The Mysteries of Paris
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 Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3]

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Benjamin Anderson

Benjamin Anderson

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MessageSujet: Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3]   Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3] Icon_minitimeMer 26 Mar - 1:58

Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.
Avant, je volais pour survivre. Aujourd’hui, je survis pour voler. C’est tout ce que je sais faire et c’est toute ma vie.  ♡


~ Quelques heures plus tôt.
« Ah ! Monsieur Jefferson. Je vous attendais. Entrez, entrez !
Légèrement exaspéré par cette entrevue avant même qu’elle ne débute, j’entrai dans le bureau du baron. La décoration n’avait pas changé depuis ma dernière visite mais je feignis la surprise en voyant un tableau d’une grande valeur. Officiellement, c’était la première fois que je venais ici. Mais je n’acceptais jamais un travail sans enquêter sur mon employeur, c’était une question de principes. Le baron me parla de l’acquisition de sa peinture. Il n’avait pas besoin d’expliquer cependant, je savais déjà comment il avait eu cette œuvre et ce n’était pas l’héritage d’un oncle éloigné. Il me proposa de m’asseoir, je le fis et il prit place derrière son bureau, en face de moi. Je feignis un air impatient.
- Avant que vous ne parliez, Monsieur le Baron, je tiens à vous dire que cette entrevue était inutile et est dangereuse. Vous mettez nos deux réputations en jeu en m’invitant à venir chez vous. Dois-je vous rappeler que nos affaires pourraient être considérées comme de la haute trahison par la Garde Royale mais aussi par le dirigeant de notre mouvement secret ? Rien ne m’assure que vous n’avez pas d’oreilles indiscrètes en ces lieux ou que vous ne tentez pas de me piéger. Comme par exemple…
Sans rajouter un seul mot, je me dirigeai vers la bibliothèque et activai l’un des livres. Un mécanisme se déclencha, une porte dérobée dans le mur s’ouvrit et un homme apparut. Ce n’était pas un passage secret mais un endroit assez discret pour écouter toutes les conversations du baron. Le regard que l’homme lança au baron me fit comprendre qu’ils n’étaient pas des inconnus voire même qu’il travaillait pour lui. J’espérais bien ne pas être tombé dans une embuscade.
- Une connaissance à vous, j’imagine ? Si vous tentez de me trahir, vous le regretterez. Ce n’est pas un jeu.
En vérité, c’était un jeu. Un jeu merveilleusement amusant à mes yeux. Plus le challenge était risqué et plus j’y prenais du plaisir.
- Calmez-vous Monsieur Jefferson. Il fit un signe de la main pour faire sortir son assistant. Il s’agit de mon homme de confiance, il s’assurait simplement que vous n’étiez pas un imposteur. Et vous ne semblez pas l’être.
- Ne faites-vous pas confiance à l’homme qui nous a mis en relation, Monsieur le Baron ? Les règles de notre club commun sont pourtant très claires : pas de rencontre. Vous perturbez mon travail et vous me faites perdre mon temps.
Mon ton était équivoque. Le personnage que je jouais n’aimait pas être interrompu dans son travail et il n’avait pas peur de parler de la sorte à un aristocrate parce qu’il savait à quel point il lui était indispensable. A chaque nouveau vol, il s’agissait de me créer une nouvelle identité, un nouveau caractère, comme un caméléon, je changeais de peau. Au final, les seuls moments où j’étais moi-même, c’était lorsque j’étais seul.
- C’est vrai mais j’avais besoin de vous voir pour une affaire personnelle.
- Comment cela ?
Il paraissait gêné de me demander ce service. Plus d’argent, cela m’arrangeait. Il fallait avouer que la partie lucrative de mon plan parfait n’arrivait qu’à la toute fin de son exécution et que si mes calculs étaient exacts, j’en avais encore pour trois mois de travail… S’il me payait pour voler autre chose en attendant, je ne perdrais pas mon temps.
- J’aimerai que vous voliez quelque chose pour moi, il s’agit d-
- N’en dites pas trop, je n’ai pas besoin de détails. L’adresse et l’objet à voler, je vous donne mon prix, si vous essayez de marchander, je ne marche plus.
Il parla d’une bague avec un oiseau moqueur et me donna l’adresse, puis il me regarda dans les yeux. Je replaçai soigneusement une mèche de mes cheveux sur mon œil gauche –le cache-œil était assez compliqué à utiliser lorsque je changeais d’identité, j’évitais donc de le mettre, mes cheveux étaient assez longs pour masquer de façon efficace et naturelle ma pupille étrange.
- Un jour. Cinquante mille francs. Je sais très bien que vous n’êtes pas très fortuné, vous avez tout de même cette somme et si cela vous coûte trop cher, vous pourrez toujours vendre cette toile à un prix plus qu’excellent. La bague de famille de votre femme vaut plus que quelques milliers de Louis, n’est-ce pas ?
Je souris.
- … Mais comment savez-vous que … Oh peu importe. J’accepte.
- Je veux la moitié du paiement maintenant. Et ne doutez pas de mon honnêteté, j’irai chercher cet objet, je n’ai qu’une parole.
Il se leva et alla me chercher la somme, d’habitude, les nobles mettaient tout cela en banque. Je ne pouvais dire si cet argent était plus en sécurité ici ou dans une banque, je pouvais entrer dans les deux bâtiments par effraction avec une facilité déconcertante. Je pris les billets avec un plaisir certain.
- Merci, Monsieur le Baron. Vous n’aurez pas à le regretter.
- Vous êtes bien plus aimable qu’à votre arrivée. Lança-t-il légèrement énervé. J’étais un peu cher pour lui… Mais si efficace, il ne s’en rendait pas compte mais personne ne pouvait faire ce que j’allais exécuter pour lui.
- L’argent a toujours fait mon bonheur, maintenant je vais vous laisser. Nous devons êtes prudents avec notre autre affaire. Au plaisir de vous revoir, Monsieur.
- Au revoir Jefferson. »
~
J’attachai mes cheveux en une queue de cheval avec une lanière de cuir pour dégager mon champ de vision. La nuit n’avait jamais eu le moindre secret pour moi, elle était ma meilleure amie. Je souris et pris une grande inspiration avant de poser mes doigts sur la pierre froide qui recouvrait la façade du manoir. Avec aisance, j’escaladai le mur jusqu’au troisième étages, j’arrivai près d’une fenêtre et je l’ouvris de l’extérieur. Je me faufilai à l’intérieur et refermai derrière moi. Maintenant que j’étais sûr les lieux, il ne restait plus qu’à prendre la bague et partir… Cette pensée me fit sourire, comme si je n’allais prendre que la bague. Je n’étais pas un voleur pour rien. Même lorsque j’embrassais ou couchais avec une femme, c’était pour récupérer ses bijoux. Il n’y avait qu’une seule et unique chose qui comptait dans ma vie : L’argent. Et peut-être un peu l’art, j’étais un grand amateur de peintures, mon petit plus.
J’observai avec soin la pièce, c’était un vieux grenier, des objets divers étaient empilés sous une couche de poussière. J’aurais aimé fouiller cet endroit mais je n’avais pas pris de sac, trouver des trésors et ne pas pouvoir les emporter, voilà qui aurait été frustrant. Je me dirigeai vers la porte et descendis à l’étage inférieur. L’excitation et le plaisir de faire quelque chose d’interdit me donnaient des ailes et je me sentais invincible. J’arrivai dans un grand couloir, les chambres sans doute, je partis du principe que la bague était dans un coffre, gagnée à un pari sans doute n’était-elle pas seule et le bonhomme devait garder son butin en lieu sûr sans en avoir dit un mot à son épouse. Les chambres étaient donc  à exclure. Il me fallait trouver son bureau. Mon raisonnement pouvait paraître farfelu et basé sur rien mais je faisais confiance à mon instinct hors du commun. Je traversai les couloirs sans bruits et j’allai au premier étage. Cette fois, je fis plus attention aux portes. Je choisis celle dont la poignée était usée, signe qu’on l’utilisait souvent. Evidemment, elle était fermée à clé. Je m’y un genou à terre et sortis mon matériel de crochetage. En une trentaine de seconde, mes mains expertes étaient venues à bout de la serrure. Rien de bien compliqué, son bureau ne cachait pas de secrets importants à première vue. En revanche, je doutais qu’ouvrir le coffre soit aussi facile. Je pénétrai dans la pièce et refermai la porte à double tour. En effet, il n’y avait pas de sculptures de valeur, ni de livres rares dans la bibliothèque que j’observai rapidement. J’avais un talent inégalé pour repérer les objets valant une fortune, un simple coup d’œil et je savais si telle ou telle œuvre était véritable et rare. Ici ce n’était pas le cas, rien ne scintillait dans mon esprit. A une époque, j’aurais pu être moins exigeant et prendre la statuette en bronze sur le bureau mais maintenant, son prix, bien que raisonnable, me paraissait dérisoire.

