The Mysteries of Paris
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 Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ]

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MessageSujet: Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ]   Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ] Icon_minitimeVen 20 Juil - 0:34

Ça y est, il est mort. Je devrais être soulagé, mais je ne suis pas soulagé.

Matthew avait envie de tuer. Il avait envie de tuer pour la première fois depuis plusieurs semaines ! Il avait reçu une lettre. Son père était mort. Il était invité aux funérailles, puisqu’il était assez fortuné, il avait droit à quelque chose de grandiose. Organisé par des amis, ils avaient eu le culot de demander à Matt de préparer le discours. Il accepta cependant. Il avait préparé un discours, en bon fils qu’il était. Simplement voilà, il avait terriblement envie de tuer, drôle de coïncidence, non ? Bref, il ne pouvait se rendre à un enterrement dans cet état, sinon il risquait d’y avoir deux cadavres pour un cercueil. Personne ne souhaitait qu’une chose pareille se produisît, n’est-ce pas ? Il cherchait donc une victime. Sa petite amie travaillait dans la police, il avait appris à contrôler ses pulsions meurtrières. Il devait néanmoins tuer au moins une fois par mois, comme une drogue dure à laquelle tu ne peux échapper. Il avait commencé après le départ de son frère en fait. Il y prenait du plaisir. Il avait l’impression que tout son corps se sentait mieux, et tel un loup-garou les soirs de pleine lune, sa pulsion revenait à la fin du mois et il recommençait. Encore, et encore, et encore. Il n’avait jamais tué de femmes, ni d’enfants. Des hommes, des malfaiteurs sans importance. Puis il était passé à un plus gros calibre, les tueurs, les violeurs, les pédophiles. Des hommes, qui, à ses yeux, ne méritaient pas de vivre et qui, lui permettaient de garder la conscience légère dans un certain sens.

Sa petite amie lui parlait de ses enquêtes, celles qu’elle résolvait et les autres. Matt s’occupait de ces hommes, ceux qui ne pouvaient pas être incarcérés car les preuves retenues contre eux étaient trop inconsistantes. Elle lui donnait l’accès aux fichiers de la police, Matt avait toujours quelqu’un de digne de confiance, alors il traquait les plus dangereux, les nuisibles. Qui les pleurait ? Personne. C’était la suite logique de leur vie. Ils tuaient, ils se faisaient tuer. C’était la loi du plus fort. Il en avait trouvé un. Marco Ramirez, alias le masque de la mort, un crétin de bas, Q.I de 50, violent et sadique, il allait à la facilité ce matin. Bon ceci dit, peu de gens étaient à la hauteur de Matt, sans se vanter, il avait un Q.I de 150, des mains expertes en chirurgie, il tirait mieux que sa femme et il pratiquait plusieurs sports de combats au corps à corps. Il lui arrivait relativement peu souvent de croiser quelqu’un qui lui résistât. Mais c’était le jeu. Il sortit de sa voiture, un vieux modèle de Ferrari. Il planta une seringue dans le cou de sa victime et la mit dans le coffre. Il ramena ce gentil monsieur chez lui. Pas très prudent ? En réalité, Matt avait tous ces instruments de chirurgie chez lui, ainsi qu’une pièce spéciale destinée à s’entrainer sur des mannequins. Il n’avait besoin de rien d’autre. Par ailleurs, le matériel n’était plus ce qu’il était, rien ne valait le bon vieux clodo. Il porta l’homme jusqu’à cette pièce secrète, avec un mécanisme planqué dans un mur et il faut un mot de passe pour l’ouvrir. Il l’allongea sur la table d’opération et l’attacha soigneusement pour ne pas laisser d’ADN. Il attendit qu’il se réveillât. C’était plus jouissif de les voir mourir, de voir la vie s’envoler dans leur regard. Il lui sourit presque avec compassion. L’homme s’agita, tenta d’attraper Matt mais en vain. Il lui expliqua pourquoi il l’avait ramené ici, lui rappela ses crimes puis lui annonça avec délectation qu’il allait le tuer. Il put lire de la terreur dans ses yeux. C’était délicieusement délicieux. Il attrapa un couteau de boucher, le seul outil qu’il n’utilisait pas en chirurgie présent dans la pièce et le leva au-dessus de la victime. Il le lui planta avec vigueur dans le cœur. Le sang l’éclaboussa, il portait tout le nécessaire pour se protéger des projections. Il se mordit la lèvre, toutes les émotions l’envahissaient. Il adorait cela, c’était aussi jouissif qu’un orgasme. Il découpa le corps, le mit dans différents sacs poubelles. Il ne restait plus qu’à jeter tout cela dans l’océan. Il déposa le tout sur son bateau, une fois assez loin de la côte, il lança les sacs. Ni vu, ni connu. Il rentra chez lui, nettoya ce qui était tâché. C’est-à-dire presque rien, Matt était toujours très consciencieux et ne laissait rien au hasard. Il ne tenait pas à finir ses jours en prison. Il devait donc se préparer pour l’enterrement. Il se sentait beaucoup mieux. Tout cela n’était qu’un moment à passer, bien que Matt soit incapable de dire s’il serait bon ou mauvais.

Il enfilait un costume, noir, de circonstance donc. Matt n’avait aucune envie de s’habiller de la sorte à cet instant. Sa femme, qui était en fait Lydia, sa petite amie du lycée était enceinte. L’accouchement était prévu dans un mois environ. Matt voulait être présent autant que possible mais il ne pouvait prendre trop de jours de congés et il venait d’en gaspiller un pour ce foutu enterrement ! Il ajustait sa cravate devant le miroir quand Lydia apparut derrière lui. Elle était toujours belle, et le petit garçon qu’elle avait dans le ventre serait aussi beau qu’elle. Elle lui demanda encore de l’accompagner. Et il refusa encore son offre. Il avait des choses à dire mais pas devant elle, et il ne voulait pas courir le risque d’une chute ou d’une fausse couche ! Il l’embrassa tendrement et attrapa son discours. Il le glissa dans sa poche intérieure. Il prit aussi les lettres de sa mère, pensant qu’il était peut-être temps de les faire lire à Chris. Il quitta la maison beaucoup plus serein que plus tôt dans la matinée. Sa drogue était différente mais elle rendait accro. Et cela là, elle te faisait toujours autant planer, même après douze ans de consommations. Il réalisa subitement qu’il n’avait pas vu Chris depuis douze ans. S’il n’avait pas trop changé, il devait être moins grand que lui et toujours aussi fauché. Matt lui avait pris l’un de ses anciens costumes, il était maintenant trop petit pour lui, il devrait aller à son frère. Il monta dans la limousine qu’il avait loué pour l’occasion, il avait l’argent pour en acheter une mais à quoi bon ? La voiture s’arrêta et Chris monta. Matt lui tendit le costume avec un sourire, sans rien dire. Il était réellement heureux de le revoir mais … Après douze ans, les mots étaient un peu longs à venir. Ils n’eurent de toute façon pas vraiment le temps de discuter. Dix minutes plus tard, ils étaient à l’Eglise. Matt soupira. Il sourit poliment à toutes les personnes qui venaient lui serrer la main et lui dire « toutes mes condoléances », comme s’il avait besoin de ça le vieux. Qu’ils aillent tous se faire foutre avec leurs condoléances ! Bon, ce genre de phrase restait à tout jamais au simple état de pensée. A l’église, ils étaient installés au premier rang. C’était terriblement gênant d’entendre des gens pleurer. Heureusement qu’il avait déjà tué parce que là, il n’aurait pas été capable de se retenir. La messe d’enterrement fut longue, voire interminable, était-il possible de rendre un tel hommage à un homme aussi con ?! Mais qui avait inventé ces rites stupides qu’étaient les enterrements ? Le mec était mort, il était mort, okay n’en parlons plus ! On n’allait pas tergiverser trois ans sur un pauvre cadavre froid et rigide ! C’était d’un ennui mortel, et Matt s’y connaissait en truc mortel. Il ne montra pourtant rien de sa mauvaise humeur. Il avait un sourire poli sur les lèvres, mais bon sang, sa frustration intérieure était immense ! Enfin vint le moment de son discours. Il pourrait se barrer après. Il se leva et se plaça devant l’assemblée. C’était bientôt terminé. Alléluia.

