The Mysteries of Paris
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 Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !

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MessageSujet: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeSam 19 Oct - 16:06



I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Aimée & Märchen

Une heure avant le levé du soleil, j'étais debout. Cela ne changeait en rien à ma vie d'avant : je servais le petit déjeuné de mon frère aîné, un exécrable pédant qui faisait fuir tous ses domestiques. Un sourire se dessina sur mes lèvres en pensant à lui. Il en allait de même pour l'homme que je servais actuellement, le prince Aimée. Cet homme était tout à fait détestable... Mais je savais reconnaître les « salauds » lorsque j'en voyais un et, au fond, le prince de France n'en était pas un. Il devait simplement faire face à ses responsabilités et un lourd fardeau reposait sur ses épaules. Ce qui n'était absolument pas le cas de mon frère aîné qui, lui, profitait pleinement de ses fonctions et agissait comme un véritable tyran. Fais-moi ci, Märchen, Fais-moi ça, ... Quel homme abominable ! Mieux valait être aux services d'Aimée, c'était cent fois plus supportable... De toute façon, je n'avais guère le choix. En vérité, j'étais en mission secrète à la solde de mon père, chargé d'espionner le château, la royauté et les habitants de la capitale de France. Une chance que l'on m'enseigna le français lorsque j'étais jeune, sinon, j'aurais été diablement perdu. On m'avait toujours traité comme un moins que rien de là où je venais, le bâtard du roi. Être valet ne me gênait pas et, ici, je ne subissais pas de moqueries, d'injures et n'entendais pas de murmures dans mon dos lorsque je passais quelque part. Pour venir en France, j'avais dû changer quelque peu d'apparence. Tout d'abord, je m'étais rasé la barbe ce qui changeait radicalement les traits de mon visage, ensuite, je m'étais coupé les cheveux qui, désormais, avaient tendance à boucler légèrement si je n'y prêtais pas attention.

Pour l'heure, je venais de me lever. Ce n'était pas mal d'être le valet du prince héritier ! Quoiqu'en dise les gens, il y avait quelques avantages ! Je fis prestement mon lit avant de descendre dans les cuisines pour voir si l'avancement du petit déjeuné de Monsieur était en cour de préparation. Pour bien commencer la journée, rien de mieux qu'une belle assiette matinale, accompagnée d'un fruit et d'une coupe d'eau bien fraîche. La chef cuisinière, une femme dans la cinquantaine, plutôt bien portante, était déjà au fourneau. Elle me jeta un coup d'œil.

« Ah tiens, Marc ! Te voilà enfin, mon p'tit ! Lucie est en train de préparer le plateau pour Sire Aimée, espérons qu'il le trouvera à son goût cette fois... Quel enfant gâté et difficile ! »

Un sourire se dessina sur mes lèvres et je m'assis sur une chaise en attendant que Lucie finisse de faire cuire le pain.

« Ne soyez pas si dure avec lui, Madame. »

Proclamais-je calmement tout en jetant un coup d'œil sur le journal que Jean repassait. Il n'y avait rien de spécial sur les gros titres... Des banalités, en fait. Tous les domestiques présents me jetèrent un regard ahuri. Je haussais les sourcils.

« Quoi ? Il n'est pas si méchant, vous savez ! »
« Mouais... Ce n'est pas ce que disaient les bleus sur tes bras l'autre jour, en tout cas. » marmonna la cuisinière avant de se remettre au travail en secouant la tête.
« Mais s'il l'aime tant, c'est peut-être parce qu'il n'est pas seulement son domestique ? » suggéra la jeune Inès, naïve.

Lucie lui donna un puissant coup de coude et mon éclat de rire eut tôt fait de rassurer tout le monde et de remettre Inès à sa place. Il était vrai que j'étais beaucoup de choses et qu'il m'arrivait d'être attiré par des hommes, mais imaginer un seul instant être l'amant du prince Aimée était tellement incongru...

Je me levais et saisis une pomme dans le panier de fruit que je cachais habilement dans ma manche. Je savais voler quelques petites choses, à mes heures, et dissimuler maints objets dans mes manches. Lorsque je vivais encore en Allemagne, au château de mon père, il m'arrivait de faire ce genre de choses... Pour m'amuser ? Non, pas vraiment, plutôt pour me prouver à moi-même que je pouvais faire quelque chose de mes dix doigts. Parfois, je n'étais pas convié aux repas – même jamais, à la vérité – il fallait bien que j'apprenne à me servir moi-même. Je me déplaçais aussi silencieusement qu'une ombre et me dissimulais dans le moindre recoin... Enfant, je faisais souvent cela pour échapper à mon tyrannique frère aîné : je me dissimulais. Passons ! Je montais les escaliers jusqu'à la chambre de mon prince, plateau en main et croisais quelques servantes au passage. L'une d'elle, Béatrice, était l'une de mes amantes. Eh oui ! J'avais un peu de charme et je draguais quelques femmes à mes heures... Je n'avais malheureusement pas beaucoup de temps à moi, mais Béatrice me faisait les yeux doux depuis quelques mois, je n'allais pas dire non à un peu de plaisir charnel, sinon quand m'en procurer ? Seul, c'était lassant... Et puis sortir en ville, hors de question, le prince pouvait m'appeler à toute heure, il fallait que je sois disponible... Alors mes choix se portaient sur cette servante ma foi fort jolie et plutôt gentille. Je ne pensais pas faire ma vie avec elle, mais je supposais que m'en défaire devrait passer par une crise... Et je serais désigné comme le mauvais type, celui qui couche avec des femmes pour le plaisir... Tout homme a ses besoins, franchement !

Je frappais à la porte du prince avant d'entrer. Je déposai le plateau sur une table située près de la fenêtre et ouvris les rideaux afin qu'un peu de lumière entre dans la pièce. Pas trop, sinon Aimée allait encore trouver le moyen de ronchonner. Je m'approchais du lit et posais délicatement ma main sur l'épaule qui dépassait des couvertures. Je me rendis immédiatement compte que cette peau douce et frêle ne pouvait être celle de mon prince. Une jeune femme tourna le visage dans ma direction, ensommeillée. Je reculais d'un pas et, les mains derrière le dos, m'inclinais bien bas.

« Madame. »

Je me demandais s'il 'agissait d'une prostituée ou d'une noble qui se pavanait à la cour. En tout cas, depuis que le prince avait perdu son épouse, Eugénie, les femmes défilaient par ici... Je me demandais s'il en reprendrait une autre, un jour... ! Mais là n'était pas la question... Je fis le tour du lit et posais ma main sur l'épaule d'Aimée, cette fois-ci.

« Mon prince, il est l'heure !! »

Clamais-je avec un grand sourire avant de me reculer et de lui laisser le temps de se réveiller convenablement. Je saisis le plateau du petit déjeuné, jetant un coup d'œil rapide à la demoiselle qui se levait, draps autour d'elle, avant de se rhabiller et de sortir de la chambre. Ah, mais... Bon sang ! Je la connaissais, c'était Élise, une femme de chambre ! Je haussais les sourcils. Eh bien, elle ne manquait pas d'air ! Je tournais la tête vers Monseigneur et lui fis un sourire presque moqueur – je tâchais toutefois de rester poli pour ne pas recevoir une botte en pleine figure –.

« Messire a forcé sur la bouteille, hier soir, à ce que je vois. »

Je ramassais un verre à pied et le déposais sur la table, à côté du plateau repas. Je me tournais vers lui, grand sourire aux lèvres et m'avançais dans sa direction avant de m'incliner devant lui et de faire rouler la pomme le long de mon avant-bras pour la faire sortir de ma manche et la lui tendre.

« Pour bien commencer la journée, votre petit déjeuné, Monseigneur ! Ensuite, je vous habillerais pour la chasse, si vous le permettez, vous avez prévu d'y aller pour la matinée. Dois-je préparer votre cheval et vos armes, Sire, ainsi que les chiens ? Le jour est levé depuis une trentaine de minutes, c'est le moment idéal pour en profiter ! Comme disait mon père, Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. »

Je lui fis un grand sourire. J'étais vraiment bavard ce matin, normalement je remplissais mieux mes fonctions de valet que cela : je n'adressais la parole à mon maître que lorsqu'il m'en donnait la permission ou alors je me débrouillais pour être court et concis. En réalité, je tâtais le terrain, comme tous les matins, afin de voir si Aimée était dans un bon ou un mauvais jour. J'agissais toujours en conséquent le reste de la journée. Pour tout dire, il avait été exécrable toute la semaine, j'espérais que dans les bras d'Élise, cette rancœur se serait calmée. Je poussais l'audace encore plus loin et entrepris déjà de lui enfiler une chemise propre alors qu'il se tenait debout devant la table du petit déjeuné. Mes doigts fins effleurèrent en même temps sa peau avec douceur – geste que je ne fis pas volontairement, à la vérité ! – et je farfouillais dans son armoire pour en sortir l'une de ses tenues de chasse.

« Avez-vous passé une bonne nuit, au fait, Sire ? »

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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeMar 22 Oct - 12:58

Vous ne pouvez pas nous trouver, nous, nous vous trouvons et nous sommes partout. Nous sommes vos fils, vos filles, vos maris, vos femmes, vos voisins, vos pères, vos mères et bientôt il y aura plus de morts.
Seuls les faibles mettent des années à s’affranchir d’une émotion. Celui qui est maître de soi peut étouffer un chagrin aussi aisément qu’inventer un plaisir.  ☼

***
« Sire ! Vous rêvassez encore ! Je sentis la morsure de la règle en fer sur mes doigts. Cela me sortit de mes pensées. Je me frottai la main gauche nerveusement. Cessez de regarder par cette fenêtre, il n’y a rien à voir dehors. C’est ici que le cours se passe. Il pointa le tableau où était rédigé le problème de mathématiques.
-Je n’y arrive pas.
-C’est parce que vous pensez à autre chose.
-… Pourquoi Arthur a le droit de jouer dehors alors que je dois être en cours ?
-Il vous faut poser la question à votre père, je ne suis que votre professeur. Maintenant, résolvez ce  problème, Sire, nous n’allons pas y passer la nuit.
J’entendis la porte s’ouvrir, je me retournai. C’était mon père, j’étais sauvé ! Plus besoin de résoudre cet affreux problème ! De toute façon, j’étais très mauvais en maths, c’était peine perdue.
-Je suis navré de vous déranger Monsieur Erikson mais j’ai une réunion important et il faudrait que mon fils y participe.
Réflexion faite, voilà qui était pire que les maths.
-Je vous en prie, mon Roi.
Je me levai, lançant un dernier regard à la fenêtre. Mon  père me fit passer devant lui.
-Il reviendra pour finir le cours après la réunion, vers dix-sept heures. Ajouta-t-il.
-Oh non ! Mais c’est l’heure de mes leçons d’équitation !
-Tu montes très bien, tu n’as plus besoin de cela, je ferai remplacer ces leçons par des cours. Pour être un bon roi, il ne suffit pas d’avoir des muscles, il faut aussi savoir se servir de son cerveau, Aimée.
-Ce n’est pas juste ! Vous supprimez tous les cours qui me plaisent pour m’obliger à rester enfermé ici ! Pourquoi je n’ai pas le droit de sortir jouer comme Arthur ?! Il s’agenouilla en face de moi et me sourit, il semblait triste mais il employait toujours un ton doux et calme, même quand je m’énervais et que je lui criais dessus.
-Aimée, c’est ton devoir, pendant que les autres s’amusent, toi, tu apprends à gouverner un royaume. C’est une lourde responsabilité mais il faut que tu parviennes à la supporter. Tu es brave, courageux, tu feras un grand roi  j’en suis persuadé, mais pour cela il te faut apprendre à le devenir.
-Personne ne m’a demandé si je voulais être roi…
-Et à moi non plus, c’est comme ça, mon fils. Mais tu seras Roi, que tu le veuilles ou non alors tu devrais l’accepter et qui sait, tu finiras peut-être par en avoir envie de cette couronne ?
-… Oui…
C’était la fin de mon enfance. Jouer, m’amuser, avoir des amis, je savais que tout cela ne faisait plus partie de ma vie désormais. J’étais le prince héritier et je devais être élevé en tant que tel. Je n’avais pas le choix. Je n’avais jamais eu le choix. »