« Il faut être bien prétentieux pour se permettre des caprices pareils, Monsieur Jefferson. Murmurai-je à ma propre intention. Bien prétentieux et tellement fortuné que je ferais preuve d’indécence en disant avec fierté que les royaumes de France, d’Angleterre et d’Espagne ne m’arriveraient pas à la cheville en réunissant leur richesse. »

Si je n’avais pas été en pleine effraction, j’aurais bondi de joie à cette pensée matérialiste. Le niveau de ma fortune devenait inconvenant avec le temps et j’adorais cela. C’était toute ma vie, tout mon travail, tout mon bonheur et rien ni personne ne pouvait me l’enlever. Je fouillai les tiroirs du bureau sans trouver quelque chose à prendre. Quelle tristesse, même pas quelques billets de banque. Je me tournai ensuite vers l’immense tableau sur le mur. C’était une reproduction d’un Rubens, Bacchus si mes souvenirs étaient exacts et ils l’étaient forcément en matière de peinture. Je n’affectionnais pas particulièrement cette œuvre à la base, mais ici, elle était mal reproduite, les couleurs avaient été mal choisies et les traits étaient grossiers. Ce n’était pas le travail d’un peintre consciencieux et son acheteur laissait entendre de cette manière qu’il n’avait que très peu de goût artistique. Je passai mes mains autour du cadre pour trouver le mécanisme qui permettrait d’ouvrir le tableau. Mes doigts effleurèrent le bouton et l’actionnèrent. La toile s’ouvrit sans peine, laissant apparaître le coffre-fort. C’était maintenant que mon véritable boulot commençait. J’utilisais un stéthoscope pour entendre le déclic significatif d’un chiffre correctement trouvé sur un bouton. Je le sortis et m’installai. Ma concentration était à son maximum, le bruit était infime et je n’avais d’autres choix que de me refermer au monde extérieur pendant quelques minutes. C’était toujours le risque à prendre. Mon cœur battait un peu plus vite sous la pression mais je pus déceler les quatre numéros qui permettaient d’ouvrir le coffre. La bague était bien là, ainsi qu’une multitude d’autres bijoux. Je pris le seul qui me paraissait d’une immense valeur. Une broche en forme de papillon ornée de diamants, elle était ancienne et unique mais cela, l’homme qui l’avait récupérée n’en avait aucune idée. Cette broche apparaissait sur un très vieux portrait d’une femme riche. C’était la bonne, je le savais à son aspect vieilli. Par précaution, je la cachai dans la doublure de ma veste, recoin introuvable sinon à mes yeux. Je remis tout cela en ordre en prenant soin de remettre les chiffres sur zéro. J’ouvris la fenêtre, je l’enjambai pour me retrouver sur le rebord. Je la refermai. Jugeant la hauteur tout à fait acceptable, je sautai avec un élan calculé et atterris dans une roulade. Comme tout cela avait été amusant !