-Papa, mon très cher papa, pour la deuxième fois de ma vie, je te vois serein, presqu’heureux. Mais puisque nous savons tous que tu n’es plus qu’une coquille vide, tout cela n’a pas d’importance, cet homme au sourire figé n’est pas toi. Non, toi, je ne t’ai vu sourire qu’une seule fois. Et peut-être aussi lorsque tu parlais aux bouteilles de whisky le soir, elles, au moins, t’étaient fidèles. Contrairement à moi. Tu te souviens de moi, hein ? Non évidemment, tu es mort, c’est stupide d’écrire un discours à un homme mort. Moi, c’est Matt, ton fils, ton merveilleux fils… Non attends, moi je suis celui que tu haïssais. Les éloges allaient bon train par devant, tu te vantais même de moi auprès de tes amis. Capitaine de l’équipe de foot, premier de la classe, même aujourd’hui, je suis chirurgien, tu vois ? Tout cela, je l’ai fait pour te plaire, je voulais être parfait. J’ai toujours voulu être parfait. Mais je voulais que tu me pardonnes, que tu m’aimes. Maintenant, je sais que tu étais incapable d’aimer, que tu étais fou et sadique… Je n’avais jamais cru qu’il était aussi difficile d’être un enfant battu. Tu me frappais tellement souvent que je n’arrivais même plus à trouver des excuses acceptables pour mes amis de l’équipe de foot dans les vestiaires, ou pour ma copine. Et tu sais quoi ? Aujourd’hui, on m’a demandé de faire ton éloge, comble de l’ironie, n’est-ce pas ? Mais tu vois, je n’ai pas trouvé un seul compliment à te faire, et j’ai ouvert beaucoup de dictionnaire pour préparer ce discours. Alors à la place, je vais te parler de quelqu’un, de quelqu’un que tu m’as toujours reproché d’avoir tué. De quelqu’un que j’aimais bien plus que tu ne l’as jamais aimée toi-même. Cette femme s’appelait Salomé Keenan, cette femme, c’était ma mère. Tu te souviens de ce jour où je l’ai retrouvé dans la baignoire ? Elle était belle n’est-ce pas ? Elle était bien plus belle que toi, même morte. Même suicidée. Même lâche. Je n’ai pas pu empêcher cela et je m’en veux, mais c’est ainsi. Tu sais pourquoi elle est partie ? Oui, tu le sais évidemment, mais est-ce que tous ces gens ici le savent ? J’en doute. Salomé n’a pas hésité à s’ouvrir les veines pour en finir avec la vie que tu l’obligeais à vivre. Elle était battue, humiliée, violée. Elle était si pure et toi tu t’es amusée à la briser en mille morceaux. J’ai vu, dans tes yeux ce jour-là, quelque chose que je n’oublierai jamais, tu as été heureux et triomphant. Je t’ai vu sourire ce jour-là, comme si tu venais de gagner le prix Nobel. Sauf que c’était juste ma mère morte dans une baignoire. Non Chris, ne pense pas que je t’oublie. Elle était notre mère, bien que tu saches finalement peu de chose à son sujet. Et même si tu ne veux pas l’avouer, j’étais son préféré ! Je plaisante. Chris, je crois me douter que toi non plus tu ne portais pas notre père dans ton cœur. Quel fils indigne tu fais ! Mais Chris a ses raisons, papa, tu n’étais pas très gentil non plus avec lui ! Je vivais une situation tellement étrange. Pendant les rares repas où nous étions tous les trois, papa, ne voulant pas que mon frère apprenne ce que tu faisais, puisque cela faisait partie du jeu, tu faisais mon éloge, tout le temps. De plus, puisque tu l’ignorais consciencieusement, tu me parlais à moi. C’était grotesque. Toute ta vie était grotesque, papa. J’espère simplement que maintenant, tu pourris en enfer, pendant que maman, elle, nous regarde d’en haut. Le résumé de ta vie te plait-il, papa ? J’espère avoir été à la hauteur de tes espérances, comme d’habitude.

Matt n’avait pas perdu son sang-froid, il avait parlé fort et clairement pendant tout son discours. Il n’avait ni ri, ni pleuré. Il avait parlé aussi sérieusement qu’il pouvait l’être. Il leva la tête, avec un sourire sur les lèvres, les gens ne disaient rien, surpris et gênés. Etaient-ils heureux d’être là maintenant ? Il entendit quelques personnes tousser et puis des applaudissements. Chris, fidèle au poste. Il le soutenait, se fichant des autres, de ce qu’ils pensaient. Matt avait besoin de lui, ici, pour être certain qu’il était sur la bonne voie, qu’il n’avait pas inventé toute cette histoire avec leur père. Au fond Matt n’était pas très sûr de lui. Avoir dit son discours était une grande victoire pour lui. Il se dirigea vers la sortie de l’église, bien que la cérémonie ne soit pas encore terminée. Il ne pouvait plus rester là-dedans, il détestait son père, il détestait tous les illuminés qui étaient présents, il détestait les prêtres et bon sang qu’est-ce qu’il détestait ce cercueil ! Il marcha un petit moment, jusqu’au manoir de son père. Il hésitait à rentrer chez lui, voir Lydia le tentait mais, il avait envie de parler à Chris un peu. Ils ne s’était pas vus depuis douze ans, il s’en passait des choses en douze ans ! Même si Chris ne semblait pas avoir changé, il avait surement vécu des choses ? Matt avait eu une vie plutôt… Mouvementée pendant ces années. Il arriva chez son père, enfin, ce qui appartiendrait bientôt à un autre. Il y avait un buffet, un orchestre, et des putains de murs mornes et froids. Il n’avait aucune envie d’être là. Quoiqu’au moins, après un discours pareil, personne ne viendrait le faire chier avec des condoléances ! Il attendit une vingtaine de minutes quand finalement des invités passèrent la porte, dont Chris. Matt le prit par le bras et le tira à l’écart. Il lui fit un grand sourire, comme un gamin devant une barbe à papa.

-Tu sais quoi ? Je suis marié maintenant, avec Lydia. Nous allons avoir un bébé bientôt, c’est un garçon ! … Nous voulions l’appeler Thomas Christopher. J’espère que cela ne te dérange pas ?

Il n’avait raconté qu’une infime partie de sa vie mais il ne voulait pas non plus dégouter son frère. Tout tournait toujours autour de lui avant, il ne voulait plus que ce soit le cas ! Il se souvenait du lycée. Son frère et lui ne s’adressaient pratiquement pas la parole. Aujourd’hui, il avait envie de lui dire des millions de choses, de l’écouter lui dire des tas de choses. Ils avaient douze ans à rattraper ! Matt prit un verre de champagne qu’un serveur lui tendait avant de le poser sur une table. Il ne buvait pas ! Il se demandait si son grand frère passait toujours ses journées à faire la fête, à boire et à fumer comme avant. Sans doute pas. Une femme vint lui présenter ses condoléances. Matt eut envie de lui foutre un coup de poing dans la gueule mais ne le fit pas, un peu de sang-froid, que diable ! Il en avait vu d’autres des enterrements ! Et pour certain, il avait même aimé la personne dans le cercueil ! Il regarda son frère dans les yeux.

-Alors ! Dis-moi ce que tu fais dans la vie, où tu vis ? tu as un petit ami ? Il s’arrêta un moment, il ne savait pas s’il avait bien fait de dire ça comme ça. Il n’était pas censé être au courant. Ça fait tellement longtemps… A l’époque, je n’ai même pas eu le temps de te dire à quel point je te suis reconnaissant. Sans toi, j’aurai certainement fini comme maman. Merci. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu seras toujours le bienvenu chez moi.

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MessageSujet: Re: Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ]   Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ] Icon_minitimeVen 20 Juil - 17:22


I know it's not your time
But bye, bye.