***


J’ouvris les yeux. Il faisait nuit, Marc n’était pas là. J’avais encore fait l’un de ces rêves stupides qui me rappelaient à quel point je me sentais seul et à quel point j’étais fatigué de l’être. C’était le genre de rêve qui m’énervait stupidement. Bien sûr, il n’était pas ignoble, j’avais parfois fait des cauchemars bien pires mais il suffisait d’un rien pour me mettre en colère, j’étais toujours à cran, sur les nerfs… La demoiselle à mes côtés se réveilla aussi. Je me souvins de la soirée. J’avais beaucoup bu, c’était bien la seule chose idiote que je m’autorisais de temps en temps pour faire retomber la pression. J’avais vu une jeune et jolie femme de chambre dont j’avais oublié le nom et nous avions couché ensemble. Ou plus précisément, je l’avais sauvagement prise et elle n’avait plus eu le droit de dire non. C’était la seule chose que je pouvais faire pour un peu changer mon quotidien. J’avais toujours eu un emploi du temps réglé au millimètre, pas une seconde de répit. Chaque jour était soigneusement organisé pour faire mon apprentissage, jusqu’à mes dix-sept ans, j’avais vécu comme cela. En obéissant à mon devoir.  Et maintenant que j’étais bientôt Roi, j’avais l’impression de vivre de la même façon que lorsque j’étais enfant, à vingt-quatre ans, mon seul passe-temps était la chasse. En y réfléchissant, je me demandais même si j’étais déjà allé en ville, excepté pour rendre visite au Vénitien ou pour des sorties royales. J’avais toujours tant de choses à faire et je n’étais même pas encore Roi. La femelle commença à parler. Je ne l’écoutais pas à dire vrai. Je la giflai avec violence. Il fallait bien que je me défoule de ce rêve stupide. Le Roi se fichait de ne pas avoir de loisirs ou d’amis proches. Il était le Roi, il avait tous les pouvoirs. Cependant, il avait besoin d’un punching ball et aujourd’hui, cela tombait sur elle. Elle s’empressa de caresser sa joue avec ses deux mains. Elle n’avait pas vraiment mal, elle était sous le choc d’avoir été frappée. Une larme roula sur sa joue… Peut-être qu’elle souffrait finalement. Je ne mesurais pas bien ma force et mon ancienne épouse ne s’était jamais plainte … Quoiqu’elle avait dû le faire mais je n’aimais pas l’écouter parler. Elle se leva mais j’attrapai son bras avec violence.

« Où tu crois aller comme ça ?
-Mon prince … Il ne vaut mieux pas … Elle pleurait maintenant. Elle était morte de peur.
-Couchée. »

Je la tirai vers le lit. Elle se recoucha. Elle tremblait et je trouvais cela étonnamment jouissif. J’étais vraiment en manque d’affection pour ressentir du plaisir dans ce genre de moment. Elle me tourna le dos. Je la laissai faire. Je ne savais pas trop pourquoi je ne voulais pas la laisser partir. Je n’avais pas envie de dormir seul. Et puis … Je faisais ce que je voulais avec les domestiques, j’étais leur maître. Elle sanglota un peu puis quand elle comprit que je n’allais pas la toucher, elle s’endormit. Pourquoi avais-je décidé de coucher avec une servante ? Que pouvait-il bien se passer dans ma tête pour que j’en arrive là ? Tout cela était d’un stupide. Je serrai mon poing et me recouchai, tournant le dos à cette petite sotte. J’avais envie de la frapper… De la tuer … Voilà qui était un passe-temps différent des autres. Et de cette manière, je me sentais vivant… J’étais autre chose que le futur roi. J’étais peut-être ignoble mais j’étais quelqu’un que l’on ne m’avait pas forcé à devenir. Je fermai les yeux, le sommeil mit un moment à me regagner mais je finis par sombrer dans le noir.
Je fus réveillé par Marc. Comme tous les matins, fidèle domestique toujours à son poste. Je l’entendis poser le plateau de mon petit-déjeuner. J’ouvris les yeux lorsque je sentis sa main sur ma peau. Marc était un valet exceptionnel, du moins, par rapport aux idiots que j’avais eus avant lui. Il s’occupait de moi comme si sa vie en dépendait… Ce qui, au final, était le cas. J’étais un peu violent avec les hommes qui ne me plaisaient pas. Mais Marc faisait toujours tout à la perfection et il fallait que je râle sur les petits détails pour pouvoir le disputer, voire même que je change mes habitudes pour lui faire croire qu’il se trompait. Parce que, bien évidemment, je préférais lui montrer à quel point son travail était sans intérêt et nul plutôt que lui faire des compliments. C’était dans ma nature, je ne pouvais pas faire des éloges aux autres, mais c’était à eux de s’habituer à ce traitement, pas à moi de changer. Marc, de nature joyeuse, ce qui me semblait insupportable, me rappela que je devais me lever. Sa bonne humeur m’agressait dès le début de la journée. Je laissai échapper un soupir puis me redressai. Je regardai la jeune femme se lever, elle semblait pressée. Drôle d’effet que celui de faire fuir les femmes … Enfin, je n’en avais cure. Je ne les aimais pas particulièrement. Marc se permit une remarque tout à fait déplacée, il aurait mérité que je lui lance un objet à la figure, mais je n’avais pas envie aujourd’hui. Je m’étais défoulé sur la domestique, Marc allait donc être épargné en cette merveilleuse journée. C’était comme cela que je fonctionnais, au final, je ne pouvais pas passer un seul jour sans frapper quelqu’un. Mon valet avait toujours occupé cette fonction, il était proche de moi et je pouvais le battre à mon aise … Mais avec Marc, j’éprouvais parfois des remords. Chose absolument inadmissible. Donc il m’arrivait de ne pas le toucher pendant plusieurs jours, même si je restais désagréable et que je lui lançais des objets, je faisais de réels efforts … Enfin il n’y avait que moi qui le savais. De toute façon, il n’en avait sans doute rien à faire et ne pensait qu’à partir, comme les autres.
Il me tendit une pomme, j’eus envie de sourire mais étant donné que je ne le faisais jamais, je me retins. Je pris la pomme et croquai dedans. Il continua de discuter. Je n’avais même pas encore ouvert la bouche. Quel valet impertinent ! … J’aimais bien ça. Mais il y avait une énorme différence entre ce que je pensais et ce que je disais la plupart du temps. Et plutôt que de lui dire que j’aimais son côté joyeux parce que moi je ne pouvais pas l’être, j’allais lui reprocher d’être trop bavard et insupportable, ou quelque chose comme ça. Je me levai et m’approchai du plateau avec mon petit-déjeuner. Je cherchais une erreur mais Marc avait encore tout fait comme il fallait. Rien que je ne puisse réellement lui reprocher. Quel crétin ! Il m’énervait ! En général, plus mes valets restaient longtemps auprès de moi et plus ils commettaient des erreurs, ils avaient peur de moi et faisaient n’importe quoi… Lui c’était l’inverse, il s’améliorait, il connaissait mes habitudes par cœur et savait ce qu’il me plairait de boire à telle heure de la journée ou mon plat préféré le mardi matin … C’était n’importe quoi ! Il m’enfila ma chemise sans prévenir … Je sentis ses doigts sur ma peau… Dans un autre contexte, j’aurais pu lui casser le bras pour m’avoir touché sans permission de cette façon. Mais premièrement, il m’habillait, il pouvait me toucher sans vraiment le faire exprès. Et deuxièmement …. Cela ne me gênait pas tant que ça venant de lui. Je bus le café et mangeai avec appétit ce que la cuisinière avait préparé. Marc vint encore troubler le silence avec ses questions stupides. Mais qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire de savoir si j’avais passé une bonne nuit ? … Je savais qu’il s’en fichait royalement et qu’il ne demandait ça que pour être poli mais j’aurais préféré qu’il se taise. Personne ne me demandait si j’avais bien dormi excepté Marc … Alors s’il n’en avait rien à faire, je ne voulais pas entendre le son de sa voix… J’avais trop envie que quelqu’un me demande cela sincèrement pour perdre du temps à m’imaginait qu’il s’intéressait un peu à moi. Qui aurait pu s’intéresser à moi ? J’étais insupportable au quotidien. Alors à part ma mère, personne ne se préoccupait de moi et ce n’était sans doute pas plus mal. J’étais seul. Je terminai mon petit-déjeuner et me levai pour que Marc m’habille.

« Oui, tu vas me préparer mon cheval et mes armes. Et je me fiche royalement de ce que pouvait dire ton père. En vérité, je n’aimais pas ce genre de dictons stupides parce que mon père me les avait dits aussi. Et non, je n’ai pas bien dormi mais qu’est-ce que ça peut te faire ? Je continuais de parler pour éviter une réponse à cette question. Je ne veux plus entendre de railleries sur ma façon de choisir mes coucheries d’un soir après avoir trop bu, compris ? Dois-je te rappeler que tu es un valet et que je suis ton prince ? Tu n’as pas ton mot à dire et tu me dois le respect ! Je terminai de boutonner ma manche et lui fit signe de sortir, avant qu’il ne franchisse la porte, je rajoutai …. Cela étant dit, prépare un cheval pour toi. Et le café était trop sucré ! »

Il ferma la porte. Je n’avais jamais demandé à quelqu’un de m’accompagner pendant la chasse. Tout d’abord parce que je n’avais jamais eu besoin d’un domestique pour ramasser mes proies ou pour recharger mon fusil, et ensuite parce que la chasse était un moment privilégié. J’étais seul, personne pour m’empêcher de m’amuser, je n’étais pas malheureux quand je chassais et cela me paraissait tellement rare … Alors pourquoi l’avoir invité ? J’avais peut-être envie d’un peu de compagnie … Cela me changerait après tout. Et Marc était le seul que je considérais comme … Peut-être un peu proche. Il n’était que mon valet et je savais qu’il ne devait pas beaucoup m’apprécier, mais je préférais ne pas penser à cela. J’aimais sa compagnie, elle me changeait de tout ce que je connaissais et puis … Un valet accompagnait son maître à la chasse, c’était normal ! Je le rejoignis dans la cours, il tenait les deux chevaux, ainsi que mes armes. Je montai sur mon cheval d’un geste noble et je pris mon fusil. Il monta sur l’autre cheval et me suivit jusque dans les bois. Il fallait avouer qu’il montait plutôt bien, avec une aisance loin de celle d’un paysan sur sa monture. Je savais que mes valets précédents n’avaient jamais fait d’équitation. Je pris mon fusil.