Je me mis doucement à imiter le bruit de la chouette. Un ami enjamba le muret qui séparait le manoir de la route et me rejoint. Je lui remis la bague ainsi qu’une lettre pour mon employeur. Il s’occuperait de ramener cela pour le lendemain, ainsi, je n’avais pas à le faire. Je lui demandais de récupérer l’argent et de garder six milles pour lui. Ce n’était pas de la générosité, je payais juste assez cher pour que personne ne puisse venir débaucher mes « assistants », ainsi, ils n’avaient aucune raison de me trahir, ils savaient que je paierais toujours plus que l’autre. Et puis j’avais un autre avantage certain : Avec moi, aucun d’eux ne risquait de perdre la vie. De mon côté, je ne choisissais que les plus efficaces pour les travaux importants. Sinon, j’avais des yeux et des oreilles partout en ville, pour quelques pièces, je pouvais apprendre les petits secrets de chacun sans difficulté. Mon ami disparut. Je resserrai ma queue de cheval et mis mon cache-œil avant de prendre le chemin de la sortie. J’escaladai le portail et m’apprêtai à partir lorsque je tombai nez à nez avec quelqu’un. Cela, ce n’était pas bon signe. Il avait un drôle d’air avec son aspect débraillé et son air suffisant –même si, soi-dit en passant, j’avais sans doute le même air sûr de moi et prétentieux. Je lui offris mon plus magnifique sourire sachant que la situation allait dégénérer mais… Je pouvais toujours me sortir des moments difficiles, je n’avais donc aucune crainte. Autant m’amuser, c’était ce que je faisais de mieux et ce qui me plaisait le plus.

« Andrew Jefferson, chasseur de trésors. Je lui tendis la main en le regardant dans les yeux. C’est une manière polie pour dire que je m’introduis chez les nobles et que je prends leurs objets de valeur. J’irai même jusqu’à ajouter que c’est un crime sans victimes ! Je suppose que vous êtes détective et pas policier, je connais la plupart des agents de Paris. Je suppose aussi que vous devez être excellent et je m’incline devant votre supériorité ce soir. Je suis tout à fait impressionné, vous êtes le premier à m’attraper. D’ailleurs si je puis me permettre de vous demander votre nom ainsi que le chemin que vous avez parcouru pour vous retrouver ici ? Rien ne vaut une bonne histoire avant d’aller se coucher ! »

Aussi étonnant que cela puisse paraître, j’étais sincère. Il m’avait attrapé et il avait gagné mon respect pour cela. Et autant dire que les hommes que je respectais étaient peu nombreux …




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Jonathan Around

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MessageSujet: Re: Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3]   Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3] Icon_minitimeMer 26 Mar - 14:12

John ∞ Ben

« Le cri du sentiment est toujours absurde ; mais il est sublime, parce qu'il est absurde.  » - Charles Baudelaire.


Les feuilles volantes jonchaient le sol de mon appartement alors que, par terre, je piquai un somme, le journal quotidien posé sur mon visage afin de me protéger de la lumière du jour qui entrait par la fenêtre aux rideaux grands ouverts. Ce ne fut ni le claquement de la porte d'entrée, ni le sifflement de la théière qui me réveillèrent vraiment – car je ne dormais jamais que d'un demi sommeil – ce fut la voix de mon demi-assistant, Alexis. Cet idiot qui essayai vainement de courir derrière moi. En réalité, il faisait parti de la police Parisienne, mais il s'était pris de passion pour mon travail et, en gentil chien dévoué, il acceptait de m'apporter le journal, de temps à autres, et, en échange je le prenais avec moi sur quelques unes de mes enquêtes. Contrairement à ce que les gens pensaient, je ne détestai pas Alexis. Je méprisais un peu son cerveau plus lent que le mien, il était vrai, mais, au fond, je l'appréciai. Sans plus, bien sûr. Il n'y avait jamais de plus. Mais, couramment, les gens auraient appelé ça un ami. Moi, j'appelai ça un compagnon de mauvaise fortune. Passons. Je n'avais pas la même conception du monde que la plupart des êtres humains, mais je ne m'en tenais pas plus mal.

Lentement, sorti d'une torpeur ensommeillée, j'enlevai le journal qui cachait ma vue et le pliai avant de le poser sur le sol, au milieu de toute la paperasse qui s'entassait de-ci, de-là. J'étais au beau milieu d'une enquête qui s'éternisait. C'était la première fois de ma vie que je me retrouvai heurté à un problème si épineux... Tout avait commencé trois mois auparavant, alors que j'avais reçu une lettre concernant un vol de boucles d'oreilles extrêmement précieuses. D'habitude, ce genre d'affaires ne m'intéressaient pas, je ne m'occupai que des meurtres et, en général, c'était la police qui m'appelait pour ces cas. Mais plus je devenais célèbre, plus des personnes extérieures faisaient appels à mes talents. Je ne m'en portais pas plus mal, car, de la sorte, je me ne retrouvais jamais sans rien faire. L'oisiveté me rendait malade. Les énigmes me sauvaient de cet ennui ravageur, qui me faisait sombrer dans les plus profondes déprimes. J'allais souvent jusqu'à prendre de la cocaïne pour ne pas penser aux mauvaises choses passées et, ainsi, toujours stimuler mon esprit qui avait besoin d'énigmes quotidiennes.  Bref, tout ça pour dire que je m'étais intéressé à cette histoire de vol et que cela faisait maintenant trois mois que je poursuivais un gentleman aux multiples identités et aux multiples visages. Pourtant, ces personnes ne formaient qu'un seul homme, je le savais. J'avais d'ailleurs réuni assez de preuve, maintenant, pour la coincer et suivre précisément ses déplacements. Il allait voler une bague pour l'un de ses clients. Il avait commis une erreur, normalement il ne leur parlait pas, lorsqu'il ne volait pas pour lui-même. Mais là, si. Intéressant, et satisfaisant pour moi. Je savais où, et surtout, quand. J'allais enfin mettre un terme à ces multiples cavalcades.