Tel un lendemain cuite, Christopher avait un mal de tête atroce. Attendez une minute.... C'était un lendemain de cuite ! Alors pourquoi ce fichu réveil sonnait ? Lorsqu'il rentrait bourré il se réveillait tard. De toute façon, c'est pas comme si on l'attendait quelque part pour travailler ou autre. Il vira d'un coup de coude le fessier de l'un de ses potes qui ronflait bruyamment. Chris' squattait chez lui depuis deux mois, ils s'éclataient bien ! Mais le jeune homme avait de plus en plus l'impression d'être de trop, surtout qu'il ramenait sa nana parfois ce qui obligeait le jeune homme à chercher ailleurs. Sa vie était mouvementée, il adorait ça et vivait au jour le jour, d'amour et d'eau fraîche. Pour lui, c'était aussi simple que ça. D'un naturel sociable, il se faisait pas mal de connaissance un peu n'importe où et avait toujours quelqu'un chez qui aller. Il essayait bien de trouver quelques petits boulots pour arrondir ses fins de mois mais ça ne suffisait qu'à payer une tournée générale. Chris se redressa avec une grimace horrible. Il laissa tomber sa main sur le réveil et se leva. Une nausée le prit soudain et lui fit tourner la tête. S'appuyant aux murs, il se dirigea jusque dans la salle de bain. Il avait rapidement jeté un coup d'oeil à l'heure qu'il était : neuf heures quarante. Putain mais qui avait eu l'idée de merde d'allumer ça ? Et puis tout revint en mémoire à Chris : l'appel de sa tante la veille pour lui annoncer la mort de son père et l'enterrement qui aurait lieu aujourd'hui même. Son frère était censé passer le prendre à dix heures ce matin. Et merde ! Il n'allait jamais être prêt à temps et en plus il avait la gueule de bois... Super. Enfin, de toute façon c'était tout le respect que méritait son père. Et encore, peut-être, cela était-il trop. Christopher n'avait pas la moindre envie d'aller à l'enterrement de ce vieux dégénéré. Certes, il n'avait jamais vraiment eu à l'affronter puisqu'il était invisible à ses yeux mais il ne l'aimait pas pour autant. Ce connard avait frappé Matthew pendant des années après la mort de leur mère: c'était intolérable. Quiconque portait la main sur son petit frère chéri aurait affaire à lui. Bien entendu ils ne s'étaient pas vu depuis... Depuis douze ans, mais ça ne voulait pas dire que Chris' n'aimait plus son p'tit frère. Il appréhendait un peu de le revoir. Ils ne se connaissaient plus vraiment. Christopher était parti de la maison et puis il n'était jamais revenu, il n'avait jamais revu aucun membre de sa famille à part sa tante de temps en temps qui avait réussi à lui soustraire son numéro de portable. Sans ça personne n'aurait pu le joindre pour lui apprendre la mort de son paternel puisqu'il courait par monts et par vaux.

Christopher se pencha vers le lavabo et s'aspergea d'eau fraîche. Cela le réveilla un peu plus mais son mal de tête persistait et cette nausée aussi. Au fond il souhaitait être en forme pour l'enterrement de son père afin de le pourrir une dernière fois. Chris' était un gars qui n'avait pas peur du ridicule. Plutôt décontracté, il prenait les choses comme elles lui venaient. Il s'adaptait très facilement à toutes sortes de nouvelles et trouvait toujours le moyen de plaisanter. Cela était très pratique dans les grands moments de blancs. Pour lui, la vie n'était qu'un grand terrain de jeu. Après tout, le monde n'est qu'une grande comédie, non ? Pourquoi ne pas s'amuser un peu ? Chris attrapa sa trousse de toilette et en sortie une tablette d'excedrin. Il s'agissait d'un médicament contre les migraines, le jeune homme en prenait tout le temps lorsqu'il avait la gueule de bois. Il se demandait même s'il n'y était pas devenu un peu accro'. Mais ça non plus il ne s'en souciait pas. Il se déshabilla rapidement et sauta sous la douche. Il prit à peine le temps de se laver qu'il se séchait déjà, s'arrosant de parfum et de déodorant pour ne plus empester l'alcool. Il fouilla dans ses vêtement un truc potable. On portait du noir pour les enterrement, c'est ça ? Mais il n'avait pas cette couleur ! Du blanc, du brun... Pourquoi devait-on le prévenir un jour avant l'enterrement que son père était décédé ? Il avait dû mourir moment avant non ? Chris poussa un long soupir, il était toujours le dernier au courant dans la famille et il s'en fichait royalement. Il saisit une chemise blanche et un jean. Son père ne lui en voudrait pas de toute façon : il était mort. Chris se peigna rapidement et passa une main dans sa barbe mal rasée. Ouais, il était correct. Il reprit un caché d'excedrin pour être sûr de ne plus avoir une mine affreuse quand il reverrait son frère et glissa la plaquette de cachés dans sa poche : on se savait jamais. Il regarda sa montre -car il en avait une, un cadeau d'un mec avec qui il avait couché pendant un mois- et sortit du studio de son ami. Il l'avait prévenu qu'il partait le lendemain et cela avait paru le soulager. Chris' ne voulait pas être un poids, alors il était temps qu'il parte.

Une grande limousine était garée devant la maison. Christopher leva un sourcil mais, sans montrer sa surprise, monta aux côtés de Matthew qui l'attendait. Sacrément à l'heure... Il sourit et prit le costume que Matt' lui tendait. Il fut à deux doigts de rouspéter -il ne voulait pas ressembler à un pingouin- mais se tut. Le silence dura tout le long du trajet. Que dire après douze ans d'absence ? Chris' se contenta de détailler son frère en silence. Il était devenu un bel homme, son costume lui allait comme un gant, il paraissait sérieux, bien portant, sans doute stable socialement. Chris' remarqua l'alliance qu'il avait au doigt : il était marié ? Tant de choses à se dire... Enfin Christopher n'avait pas grande chose à raconter, lui n'avait pas changé. Son look un peu débraillé le prouvait certainement. Ils arrivèrent à l'église, Chris' avait mis la veste juste à sa taille. Matt' avait le compas dans l'oeil ou juste de la chance ? Mais passons. Ils descendirent de la luxueuse voiture et entrèrent dans le bâtiment divin. Des personnes de la famille et des amis étaient là. Tous des hypocrites qui disaient connaître leur père mais qui, en fin de compte, ne savaient rien. Ils pleuraient mais pourquoi ? Chris' trouvait plutôt cela joyeux, cet enterrement. Il répondit par un large sourire à toutes les condoléances qu'on lui servit et serra la main de cousines inconnues et de neveux oubliés. Il s'assit au premier rang à côté de Matthew et jeta un coup d'oeil au cercueil exposé là. Il ne méritait même pas de cérémonie dans une église ce vieux débris, de toute façon il devait déjà moisir en enfer.

Christopher regarda toute cette mascarade d'un air absent. Son mal de crâne revenait doucement et il n'allait pas sortir son flacon d'excedrin devant toute l'église, il passerait pour un drogué. Même s'il s'en foutait, il tenait à garder une image potable pour son frère. Ce ne fut que lorsque celui-ci se leva pour prendre la parole que Chris' porta une réelle attention aux événements. On avait demandé à Matt' de faire un discours ? Vraiment c'était dégueulasse... Chris' écouta avec attention. Il fut touché par les paroles de son frère à certains moments, il savait manier les mots. Il ne put s'empêcher de sourire avec dédain suite à quelques autres. Lorsqu'il parla de Salomé, leur mère, Chris se mordit la lèvre inférieur. Malgré toutes ses années il n'avait pu s'empêcher de croire qu'elle avait été incroyablement lâche de les quitter. Il trouva Matthew courageux de dévoiler aux yeux de tous que leur père était un salopard qui le battait. Lorsque Matt' parla de leur mère, Chris' comprit qu'il avait eu tort toutes ces années. Il pensait que leur mère, fatiguée de cette vie trop ennuyeuse à son goût, était partie, les avait laissés. Chris' avait cru que leur père aimait leur mère, sincèrement, et qu'il avait battu Matt' parce qu'il avait été détruit. Toutes ces révélations le laissèrent sur le cul, dit familièrement. Tout le monde resta choqué à la fin de cette magnifique « éloge » et un grand silence s'installa. L'occasion était trop belle, la perche tendue. Christopher applaudit à tout rompre. Ce bruit résonna contre les parois de l'église, rendant un bel effet cathédrale. Matthew s'en alla avant la fin de cette cérémonie. Il se rendait certainement à la maison du vieux où aurait lieu. Chris' décida de rester là jusqu'à la fin. Il faudrait quelqu'un pour montrer aux convives où se trouvait ladite demeure.

