peu importait, au fond, j’étais heureux d’être avec lui.

« Mets-toi en position, tu n’as qu’à viser l’arbre en face de nous. Il fit ce que je demandais, constatant qu’il ne savait ni se positionner, ni tenir son arme, je me mis derrière lui. Avec le plus de douceur possible, je fis bouger ses jambes et pris ses mains dans les miennes. Le canon était pointé sur le tronc. Maintenant, tu peux tirer. »

Je le laissai poser son doigt sur la détente. Il appuya. Mais au moment même où la balle allait toucher la cible, quelque chose sortit des buissons. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’une biche, ce qui aurait été préférable. En fait, c’était un homme. Il s’était écroulé d’un coup. Il n’avait rien à faire ici. Arthur était livide. Il semblait même avoir la nausée. Ce qui pouvait se comprendre, il venait de tuer un homme. Cela faisait toujours un choc la première fois.

« Arthur ? Tu vas bien ? Pose l’arme. Je vais voir s’il est en vie. Je m’approchai de l’homme, laissant mon frère paniquer tout seul. Mon manque de sentiments à l’égard de cet inconnu presque mort était étrange. Je retournai auprès d’Arthur après avoir examiné le blessé. J’ai deux bonnes nouvelles et une mauvaise. La mauvaise, c’est qu’il va mourir. La première bonne nouvelle, c’est qu’il travaille pour l’Empire russe et qu’il est donc notre ennemi. La seconde, c’est que ce n’est pas toi qui l’as tué. Tu n’as fait qu’abréger ses souffrances…. Maintenant, est-ce que tu veux que l’on fasse quelque chose pour lui ? … Est-ce que tu veux que je te réconforte ? Je sais que tu penses que je suis une brute sans sentiments mais, si tu as besoin de parler, je suis là. »




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MessageSujet: Re: Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur]   Un, deux, trois, nous irons aux bois ♪ [PV : Arthur] Icon_minitimeDim 16 Fév - 2:38



Un, deux, trois nous irons aux bois

Je ne savais pas pourquoi j'avais peur qu'il me tue... Car après tout, c'était mon frère, il ne pouvait nullement me faire de mal. J'avais de très lointains souvenirs de lui et moi, lorsque nous étions plus jeunes. Nous dormions dans la même chambre, et jouions toute la journée, du matin au soir sans jamais nous arrêter. Et puis, d'un jour à l'autre, plus rien. Je ne savais toujours pas pourquoi... J'avais sûrement fait quelque chose de mal, pour qu'il m'en ait voulu. Mais je ne devais pas avoir peur de lui. Je devais lui accorder un peu de confiance, car, autrefois, il avait été un frère. Bien sûr, il avait énormément changé, mais... Peut-être n'était-il pas si arrogant, tout au fond de son cœur ? Comme pour confirmer mes pensées, il murmura quelques paroles qui me mirent en joie. Je faillis sourire, mais fis comme si je n'avais rien entendu. Si ce qu'il disait était vrai... Je ne demandais pas mieux qu'à ce qu'il me le prouve ! C'était bien vrai, en tout cas. Je ne le connaissais pas, ni ne le comprenais. Mais quelque chose m tiraillait soudain : et si c'était moi, en fait, le mauvais frère ? La rupture soudaine de notre fraternité n'était pas due au hasard, et je n'avais pas souvenir qu'Aimée ait été méchant. Alors je l'avais sans doute été, moi... Je baissai la tête sur la crinière de mon cheval sans dire un mot, la mort dans l'âme. J'essaierai de questionner Mère, à ce sujet. Mais il était toujours très dur d'avoir des discussions avec elle : elle passait du coq à l'âne et exagérait souvent toutes les situations. Je ne savais pas exactement si elle le faisait exprès pour cacher de réels sentiments ou si elle était seulement comme ça de nature... Elle n'avait pas été une mère parfaite, mais je l'aimais beaucoup. En tout cas, j'étais bien content qu'Aimée n'attende rien de moi, car je n'avais nullement l'intention de lever le petit doigt pour tuer des bêtes ! De toute façon, je ne savais même pas tirer... Mais hors de question que je révèle ce petit détail à mon grand frère ! Quelle honte...

Avant que je ne puisse dire quoique se soit, Aimée prit les devants et me laissa planter derrière. Je poussai un soupir et le suivis, au pas, pour ne pas que la partie de chasse reprenne trop vite. Je le rejoignis au moment où il tuait un lièvre. Je pâlis de nouveau et crus que j'allais rendre mon petit déjeuné. Heureusement, tout demeura en place au creux de mon estomac, à mon plus grand soulagement. Cela aurait été une humiliation supplémentaire. Qu'allais-je bien pouvoir lui faire subir, à notre retour ? Car oui, mère voulait que nous participions chacun à une activité différente, ensemble. Savait-il danser ? Si non, j'allais lui apprendre ça. Ce serait une douce vengeance fraternelle. Car, moi, je savais danser parfaitement. Jouer du piano, également, et j'écrivais de beaux poèmes. Tout ce qu'aurait dû faire une princesse, somme toute... Mère m'avait souvent dit qu'elle aurait aimé une fille. J'étais ce qu'elle attendait, en quelque sorte, sauf que j'étais un prince. J'aurais aimé être fort et fier, comme Aimée. Au lieu de quoi, j'étais frêle et trop sensible. Passons. Je le rejoignis doucement, prenant soin de ne pas regarder le lapin dont la dépouille était encore fumante. Peu ragoûtant... J'aurais été fin, à la guerre, et n'aurais même pas tenu deux minutes. Heureusement, j'espérais ne jamais devoir y aller. Ce n'était pas lâche, juste... Je n'étais pas fait pour me battre, voilà tout.