« Ah ! Vous êtes réveillé ! Je vous ai fait du thé et... Je dois vous dire que l'on pourrait facilement vous cambrioler si vous dormez toujours si profondément !

Je me redressai, les cheveux décoiffés, l'air sans doute légèrement ahuri. Je fixai Alexis sans rien et saisis la tasse de thé qu'il me tendit avant de lui répondre, la bouche légèrement pâteuse à cause de mon demi-sommeil précédent :

« A dire vrai, mon cher Alexis, vous avez monté les escaliers à 13h04. Vous montez toujours les marches de façon irrégulières. Vous vous êtes ensuite arrêté quelques secondes devant la porte, le temps de frotter vos chaussures pour en faire tomber la terre devant l'entrée. Après quoi vous avez frappé deux petits coups avant de franchir le seuil de l'appartement. La porte a claqué sèchement, pourtant vous vous êtes approché de moi à pas de loup afin de voir si je n'étais pas mort, sans doute ; chose faite, vous êtes allé dans la cuisine afin de faire du thé. Et j'ai horreur du thé chinois. » dis-je après avoir légèrement reniflé le contenu de la tasse. « A 13h12 vous m'avez jeté un nouveau coup d’œil, puis la théière a émis un sifflement, et, enfin, vous m'avez appelé par mon prénom pour que je me réveil. Celui qui entrera chez moi sans que je le sache n'est pas encore né. » Après quoi je bus le contenu de la tasse cul sec en faisant la grimace.

Alexis me regardait comme un idiot, la bouche entre-ouverte. Je haussai les sourcils, agacé par ce comportement ridicule. Mais son admiration apparente me flattait : oui, j'étais le meilleur, et je le valais bien. Je me relevai totalement après avoir posé ma tasse vide sur la table basse déjà encombrée de tout et n'importe quoi – surtout de n'importe quoi. Je gratifiai Alexis d'un regard critique avant de poser ma main – le bout de mes doigts seulement – dans son dos et de le pousser vers la sortie.

« Allez, allez, je suis en plein milieu d'une enquête très importante et je n'ai pas de temps, ni d'énergie, à perdre en votre compagnie ! Ce sera avec un immense plaisir, la prochaine fois. »

Sans attendre de réponse de la part de ce pauvre Alexis, je lui claquai la porte au nez et entendis ses pas s'éloigner en traînant dans le couloir. Je passai une rapide main dans mes cheveux bruns avant de me diriger vers le petit miroir de la salle de bain. Il aurait bien eu besoin d'un coup de chiffon, tant la poussière s'accumulait sur le cadre, mais je n'avais pas que ça à faire ! Sans prendre la peine de coiffer mes cheveux en bataille, je m'affalais dans mon fauteuil, celui qui faisait dos à la porte d'entrée et qui était tourné de biais face à la fenêtre de la pièce. Il y en avait une deuxième, dans la chambre, mais c'était une pièce inconnue : je ne m'y rendais jamais. Ou si peu ! De toute façon, je n'avais pas le temps de dormir. Ni l'envie, par la même occasion. J'attrapai quelques feuilles et les tassai pour les remettre dans l'ordre. Contrairement à ce que la plupart des gens pouvaient penser, je m'y retrouvai parfaitement dans tout ce capharnaüm. J'attrapai par la même un crayon de papier et traçai une ligne, la toute dernière, sur le plan de Paris qui menait droit à une demeure aristocrate. Je ne pouvais pas me tromper. Je savais parfaitement ce que je faisais. Un sourire en coin apparut sur mon visage alors que j'enroulais la carte et la glissai dans le dossier que j'avais constitué ces trois derniers mois. Il fallait dire que cet Anonyme, comme je l'appelai, me fascinait beaucoup. Il avait même réussi à m'impressionner quelque peu. Dommage qu'il ne soit qu'un voleur, mon intérêt professionnel s'arrêterait dès que je lui aurais passé les menottes.

Je continuai de revoir mon plan. Il consistait à attendre Anonyme au bout de la rue pour voir par où il allait entrer, puis de l'attendre tranquillement. Je savais – à moins de problèmes – qu'il ressortait toujours par là où il était entré. Lorsque la nuit commença à tomber, je revêtis mon manteau et posai mon chapeau sur ma tête. Je n'aimais pas particulièrement être plongé dans le noir, mais, à cette heure, quelques réverbères seraient allumés dans les rues principales, ne me laissant pas totalement démuni. Ensuite, j'attendrai tranquillement le voleur, plongé dans l'ombre, mais je pourrais toujours fixer les points lumineux qui s'étendraient dans mon champ de vision. Il me suffisait de ça pour être rassuré, pas de beaucoup.
L'air nocturne était frais, et une légère brise venait caresser mon visage alors que je m'élançai dans les rues Parisiennes. J'adorais la France plus que nul autre pays au monde, allez savoir pourquoi ! La langue m'avait toujours fascinée, et on y trouvait bien plus de meurtres que l'on ne pouvait croire ! Certes, nous n'avions pas de Jack l'éventreur, ni d'Edgar Allan Poe pour fermenter nos imaginations morbides, mais il y avait tant d'autres choses qui restaient inconnues du grand public... Je m'arrêtai à quelques pas de la grande bâtisse que mon voleur Anonyme avait choisit pour proie, ce soir et restai dissimulé dans les ombres qui, ce soir, étaient mes alliées. Je le vis, à la lueur d'un réverbère éloigné, se glisser par-dessus la hais et disparaître. Je fondis de l'autre côté de la rue et m'adossai contre le mur, croisant les bras, n'osant pas allumer de lanterne car cela aurait pu se remarquer, et donc faire échouer toute mon enquête. Je n'avais pas envie qu'une telle chose survienne après trois mois de traque ! Je croisai donc les bras et tendis l'oreille, mon deuxième sens le plus développé, après ma vu perçante.