Les derniers préparatifs furent d'un ennui sans précédent. Christopher bâilla sans retenue sous les gros yeux du reste de la famille et des amis. Finalement, tout fut enfin terminé. Ils le mirent en terre dans le cimeterre, le discours du prêtre fut ennuyeux et sans intérêt. On pouvait rentrer pour... Pour se faire une bonne bouffe en l'honneur du défunt ! Cela donna envie de rire à Christopher. Il prit les devants jusqu'à la maison, non loin de l'église, facile à atteindre à pied. Certains fainéants qui connaissaient les lieux s'y rendirent en voiture. Les mains dans les poches de son jean, Chris' avançait en silence. Il avait envie de parler avec son frère, c'était la seule raison pour laquelle il se trouvait encore ici... Et aussi parce qu'il n'avait pas de moyen pour rentrer n'ayant ni voiture ni moto. Il avait le permis de moto seulement, passé quand il vivait encore à la maison. Rien n'avait changé: les arbres étaient les même, la maison était la même, le jardin n'avait pas bougé, la balançoire, rouillée et inutilisée depuis des années semblait attendre tristement que quelqu'un vienne grimper sur elle... Chritopher eut un sourire triste : lui-même n'avait pas changé. Le seul a avoir réellement bougé était sans aucun doute Matthew qui tenait tellement de leur mère. Et oui, il avait raison, c'était sans doute lui le préféré de Salomé. Christopher aimait sa mère, il s'en voulait d'ailleurs de ne pas avoir pleuré pour sa mort. Car les larmes qu'il avait versées avaient été vites taries par la colère. Il poussa la porte à la suite d'un cousin. (Un cousin germain, le neveu d'une tante au troisième degré : comme chanteur il est divin ! Un eunuque.) A peine eut-il pénétré dans ces lieux maudits que quelqu'un l'attrapa par le bras pour le tirer à l'écart. Chris se laissa faire, voyant qu'il s'agissait de son frère.

Lorsque Matthew le lâcha, Chris plongea les mains dans les poches de son jean et regarda son frère en silence avec un sourire. Qu'est-ce qu'il avait changé, oui, vraiment... Il lui annonça qu'il était marié avec sa petite amie du lycée et qu'ils allaient avoir un enfant. Merveilleuses nouvelles que voilà ! Il avait magnifiquement bien réussi sa vie. Christopher lui fit un immense sourire. En plus, ça voulait dire qu'il allait être Tonton, quelle classe. Tonton Christopher sonnait mal, mais Tonton Chris' c'était pas trop mal. (Et tu fais des ri-ta gueule-) Et ils allaient l'appeler Thomas Christopher. Les yeux de Chris brillèrent un instant. C'est vrai, ils voulaient lui donner son prénom ? Il en était très flatté et ému. Il attrapa le verre de champagne que Matthew venait de prendre à un serveur et de poser sur la table. Il lui fit un clin d'oeil dans un silencieux « Merci p'tit frère. » Chris' ne savait pas s'il buvait mais un futur père de famille ne boit pas d'alcool. Enfin... Si, sans doute. Mais c'était une excuse toute faite afin de l'embêter. Une femme s'avança vers eux, coupant la parole à Chris' qui avait commencé le début d'une phrase. Il lui fit un immense sourire hypocrite alors qu'elle leur présentait ses condoléances avant de repartir. Matthew le fixa et Christopher fronça les sourcils. Quoi ? Il avait de la salade coincée entre les dents ? Chose qui serait étonnante puisqu'il n'avait pas mangé depuis la veille ! Il commença à lui poser des questions sur sa vie mais que lui dire ? Pas grande chose de neuf... Christopher eut l'air étonné. Alors comme ça il savait qu'il était gay ? Ca alors... L'avait-il su quand ils étaient au lycée ? Chris' ne s'en cachait pas vraiment et toujours aujourd'hui mais il pensait que son frère l'ignorait. Chris baissa les yeux. Il cherchait ses mots, touché encore une fois par les paroles de Matt'. Mais finalement il redressa la tête avec un large sourire.

« Mon prénom est si magnifique qu'on le choisi pour mon neveu, je savais qu'un jour je resplendirais ! … Tss, je blague, va ! Ca me fait très plaisir que ton p'tit bout de chou porte mon prénom et je te félicite de ton mariage même si baiser toutes ces années avec la même femme...

Christopher lui fit un immense sourire. Il adorait se moquer de Matthew mais ils venaient de se retrouver et ne voulait pas le vexer. Ainsi lui donna-t-il une amicale tape dans le dos et but une gorgée de champagne. A peine dessoûlé que c'est reparti !

« Ok, ok, je m'excuse, je plaisantais ! Et tu sais, moi, ça va, ça vient... Rien n'a changé, je suis toujours le même avec un peu plus de muscle et d'expériences ainsi que deux ou trois cuites en plus dans le nez... Ok, une bonne dizaine depuis le temps ! Tu sais que j'aime les hommes ? Je l'ignorais, mais bon, il n'y a pas de malaise. Non je n'ai aucun petit ami, et c'est mieux comme ça. Tu sais les sentiments... Pour moi c'est un boulet qui t'attache à un endroit, et tu me connais. Le seul souci c'est que je suis un homme pauvre et au chômage mais ça je m'en accoutume assez...

Nouveau sourire et Christopher descendit son verre de champagne d'une seule traite. Il secoua sa tête et poussa un gros « Aaah. » Il reposa le verre sur le plateau d'un serveur en lui faisant en clin d'oeil et reporta son attention sur son très cher frère.

« Et l'accouchement et pour bientôt ? J'espère que lorsque l’événement se produira tu daigneras appeler ton frangin pour l'occasion ! Au moins pour me prévenir, quoi. J'ai été absent trop longtemps dans ta vie, je souhaite y participer un peu maintenant.

Il leva le pouce en l'air, embrassa la joue de son frère -il ne c'était même pas fait la bise comme des gens civilisés, quelle honte !- et sortit son téléphone de sa poche. Il monta sur une table avec nonchalance et frappa sur un verre avec une cuillère. Toutes les têtes se tournèrent dans sa direction. Christopher fit un grand sourire. Il avait toujours dissimulé sa timidité derrière des singeries, ainsi il n'éprouvait aucune gêne à l'instant présent.

« S'il vous plaît ! En l'hommage de ce très vieux père qui nous a quitté, je voudrais dire un mot: ne pleurons pas cet homme, il a assez profité de la vie pour les méfaits qu'il a commis. Mais je voudrais tout de même faire passer cette musique en cette occasion, je trouve que c'est tout à fait approprié pour cette occasion ! »

Il sauta à terre avec précaution, se dirigea vers la petite chaîne de la salle à manger et brancha son téléphone dessus. (oui, c'est possible tout à fait -se pend-) Il sélectionna le titre A little Piece Of Heaven. Il adorait ce groupe et cette chanson. Il avait trouvé ça amusant de faire passer ça. La chanson démarra et Christopher prit Matthew par la taille, l'entraînant au milieu de convive pour danser avec lui. Quel entrain. Beaucoup restèrent choqués mais quelques personnes -sans doute celles qui ne l’aimaient pas- rejoignirent le duo. Lorsque la musique fut terminé, Christopher, toujours en tenant la main de son frère, embrassa l'un de leur cousin qui avait dansé lui aussi. Les plus vieux de l’assemblé poussèrent des cris indignés, d'autres posèrent une main choquée devant leur bouche, rares furent ceux qui sourire ou applaudirent. Mais Christopher était heureux de sa petite intervention. Il fit glisser sa main sur la cravate de leur cousin avant de prendre Matthew par le bras et de l'entraîner un peu plus loin.