« Comment as-tu appris à monter ? Ce n’est pas un passe-temps de paysan, du moins je suis certain qu’ils ne montent pas comme toi. »

Il chargea mon fusil, chose que j’aurais pu faire tout seul. Je le regardai quelques secondes et tirai sur un lièvre en face de nous. Si j’avais bien des talents, c’était de pouvoir tirer et me battre beaucoup mieux que la plupart des gens. J’avais reçu un entrainement dur et strict mais c’était toujours plus amusant que les cours de maths et de sciences. Maintenant j’étais très doué, et heureusement, parce que j’avais eu du mal à supporter tous ces combats avec toujours des règles plus stupides, comme se battre les yeux bandés, ou se détacher, voire même s’évader d’une prison. Au final, tout cela avait servi à quelque chose, maintenant je pouvais tuer un animal sans le regarder, je ne savais pas si c’était utile mais au moins, c’était plutôt amusant.

« Va chercher le lièvre. Et cesse de sourire bêtement ! Je suis obligé de supporter ta bonne humeur tous les jours, tu ne sais pas à quel point c’est horripilant ! Personne ne peut être joyeux en permanence ! D’ailleurs, l’on pouvait aussi ne jamais être joyeux, comme moi. Si j’avais su que tu étais aussi énervant, je ne t’aurais jamais pris à mon service ! »

En vérité, j’aimais bien sa bonne humeur à cet idiot souriant. Il mettait une note de gaieté dans mon monde sombre, et c’était parfois très agréable, même si je ne le lui montrais jamais. Il alla chercher le lièvre. J’avais une étrange envie de lui parler, pas comme à un valet mais comme à une connaissance. Le terme « ami » aurait été beaucoup trop familier. Mais je ne savais pas parler à d’autres personnes que des domestiques, gens à qui d’ailleurs, je ne parlais pas, mais je hurlais. Il rechargea mon fusil et je visais un canard dans les airs. Une balle et il s’écroula non loin de nous. Ces animaux n’avaient aucune chance. Je me tournai vers mon larbin. Le visage neutre, rien ne semblait jamais m’atteindre, ni joie, ni peine. Je ne connaissais qu’une seule émotion et c’était la colère. Fort heureusement pour Marc, aujourd’hui, j’étais d’assez bonne humeur, bien que cela ne se voie pas.

« Est-ce que tu sais tirer ? Je peux t’apprendre… Je ne te frapperai pas si tu n’y arrives pas. »

Je n’avais jamais rien appris à personne, excepté pendant la guerre contre l’Espagne, j’avais aidé certains soldats à s’améliorer au combat… Mais je ne savais pas du tout si j’étais un bon professeur et d’ailleurs, je doutais de toute façon qu’il ait envie d’apprendre quoique ce soit avec moi. Les seules choses que je pouvais apprendre aux autres, c’étaient des manières de tuer … Mais je voulais un peu le divertir. Sans savoir pour quelles raisons, je me demandais juste s’il voulait participer… Et puis peu m’importait après tout, il n’avait qu’à refuser, j’allais tuer encore quelques bestioles et nous rentrerions comme le maître et le valet que nous étions. Quelle idée stupide de vouloir enseigner le tir à mon domestique ! ... Néanmoins, je lui tendis mon fusil.



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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeMar 22 Oct - 22:59



I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Aimée & Märchen

Je me demandais pourquoi je ne me plaignais jamais. J'avais une tolérance extrême et une patience sans limites, visiblement. Tout le monde au château trouvait le prince Aimée horrible et condescendant. Moi, je voyais en lui le cœur d'un homme prisonnier de son propre rôle à jouer dans l'échiquier de la vie. Tout comme moi qui n'étais qu'un pion entre les mains de mon père. Je me sentais proche de lui et, d'une certaine manière, j'avais appris à l'aimer. Il était mon prince et mon futur roi, et malgré quelques mauvais traitements – de nombreux bleus et coupures sur mon corps en attestaient – je désirais le servir. Car rien ne serait pire que lorsque j'étais bâtard à la cour de mon père, prince sans être considéré comme tel, homme sans en être vraiment un. J'étais un bâtard, une espèce rare d'humain qu'on voyait comme une étrangeté entre les murs du château et dont on pouvait se moquer comme un singe savant. Je passais une main dans mes cheveux et souris aux reproches de mon prince. Je savais que tout était parfait, mais Aimée semblait toujours chercher la petite bête pour se plaindre. J'acquiesçais humblement la tête, car, après tout, c'était mon rôle de fléchir les genoux et me dépêchais de l'habiller lorsqu'il eut fini de prendre son petit déjeuné. Le café trop sucré ? N'importe quoi ! Je l'avais même trouvé un peu amer en le goûtant... Comme il l'aimait, somme toute. Mais je me contentais de lui faire un grand sourire en hochant la tête, comme si je prenais avec un très grand sérieux tout ce qu'il me disait. Quant à mon père... Je préférais ne pas y penser. Je le détestais, c'était un homme brusque et tellement peu appréciable, de mon point de vu... Oh... Il avait essayé de bien faire avec moi, avait eu la bonté de m'accueillir dans son château alors qu'il aurait pu me livrer à l'église, que personne ne sache rien de sa tromperie... Mais il se moquait, comme les autres. Il avait dû trouver le fait d'avoir un bâtard qui lui serait éternellement reconnaissant de sa gentillesse serait utile pour la suite. J'étais censé être un espion ici, dans ce château. J'avais rempli mes fonctions la première année avant de me dire : pourquoi ? Pourquoi obéir à un homme qui ne vous offre ni amour, ni affection, qui se moque de vous, vous méprise et vous demande d'être un chien obéissant à sa solde personnelle ? Ironiquement, c'était ce qui se passait pour Aimée, à la différence qu'il n'était pas de mon sang, pas de ma famille et que j'étais son serviteur officiel... Et qu'au fond, je savais que son cœur était bon et son âme grande et pure.

Préparer un cheval pour moi... Cela voulait très certainement signifier que j'allais partir chasser avec lui ! Cela faisait longtemps que je n'étais pas monté à cheval, j'espérais n'avoir rien perdu pour ne pas faire honte à mon prince... Ou plutôt ne pas me faire honte devant mon prince puisque nous ne serions que tous les deux. J'allais également devoir recharger son fusil... C'était bien la première fois qu'Aimée me demandait une telle chose, normalement la chasse était son petit plaisir personnel et jamais il n'acceptait que quelqu'un l'accompagne. Jamais... Mais tant mieux, je prenais ça personnellement comme une marque d'affection. Il appréciait assez ma compagnie, quoiqu'il en dise. Guilleret, je sortis donc de la chambre du prince et allais préparer les chevaux après être allé chercher les armes nécessaires pour la chasse. Arrivé dans l'écurie, le palefrenier me salua. Entre domestiques, nous nous connaissions tous, surtout lorsqu'on était le valet de chambre du roi, l'une des personnes la plus importante au sein des domestiques... Je lui souris, de bonne humeur, et demandais à ce qu'il prépare le noble destrier du prince Aimée ainsi qu'un autre cheval. Il me lança un regard quelque peu ahuri :

« Comme ça, le prince Aimée va à la chasse avec vous ? »
« Oui, en effet, c'est bien la première fois ! J'ai été agréablement surpris. » dis-je en toute sincérité et attrapant un cheval à la robe brune par la longe. Je brossais son poil soyeux avant de le seller tandis que le palefrenier s'occupait de la monture du roi.
« Je serais vous, je ne me réjouirais pas de la sorte... Une partie de chasse avec le prince Aimée... Je vous plains plus que je ne vous envie. »

Je levais les yeux au ciel. Pourquoi diable tout le monde voyait-il Aimée comme un tyran ? Certes, c'était l'air qu'il se donnait, mais il ne le faisait pas volontairement. Chacun avait sa propre façon de se protéger. Par exemple, moi, c'était avec le sourire. Lui, avec la violence et le dédain. Chacun ne réagissait pas de la même façon, mais personne ne semblait le comprendre... Dès que l'on est un peu différent, les gens ont peur. songeais-je.

« Eh bien moi je suis content, c'est ce qui compte ! De toute façon, ce n'est pas vous qui allez la faire cette partie de chasse, donc ça ne doit pas vous déranger outre mesure ! »

Il haussa les épaules et finit de préparer le cheval du prince. C'était un animal magnifique au pelage blanc qui s'appelait Dragon. Je trouvais cela bien fantaisiste... Ca prouvait donc que Aimée avait un cœur. Sinon il l'aurait appelé banalement « blanco » ou d'autres stupidités dans ce genre ou, pis, ne l'aurait pas appelé du tout. J'attrapais les rennes de Dragon et du cheval brun que j'allais monter, les armes chargées dans un sac avec quelques provisions. Aimée me rejoignit quelques minutes plus tard dans la cours et je le laissais à sa monture tandis que je chevauchais la mienne. Il était plutôt rare que les valets sachent monter à cheval... S'il me demandait, je trouverais une explication valable à lui donner. Il ne fallait pas qu'il se doute de mon éducation princière, sinon ma couverture était fichue. Il ne saurait jamais d'ailleurs. Que penserait-il, sinon ? Que j'étais un traître déloyal... Et je ne voulais pas de cela, car je n'étais ni traître ni déloyal bien au contraire. Je supposais que j'aurais donné ma vie pour mon prince. Eh oui... A ce point-là ! Je lui tendis son fusil qu'il prit entre ses mains et la question tomba. Je lui fis un guilleret petit sourire avant de déclarer le plus naturellement du monde :

« Mon père était l'écuyer d'un grand Seigneur, pas un paysan, Sire, c'est pour cela que je monte correctement. » mon équilibre était un peu précaire parce que cela faisait longtemps mais l'habitude allait revenir.

Je jetais un coup d'œil à Achille, le chien d'Aimée, un magnifique Hamilton Stovare aussi affectueux que joyeux et à l'affût pour les parties de chasse. D'après Aimée, en tout cas. Je chargeais le fusil de mon prince avant de le lui tendre. Pas de merci, c'était trop demandé de la part d'un maître que l'on servait. Qu'importait, je n'avais jamais eu de remerciement, de la part de qui que se soit et n'en attendais donc aucun. Il plongea ses yeux dans les miens et pointa son fusil dans une direction avant de tirer. Je sursautais et tournais la tête vers le lièvre qu'il venait d'abattre. Mes yeux s'arrondirent comme deux billes. Je devais admettre que j'étais grandement impressionné ! Mon prince venait de tuer une proie sans même la regarder ! Je restai coi quelques minutes, sans savoir quoi faire, jusqu'à ce qu'il me donne l'ordre d'aller chercher le lièvre. Je descendis et allai ramasser l'animal mort avant d'accrocher solidement ses pattes à la selle de mon cheval. Et toute la matinée allait se dérouler de la sorte ? Ca n'avait rien de palpitant, mais j'étais très heureux de partager ce moment privilégié avec mon prince. Je levais les yeux vers Aimée qui me rabrouait encore, mais, malgré tout, je continuais de sourire. On ne m'enlèverait pas ça, c'était une chose que je faisais tout le temps : sourire. Que ce soit bête, tant pis, je m'en fichais. J'aimais sourire à la vie, j'espérais qu'un jour, elle me rendrait ce sourire et que je pourrais être pleinement heureux même si, d'une certaine manière, je l'étais déjà et la vie m'avait déjà souri un peu en m'éloignant d'Allemagne. Peut-être essayais-je de sourire pour deux, maintenant et pensais-je que la vie sourirait à Aimée ? Il était toujours morose et souriait peu souvent, sauf lorsqu'il avait but mais cela était différent..