De longues minutes passèrent. Minutes qui se prolongèrent. Je n'avais, pour seule compagnie, que les ténèbres, et le bruit lent de ma respiration. Les bras toujours croisés sur ma poitrine, j'entendis soudain un bruissement en provenance de la bâtisse. L'oreille dressée, je tournai la tête et plissai les yeux pour distinguer ma proie qui se glissait hors des jardins après avoir fait une transaction avec un autre homme. Un sourire naquit au coin de mes lèvres. Mon cœur se mit à battre plus vite, comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps. J'allais mettre un terme à une enquête qui m'avait coûté trois mois d'efforts ! C'était un très grand moment... Je m'approchai de mon voleur Anonyme. Un pas, deux pas... Trois pas... Expiration. Je fus enfin sur lui. Nous nous arrêtâmes à quelques  pas, seulement l'un de l'autre. Sans montrer aucune émotion particulière, j'étais pourtant au paroxysme de l'excitation. Ses paroles me firent rire, intérieurement. Il avait deviné l'évidence, mais il ignorait que je le connaissais bien mieux que cela... Plus je regardai les traits de son visage, plus il me rappelait quelqu'un. Je ne l'avais jamais observé d'aussi près, et maintenant que c'était le cas, une flopée de vagues souvenirs me revenaient en mémoire... N'écoutant que d'une oreille distraite la fin des présentations et ses flatteries qui sonnaient légèrement faux – mais qui me flattèrent pourtant – je me concentrai sur ses yeux, ses fossettes, ses lèvres... Les traits de son manteau... Il y avait des choses qui ne trompaient pas. Ses cheveux étaient plus long, mais il y avait quelque chose de semblable. De frappant. Benjamin Anderson ! J'avais assisté à son procès, au moins dix ans plus tôt, dans ma jeunesse. Il avait pourtant été condamné mort pour meurtre. Mais je savais qu'il n'était pas le coupable de cette triste affaire... Je n'avais rien pu faire de spécial, à ce moment-là, car je n'étais pas assez reconnu, voire même méprisé. Ce qui n'était plus le cas aujourd'hui, bien que je laisse souvent les lauriers aux inspecteurs de police pour ne pas attirer foule devant chez moi, ou me faire trop d'ennemis. Ce n'est pas conseillé, de notre temps. Mais tout cela m'apparaissait clair comme de l'eau de roche... Alors ainsi, ce jeune homme était devenu Maître Voleur, avec le temps. Je soulevai mon chapeau d'un coup de pouce pour dévoiler mon visage, à mon tour.

« J'ai mis un petit moment à vous attraper, Benjamin, mais enfin je vous tiens. » un sourire en coin naquit sur mes lèvres. Doucement, la joie de mes découvertes s'étiolait pour prendre la banale tournure d'une arrestation. J'allais l'amener au commissariat le plus proche, on allait le mettre en cellule... Sans doute s'échapperait-il dès le lendemain, à l'aube, mais … Tout cela venait brusquement de perdre tout son attrait. J'avais résolu l'énigme, et je le savais en vu de la surprise qui s'était affichée sur le visage de Benjamin. « Oui je vous connais. Ce qui n'est probablement pas votre cas. Jonathan Around, détective privé consultant. J'étais à votre procès, lorsque l'on vous a condamné à mort, et je suis surpris de voir que, finalement, vous êtes toujours en vie. Ingénieux, je présume. Mais vous êtes malheureusement de nouveau en état d'arrestation. »

Un petit clic retentit alors que je lui passai les menottes. Voilà... Mon travail était définitivement fait. Je posai une main sur son épaule et gardai l'autre sur les menottes pour ne pas qu'il les enlève. Je savais qu'il en était capable. Après tout, il tait talentueux dans son domaine, ça faisait trois mois que je l'observais. Pour ne pas entendre de bavasseries suffisantes de sa part, je décidai de monopoliser la parole :

« Je dois avouer, Benjamin, que vous m'avez donné du fil à retordre. Trois mois avant de vous mettre la main dessus... Ce fut une sacrée poursuite, je puis vous l'assurer. Qui plus est, il est inutile de faire le fier. Je sais parfaitement que vous serez libre demain matin, mais mon travail s'arrête ici. Vous n'êtes plus un challenge, puisque j'ai démontré par A + B que vous n'étiez pas infaillible et que même le meilleur pouvait être arrêté par mon brillant génie. D'ailleurs, vous n'êtes plus le meilleur étant donné que je suis en train de vous amener au poste. Si vraiment vous l'aviez été, je ne vous aurais sans doute jamais attrapé. Cependant, je suppose que des félicitations s'imposent, car vous n'avez pas été un poisson facile. »

Nos pas nous menèrent devant le poste où je le fis entrer. J'expliquai brièvement au policier qui il était – sous sa fausse identité, cela va sans dire – et le laissai entre ses bonnes mains avant de sortir, remettant mon chapeau sur ma tête, fier et à la fois déçu. Tout cela était terminé. Je n'aurais pas la force de ranger mon appartement ce soir. Cette passionnante enquête était close, cela avait de quoi me déprimer. Alors que je rentrai à mon appartement, un goût amer restait dans ma bouche. Cette rencontre avec Benjamin avait été brève, décevante, j'aurais aimé l'entendre plus, à son sujet – faux ou vrai – j'aurais aimé savoir quels étaient ces ressentis, mêmes derrières de fausses paroles. J'aurais aimé un véritable dialogue. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie de la compagnie de cet homme, simplement pour converser avec lui... ! Quelle ineptie. Je secouai la tête et refermai la porte de mon appartement derrière moi avant de me diriger vers mon fauteuil, piétinant les tas de feuilles au passage. Je saisis mon violon et me mis à jouer un air que j'improvisais au fur et à mesure, les yeux fermés, ma passion faisant vibrer les cordes de mon précieux instrument.