« Coup de grâce, mon cher frère. Parles moi un peu de toi puisque je n'ai pas grand chose à te raconter ! Aimes-tu ta vie ? Tu as un bon travail, des amis... ?
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MessageSujet: Re: Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ]   Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ] Icon_minitimeMar 24 Juil - 11:14

Et si je voulais me battre, supplier pour le reste de ma vie ! Qu'est-ce que tu ferais ?
Et si je tombais par terre, ne pouvant plus supporter cela. Qu'est-ce que tu ferais ?


Matt sourit à son frère. Il méritait sans doute bien plus qu’un prénom mais l’étalage d’affection n’était pas leur truc dans cette famille. Etrangement, Matt s’attendait à cette réflexion sur Lydia. Il était vrai qu’il n’avait jamais touché à une autre femme. Mais ça lui allait et elle ne s’en plaignait pas non plus. Il supposait qu’il la satisfaisait, et quand bien même cela ne lui suffisait pas, il ne l’empêcherait pas d’aller voir ailleurs. Il l’aimait mais elle avait le droit de faire ce qu’elle souhaitait. Elle était libre. Il fut tenté de lui répliquer que lui n’avait jamais touché à une femme alors finalement, il n’avait rien à dire, mais il se tût. Il n’était pas quelqu’un de moqueur ou de désagréable. Quelqu’un de parfait ne faisait que garder tout cela sous forme de pensée. Il se demanda ce que faisait son épouse à cet instant. Si elle allait bien, il était devenu, comme tous les futurs pères, surprotecteur envers elle, il avait peur que quelque chose arrive à leur bébé. Bien qu’il ait encore du mal à croire qu’il allait avoir un enfant. Il fut sorti de ses pensées par la tape de Chris dans son dos. Il buvait son champagne. Il se demandait soudain pourquoi il avait décidé de ne plus boire. C’était quoi cette drôle d’idée ? Enfin au moins, ça faisait plaisir à son frère. Bizarrement, il avait toujours la même vie, celle d’un hippie SDF gay. Quelle insouciance ! Matt l’enviait, un peu, il vivait comme il le voulait, il se fichait de tout, il dormait, buvait, baisait et rien d’autre. Le chirurgien n’aurait de toute façon pas pu mener une vie pareille, il y avait un léger détail qui les différencier tous les deux. Matt avait un passe-temps des plus… anormal. Il ne pouvait vivre dans la débauche et dans le vagabondage, il serait trop susceptible d’être attrapé. Et puis… Il ne pouvait s’empêcher d’être parfait, ou presque.

Matt eut un sourire pour son frère, évidemment qu’il le préviendrait. Ils n’allaient plus se quitter maintenant, n’est-ce pas ? Il avait besoin de lui, il avait toujours eu besoin de lui. Peut-être que s’il n’était pas parti, s’ils ne s’étaient pas séparés, il ne serait pas devenu ce qu’il était aujourd’hui… Un tueur. Non, il ne pouvait pas rejeter la faute sur son frère, ce n’était pas lui le coupable. Chris l’embrassa sur la joue. C’était mignon, et un peu étrange, mais mignon. Il le regarda faire tout son cirque. Quel idiot. Matt désapprouvait son geste, évidemment, enfin, du moins, en surface, il désapprouvait. Mais il ne pouvait rien dire, son discours avait été bien ravageur aussi. Il se laissa entrainer par son frère au milieu de la foule et dansa avec lui. Être le centre d’attention ne l’avait jamais dérangé, au contraire. Il avait choqué tout le monde. Bon c’était assez drôle, il fallait l’avouer, voilà un enterrement qu’ils n’oublieraient sans doute pas. Et avec une chanson tout à fait appropriée. A la fin de la danse, Chris l’entraîna plus loin. Aimais-t-il sa vie ? Drôle de question… Sans doute. C’était toujours mieux que la mort, n’est-ce pas ? Non, il plaisantait, il avait une vie agréable, il aimait son travail, il aimait sa femme, il avait des amis qu’il voyait tous les jeudis soirs pour une partie de poker et tous les dimanches après-midi pour un barbecue chez lui. Il ne pouvait pas s’en plaindre. Il avait tout ce qu’il désirait, il semblait parfait. Mais heureux ? Il n’était pas certain de l’être complètement. Il attrapa un verre de champagne et le but. Il ne buvait pas mais aujourd’hui était un jour spécial ! Il le rendit à un serveur et regarda son frère. Il était au moins content de le revoir.

Il s’apprêtait à répondre mais une femme vint de nouveau les interrompre, s’étaient-elles données le mot ? Surtout après les numéros que Chris et lui leur avaient faits ! Cela se voyait bien qu’ils se fichaient de leur père, non ? Ou alors, elles étaient simplement idiotes. Des vraies femmes. Heureux de constater que Lydia n’était pas comme cela. Il lui sourit avec indulgence et la remercia. Matt était doué pour ça. Être gentil. Il le faisait sans mentir, bien que son esprit pensât quelques méchancetés, il était toujours profondément bienveillant… Sauf en présence de malfaiteurs. La dame s’éloigna. Matt ouvrit la bouche mais il fut une fois de plus interrompu. Il se tourna vers l’homme qui venait de l’interpeller avec la folle envie de, pour parler poliment, lui éclater sa gueule. Mais qu’est-ce qu’ils avaient aujourd’hui ?! Il s’en foutait de son père, il s’en foutait de leurs condoléances et il s’en foutait de cet enterrement ! Bon sang, mais ne comprenaient-ils rien ?! Il voulait engueuler ce mec, bien que ce ne fût pas sa nature, déjà, il se retenait de le frapper. Il serrait son poing droit puis calma sa respiration et se détendit. Il prenait sur lui, il avait mis du temps à apprendre à se contrôler mais maintenant, il était au point. Il sourit avec bienveillance à cet inconnu et lui demanda ce qu’il voulait. Fort heureusement, il ne leur présenta pas des condoléances. Il tenait un petit carnet, et son visage d’homme âgé d’une bonne cinquantaine d’années était plongé dedans. Il ajusta ses lunettes et ne leva le nez que légèrement pour regarder à tour de rôle, Matt et Chris. Il ne leur sourit même pas, leur demanda s’ils étaient bien les fils du défunt. Le chirurgien approuva et il leur fit signe de le suivre. Ils le firent. Il les mena jusqu’au bureau de leur père… Ancien bureau.

Matt hésita quelques secondes à entrer mais il le fit. Il n’avait que des mauvais souvenirs en ces lieux. Toute la maison n’était pas agréable mais, cette pièce plus particulièrement. Il s’assit sur l’un des trois fauteuils en face du bureau. C’était la toute première fois qu’il s’asseyait devant ce bureau sans risquer les coups ensuite. Il s’installa tout à gauche, laissant à Chris le plaisir de s’asseoir au milieu et donc aux côtés de leur oncle. Matt n’avait aucune envie de le voir ni de lui parler. Il ne l’avait jamais touché, loin de là mais il avait appris que ce bon vieil oncle était au courant de la relation entre son père et sa mère. Mais tout cela était du passé, n’est-ce pas ? Matt prit une posture droite bien qu’il eut envie de s’affaler dans son siège. Il se doutait de ce qui allait suivre. Il était notaire. Leur père était fortuné… Très fortuné. Matt l’était aussi, il n’était pas millionnaire mais il gagnait très bien sa vie, il avait une grande maison, une jolie voiture. Il n’avait pas besoin d’argent et de toute façon, il ne comptait pas dessus, l’héritier le plus probable restait leur oncle. Tant mieux, et qu’il meure noyé dans son fric. Il regarda le notaire avec un sourire, c’était ridicule tout cela.