Nous nous enfonçâmes plus avant dans les bois, en silence, accompagnés des aboiements joyeux d'Achille qui flairait la piste de plusieurs animaux. Je rechargeais son fusil, il tirait, j'allais chercher les bêtes... Ainsi passèrent plusieurs heures jusqu'à ce qu'il me demande si je savais tirer. A la vérité oui, mais cela faisait longtemps et je pensais avoir perdu la main alors je répondis non, en toute sincérité. Mon cœur bondit de joie lorsqu'il me proposa d'apprendre à tirer, et ce, sans me frapper en cas d'échec ! C'était un pas en avant dans notre relation parfois tendue de maître à valet. Je hochais donc la tête enthousiaste et formulais poliment une phrase toute faite :

« C'est trop d'honneur que vous me faites, mon prince.... Mais j'accepte volontiers ! »

Plein d'entrain, je l'écoutais m'expliquer ce qu'il fallait que je fasse. Je rechargeais l'arme et visais un tronc d'arbre, pour commencer. J'espérais bien m'y prendre, auquel cas, il allait encore dire que j'étais un idiot au sourire béat... Je fermais un œil, comme un vrai professionnel, et visais l'arbre. La détonation me fit faire un geste brusque avec mon bras gauche, si bien que mon cheval, le bruit n'aidant pas, prit peur et se cabra. Je lâchais le fusil et me raccrochais à la crinière de ma monture pour ne pas être désarçonner. Mais l'histoire ne s'arrêta malheureusement pas là... Le cheval parti au galop à travers le bois, affolé, et je n'entendis plus que les battements rapides de mon cœur et l'éclat de rire du prince Aimée. J'avais la désagréable impression d'être une demoiselle en détresse... Stupide sachant que j'avais pratiquement dix ans de plus que le prince, et parfaitement honteux ! J'essayais tant bien que mal de calmer ce fougueux étalon qui sauta par-dessus un court d'eau. Je glissais de la selle, mais l'un de mes pieds resta accroché dans l'étrier si bien que je ne pus que traîner derrière mon ex-monture qui ne se calmait toujours pas. Mes paumes de mains s'égratignèrent, mon dos fut complètement éraflé et mes vêtements déchirés au passage. Je sentis ma cheville craquer et fis une grimace.

La chance n'était décidément pas de mon côté, car, lorsque je réussis à me libérer de cette étreinte, je tombais la tête la première dans un trou profond, camouflé par d'épaisses branches de sapin. Je dégringolais au fond et atterris sur mon bras droit de tout mon poids. Des larmes de douleur montèrent à mes yeux et je ne pus réprimer un gémissement. Ca faisait affreusement mal... ! Je me tournais sur le dos, le souffle court et la gorge obstruée par mes sanglots étouffés. J'avais du mal à respirer... J'entendis les pas d'un cheval s'approcher et la voix de mon prince qui se moquait ouvertement de moi. Je n'avais pas la force de rire à mon tour. J'aurais pu si je n'avais pas eu aussi mal et je l'aurais fait volontiers, car tout ceci était parfaitement ridicule... Je m'étais honteusement donné en spectacle devant mon prince. Ce dernier se pencha au-dessus du trou. Heureusement que celui-ci n'était pas trop profond, mais je me demandais bien comment j'allais remonter dans mon état... J'essayais de me redresser, mais j'avais vraiment très mal... Le comprendrait-il ? J'en étais certain. D'autres, à ma place, se seraient sans doute dit qu'Aimée allait les laisser agoniser dans ce trou, moi pas. Je savais qu'il allait me sortir de là... N'est-ce pas ? Quelle folle partie de chasse décidément. J'apaisais mes sanglots qui m'empêchaient de respirer convenablement avant de crier d'une voix cassée :

« Je suis désolé, mon prince, mais je suis coincé... J'ai fait une très mauvaise chute et... Je.. »

Je ne finis pas ma phrase correctement, car ma voix se brisa. Je venais de voir l'angle que formait mon bras et la panique me gagna. J'allais faire une crise d'angoisse, je le voyais venir gros comme une maison. Avec un bras dans cet état, impossible de sortir d'ici, d'une part, mais d'autre part... Je ne pourrais pas servir Aimée ! Et on allait très sûrement me remplacer... D'une toute petite voix, je soufflais : « Au secours... » j'avais l'impression d'être un enfant.
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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeJeu 24 Oct - 19:44

Vous ne pouvez pas nous trouver, nous, nous vous trouvons et nous sommes partout. Nous sommes vos fils, vos filles, vos maris, vos femmes, vos voisins, vos pères, vos mères et bientôt il y aura plus de morts.
Seuls les faibles mettent des années à s’affranchir d’une émotion. Celui qui est maître de soi peut étouffer un chagrin aussi aisément qu’inventer un plaisir.  ☼

Je fus étrangement heureux qu’il accepte d’apprendre à tirer. Cela nous permettait à tous les deux de nous divertir un peu. Je devais avouer que la chasse était très amusante lorsque j’étais tout seul mais elle était sans doute barbante pour lui… Bien que je ne me préoccupe nullement de son bon plaisir ! Il n’y avait que le mien qui comptait évidemment … mais je ne voulais pas qu’il s’ennuie trop … C’était indescriptible pour moi … Pour la première fois, j’avais envie que quelqu’un ne passe pas un trop mauvais moment en ma compagnie. Je savais que c’était peine perdue mais je voulais croire que cette fois, peut-être, il n’allait pas se moquer de moi parce que j’aimais bien passer du temps avec lui et qu’il allait me dire qu’il m’aimait bien ! … Quel rêve stupide. Je devais vraiment cesser de croire qu’un jour quelqu’un me dirait ça. J’en avais marre d’être déçu. J’étais ignoble, pourquoi un homme m’aimerait ? Un homme que je maltraitais la plupart du temps qui plus est ! Enfin il était trop tard pour reculer maintenant mais il était certain que ce serait la dernière fois que je tentais de me rapprocher de quelqu’un. Je frottai l’encolure de mon cheval pour qu’il reste tranquille puis me tournai vers mon valet. Il avait besoin de quelques instructions.

« Bien, tu cales l’arme contre ton épaule et tu places ton œil de façon à bien aligner le viseur et le tronc de l’arbre en face de toi. Tu ne presses la détente que lorsque tu te sens prêt. »

Cependant, tout ne se passa pas exactement comme prévu. J’avais oublié qu’il pouvait être un parfait débutant. Il se laissa emporter par le recul de l’arme et après la détonation, il fit peur à son cheval qui partit au galop. Scène horriblement comique. Il avait l’air d’une demoiselle en détresse. Aussi, j’éclatai de rire. Ce n’était pas vraiment de la méchanceté, juste une réaction à cette situation stupide. Bizarrement, je ne pensais pas une seconde que Marc était idiot, insulte que je lui répétais souvent, par contre, je le pensais du cheval. Il était rare que nos montures agissent de la sorte. Cependant, mon gentil larbin ne parvenait pas à se sortir de là tout seul. Il était vraiment une demoiselle maintenant, puisque je devais voler à son secours. Je lançai mon cheval à la poursuite du sien. Le spectacle était vraiment drôle de mon point de vue, c’était la première fois que je voyais quelqu’un tomber de la sorte. Il ne tenait plus que par un étrier et trainait lamentablement par terre. Mais quel empoté, voilà qu’il me gâchait ma partie de chasse ! Soudain, je le vis entièrement disparaître. J’éclatai à nouveau de rire. Non mais vraiment, il avait un talent inné pour se mettre dans des états pareils ! Je n’avais jamais vu cela ! Je cessai de rire bêtement et je m’approchai du trou où il était tombé. Il y avait une chance sur des centaines pour que son cheval passe par là et il avait réussi à la saisir. Je l’entendis gémir. Je supposais qu’il s’était fait mal, évidemment, cela n’aurait pas été amusant sinon ! Ah mais quel abruti, je ne voulais pas être habillé par quelqu’un d’autre ! Il aurait pu faire attention. Je sautai gracieusement de mon cheval et me penchai au-dessus de lui. De ce que je voyais, il n’était pas en bon état. Quand je pensais à tout ce que les gens pouvaient dire sur moi alors que j’allais aider mon valet au lieu de le laisser mourir là…

« Tu n’es vraiment qu’un bon à rien ! Quand je pense à l’honneur que je te fais en te proposant de venir avec moi à la chasse et en t’apprenant à tirer et toi, tu parviens à te retrouver dans un trou par on ne sait quel miracle ! Je n’ai pas que ça à faire de te sortir de là ! Ah ! Tu as un don pour tout rater, c’est impressionnant ! »

Tout cela pour qu’il me réponde qu’il était coincé. Evidemment qu’il était coincé ! Je le regardai en réfléchissant. Je fus persuadé de l’entendre dire « au secours ». Pendant quelques instants, cela me toucha. Il était mignon. Je savais qu’il était effrayé à l’idée que je m’en aille en le laissant là. Ma réputation de monstre me précédait. Et avec quelqu’un d’autre, j’aurais peut-être agi ainsi. Et puisque j’étais un peu cruel, je décidai de remonter sur mon cheval et  de partir sans lui dire un mot. Je l’imaginais complètement paniqué. Je me trouvais ignoble bien sûr, à sa place, j’aurais détesté croire que j’allais mourir dans un trou, tout seul. En vérité, je n’allais pas bien loin, je voulais récupérer son cheval. Je n’allais pas le porter jusqu’au château tout de même. Mais il était plus drôle de lui faire croire que je le laissais là plutôt que de lui dire la vérité. Il fallait bien que je conserve ma réputation d’ignoble prince. Je lançai ma monture au galop, je suivais les empreintes par terre. J’étais un excellent pisteur à force de chasser tous les jours. Fort heureusement, le cheval avait arrêté sa course près d’une rivière. Je l’attrapai par la bride et le calmai de quelques caresses et paroles rassurantes. J’avais toujours aimé les animaux et il n’y avait qu’avec eux que je montrais réellement des sentiments positifs. Je traitais mon cheval et mon chien avec beaucoup plus de respect que les véritables personnes. Mais c’était plus simple avec les animaux, il n’en avait rien à faire que je sois un horrible prince gâté, ils ne mentaient pas parce que je portais une jolie couronne, ils m’aimaient parce que je les aimais. Je remontai sur mon cheval et tirai la bride de l’autre monture. J’en profitais pour récupérer les affaires que Marc avait emportées –et fait tomber dans sa course infernale-. Puis je retournai jusqu’au trou qui contenait mon stupide valet. Tout cela avait pris une trentaine de minutes, de quoi l’affoler mais pas lui faire perdre espoir. Mais pourquoi avais-je besoin d’user de cruauté chaque fois que j’en avais l’occasion ? C’était comme un besoin que je ne pouvais réprimer. Je mis pied à terre et attrapai une corde dans un des sacs. Je pensais l’attacher solidement à un tronc, cela aussi j’avais appris à le faire en pensant que ça ne me servirait jamais. Comme quoi, je pouvais aussi me tromper. Mais, je n’allais sans doute pas pouvoir me remonter et remonter Marc, j’avais de la force dans les bras mais pas autant. Je l’accrochai plutôt à la selle de mon cheval. Je savais que n’importe quel cheval pouvait tirer un poids assez lourd sur une courte durée de temps et je comptais bien en profiter. Je tenais la corde avec fermeté et m’assis au bord du trou. J’espérais qu’il n’était pas trop mal en point, d’une part parce qu’il serait alors trop difficile à remonter et d’autre part parce que … Je n’avais peut-être pas envie qu’il soit blessé …  