Je levai la tête vers Aimée et nous nous regardâmes dans les yeux, quelques secondes durant. Je voulais rentrer, il l'avait bien compris... Mais il n'avait pas tout à fait tort, en ce qui concernait Mère... Enfin, à moitié. D'un côté, elle aurait bien été capable de nous embêter, mais d'un autre, elle avait pu avoir complètement oublié. On ne pouvait jamais vraiment savoir, avec elle. J'avais hérité de quelques uns de ses traits de caractère, alors je la connaissais. Je passai une main dans mes cheveux bruns et poussai un soupir inaudible. Je voulais vraiment rentrer... Mais je pouvais bien faire un effort pour une petite heure, encore. Ensuite, je ne partirais plus jamais de la bibliothèque, et on en me reprendrait plus à chasser ! Un sport de barbare ! Suite à l'invitation d'Aimée, je descendis de cheval. Étrange de continuer à pied, au point où on en était, autant continuer la chasse... Se souciait-il de mes sentiments ?trouver Je préférais me promener plutôt que de devoir tirer ! Mais je déchantai bien vite, car il plaça un fusil dans mes mains. Je pâlis, une fois encore. Il ne comptait tout de même pas m'apprendre à tirer ? À moi ! J'allais trouvé le moyen pour lui tirer dans la tête, sans aucun doute... ! Quelle honte, mais quelle honte pour un prince ! Je le regardai, presque implorant... Mais je le privais de ses petits plaisirs personnels... Je n'avais pas arrêté de râler, depuis ce matin. Je lui fis donc un sourire consentant. Puisqu'il le fallait... Et puisqu'il fallait que je répare ce que j'avais cassé, lorsque nous étions enfant... D'accord. Il ne s'agissait que de tirer dans un arbre, après tout. Rien de bien méchant. Je pris une grande inspiration et suivis ses instructions alors qu'il se plaçait derrière moi pour m'aider. Heureusement qu'il me guidait, et heureusement qu'il avait compris que je ne savais pas tirer... Heureusement qu'il était là, en fait. J'avais besoin d'un grand frère, je ne m'en étais jamais vraiment rendu compte. Mais ça me manquait. Il me manquait. Mon cœur se serra légèrement. J'appuyai sur la détente et fermai étroitement les paupières lorsque le coup parti. Lorsque je les rouvris, j'eus une désagréable surprise.... Je crus tout d'abord que j'allais m'évanouir. Un homme. Je venais de tuer un homme !! MON DIEU ! Je lâchai mon arme et dû m'asseoir par terre, tremblant de la tête aux pieds, sur le point de vomir tripes et boyaux. Mais je n'avais pas fait exprès !! Je posai une main sur ma bouche. Le pauvre.... Le pauvre ! J'avais peut-être tué un père de six enfants en bas âges ?!

Sans bouger d'un cil, je regardai mon frère s'éloigner, puis revenir quelques minutes plus tard. Je voulus prendre la parole, mais aucun son ne sortis de ma bouche. Cet événement m'avait rendu muet comme une tombe. Ses paroles me rassurèrent quelque peu, mais je n'arrivais toujours pas à contrôler les tremblements qui secouaient tout mon corps. Qu'il soit Russe, anglais, allemand, ou prussien, je venais quand même de tirer sur un autre être humain ! Je venais de tuer un homme, que j'ai ou non abrégé ses souffrances. Je plongeai la tête dans mes mains. Si je voulais faire quelque chose pour lui ? Oui ! Mais à quoi bon, puisque de toute façon, il allait mourir, je l'avais tué. Devait-on le ramener au château ? Si c'était un espion russe, il ne serait pas dignement traité, et serait jeté dans une fosse publique. Nous ne pouvions pas non plus l'enterrer dans les bois, mais... Nous ne pouvions tout de même pas le laisser pourrir ici ? Je ne savais pas ! Je n'aimais pas prendre ce genre de décisions. C'était Aimée le plus grand, je préférais qu'il fasse ce qu'il y avait à faire sans me poser de questions. Je me rendis alors compte combien mon comportement était puéril. Je rapprochai souvent à Mère de me prendre pour un bébé, mais j'en étais un. Je ne prenais jamais aucune véritable décision, je me laissais entièrement vivre et n'étais certainement pas indépendant, je ne savais rien faire de concret, de mes dix doigts, à part écrire des poèmes, et n'avais aucun instinct de survie... Et, en plus e ça, j'étais assez exigeant, vis à vis des autres. Surtout vis à vis d'Aimée. Je ne m'étais jamais vraiment posé la question, mais j'attendais beaucoup de sa part : de l'amour, de la bienveillance, de la protection, de la complicité, ... Il était mon frère, certes, tout cela aurait peut-être du être naturel, mais ce n'était pas dans son tempérament. Il avait déjà fait beaucoup pour moi aujourd'hui, et je trouvais encore prétexte à me plaindre.