-Bonjour messieurs, je suis Monsieur Andrews, c’est à moi que Monsieur Keenan a confié la tâche de désigner le ou les héritiers de sa fortune. Vous êtes les plus proches parents du défunt et par conséquent les plus susceptibles d’avoir accès à l’héritage ; Vous, John Keenan, son frère et vous Matthew et Christopher, ses fils. Voici donc le testament de feu Monsieur James Keenan : « Je soussigné, monsieur Keenan James demeurant à Washington, lègue la totalité de ma fortune, monétaire, tous les biens meubles et immeubles à mon fils Matthew. En cas de prédécès de celui-ci, ou de renonciations ou pour toute autre cause, la succession sera dévolue à ses enfants selon les règles de la représentation légale et de la dévolution légale des biens. Cet acte révoque tous les testaments faits antérieurement. Ecrit en entier, daté et signé de ma main, à Washington, le quatre mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit. » Il n’y aura pas de problème pour le partage dans ce cas, il ne vous reste plus qu’à signer l…

-Et si je refuse ?

-Ce sera long et fastidieux, beaucoup de paperasse pour pas grand-chose. La fortune de votre père s’élevait à une vingtaine de millions de dollars. Libre à vous de tout offrir à des orphelins par la suite mais ne refusez pas.

-Soit.

Matt signa. Il n’avait jamais pensé qu’il pouvait être l’héritier de toute cette fortune, et il n’en voulait pas de toute façon. Sans compter qu’il avait écrit cela en 1998, il avait alors quinze ans et il se croyait détesté par son père. Pourquoi lui avoir fait ça ? Alors qu’il aurait pu tout donner à son frère. Non, il venait encore le faire chier. Jamais Matt n’aurait pu utiliser cet argent la conscience tranquille… C’était une façon de le faire chier ? Son oncle lui jeta un regard noir, et Matt lui fit un immense sourire. Et il sortit de la pièce furieux. Etait-ce sa faute ? Il ne lui avait rien demandé ! Mais bon, quelque part, il était heureux que cet argent ne revienne pas à cet enfoiré. Il ne méritait rien. Seul Chris ne semblait pas affecté plus que ça. Il devait s’y attendre. Il était ignoré depuis toujours alors un peu plus, un peu moins… Il s’en voulut soudainement de ne pas avoir été plus sympa avec lui, ça ne devait déjà pas être facile, il aurait dû écouter sa mère… Il soupira. Il lui en donnerait volontiers la moitié… Voire la totalité, mais il ne savait pas comment il réagirait. Qui de sensé refuserait 20 millions de dollars ? … Lui. Bon Matt n’avait jamais dit qu’il était sensé. Il supposait que son frère avait bien plus besoin de ce fric que lui. Il serra la main du notaire qui lui indiqua qu’ils se verraient demain pour aller à la banque et régler tout cela. Bien sûr… Il sortit du bureau avec une joie non feinte, pas celle d’être millionnaire, il s’en fichait bien. Mais celle de ne plus être dans cette pièce. Il entraina Chris dans un coin vide et s’installa sur une chaise. Allaient-ils pouvoir parler tous les deux maintenant ? Ils avaient tellement de chose à se dire… Et pour commencer, répondre enfin à ses questions.

-L’accouchement est prévu le mois prochain, et oui, je te préviendrais, tonton Chris. Matt lui sourit puis prit un air faussement sévère. Par contre, ce que tu as fait avec la musique, ce n’était pas… Bon c’était très drôle, je l’admets. Il ne pouvait pas le blâmer pour ça, il était assez d’accord avec l’idée, et puis, ce n’était pas bien méchant. Disons que ma vie me va très bien… Je n’ai jamais vraiment perdu le contact avec les joueurs de l’équipe de foot, les plus intelligents du moins, avocat, sénateur, l’un d’eux travaille à l’hôpital avec moi. Je suis chirurgien au fait, j’adore ce métier. Bref, Nous nous voyons souvent, ils sont tous mariés mais je suis le seul qui le soit avec sa petite amie du lycée. Avec Lydia, je ne peux qu’être heureux. Et puis tant pis si je ne baise qu’une fille dans ma vie, elle me suffit parfaitement. Et bientôt, j’aurai un fils, que dire de plus ? Ma vie est… Parfaite ?

Matt lui fit un sourire moqueur. Elle n’était pas si parfaite que ça mais… Il n’était pas obligé de lui dire tout de suite. Il attrapa une coupe de champagne et la but, à petite gorgée. Quel magnifique enterrement ! Vraiment ! Une réussite ! Matt s’en voulait un peu d’avoir tout gâché, c’était sa gentillesse naturelle qui refaisait surface. Un tueur en série avec une gentillesse naturelle, c’était n’importe quoi. Matt n’avait pas assez regardé la télé, ne savait-il pas que les tueurs n’avaient pas de sentiments ? Qu’ils étaient moches et bêtes ? Non, lui, comme d’habitude, il devait faire l’intéressant, voilà, il était gentil… La plupart du temps. Il avait des amis, il aimait Lydia, il avait des sentiments tout à fait humains mais il avait un petit truc en plus. Il avait par exemple souvent, des envies meurtrières ou des pensées morbides, depuis le début de l’enterrement, il avait imaginé son père, se réveillant dans son cercueil sous terre pour mourir dans d’affreuses souffrances de terreur et d’asphyxie. Cette idée le réjouissait. Bon, ce n’était pas pour tout le monde, il n’avait pas envie de tuer Chris ou Lydia. Heureusement. Il regarda son frère quelques secondes avant de lâcher.

-Je ne veux pas de cet argent. Je ne pense pas que tu accepterais la totalité mais, que dirais-tu de partager ? Enfin, si tu veux tout, je te donne tout. Ce n’est ni par pitié, ni parce que tu m’as aidé, j’estime que la dette que je te dois est bien plus importante que quelques millions. C’est juste par amour fraternel et puis, ce salopard aurait dû te mettre sur son testament, je ne fais que réparer ses erreurs. Me ferais-tu la faveur d’accepter cet argent ? Cela m’enlèverait un poids des épaules.

Matt lui sourit. Il pensait tout ce qu’il avait dit. Même le « je te donne tout », il se fichait de cet argent comme de sa première paire de basket. Chris saurait sans aucun doute le dépenser mieux que lui. Alcool et fête, voilà ce que ce fric méritait. Si seulement il pouvait accepter… Sinon, c’était décidé, il refilerait tout à des associations et à son hôpital qui manquait de fond, tout ou presque. Il était persuadé que Lydia ne voudrait pas tout lâcher, elle n’avait jamais été vénale mais, c’était toujours bien d’avoir deux ou trois millions au cas où. Il passa une main dans ses cheveux et ferma les yeux. Il se souvint qu’il avait les lettres de sa mère dans la poche… Il les rouvrit. Il regarda Chris et décida qu’il était temps de les lui donner. Ça faisait presque vingt ans que Salomé était morte, presque vingt ans qu’il avait ces lettres et son frère ignorait tout depuis presque vingt ans. Il les sortit et ne garda que celle à son nom. Il tendit les deux autres à son frère qui les prit, l’air interrogateur. Il attendait depuis bien trop longtemps. Matt hésita un moment puis ouvrit la bouche.