« Bon, à toi maintenant. Je suis certain que tu as cru que je n’allais pas revenir ! Comme si je pouvais sérieusement abandonner quelqu’un dans une telle situation… Ne bouge surtout pas. Et ce n’est pas la peine de me faire un commentaire comme quoi tu ne peux pas bouger, je te dis cela au cas où il te viendrait à l’idée de vouloir me faciliter la tâche en te décalant. Je n’ai aucune envie que tu perdes un bras ou une jambe ou … Peu importe ! »

Si je continuais comme cela, j’allais devenir affectueux. Quelle horreur ! Je tentai de visualiser de quelle manière j’allais l’atteindre pour le remonter facilement. J’avais déjà fait ce genre de chose, des exercices d’entrainement avec d’autres soldats de l’armée royale, pour entretenir l’amitié et la solidarité entre les défenseurs du royaume. Et étrangement, j’avais sans doute passé les années les plus agréables de ma vie pendant la guerre contre l’Espagne. J’étais un excellent combattant et général des armées, j’étais respecté et plutôt apprécié par au moins une catégorie de personne … Même si je n’avais plus du tout l’occasion de voir les soldats… Cette époque était révolue depuis longtemps. J’allais bientôt être roi et je n’aurais plus jamais l’obligation de faire la guerre. Je vérifiai que la corde était bien accrochée avant de sauter dans le trou. Je descendis quelques mètres en me demandant comment une crevasse aussi grande avait pu se trouver là sans que personne ne soit jamais tombé dedans. Il fallait évidemment que ce soit mon valet qui en fasse l’expérience. Je l’atteignis après quelques minutes. Son bras était dans un état lamentable. J’avais vu pire bien entendu et le sang ne m’avait jamais dérangé, j’espérais que c’était réparable. Un valet avec un seul bras valide, ce n’était pas possible ! Et même s’il en mourrait d’envie, je n’avais aucune intention de le renvoyer, il aurait pu  perdre une jambe, un bras et un œil qu’il serait resté à mon service qu’il le veuille ou non !  Parce que d’une certaine façon … Je l’aimais bien. Peut-être un peu trop même. Arrivé à sa hauteur, je compris qu’il était complètement paniqué. Je n’aurais sans doute pas dû partir sans le prévenir.

« Calme-toi, tout va bien. Tu ne vas pas mourir. Je vais te sortir de là. Je fis attention de ne pas le toucher et posai les pieds au fond du trou. Son bras était vraiment en mauvais état et l’endroit était trop étroit pour que je fasse quelque chose. Tu me laisses faire, d’accord ? La seule chose que je te demande, c’est de t’accrocher à moi de ton bras valide, tu ne me lâches pas, c’est compris ? »

Il hocha la tête. Je l’aidai à se lever et je passai son bras fonctionnel autour de mes épaules, je voyais difficilement comment le remonter autrement. Je le tenais et lui aussi, donc tout devait bien se passer. Je le serrai contre moi, de manière à ne pas le lâcher et à pouvoir tenir la corde. Je sifflai mon cheval qui nous ramenait vers la sortie. Ayant de la peine de demander autant d’efforts à mon animal, je remontais aussi à la force de mes bras. Il n’y avait bien que pour les êtres vivants autres que les humains que j’éprouvais de la peine. J’agrippai enfin le bord du précipice d’une main et je remontai Marc. Il était sans doute épuisé mais, je m’en fichais relativement, plus on attendait et plus sa blessure risquait de s’aggraver. Je ne savais pas trop ce qu’il fallait faire dans ces cas-là, j’avais rarement été blessé, et donc soigné. Et puis j’avais un peu peur de lui faire mal si jamais je touchais quelque chose… Peur tout à fait paradoxal, il m’était arrivé plus d’une fois de frapper Marc sans ressentir cela. J’hésitais donc à le faire monter seul sur son cheval. J’avais prévu ça sans penser qu’il était aussi mal en point. Je changeais d’avis et le fis grimper sur le mien. Je montai derrière lui. Je le laissai s’appuyer contre moi. Je le tenais fermement entre mes deux bras. Je donnai un léger coup de talon à mon cheval qui se dirigea vers le château sans se presser, pour ne pas que Marc se blesse davantage. J’avais trop d’égards pour lui d’un coup. Cela me dérangeait. Un peu avant que nous entrâmes dans la cour, je descendis de cheval puis fis descendre Marc. Nous continuâmes à pieds. Tout le monde allait encore croire que j’avais fait du mal à l’un de mes domestiques, que je l’avais poussé d’une falaise ou quelque chose comme ça mais c’était faux … Pour une fois. Enfin, je me fichais bien de ce que pouvaient dire les larbins sur mon compte. Le palefrenier vint aider Marc à tenir debout et à rentrer. Je m’occupais de faire venir un médecin. Je savais que celui de l’Ordre était excellent, aussi, je le choisis lui plutôt que le médecin familial –que je n’aimais pas beaucoup d’ailleurs. Marc fut installé dans sa chambre, Matthew l’examina et le soigna. En sortant, il m’expliqua que Marc ne pourrait rien porter pendant un certain temps, quelques semaines, voire quelques mois…. Mais vraiment ! Quel abruti ! Il n’avait pas le droit à plus de quelques jours de congés par an ! Au bout de quelques minutes, je fis sortir tous les domestiques qui étaient venus lui apporte du soutien. J’en entendis une dire que j’étais vraiment égocentrique…. Je ne voyais pas le rapport. Elle devait croire que je les faisais partir parce qu’ils se préoccupaient plus de mon valet que de moi ? … Je m’occuperai de cela plus tard. Je fermai la porte de la chambre de Marc une fois seul avec lui… Il dormait évidemment ! Quel fainéant ! … Je le trouvais presque attachant dans son lit. Après environ une heure, je m’installais dans un fauteuil à côté de son lit. Non mais quelle perte de temps ! A croire que je devenais sentimental ! A son réveil, il allait m’entendre ! D’ailleurs c’était uniquement pour cette raison que je restais ! Et rien d’autre ! Il avait gâché ma chasse ! Il ne savait rien faire convenablement ! Ma colère –plus ou moins existante, au fond, j’étais vraiment inquiet- ne disparut pas après les quelques heures qu’il passa endormi, et lorsqu’il se réveilla, je me levai.

« Espèce de bon à rien ! Comment pouvais-je croire que tu ferais cela comme il fallait puisque tu fais toujours tout de travers ?! Tu es nul ! Tu es un valet lamentable ! Tu mériterais que je te vire sur le champ ! Et ma façon de lui dire que j’étais inquiet pour lui, c’était ça … Pas très compréhensible, c’est sûr, mais je ne savais pas faire autrement. Tu n’auras pas de salaire ce mois-ci pour la peine ! Et estime-toi heureux ! Non mais tu aurais pu mourir ! Espèce d’imbécile heureux sans cervelle !




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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeVen 25 Oct - 21:28



I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Aimée & Märchen

La douleur était insoutenable. Elle voilait mon regard et faisait bourdonner mes oreilles. J'avais l'impression d'être dans une dimension parallèle. La sueur perlait le long de mon front et je paniquais. Mais la voix de mon prince me rassurait quelque peu. Je n'étais pas seul et m'y accrochais comme à une bouée. Même son ton moqueur ne me dérangeait pas. De toute façon, la situation était plus que risible et je ne doutais pas qu'il me renverrait dès que nous serions rentrés au château. Qui voudrait d'un valet aussi empoté que je l'étais ? La honte me submergeait. Tous les efforts que j'avais fournis pour être LE valet qu'il LUI fallait... Réduits à néant par une simple petite erreur de coordination. Et, pire que tout le reste, je n'avais aucune envie de rentrer en Allemagne. J'aimais vivre ici. J'aimais servir le prince Aimée malgré tout ce que les autres domestiques pouvaient en dire... J'aimais ma nouvelle vie et ne voulais en changer pour rien au monde. Et puis soudain... Plus rien. Je vis Aimée se redresser et s'éloigner. Je dressais l'oreille et entendis ses pas craquer sur les brindilles mortes et les feuilles qui tapissaient le sol de la forêt... Puis, petit à petit, plus rien. Le silence complet m'entourait, si on ne comptait pas quelques chants d'oiseaux par-ci par-là. Figé sur place, le cœur battant, j'attendais. Si c'était une blague, elle était de mauvais goût. Les yeux rivés sur le haut de ma prison souterraine, j'attendais qu'Aimée reparaisse. J'attendais... Il reviendrait, j'avais entièrement confiance en lui et jamais il ne me laisserait, moi, son valet, au fond du trou. Dit comme ça... Et sachant qu'il avait tué certain de mes prédécesseurs... Je déglutis. Toujours rien. Au bout de quelques minutes – qui me parurent durer des heures – j'essayais de me redresser. La douleur dans mon bras me donna la nausée, si bien que je ne pus même pas me mettre en position assise. Je plaquais la main de mon bras valide contre ma bouche et ravalais l'acide qui montait à mes lèvres. Il ne manquerait plus que ça pour me couvrir de ridicule. Je pris une grande inspiration. J'avais chaud et froid en même temps, je me sentais mal, je tremblais, je claquais des dents... Je portais ma main valide à mon front pour constater qu'il était brûlant. La fièvre n'avait pas mis longtemps à monter. J'espérais que mon prince allait bientôt revenir... Mais plus les minutes passaient, plus le désespoir s'insinuait de plus en plus profondément en moi. Il s'accrochait à ma peau et ne voulait plus en démordre. Je me laissais totalement retomber sur le dos, ma tête heurtant mollement la terre humide. J'avais mal de partout. Je voulais rentrer... Ma respiration devint de plus en plus saccadée au fur et à mesure que les minutes passaient. Pourtant, je refusais de céder totalement à la panique. Ce serait alors le début de la fin. La nuit n'était pas encore tombée. Mon prince était sans doute aller chercher de l'aide... Ou quelque chose comme ça. Je tentais vainement de calmer ma respiration et mon cœur affolé. Peine perdue...