Plus j'avançai dans la mélodie, plus l'image de Benjamin apparaissait à mon esprit. Cet homme qui avait été accusé de meurtre, des années auparavant, et que je retrouvai maintenant pour quoi ? L'arrêter, ne pas le laisser parler et le mettre en cellule alors que je savais parfaitement que, demain matin, il serait déjà loin sous une autre identité. J'étais frustré ; Trois mois pour si peu ? Impossible. Je tournai et retournai tout cela dans ma tête, et finis par me rendre à l'évidence. Je jetai mon violon sur le deuxième fauteuil de mon appartement, remis ma veste et sortie dans les rues sombres et froides de Paris, en direction du poste de police dans lequel le voleur était enfermé, pour le moment. Habilement, je m'infiltrais à l’intérieur. Je n'étais pas un hors-la-loi, mais je connaissais bon nombres de techniques, car, pour résoudre mes enquêtes, j'étais toujours prêt à tout. J'étais donc extrêmement débrouillard. Arrivé devant les cellules, je posai ma main sur un barreau de celle de Ben et soufflai dans sa direction, sachant qu'il ne dormait pas :

« Levez-vous, nous n'allons pas avoir beaucoup de temps ! » dis-je en même temps que je déverrouillais la porte de sa cellule et l'ouvrais pour qu'il puisse s'en échapper.
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MessageSujet: Re: Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3]   Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3] Icon_minitimeMar 8 Avr - 12:19

Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.
Mes sentiments dont je ne sais quoi faire, affluent et me torturent.
Quand serons-nous enfin capables d’aimer sans nous tromper de personne ?
 ♡


Je pus admirer le visage du détective. Il était plus vieux que moi, plus négligé mais il avait un certain charme. Il avait l’air très enthousiaste à l’idée de me passer les menottes. Je supposais qu’il prenait autant de plaisir à venir à bout d’une enquête que j’en prenais à réussir un cambriolage sans accrocs. Mon sourire s’effaça lorsqu’il commença à parler. Comment pouvait-il connaître mon vrai nom ? Je ne l’avais plus utilisé depuis au moins sept ans. J’étais un peu effrayé à l’idée qu’il puisse me donner à la police sous ma véritable identité, être condamné à mort une fois de plus… Mais je ne voulais pas montrer mon affolement, après tout, je parvenais à me sortir de n’importe quelle situation. Et puis, j’étais impressionné. Je ne me souvenais pas avoir déjà rencontré cet homme, il avait donc réussi à percer le mystère que j’étais… Cela forçait l’admiration. Il répondit à la question mentale que je me posais. Mon procès. Ma condamnation à mort. Mon père. Tout cela ne me rappelait pas des bons souvenirs. Fort heureusement, son nom me permit de penser à autre chose. Alors c’était lui, John Around. Il était bien plus mignon que ce que j’avais imaginé en enquêtant sur lui. Je pensais que c’était un vieillard, barbu et hautain. Je souris, contrairement à ce qu’il croyait, je le connaissais bien. Le meilleur détective de Paris, il avait un frère, il était Londonien, il était riche, il ne s’intéressait qu’aux meurtres, je n’avais donc jamais eu à me soucier de lui outre mesure… Jusqu’à maintenant. Il n’avait peut-être rien eu de plus intéressant à faire. Il me passa les menottes sans me lâcher les mains. Il était prudent et il me connaissait bien. Il savait que dès qu’il aurait tourné le dos, j’aurais défait mes liens. Il me fit avancer devant lui et se remit à parler.

Je n’aimais pas qu’il m’appelle Benjamin, à chaque fois, la voix de mon père résonnait dans mon esprit. Je chassai ces images inutiles de mes pensées pour me concentrer sur John. Il avait passé trois mois à me poursuivre et je n’avais rien remarqué. Pour ma propre fierté, j’allais supposer qu’il était le meilleur détective que la terre ait porté. Il m’annonça avec dédain qu’il n’avait aucun doute sur mon évasion. Ce n’était donc pas cela l’important, il ne voulait pas me mettre à tout prix sous les barreaux. Cela m’arrangeait, après ma sortie, il ne chercherait pas à m’y faire retourner. Je n’avais vraiment pas besoin qu’un homme passe son temps à me poursuivre. Je souris. Il s’appliqua à bien me faire comprendre que je n’étais pas un voleur si extraordinaire puisqu’il avait réussi à m’attraper. Mon égo en prit un coup. Me faire prendre était déjà un signe de faiblesse en soi, entendre dire que je n’étais pas aussi exceptionnel que je le pensais en rajoutait une couche. C’était comme si je m’accrochais désespérément au bord d’une falaise et que quelqu’un me marchait sur les doigts (non, je n’exagérais pas, commettre des erreurs dans le seul domaine que je maîtrisais  à la perfection, m’exaspérait)… Il me félicita néanmoins. Cela me fit plaisir mais bien moins que s’il n’avait pas prononcé son discours juste avant. Avait-il besoin de toujours tout dénigrer avant de faire la moitié d’un compliment ? C’était intéressant. Il était avare d’éloges. Je ne pouvais cependant pas en tirer une quelconque conclusion, il n’avait peut-être pas envie d’être aimable avec un inconnu, avec un criminel qui plus est. C’était compréhensible, bien que ma nature fût profondément bonne, Monsieur le détective ne pouvait pas le deviner.