-Promets-moi de ne pas m’en vouloir. J’étais jeune et papa… enfin c’était la première fois qu’il me frappait, alors je ne pensais pas trop à toi et puis tu étais trop grand après et j’ai cru que… Tu t’en fichais… Je ne me cherche pas d’excuses, j’aurai dû te les donner avant… Il lui vint à l’esprit qu’il n’avait même pas dit ce que c’était. Ce sont les lettres, de maman. Elles étaient à côté de son corps quand elle s’est suicidée. La première est pour nous deux, l’autre, juste pour toi… Je l’ai lue, c’est comme ça que j’ai su pour ton homosexualité… Si tu veux, tu pourras lire la mienne. Il se mordit légèrement la lèvre. J’ai appris tellement de chose sur elle après ça… Papa avait caché toutes ses affaires mais je les ai trouvées, un journal, des photos, des lettres. Elle a toujours été malheureuse avec lui… Tu ne m’en veux pas trop ?
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MessageSujet: Re: Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ]   Funérailles rime avec Retrouvailles ! [ PV : Christopher ] Icon_minitimeVen 22 Fév - 16:20

« Félicitations tu vas bientôt toucher le fond, c’est bien. »

Pour un enterrement, ça se passait plutôt bien. Je jetais des regards circulaires autour de moi, une coupe de champagne à la main. Beaucoup étaient partis suite à mon petit numéro. J'aurais eu beaucoup d'anecdote à raconter en souvenir de ce bon vieux paternel. Comme la fois où nous nous étions retrouvés tous les deux coincés dans une voiture parce que nous avions eu un accident. Et que j'avais cru mourir étouffé, que j'avais espéré qu'il soit mort parce que ce n'était qu'un gros con. Je ne savais pas, à l'époque, qu'il faisait du mal à Matthew. Je ne l'ai appris que bien plus tard, je ne l'ai compris que bien des années après. Si j'avais su plus tôt, peut-être que les choses seraient différentes. Quand je suis parti de la maison, j'étais allé habiter chez ma tante, le temps de finir mes études et d'avoir mon bac. Ensuite, après avoir une dernière fois proposé à Matt' de venir avec moi, j'ai trouvé du travail plutôt facilement – contre toute attente – et j'ai pu économiser assez pour me payer une petite chambre. Je continuais encore de voir Gabriel. Ca ne faisait que quelques semaines que lui et moi ne nous voyions plus... Je ne sais toujours pas ce qui a bien pu se passer, pourtant je ne m'énerve pas facilement. Je ne crois même pas qu'il y ai eu une dispute : c'était une simple évidence, tout cela devait cesser. Ce n'était plus mon sexfriend. J'avais mon bac et une nouvelle vie à gérer. Je n'avais plus besoin de lui pour avoir de bonnes notes. Alors nous nous sommes séparés, tout simplement. Je ressentis une petite boule au fond de mon ventre. Toutes ces années de lycée j'avais couché avec mon professeur d'histoire. Toutes ces années je lui avais été fidèle. Pourtant rien ne m'aurait empêché d'aller voir ailleurs pendant ce temps. Néanmoins je ne l'avais pas fait. Pourquoi ? Je n'en avais pas la moindre idée. P't'être que tu l'aimes bien, crétin ? Je bus mon verre et jetais un coup d’œil à Matthew. Il essayait d'entamer une conversation, je le voyais bien. Nous n'étions pas douer pour ça, ni l'un ni l'autre. J'aurais aimé être un bon grand frère mais... A part faire la fête et vendre des comics – car tel était mon travail depuis plusieurs années – je ne savais pas faire grand chose. La preuve, j'avais carrément laissé tomber Gabriel parce qu'il ne me servait plus à avoir de bonnes notes. Le pire, c'est que ça ne me faisait rien. Ah ouais, ça t'fait rien ?

Plusieurs personnes vinrent nous présenter leurs condoléances. Enfin... Elles vinrent plutôt parler Matthew, moi je n'avais jamais vraiment fait parti de la famille. Je ne le souhaitais nullement. Je n'avais pas de famille... Enfin à part mon frère et ma tante, ça allait de sois. Je les aimait bien, ils n'étaient pas trop cons. Enfin pour Matt', ça restait à prouver... ! Je lui fit un grand sourire, amusé par tout ces clochards qui venaient pleurer comme si George avait été leur meilleur ami durant toute leur vie. Lorsqu'ils rentreraient chez eux, ce soir, ils allaient tout simplement oublier son existence. Chose que je m’empresserai également de faire. Ce serait sans doute plus difficile pour Matthew qui en gardait des marques à vie, n'est-ce pas ? Un homme en costume vint les voir. Il ne leur présenta pas ses condoléances. Tiens donc, enfin un type intelligent ! Il leur demanda plutôt s'ils étaient les fils du défunt père. Un peu, mon neveu ! » Matthew répondit à ma place. L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, nous demanda de le suivre jusque dans l'ancien bureau de George. Je n'y était presque jamais allé. Notre oncle était déjà, assit le plus à droite sur les trois chaises qui faisaient face au bureau. Matthew s'empressa de s'asseoir le plus à gauche et je n'eus d'autre choix que de prendre place au milieu. Je m’affalais sur le chaise en regardant un peu partout. J'avais l'impression que rien n'avais changé ici. Comme dans mon enfance... Je tendis l'oreille pour écouter ce que ce monsieur avait à nous dire. Ca devait être un genre d'avocat, de juge ou de je ne sais quoi qui s'occupe des testaments. Un notaire, c'était ça ? Je m'en fichais comme de sa dernière chemise. L'homme nous lut ainsi le testament de George. J'eu un sourire moqueur : je n'étais cité nulle part. Évidemment. Ce n'était même pas une surprise. Je m'y attendait. Mais je me demandais pourquoi, en ce cas, on m'avait fait venir aussi ? SI je n'étais pas cité dans ce testament, je s'en fichait, je pouvais aussi bien ne pas exister ou être déjà mort. Je regardais Matthew signer, sans intérêt... A part peut-être une certaine déception. Parce qu'il allait être riche, il pourrait se permettre de ne pas travailler. Quant à moi j'allais devoir continuer à le faire. Aah... Quel dommage. Pour une fois que George aurait pu se rendre utile et le faire riche... Mais je n'étais pas sûr... Je ne savais pas vraiment si j'aurais aimé avoir cet argent, au final. Il appartenait à ce con. Alors bon... Tant pis. C'était mieux comme ça, en fait. Notre oncle n'avait pas l'air d'être très content. Il lança à Matt' un regard si noir que ses sourcils se fondirent avec ses cils. Je me retins pour ne pas éclater de rire et sorti en même temps que mon frère.

Matt' m'entraîna dans un coin de la maison. Il n'y avait aucun invité. Je le regardais, avec une pointe de surprise. Il ne prenait pas ce genre d'initiatives dans mes souvenirs. Je lui fis un grand sourire. J'aurais aimé reprendre une coupe avant de lui parler. Et si je disais un truc de travers ? Bah je me rattraperais avec mon sourire éblouissant ! Nous nous assîmes tous les deux sur une chaise et je croisais les jambes. J'attendis. Il n'avait pas répondu à mes questions tout à l'heure. Et il le fit maintenant. Tonton Chris, ça sonnait bizarre, non ? Mais j'aimais bien... Tout d'un coup, j'eus un moment de panique. Comme lorsque je m'étais retrouvé avec mon bac dans les mains. Je ne suis pas prêt. Mais à quoi ? A grandir. Ridicule puisque j'avais déjà un peu plus de trente ans. Je passais une main dans mes cheveux pour cacher ma légère gêne. Je ris un peu. Il admettait enfin que ce que je faisais était drôle ! Pas trop tôt ! Et c'était vraiment drôle, d'abord ! Je continuais de sourire tout au long de ses paroles. Une vie parfaite pour Monsieur-Parfait. C'était normal, les choses se déroulaient comme elles devaient se dérouler. J'aurais pu en faire la remarque mais je n'en avais pas envie, trop heureux de retrouver mon p'tit frère. Je devais l'admettre, il m'avait beaucoup manqué... Non pas que je me fasse sentimental mais... J'avais besoin d'un câlin. J'adorais faire des câlins aux gens, j'étais très ouvert. J'avais quelques amies filles avec qui c'était facile de faire quelques accolades puisque j'étais gay, elles en profitaient pas mal. Et puis... Je n'avais plus Gabriel à câliner maintenant. Le poids revint sur mon estomac. Nan mais c'est pas vrai ?! J'écoutais la suite des paroles de Matt'. Et je m'étouffais avec ma gorgée de champagne. Je du recracher se que j'avais ans la bouche pour respirer à nouveau convenablement. Il proposait sérieusement de partager tout cet argent avec moi ? Je passais encore une main dans mes cheveux, mais pour reprendre mes esprits cette fois. Ca représentait beaucoup, même la moitié. Une lueur passa dans mon regard. Ca me tentait mais en même temps... C'était l'argent de ce con. Mais bon sang, mon vieux, qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Plus d'un million c'est pas rien, mon canard ! Je pris une grande bouffé d'air frais avant d'avaler une nouvelle gorgée de champagne. Avant que je n'eus le temps de répondre, il sortit trois lettres et m'en tendis deux. Je les pris, surpris et interrogateur. Pourquoi me donnait-il cela ? Je me doutais de ce que cela pouvait être, surtout en écoutant les paroles de Matt'. Elles avaient déjà été ouvertes et sûrement lues et relues. A ma grande surprise, j'étais extrêmement serein. Ca devait être la première fois de toute ma vie que je ressentais en moi un tel calme. C'était comme le jour de la mort de Salomé. Bleu. Bleu. Bleu. Les sirènes de l'ambulance dansaient devant mess yeux. Tout les sons se turent autour de moi. Seuls les battements de mon cœur m'indiquaient que je vivais.