Je fermais les yeux, certain que le peu d'espoir qui restait au fond de mon cœur allait bientôt s'éteindre. C'est alors que j'entendis des bruits de pas et le hennissement d'un cheval. Je me redressais légèrement, retenant une grimace de douleur alors que je serrais mon bras cassé contre ma poitrine. « Mon prince... ? » Soufflais-je à mie-voix. Et c'était bien lui. Une lueur s'alluma au fond de mon regard et un demi-sourire flotta sur mes lèvres. Je pensais que... Quel idiot j'avais été ! Il était revenu, finalement. Mon soulagement était indescriptible. Je le regardais vaguement – la vue brouillée par des larmes de douleur, de joie, et de peur ainsi que par la fièvre qui montait doucement – descendre dans le trou après m'avoir fait quelques commentaires qui me touchèrent droit au cœur. J'aimais entendre ce genre de choses de sa bouche. D'ailleurs, c'était bien la première fois qu'il semblait s'inquiéter pour moi. Tout n'était donc pas perdu : il avait bel et bien un cœur, il le cachait simplement derrière une épaisse couche de cruauté et une muraille d'indifférence. Malgré cet apaisement soudain, mon cœur s'affolait toujours au fond de ma poitrine et je devais sembler complètement paniqué. Je braquais mes yeux sur Aimée qui venait de poser un pied dans le trou. J'essayais de déchiffrer, sur son visage, une quelconque émotion qui prouverait que soit ce n'était pas grave, soit j'allais mourir dans les prochaines heures.. Bien qu'on ne meure pas d'un bras cassé. De fièvre, cependant, c'était plus probable. Je hochais lentement la tête, suite aux paroles de mon prince. Ce n'était pas le moment de discuter. Et puis quelle autre solution y avait-il ? Je m'accrochais donc à lui de mon bras valide, comme il me l'indiquait, tout en essayant de ne pas lui faire mal. Car, après tout, même si j'étais blessé, je restais son valet... Il m'aida à me relever et, très sincèrement, je crus que j'allais défaillir. Le monde tanguait dangereusement et mes jambes menaçaient de céder sous mon poids. Heureusement qu'Aimée était là, sinon, je serais retombé sur les genoux avant de m'écrouler face contre terre...

Petit à petit, nous remontions. Je n'avais pas la moindre force de réfléchir à comment, ni à pourquoi... Une fois arrivé à la surface je pris une grande inspiration, encore tout tremblant contre mon prince. Il devait sans doute me prendre pour une chochotte, ou quelque chose dans ce goût-là... J'en étais très attristé. Car je ne voulais pas qu'il me voit aussi faible, c'était assez dégradant... Je le laissais me guider jusqu'à sa monture. J'ouvris la bouche pour protester : j'étais capable de monter seul sur mon propre cheval, tout de même... Mais je me ravisais. De toute façon, cela n'aurait servi à rien de parlementer. Et je n'avais pas le cœur à cela... Aimée m'aida donc à monter sur Dragon avant de s'installer derrière moi. A présent, j'étais vraiment une demoiselle en détresse... Trop faible pour y réfléchir plus avant, je m'appuyais contre mon prince qui me soutenait dans ses bras musclés. Je sentais que mon esprit commençait à glisser hors de mon corps et à vagabonder de-ci, de-là. Je n'avais qu'une envie : fermer les yeux pour m'assoupir. Quel délice cela serait... Mais ce serait faillir à ma tâche de valet. S'endormir dans les bras de son maître... Et puis quoi encore ? Je bougeais donc légèrement mon bras blessé, espérant que la douleur me tiendrait éveillé. Piètre méthode, sans doute, mais c'était la seule que j'avais trouvé, l'autre étant de me mettre une gifle mais... En de telles circonstances, ce n'était pas une option envisageable. Ma tête dodelinant contre le torse d'Aimée, nous arrivâmes enfin en vu du château. Je fus quelque peu soulagé. J'allais bientôt pouvoir fermer les yeux et dormir... Nous franchîmes les portes de la grande cours et je descendis tant bien que mal de Dragon. Une fois devant les écuries, ce fut le palefrenier qui prit alors la relève et me soutint pour ne pas que je m'écroule sur le sol. Il me lança un regard entendu, un « je vous l'avez bien dit ». Mais j'étais bien trop sonné pour lui expliquer la situation. Ce n'était pas le prince qui m'avait mis dans cet état, mais ma propre sottise. Le palefrenier m'aida à monter jusque dans ma chambre pendant qu'Aimée allait chercher le médecin. Quel prince ferait ça pour son valet ? Cela prouvait, une fois de plus, qu'il avait un cœur et qu'il m'appréciait sûrement un peu, sinon, il m'aurait déjà renvoyé. Ou peut-être attendait-il que je sois rétabli pour le faire...

Le palefrenier m'allongea sur les couvertures et se fut Jaques, l'un des valets de pied, qui vint m'aider à enlever mes chaussures, ainsi qu'une partie de ma chemise. J'avais sans doute l'air pitoyable et parfaitement ridicule, mais je ne m'en rendais pas vraiment compte : je défaillais à moitié. Quelques personnes défilèrent à mon chevet avant que le médecin n'arrive : Lucie, Elsa (la cuisinière), Inès ainsi que Jean, un autre valet de pied. Le majordome en personne vint s'assurer de mon état et observa mon bras à l'œil nu, sans le toucher de ses mains. Il ne fit aucun commentaire et mit tout le monde dehors lorsque le médecin entra dans la pièce, accompagné du prince Aimée en personne. Je crus voir Elsa lui lancer discrètement un regard mauvais, mais peut-être me trompais-je, mon esprit fiévreux commençait à me jouer des tours. Je levais les yeux sur le médecin inconnu puis les tournais vers mon prince, comme si je lui demandais la permission pour enfin pouvoir m'assoupir. Aimée sortit et je sombrais dans l'inconscience.

Assis au coin du feu, les genoux repliés contre ma poitrine, j'écoutais ma nounou raconter une histoire à mon frère aîné assit sur ses genoux. Je les regardais avec envie. Moi aussi, j'aurais aimé qu'on me serre dans ses bras en me racontant une histoire. Je me laissais bercer par les paroles de ma nourrice qui, une fois le conte terminé, referma le livre, passa une main affectueuse dans les cheveux de Martin, et le laissa descendre. Il me jeta alors un regard hautain et plein de mépris. « Ta place est par terre, bâtard. » Je le regardais, stoïque, habitué à ce genre de propos malgré mon jeune âge. L'envie de pleurer était pourtant bien là. Il dut le sentir, depuis le temps, car il me lança : « Tu vas pleurer ? » Je haussais vaguement les épaules. Il me donna plusieurs coups de pied. « Quand le prince pose une question, on lui répond. » Je me jetais sur lui pour lui tirer les cheveux et une longue bataille s'en suivit avant que Nourrice ne puisse nous séparer. Martin fit semblant d'avoir très mal et se mit à geindre. Nourrice le prit par la main et me fit les gros yeux. Elle allait en référer à mon père, c'était certain...
Le soir-même, je fus convoqué à la salle du trône. Cette salle me paraissait immense, j'étais si petit.. Le roi était assis sur son trône et il me regarda avancer, de haut, l'air aussi méprisant que tout le reste de la population. Il m'ordonna de poser un genou à terre et de m'incliner. J'obtempérais. J'étais si jeune pour oser désobéir à mon souverain et mon père.
« Märchen, tu déçois tout le peuple. De quel droit te permets-tu d'agresser ton prince de cette manière ? Je ne veux pas de réponse de ta part, tais-toi. Sais-tu pourquoi tu t'appelles Fitz ? » Je secouais négativement la tête, les yeux baissés sur le tapis rouge. « Cela signifie « fils illégitime ». Tu es un bâtard, tu le portes jusque dans ton nom. Tu passeras quelques jours au cachot, peut-être cela te montrera-t-il où se trouve ta place. Gardes, amenez-le. » Deux gardes me redressèrent et me firent sortir de la pièce. La tête baissée, je ne résistais pas. Je n'étais qu'un petit garçon, et je devais apprendre où était ma place dans ce monde cruel. On me jeta dans une cellule puante et nauséabonde. Je me recroquevillais sur le sol froid et fermais les yeux.

Je ressentis une cuisante douleur à mon bras droit. Je battis des cils et ouvris les yeux.


Je fis un effort surhumain pour garder les yeux ouverts. Ma vision était trouble, mais, petit à petit, je retrouvais une vue correcte. J'avais ma au bras, mais moins que tout à l'heure et ma fièvre semblait avoir baissée. Je poussais un léger soupir inaudible et tentais de remuer l'épaule droite, très lentement. Je découvris alors que tout mon bras était bandé et fermement attaché contre mon torse. Allais-je m'en sortir ou perdrais-je l'utilisation de mon bras... ? Je tournais la tête vers la gauche pour y découvrir que Aimée était assis là, dans un fauteuil, et qu'il me regardait. Pourquoi était-il là ? S'inquiétait-il ? De toute évidence. Je fis de gros efforts pour ne pas sourire. Cela aurait pu être déplacé... Mais j'étais content qu'il soit là, plus que toute autre personne. En fait, je n'avais pas d'amis ici. Certes, la cuisinière et les autres domestiques étaient très gentils et je les appréciais tous énormément, mais... Ce n'étaient pas des amis. Aimée était le seul Eh oui ! Bien prétentieux de ma part de le considérer comme tel, sans doute... Mais c'était la vérité : je passais le plus clair de mon temps en sa compagnie, je l'écoutais se plaindre, je l'habillais, connaissais tout de ses goûts, de ses envies, de ses forces et ses faiblesses... Il était, en tout cas, la personne dont j'étais le plus proche. Lorsqu'il s'aperçut que je ne dormais plus, il se leva et s'approcha de mon lit. Je ne sus déterminer ce que je lisais dans ses yeux mais, en tout cas, il se mit à me hurler dessus. Je baissais immédiatement les yeux. Je savais où était ma place dans ce monde cruel. Oui, je méritais qu'il me vire, en effet, et je m'attendais à tout instant qu'il prononce cette phrase... Le souffle court. Mais cette phrase ne vint pas. Je levais la tête vers lui. Un mois sans salaire... ? J'aurais pu mourir... Il s'inquiétait pour moi, mes pensées s'avéraient exactes ! Mes yeux se remplirent de larmes. Quand est-ce que quelqu'un s'était déjà inquiété pour moi ? Un simple bâtard, et un simple valet ? Je lui fis un sourire radieux, l'un de mes plus grand, et tâchais de ravaler mes larmes puériles. D'un même temps, j'essayais de me redresser afin d'être un plus présentable devant le prince.

« Je suis désolé, mon prince. Je vous promets qu'une telle contre-performance ne se reproduira plus jamais. Je vous l'assure... Je vous suis extrêmement reconnaissant de ne pas me chasser... Et j'expliquerais aux autres que vous ne m'avez pas battu, Seigneur, je suis certain que beaucoup pensent à mal. »

Je ne cessais de sourire, trop heureux de garder mon poste et ma nouvelle vie. De plus, la douleur paraissait s'être évanouie, sans doute le choc opératoire. Je ne savais ce que m'avait donné ce médecin... Sans doute un produit contre la douleur. Mais, en tout cas, il était plutôt doué, on ne pouvait pas le lui enlever. Alors que je voulais continuer mes éloges de remerciement, mes paupières se fermèrent d'elles-mêmes et je sombrais dans l'inconscience, une nouvelle fois.

La puanteur des cachots mes réveillèrent le lendemain matin. J'ouvris les yeux et me recroquevillais sur moi-même, grelottant de froid et de peur. Qu'allait-on faire de moi ? Mes yeux se remplirent de larmes. Telle était donc ma place ? Au fond des cachots ? Je sanglotais en silence, priant pour que quelqu'un vienne me sortir de là.
Effectivement, quelqu'un vient au bout de trois jours. Le garde qui m'avait recueilli, étant petit. Il me prit par la main et, comme le premier jour, me donna un bain dans les cuisines avec l'aide de la cuisinière puis je fus libre de manger. J'engouffrais tout ce qu'on me tendit, comme si j'avais peur qu'on me les arrache. Il fallait que je les avale avant. Je fis un grand sourire à la cuisinière et qui s'exclamait et c'est à ce moment-là, je crois, que ma vie prit un tant soit peu de sens.