Nous entrâmes au poste de police. La peur qui m’avait envahi plus tôt revint. Allait-il me donner sous mon véritable nom ? Ferait-il quelque chose d’aussi … Cruel ? Me faire condamner une deuxième fois à mort pour des crimes que je n’avais pas commis, voilà qui m’aurait fortement déplu. Fort heureusement pour mes jolis yeux, il n’en fit rien. Il me nomma Andrew et j’en fus soulagé. Le policier me conduisit dans une cellule. Ma rencontre avec le plus grand détective de Paris me laissait un goût amer dans la bouche. Nous n’avions pas eu le temps de nous parler, ni de faire connaissance. Nous étions tous les deux brillants dans nos domaines respectifs, j’étais certain que nous aurions des tas de choses à nous dire mais non … On m’enferma derrière des barreaux pour la deuxième fois de ma vie, dans l’attente de me conduire en prison. (Ce qui n’arriverait pas. Je ne faisais pas deux fois la même erreur). Et je ne reverrais plus jamais John (ce qui aurait dû être une bonne nouvelle, au final). J’étais déçu. J’avais récolté de nombreuses informations sur ce détective, cela ne pouvait pas se terminer de la sorte. Mais je ne pouvais pas lui courir après. S’il m’avait jeté en prison aussi rapidement, c’était qu’il n’avait aucune envie de converser avec moi, alors pourquoi aurais-je cherché la compagnie d’un homme qui ne voulait pas de moi ? Cela aurait été stupide… J’étais malheureusement stupide. L’idée me traversa de quitter cette cellule et de trouver l’appartement de John. Je l’aurais fait, si la petite voix de la raison au fond de moi ne m’en avait pas empêché. J’étais bien trop fragile psychologiquement pour me lancer dans une relation à sens unique et je le savais (je parlais d’amitié bien évidemment, qu’allez-vous imaginer ?). Me faire repousser par John, (parce que je n’avais pas de doute à ce sujet, il était le genre d’homme qui ne s’attachait pas) me briserait le cœur une fois de plus et je n’en avais aucune envie. Ma vie me plaisait, ma liberté me plaisait, je n’avais aucunement besoin d’un ami. Je souris au policier qui s’éloignait puis m’allongeai sur la couchette dure et inconfortable de la cellule. Je passai mes bras sous ma tête et contemplai le plafond. C’était l’occasion de me reposer. J’avais la possibilité de m’enfuir n’importe quand, je n’étais pas le mei… L’un des meilleurs voleurs du monde, pour rien !

Je fis le vide dans mon esprit, les yeux fermés, la respiration égale et paisible. Cela me permettait de me reposer sans avoir à dormir. J’avais besoin de deux heures de sommeil tous les deux jours au minimum, je dormais souvent plus longtemps mais il fallait que je me sente en totale sécurité et c’était une chose assez rare en dehors de ma chambre. Ainsi, j’avais trouvé une autre façon de récupérer de l’énergie. C’était comme de la méditation. J’ouvris un œil en entendant des pas inhabituels. Je voyais parfaitement dans le noir, mais la lune éclairée relativement bien ma cellule. Il s’agissait de John… Pendant une fraction de secondes, mon cœur s’emballa. Il était revenu. Il avait ressenti le besoin d’être avec moi. C’était tout à fait inexplicable. Il n’avait pas hésité une seconde à braver des lois pour venir me libérer. Sans y voir le geste d’un preux chevalier, je trouvais cela complètement dingue pour un inconnu, un détective qui m’avait arrêté, de venir ouvrir la porte de ma cellule. Je me redressai sur mon lit et braquai mon regard sur lui. Quelque chose avait changé … Il me paraissait différent … Plus … Non, c’était stupide. J’avais sans doute les idées embrouillées par le manque de sommeil. Il ouvrit la porte. Il savait crocheter les serrures ? … C’était très séduisant …. Le voleur que j’étais ne pouvait s’empêcher d’admirer les gens avec les mêmes talents que lui. Je me levai. J’étais bêtement heureux que quelqu’un s’intéresse à moi (que quelqu’un de très intelligent s’intéresse à moi !). Un sourire sur les lèvres, je sortis de la cellule que je refermai derrière moi. Je le suivis jusqu’à la sortie. Nous nous retrouvâmes tous les deux dans les rues de Paris… Pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais heureux, réellement très heureux. C’était incompréhensible, je ne connaissais même pas cet homme. Nous n’étions pas amis et pourtant j’étais bien avec lui. J’avais la sensation que rien ne pouvait m’arriver. Je me tournai vers lui, souriant comme toujours.

«  Vous êtes épatant, John ! Bien meilleur que ce que racontent les journaux ! Je ne pensais pas vous voir à l’œuvre un jour. Ah oui… Je vous connais, même si vous aviez l’air de penser le contraire. Franchement, quel criminel ne vous connait pas ici ? Si vous saviez l’attention que l’on vous porte dans ce milieu …  Mais vous, vous aimez les tueurs, les psychopathes, les fous dangereux… Or, je ne suis qu’un voleur, un simple pickpocket. Je ne vous avais donc jamais considéré comme une menace. Mais je peux me tromper. Je fis jongler une pièce sur le dos de mes doigts. J’avais tout de même fait des recherches sur vous, intelligent, né à Londres, vous avez un frère, vous êtes plutôt fortuné, et rien ne peut vous détourner de vos enquêtes, pas de femme, pas d’amis proches. Vous êtes un solitaire. Tout comme moi. Je souris, j’avais eu une époque où je profitais de la vie, femme, alcool, vol, mais tout cela m’était passé. Je m’étais amusé dans ma jeunesse, j’étais plus sage à présent. Moins de distraction, plus de cambriolages. J’étais à l’apogée de ma carrière… et John aussi. Cependant, je ne connaissais pas votre visage et … Vous êtes bien plus jeune et séduisant que ce que j’avais imaginé, bien plus simple aussi … Pas de vêtements trop chers, vous n’êtes pas rasé de près, vous semblez hautain mais pas parce que votre rang vous met au-dessus des autres. Vous êtes au-dessus des autres, vous les dépassez dans tous les domaines. En fait, vous êtes bien mieux en vrai ! »