Je fis un effort considérable pour faire taire mes tremblements et redressai la tête vers Aimée. Il avait été très gentil, dans ses dernières paroles, et c'était à moi de prendre une décision. C'était moi qui avais appuyé sur la détente, qui n'avait pas regardé, qui ne savais pas faire. Je devais assumer, c'était un pas en avant. Peut-être était-ce mon comportement qui avait achevé d'agacer Aimée, lorsque nous étions enfant ? Je lui poserai peut-être la question, à l'issue de cette journée. Peut-être... Rien n'était moins sûr.

« Je vais bien... Ça va. » je me relevai, toujours nauséeux, mais tout de même mieux que tout à l'heure. « Je vais allé voir moi-même de quoi il en retourne. »

Je me dirigeai vers le corps de la victime que je venais de faire et m'agenouillai près d'elle. C'était un homme d'une trentaine d'années, les cheveux noirs gominés. La casquette de son costume traînait derrière les buissons. Je la saisis faiblement et la posai sur sa poitrine souillée de sang. Ses yeux vides et vitreux m'indiquaient qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui : il était déjà mort. Cela m'enlevait donc une possibilité dans mes choix d'action. Le mieux, à mon sens, était de le laisser là. De toute façon, nous n'aurions pu le ramener au château. Un cadavre est extrêmement lourd à transporter. Je l'avais lu, dans un livre de Victor Hugo. Je regardai ses blessures d'un peu plus près, mus par une curiosité un peu morbide. Je remarquai la marque laissée par ma balle.. Mais les autres ? Si je n'étais jamais allé à la chasse, je savais toutefois reconnaître quelques petites choses. Et ce que je voyais ressemblait de très près à de longues lacérations. Laissées par un ours. Ou quelque chose de gros, dans ce genre. Je tombai sur les fesses et reculai faiblement.

« Aimée ? » appelais-je. Il s'avança vers moi. « Tu sais de quoi il est mort, mis à part la balle que je lui ai collé dans la poitrine ? »

Je me trompais sûrement. Je n'étais pas fort, à la chasse, après tout. Mais le regard d'Aimée en dit long sur le sujet. C'était dangereux un ours ? Et s'il venait par ici, qu'allions-nous faire ? Tant de questions sans réponses... Je passai une main nerveuse sur mon visage.

« On pourrait rentrer, s'il te plaît... ? Je ne veux pas que l'ours vienne nous tuer ! »

Ma voix était légèrement plaintive, comme celle d'un enfant apeuré, mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Cela me vaudrait sûrement une bonne flopée de moqueries de sa part, mais tant pis. Je préférai qu'il se moque, plutôt que d'être éviscéré. Je me relevai, lui lançant un regard insistant. Je ne savais même pas qu'il y avait des ours, dans cette forêt ! C'était plutôt inquiétant... Il y avait sûrement des loups, également. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi... Enfin si. Lorsque nous étions petits, si... Aimée m'avait raconté une histoire, je crois, qui m'avait fait très peur, avec un méchant loup qui rôdait autour de la forêt, toutes les nuits, se tenant aux aguets, et se cachant même derrière les rideaux des chambres des enfants pas sages. J'avais dû me blottir dans son dos pour réussir à trouver le sommeil, la nuit. Sans réfléchir, mus par un instinct enfantin qu'il y avait au fond de mon cœur, je me réfugiais dans ses bras. Mon grand frère. Rien ne pouvait plus m'arriver, maintenant, j'étais sûr qu'il me défendrait. Je savais pertinemment qu'il n'aimait pas la tendresse, ou les marques d'affection, qu'il préférait frapper et donner des ordres. Mais je ne réfléchissais pas vraiment rationnellement, à cet instant précis. Je m'attendais, à chaque minute, entre le mugissement d'un ours en colère, près à défendre son territoire, et à se défendre lui-même contre nous, des hommes, venus le chasser.

« J'ai décidé de laisser le soldat russe ici. Allez, tu viens ? Je te promets que tu pourras m'apprendre à tirer au château ! »

Si cela pouvait le faire changer d'avis. Je le tirais par le bras, en direction de nos chevaux et nous rentrâmes. Nous galopions à une allure moyenne, assez vite pour mettre de la distance, et assez lentement pour ne pas paraître trop pressé. Plus nous nous éloignions, plus je m'apaisai. Au bout de plusieurs minutes, ma langue se délia et je dis doucement, ayant retrouvé toutes mes facultés mentales rationnelles :

« Désolé, pour tout à l'heure. C'est à cause des livres que je lis, sûrement, mais j'ai imaginé beaucoup de scénarios. Mère a raison, je ne suis qu'un bébé... » je baissai la tête. « Je n'attends pas moins que tu te moques, alors ne te prive pas, surtout. »
FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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