Quelques jours passèrent. On me rendit plusieurs visites durant lesquelles j'expliquais à tous ce qu'il s'était passé durant cette partie de chasse. Certains me crurent, d'autres non. Je n'étais pourtant pas une femme battue qui cachait la vérité, nom d'une pipe ! Je retrouvais bientôt quelques couleurs et mon sourire éclatant. Mais je n'avais pas encore essayé de me lever : j'avais bien trop peur pour cela. Peur de tomber et de m'endommager un peu plus. Jusqu'à ce qu'Aimée me rende visite, quatre jours plus tard. A sa vue, je tentais aussitôt de me mettre debout mais ma tête tourna dangereusement, ainsi ne pus-je que me mettre assis sur le rebord du lit, le dos et la nuque raide. Mon cœur battait mollement dans ma poitrine et j'entendais un curieux « ploc, ploc » à chaque battement. J'étais terriblement dans le brouillard... Pas présentable devant mon prince, somme toute. Néanmoins, je lui fis un large sourire enchanté.

« Bonjour, mon prince ! Avez-vous bien dormi ? ... Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi, Sire.... Si je puis me permettre, bénéficiez-vous des services d'un autre valet de chambre ? » Je pris une grande inspiration avant de continuer : « Vous n'allez pas me renvoyer, n'est-ce pas, Sire... ? »
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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeMer 22 Jan - 18:15

Vous ne pouvez pas nous trouver, nous, nous vous trouvons et nous sommes partout. Nous sommes vos fils, vos filles, vos maris, vos femmes, vos voisins, vos pères, vos mères et bientôt il y aura plus de morts.
Le premier précepte d'un roi, c'est de savoir supporter la haine.  ☼

Je m’étais rapidement rendu compte  que les serviteurs chuchotaient après mon passage. Racontant sans doute d’ignobles choses à mon sujet sur la façon dont j’avais presque arraché le bras de Marc. C’était sans importance, voire même un peu drôle. Lorsque j’étais enfant, mon professeur m’avait expliqué que toutes les légendes étaient basées sur des faits réels. Or, si Saint-Georges n’avait pas réellement tué un dragon, il avait pu combattre une bête existante féroce et avec les années et les rumeurs, la bête serait devenue un dragon crachant du feu. Les domestiques imaginaient différentes histoires à mon sujet, que j’étais un prince cruel, sans pitié, exigeant, violent. Et puisqu’ils croyaient dur comme fer à ma méchanceté, dès qu’un serviteur disparaissait, c’était par ma faute. Ma légende était en train de s’écrire sous mes yeux : « Le cruel Roi Aimée ». Bien entendu, j’étais violent mais je n’avais jamais brisé les os d’un de mes valets. Et celui qui n’était pas revenu de ma partie de chasse avait mérité sa mort. Il avait essayé de me tuer, mais un roi n’avait pas à s’expliquer : il agissait. Je n’étais pas si terrible qu’ils le pensaient. Et au final, cette réputation m’était utile, personne ne s’attaquait à moi parce qu’en plus d’être le meilleur combattant du royaume, j’étais soi-disant sans pitié. Tout le monde me craignait au château et d’une certaine façon, cela me plaisait.

Marc, lui, il me défendait. Il était si … Fidèle. Il pleura, je ne fis aucun commentaire, il avait eu peur de mourir, de devoir partir, n’importe quel homme se serait mis dans cet état. Puis il me sourit. Il ne voulait pas que je le renvoie. Mais pourquoi diable irais-je renvoyer un homme qui me servait avec autant de plaisir ? Il n’avait jamais eu peur de moi, j’étais même certain qu’il me trouvait bon et juste. Il ne comprenait pas que je me fichais de ce que les gens pouvaient penser de moi. J’étais le futur Roi, que les gens m’aiment ou non m’importait peu, je devais me concentrer sur la politique. Exactement l’inverse de mon père, qui, en se souciant trop de ce que le peuple pensait de lui, amena le royaume à la ruine. Un véritable Roi devait supporter de ne pas être apprécié pour pouvoir aider son pays. J’offris un léger sourire à Marc, il gaspillait sa salive cet idiot. Je voulais juste qu’il se repose. Il finit enfin par s’endormir. Je lui pris la main quelques secondes et lui chuchotai qu’il pourrait toujours compter sur moi. Puis je fis demi-tour et sortis de la pièce. J’entendis la cuisinière se plaindre de la façon dont je traitais ce pauvre Marc. Pour mon plaisir personnel, je fis un léger détour par la cuisine. Elle me tournait le dos et ne s’arrêta donc pas de parler. Je croisai les bras sur ma poitrine dans l’embrasure de la porte, l’air sévère. Une jeune servante me vit et il me sembla qu’elle était sur le point de s’évanouir. Elle tapota l’épaule de la cuisinière qui se retourna. Je lui fis un sourire en coin. Elle balbutia quelques mots incompréhensibles avant de reprendre contenance. Elle tenta de rattraper ce qu’elle avait dit avec plus ou moins de succès. Faisant comme si je n’avais rien entendu, je lui ordonnai de me faire porter une tasse café dans mes appartements puis tournai les talons. Je l’entendis soupirer de soulagement. A chaque fois que j’adressais la parole aux domestiques, ils me regardaient comme si j’allais les donner à manger aux lions. Ce n’était pas mon genre … Moi, je préférais leur couper la tête. C’était une plaisanterie voyons ! Passons.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Marc me manqua. Un autre l’avait remplacé. Il s’appelait Stéphane et je ne pouvais pas le supporter. Il était idiot, étourdi et maladroit. La première fois que j’avais levé la main sur lui pour le punir, il s’était mis à pleurer. C’était tout bonnement insupportable. Je lui en fis voir de toutes les couleurs, si bien qu’après seulement quatre jours, il était déjà exténué. Des cernes sous les yeux, le teint pâle, des bleus sur les bras : Il semblait prêt à s’écrouler à tout instant. Il était évident qu’il ne tiendrait pas une semaine à ce rythme. Il n’y avait que deux solutions : Ou je me calmais, ou je le laissais mourir d’épuisement et de peur. Deux choix qui ne me plaisaient pas. Je ne voulais qu’une chose : Mon valet. Et lui, il ne l’était pas. Il m’habilla avec difficulté, ses mains tremblaient et il ne parvenait pas à fermer les boutons de ma chemise. Exaspéré, je le repoussai pour le faire moi-même. Il fondit en larmes. Ses nerfs lâchaient. C’était amusant à voir. Je le giflai violemment. Ses pleurnicheries m’ennuyaient… Et j’aimais bien l’effrayer. Ce qui n’améliorait pas l’image que les autres domestiques avaient de moi. Je lui ordonnai de déguerpir. Il ne se fit pas prier. J’enfilai une veste et j’attrapai une pomme dans le plateau du petit-déjeuner. Il avait oublié le jus d’orange, ce bon à rien. Marc n’aurait jamais oublié le jus d’orange. Marc n’oubliait jamais rien. Il était le valet idéal. Enfin … Peut-être pas mais il était le seul que je désirais. Aucun ne pouvait lui arriver à la cheville. En clair : Il me manquait terriblement. Puisque je n’avais rien de royalement important à faire en cette matinée –j’aurais éventuellement pu aller voir ma fille mais il aurait fallu pour cela que j’ai un cœur-, je me décidais à lui rendre visite.

Je pris la direction de l’aile des domestiques. Je croisais des serviteurs, certains me sourirent en me saluant. Cela me choqua plus qu’autre chose. Cet idiot de Marc leur avait-il dit que je lui avais vaillamment sauvé la vie ? Chose que j’aurais fait avec n’importe qui. Qui pourrait être assez ignoble pour laisser quelqu’un mourir seul au fond d’un gouffre ? Je ne souhaiterai même pas cela à mon pire ennemi. Ah mais quel crétin ce Marc ! Il s’évertuait à détruire ma réputation ! J’hésitais à frapper à la porte. Je pris la décision de ne pas le faire : Un prince pouvait bien faire ce qu’il désirait chez son valet ! Il tenta de se lever en me voyant, je n’eus pas le temps de lui dire que c’était inutile, il n’en avait pas la force. Il me sourit. Toujours ce sourire joyeux exaspérant…. Il m’avait manqué aussi. Je vérifiai d’un coup d’œil qu’il était toujours en bon état. Il avait l’air d’aller mieux. J’en étais heureux. Qui aurait pu s’occuper de moi s’il avait perdu son bras ?! Evidemment, il commença à parler. Il m’était impossible de comprendre pourquoi il prenait de mes nouvelles alors que c’était lui le malade, c’était à moi de le faire, pas l’inverse. Avec lui, j’avais vraiment l’impression d’être apprécié… Il me demanda si j’allais le remplacer. Je lui souris en coin et croisai les bras sur ma poitrine.

« Mais que crois-tu ? Que je vais attendre que tu te remettes de tes blessures et te reprendre à mon service ? Je n’ai pas de temps à perdre avec cela. Tu es renvoyé depuis que tu es tombé dans ce trou mais mon père m’a appris à ne pas mettre les malades à la rue. Tu fais tes valises ce soir et tu rentres chez toi ! Tu pensais peut-être que je venais te rendre une visite de courtoisie ? C’est mal me connaître ! »

La frayeur que je lus dans ses yeux me fit éclater de rire. Il était bien rare que cela m’arrive de manière sincère. Avec lui, j’avais l’impression de ressentir de véritables sentiments… C’était agréable. Je lui tendis une tasse de chocolat chaud et lui souris. Il y avait deux raisons à ma gentillesse : il était malade et j’avais toujours été plus « gentil » avec les personnes malades. Et nous n’étions que tous les deux dans la pièce. En d’autres circonstances, j’aurais été tout aussi détestable que d’habitude. Nous étions donc assez proches en ce moment et il me serait plus difficile de redevenir désagréable après… Je ne comptais donc pas le faire. Je connaissais assez Marc pour lui faire confiance et je m’autorisais à l’apprécier plus qu’un simple valet.

« Mais comment peux-tu croire une seconde que je puisse te renvoyer ? Je pensais que tu me connaissais un peu mieux. Ton travail me satisfait pleinement. Et celui qui te remplace est, fort heureusement, temporaire. J’ai été obligé de m’habiller seul ce matin, tu n’imagines pas à quel point c’est une tâche ardue pour un prince ! Mais sinon j’ai bien dormi. »

Je m’assis à côté de lui sur le lit. Je trouvais étrange cette soudaine proximité mais je ne souhaitais plus jouer au méchant maître avec lui. Je m’étais rendu compte de l’affection que je lui portais et je supposais qu’il m’aimait bien aussi. Sinon, il serait parti depuis longtemps. Je pouvais donc lui manifester un peu d’amitié. J’en avais envie… Et j’en avais besoin.