… Bon. J’y allais peut-être un peu fort pour notre première rencontre. Lui donner autant d’informations en si peu de temps … Il ne voudrait plus que j’ouvre la bouche pendant trois jours après cela. J’étais un peu bavard, il fallait l’admettre. Cela résultait du fait que je n’avais pas beaucoup d’ami à qui parler (de vrais amis à qui je pouvais dire ce que je pensais vraiment). Donc lorsque l’occasion se présentait, je ne m’arrêtais plus. Il s’y habituerait sans doute (car oui, pour moi, il n’y avait aucun doute sur notre future collaboration). Il fallait simplement que je trouve une bonne raison de rester auprès de lui.

« … Je m’excuse de vous agresser ainsi …. Merci d’être revenu me libérer. Je sais pourquoi vous l’avez fait, j’y pensais justement en cellule. Nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de faire connaissance, ce qui était dommage, le plus grand détective de Paris et le voleur qui l’a fait courir pendant trois mois, nous avons des choses à nous dire. Je souris et tendis la main à John. Même si vous le savez, je me nomme Benjamin Anderson … Et je vous en serais vraiment reconnaissant si vous cessiez d’utiliser ce nom pour toujours. Tout le monde m’appelle Ben. J’étais Ben au fond de moi, je n’avais pas de nom puisque je n’avais pas de famille. J'étais simplement Ben. D’ailleurs, si vous préférez que je vous appelle Jonathan, je le ferai ! Avant que nous ne parlions … Est-ce que nous pourrions aller chez vous ? Je ne resterai que le temps de notre discussion, je vous le promets ! »

Il sembla hésiter mais il hocha la tête et nous marchâmes jusqu’à chez lui. Ce n’était pas très loin. Nous rentrâmes dans le bâtiment et nous montâmes jusqu’à son appartement. Il ouvrit la porte et je le suivis. C’était petit pour un homme qui avait de l’argent… J’adorais cela. Il ne s’encombrait pas de pièces inutiles, d’une grande salle à manger, de dix-huit chambres… C’était simple… Enfin, si on exceptait le nombre de choses qui trainait partout. Comme s’il s’était amusé à entasser les objets depuis une dizaine d’années ! J’espérais simplement qu’il n’y avait pas des nids d’insectes cachés sous une pile de vieux journaux. Non pas que j’en aie peur mais c’était plutôt dégoûtant. Cependant, ce n’était pas étonnant. John était le genre d’homme à vivre dans un bordel pareil. Il était le seul à le comprendre, à savoir la place de chaque objet. C’était son monde à lui. Je ne me vantais pas d’être psychologue mais cet endroit donnait l’impression que John empêchait les gens d’entrer chez lui. Il repoussait les autres et il s’y prenait bien. Cela me donnait envie de rester. Je pouvais vivre ici. Je pouvais vivre avec cet homme énigmatique et antipathique. Je voulais apprendre à le connaître… A l’aimer. Je lui souris joyeusement, il donnait l’impression de pouvoir lire dans les pensées et voilà une chose qui n’aurait pas arrangé mes affaires. Je le suivis jusqu’aux deux fauteuils dans la pièce, en essayant de ne rien faire tomber (j’étais très habile … La plupart du temps). Il s’installa, je regardai le violon sur l’autre siège et le retirai avant de m’asseoir. Je l’examinai avec attention, mais je n’avais eu besoin que de quelques secondes pour savoir sa valeur (il existait des dossiers dans mon cerveau, chaque objet de collection y était répertorié, classé par prix. Une mine d’or. La seule chose au monde que j’aurais appris et retenu dans ma vie). Je le tendis à John.

« Vous savez qu’il vaut une véritable fortune ? Il n’en existe que quatre dans le monde. Je dois en avoir un d’ailleurs. Celui qui vous l’a offert devait beaucoup vous aimer. Je lui souris. Pour en revenir à notre conversation, vous avez démontré par A + B que je n’étais pas infaillible et que je n’étais plus le meilleur puisque vous m’aviez livré à la police… Alors qu’aviez-vous de si important à me demander pour être revenu me chercher ? Vous devez déjà savoir un tas de choses sur moi, puisque vous avez assisté à ce procès truqué, alors que voulez-vous ? Et qu’aurais-je en échange de mes réponses ? … Je dois avouer que j’aurais une faveur à vous demander, mais je vous poserai la question à la fin de notre discussion. »

... Plus je le regardais et plus mon coeur s'emballait... Comme si ... J'étais tombé amoureux... Je devais me tromper. Je ne connaissais même pas John ! Je ne pouvais pas éprouver des sentiments pour un inconnu, pour un détective ... Pour un homme. Pourtant ... A chaque fois que je posais mes yeux sur lui, je me sentais apaisé, le monde autour n'avait aucune importance, il n'y avait plus que lui et moi. Ce que je pouvais être stupide, tomber amoureux de la personne qui était le moins susceptible de ressentir la même chose à mon égard. A croire que j'adorais me compliquer la vie. Je souris en coin à John, si je parvenais déjà à en faire mon ami, ce serait une immense victoire. Cacher mes sentiments était dans mes cordes, j'avais la sensation que nous pouvions être proches, l'amour que j'éprouvais n'avait pas sa place entre nous... Pas pour l'instant. Je rêvais de poser mes lèvres sur les siennes mais il me fallait ne plus y penser, pour notre bien à tous les deux.




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Nous étions pourtant d'accord sur ce point : les sentiments sont une perte de temps. [PV : John <3]

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