« Je m’inquiétais un peu pour t………………. Ton bras, si jamais tu en avais perdu l’usage, tu m’aurais été beaucoup moins utile ! Même avec la meilleure volonté du monde, j’avais un peu de mal à dire sincèrement ce que je ressentais. Tu me manques cruellement… Enfin …. Ton travail me manque. Stéphane ne fait rien comme il faut. Je crois qu’il a peur que je le tue. Mais c’est sans doute ce qui va arriver si tu ne te remets pas très vite de tes blessures. »

Je lui souris. Il savait tout aussi bien que moi que jamais je ne tuerais ce pauvre abruti de Stéphane. J’avais le droit de ne pas l’aimer mais ce n’était pas une raison suffisante pour commettre un meurtre et j’avais toujours eu d’excellentes raisons aux meurtres que j’avais commis. Contrairement à ce que tout le monde pouvait penser. Je passai une main dans mes cheveux pour les coiffer rapidement.

« Pourquoi as-tu dit aux autres domestiques que tout cela n’était qu’un accident et que je t’avais sauvé ? J’en ai vu certains me faire des sourires en me saluant. C’est inadmissible ! Toutes ces années à me faire détester et tu leur annonces comme une fleur que finalement je ne suis pas un monstre inhumain ? Et puis d’ailleurs, comment peux-tu me défendre après tout ce que je t’ai fait ? Pourquoi tu es toujours là ? Pourquoi as-tu si peur que je te renvoie alors que ce serait ta porte de sortie de ce château ? Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tu m’apprécies ? »




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MessageSujet: Re: Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures !   Un Prince et son bâtard de valet en route vers de nouvelles aventures  ! Icon_minitimeDim 16 Fév - 23:36



I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Aimée & Märchen

J'avais posé ma question avec énormément d'appréhension. Après tout, il allait très certainement décider de me renvoyer, car il avait sûrement trouvé meilleur valet que moi. Et puis, vu ma contre-performance de l'autre jour... Enfin bref. Sans ce métier, je n'étais plus rien, c'est tout ce qu'il fallait savoir. Il ne me resterait plus qu'à retourner en Allemagne, ce qui ne me faisait guère envie. J'avais enfin trouvé une vie meilleure, ici. Avec des gens qui m'appréciaient. Si Aimée me renvoyait, tant pis... Je ne retournerai pas en Allemagne, je resterai ici, en France, et trouverai autre chose, même s'il me plaisait de rester au service du prince... Et ce n'était même plus une question d'espionnage, non. Je l'aimais bien. Malgré ses coups, malgré son mépris... C'était quelqu'un de profondément humain, qui avait simplement besoin d'être compris par quelqu'un. Au fond, il était rempli d'amour. Mais tout cela était trop caché pour être décelé aux premiers abords. Je me souvenais de nos premières entrevues. J'essayais de passer le moins de temps possible en sa compagnie, mais je revenais toujours avec le sourire pour le servir. Malgré les bleus, cette vie me semblait toute autre que celle que j'avais vécue avant, en proie à ma belle-mère tyrannique, mon frère tortionnaire et mon père indifférent. Le sourire en coin qu'Aimée me fit me rassura quelque peu... Mais pas pour longtemps. Ses paroles me glacèrent d'effroi et, malgré moi, je perdis le sourire qui arborait toujours mon visage et mon cœur se brisa. Il allait vraiment me renvoyer, alors ? Je n'en croyais pas mes oreilles. J'avais pourtant l'impression d'être un bon valet, puisqu'il me gardait à son service depuis plus longtemps que n'importe qui, avant moi. Je me tordis les mains, nerveux. Qu'allais-je donc faire, une fois en dehors de l'enceinte de Versailles ? La manche ? Me prostituer ? Le travail honnête était dur à trouver, lorsqu'on venait d'Allemagne. Alors que je réfléchissais rapidement à tout ça, mon prince éclata de rire, et j'ouvris des yeux ronds comme des billes alors que je comprenais qu'il venait de me rouler. Il n'avait jamais eu l'intention de me remplacer par qui que se soit ! Un immense soulagement réchauffa tout mon être et j'éclatais de rire avec lui, heureux. Il me tendit alors une tasse de chocolat chaud. Je haussai les sourcils avant de la prendre entre mes mains, agréablement surpris. Tiens, tiens... Quelle gentillesse de sa part ! Je lui fis un immense sourire joyeux après l'avoir remercié. J'adorais le chocolat chaud, c'était toujours plus agréable que ce que les Anglais buvaient à six heures. Du « tea ». Et je n'arrivais pas à m'habituer au goût un peu trop amer du café. Le chocolat chaud, c'était parfait !

Il fit de désagréables commentaires sur son nouveau valet de chambre – temporaire, heureusement pour moi ! – et se plaignit d'avoir dû s'habiller tout seul. C'était une chose que je n'avais jamais compris, chez les nobles, les princes et les princesses. Pourquoi ne s'habillaient-ils pas tout seuls, était-ce une tâche tellement ingrate ? Moi, bâtard, je n'avais jamais eu personne pour me vêtir, et je ne m'en portais pas plus mal. Au moins, personne ne m'avait jamais vu nu, passé l'âge de huit ans. Je tenais à garder mon intimité, chose que les nobles ne connaissaient visiblement pas, puisqu'il demandait à quelqu'un de les habiller. Heureusement, le valet de chambre était censé être une personne de confiance. Censé. Car j'en connaissais certains qui n'étaient que des roublards. Comme moi je l'avais été, au tout début. Et puis, finalement, Aimée était devenu un ami, à mes yeux, malgré les coups, et même s'il ne s'était jamais confié à moi... Bon. D'accord, ami était un terme un peu fort. Disons simplement une connaissance appréciable, et que je comptais bien aider au possible. Il s'assit à côté de moi, et je m'étonnais de cette soudaine proximité entre nous. Je ne fis aucun commentaire et me contentai de tremper mes lèvres dans ma tasse de chocolat chaud. Mmm... J'adorais le chocolat chaud. J'en bus une gorgée, savourant, car ce ne serait pas tous les jours la même chose ! Il reprit la parole, continuant de me surprendre. J'avais compris le message. Il ne s'inquiétait nullement pour mon bras, mais plutôt pour moi. Cela me mit du baume au cœur. Personne ne s'était jamais réellement inquiété pour moi, c'était donc une nouvelle expérience, et pas désagréable du tout. Je lui fis un sourire éblouissant. Je lui manquais. Si j'avais été plus sentimentale que je ne l'étais déjà, j'aurais pleuré de joie pour cette marque d'humanité de sa part. Ma patience était récompensée ! Aimée était quelqu'un de bien et de gentil, au fond de son cœur. Il avait seulement un lourd poids qui reposait sur ses épaules. Je le comprenais. Enfin ! Mon sourire n'en fut que plus rayonnant. Je l'aurais volontiers serré dans mes bras, si cela n'avait pas manqué à l'éthique, et sans cette tasse de chocolat dans les mains. Je la déposais sur la table de nuit, d'ailleurs. Sa question suivante me frappa toutefois de stupeur. Comment pouvait-il me demander ça ? C'était un peu stupide... Je le leur avais dit parce que c'était la vérité. J'étais sûr que ce n'était pas tant une partie de plaisir de se faire passer pour un méchant... De toute façon, ça ne servait pas à grand chose, ce que je pouvais clamer, personne ne me croyait jamais. Sauf mes plus proches connaissances qui, visiblement, avaient été gentilles avec mon prince par la suite. Tant mieux ! Mes efforts portaient leurs fruits.

« En voilà une drôle de question, Sire... C'est vrai, pourquoi diable leur dis-je la vérité, c'est bien étrange ! m'exclamais-je avais une pointe d'ironie dans la voix. Vous savez, monsieur, tout le monde au château vous voit comme un monstre tyrannique et condescendant. C'est la première impression que vous donnez à tout le monde, et vous semblez vous efforcer de la perpétrer. Pourquoi ? Vous n'êtes pas méchant, moi, je le sais bien. Il n'y a pas vraiment de réponse concrète à vos questions. Pourquoi appelle-t-on un chat un chat ? Je vous apprécie, c'est vrai, parce que je sais que vous êtes un être humain, comme tout le monde, certainement pas un monstre sans cœur. J'aurais pu partir, il y a longtemps, mais la vérité... C'est que tout sera toujours meilleur que de là d'où je viens. Qu'importe vos coups, j'ai connu pire. Pire, même, qu'un bras cassé. Alors, franchement... Merci ! »

Je lui fis un nouveau sourire éblouissant. J'avais dit tout ce que je pensais depuis déjà quelques mois, et avec la plus grande sincérité. Je me redressai dans le lit et gardai mon bras serré contre ma poitrine. J'avais mal, mais la douleur s'apaisait petit à petit alors que mes muscles se réveillaient doucement. Me lever allait être très dur, après tout ce temps passé couché. Mon corps n'avait plus l'habitude. J'allais devoir me remettre lentement. Me lever, tout d'abord, m'habiller, et faire le tour du château en marchant doucement. Et pourquoi pas en la charmante compagnie de mon prince ? Très lentement, je me tournai sur le côté afin de pose mes pieds sur le sol glacé. Ce fut comme une décharge électrique et je regrettai aussitôt la chaleur des couvertures. De plus, mon cœur battait trop vite : il n'avait plus l'habitude de faire des efforts, et mon corps était resté trop longtemps couché. Ma tête me tourna légèrement et je crus que j'allais retomber en arrière dans les draps, mais je pris mon courage à deux mains et me levai. Victoire ! Mes jambes tremblaient et avaient du mal à supporter mon poids. Je me tournai lentement vers mon prince et lui souris.

« Auriez-vous le temps de vous promener avec moi dans la cours, afin que je prenne un peu l'air et que mes muscles prennent l'habitude de fonctionner un peu de nouveau ? Mais peut-être que vous n'avez pas envie que les gens soient témoins de votre gentillesse. »

Je lui souris doucement et, alors que j'allais faire un pas, mes jambes me trahirent et je retombais sur les couvertures. Heureusement, ce n'était pas sur mon bras cassé, sinon, la douleur aurait été terrible. Je poussai un soupir avant de remonter sur le lit et de me pelotonner dans les draps, gardant tout de même une position assise. Je levai la tête vers le prince :

« Bon, je vous l'accorde, peut-être pas aujourd'hui... après quelques minutes de silence, j'ajoutai : Merci beaucoup, Sire. Pour m'avoir sauvé la vie. Sans vous, je serais certainement mort, dans ce trou. Je vous dois la vie, et je ne m'acquitterais sûrement jamais vraiment de cette dette. je disais ça sérieusement. Vous allez donc devoir me supporter à votre service pour un très long moment... Je suis heureux que vous ne m'ayez pas renvoyé. J'aurais dû me prostituer pour gagner de l'argent, vous rendez-vous compte ? »

J'éclatai de rire. C'était un extrême, bien évidemment, je ne comptais pas vraiment vendre mon corps, si jamais il me renvoyait... Quoique ! Je lui souris avec gentillesse et mon habituelle joie.

« J'essayerai de me remettre le plus vite possible, Sire. Merci d'être passé me rendre visite, cela me touche vraiment. »

Je posais furtivement ma main valide sur la sienne, avant de la retirer aussi subitement que je l'y avais mise. Je lui témoignais ainsi ma gratitude, physiquement parlant. Je savais de source sûre qu'il n'aimait pas trop ce genre de contact ou que, du moins, il n'y était absolument pas habitué. Il ne savait pas comment faire. Mais nous étions en très bonne voix de guérison. Il suffirait de ne pas aller trop vite, pour ne pas l'effrayer, et le laisser prendre les commandes, car il avait une grande fierté. Je le connaissais mieux que quiconque, mon prince.
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