« Matt’, mon petit chéri, je sais que c’est toi qui va trouver cette lettre. Je t’en prie, même si tu n’aimes pas vraiment ton frère, montre la lui, il doit savoir tout autant que toi. Je veux que vous sachiez que ce n’est pas votre faute. Surtout, vous ne devez pas culpabiliser. Je vous ai aimés dès que je vous ai vu, j’avais peur de faire des enfants à ce monstre que je vous vois chaque jour appeler papa et ce qui, chaque jour, me brise le cœur. Mais vous êtes là, et je vous aime. Je n’ai pas fait cela pour vous abandonner, je suis si … Fatiguée de vivre tout ça. Je n’ai plus la force de me débattre tout en sachant que la mort viendra un jour. Quand vous serez plus grands, vous comprendrez tout cela. J’ai peur et j’ai honte, mes chéris, car je vous laisse entre les mains de cet homme que je hais. Mais je n’ai plus envie de vivre, je me serai enfuie avec vous si je ne savais pas déjà qu’il me retrouverait et me tuerait. Je préfère choisir ma mort. Vous comprendrez, un jour. Je veillerai sur vous, une fois en haut. Je serai votre ange gardien et à chaque fois que vous serez tristes ou en colère, il vous faudra regarder le ciel pour savoir que je suis là, que je vous vois, que je vous aime. Vous êtes les deux plus belles choses que ce salaud aura créées, je sais que sans lui, jamais je ne vous aurai faits alors je lui en suis reconnaissante. Je serai toujours très fière de vous, même de toi Chris, peu importe ce que tu décides de faire plus tard, je serai toujours fière de toi. Vous êtes les meilleurs enfants qu’une mère puisse espérer. Si seulement j’avais été plus forte pour vous mais je vis cela depuis bien trop longtemps. Il faut me pardonner mes enfants chéris. 
Je vous aime. Tous les deux, je vous aimerai toujours, quoiqu’il arrive, quoique vous fassiez. Je suis votre maman et votre ange gardien, jamais je ne vous abandonnerai. Vous pourrez compter sur moi, de là-haut. Je vous aime, pour toujours, ne l’oubliez jamais. Votre maman. »


Je passais immédiatement à la lecture de la seconde lettre, le cœur battant encore plus vite, encore plus fort.

« Chris, mon grand, mon beau garçon. Je veux que tu veilles sur Matt, tu es son grand frère, et le rôle du grand frère, c’est d’être le protecteur, ne t’en veux pas si tu n’y arrives pas toujours, mais je veux que tu sois présent pour lui, que tu l’aimes. Je sais que ton frère sera trop fier pour t’avouer quand il est triste ou blessé, je veux juste que tu sois là pour lui, en cas de besoin. Lui, je le sais, sera toujours là pour toi. Il t’aime, même s’il ne te le montre pas. Moi aussi je t’aime, je t’aime fort, fort, fort. Je t’aime plus que tout l’univers. Tu ne dois jamais l’oublier, mon bébé. Tu me ressembles tellement, j’étais comme toi, à ton âge, libre. Ne fais jamais ce que tu n’as pas envie de faire et rappelle-toi qu’on a toujours le choix de faire autrement. Je n’aurai jamais dû épouser cet homme mais je l’ai fait parce que je me sentais obligée. Il ne faut pas, personne ne t’oblige à rien, tu es ton propre maître et tu décides toi-même de ce que tu veux faire ou ne pas faire. Sois toujours libre mon chéri. Quoiqu’il advienne, je serai toujours immensément fière de toi, même si tu aimes les garçons. Ne prend pas cet air surpris. Une maman sent ces choses-là. Tu as le droit d’aimer qui tu veux, personne ne doit jamais te convaincre du contraire. J’espère que tu trouveras un jour, un garçon merveilleux, avec qui tu seras heureux. En attendant, fais ce qu’il te plait. Je te demande juste une chose, n’abandonne jamais Matt’. Il est sensible, ce serait difficile pour lui de perdre une deuxième personne à qui il tient, alors ne le lâche pas. Moi, je te regarderai d’en haut, je te câlinerai dans les moments de doute et de tristesse, je serai là dans les moments de solitude et je t’aimerai à chaque instant de ta vie. Tu es mon grand garçon et je t’aime pour toujours. Ta maman. »

Je restais comme sonné. J'avais toujours détesté Salomé parce qu'elle c'était suicidé... Mon cœur semblait se déchirer en deux. Ce genre de sentiment de tristesse ne m'arrivait vraiment pas souvent pourtant. Le pire, au fond de moi je la détestais toujours. Cette lettre n'y changeais rien. Les faits étaient là : elle nous avait abandonné en sachant que George était un salopard, un monstre. Il n'avait battu que Matt'... J'en avais honte. Non pas que j'aurais aimé être frappé, mais Salomé avait raison dans sa lettre : j'étais le grand frère. Les gifles, les coups... J'aurais dû les recevoir. Ou nous aurions dû subir ça à deux, et non pas lui tout seul. Je ne l'avais pas assez protégé... J'étais un bien piètre grand frère... [i]Tu ne m'en veux pas trop ?
Je tournais vaguement la tête vers Matthew et me mordit la lèvres inférieur. Ah non pas de larmes ! J'ai tout de même ma fierté... Je haussais donc les épaules. Bien sûr que non, je ne lui en voulais pas ! Il avait d'autres chats à fouetter que de me donner une connerie de lettre. Et même si ces mots me touchaient, car j'avais un jour aimer ma mère, comme tout petit garçon en ayant une aussi douce que la notre l'avait été, je ne pouvais m'empêcher de la détester. Elle était parti d'une façon facile et lâche au lieux de s'enfuir avec nous et de porter plainte. Je serrais les dents et tendit la lettre qu'elle avait adressé à nous deux à Matt'. A bout de bras, comme un vulgaire torchon. Je me levais un peu brusquement et m'approchais de la cheminé. Je sortis mon briquet de ma poche et mit le feu à cette connerie de lettre avant de la jeter en train de brûler dans la cheminée. Adieu... Maman. Je ne l'avais plus jamais appeler Maman depuis sa mort. Je me tournais vers Matthew dans le fond de la pièce et revins m'asseoir vers lui. Il ne me comprenait certainement pas. Je savais que lui adorer Salomé. Il la vénérait. C'était peut-être ce qui l'avait aidé à tenir debout toutes ces années. Mais pas moi. Elle n'était rien pour moi. Juste le fantôme de souvenirs lointains. Je me servis un verre de gin cette fois. Fini le champagne.

« Je ne t'en veux pas, Matt'. » articulais-je d'une voix un peu étranglée. Je n'avais vraiment pas envie de pleurer devant mon petit frère. [b]« Je lui en veux à elle. Et une lettre ne changera pas grand chose, okay ? Elle nous a laissé aux mains de ce connard. Elle savait, bon Dieu ! Ca s'appelle une bonne mère, ça ? »

Je pris une grande inspiration et passais vivement mes mains sur mes yeux pour essuyer les larmes qui commençaient à s'y former. Je fus soudain pris d'une grande lassitude. Le gamin qui dormait en moi c'était envolé instantanément. Je savais qu'il n'était pas parti pour longtemps – fort heureusement, sinon j'aurais commencé à paniquer. Je but une gorgée de gin et continuais sur un autre sujet de conversation :

« Pour l'argent c'est okay. Faisons moitié-moitié ! Ca m'enlève une grosse épine du pied, pour une fois que ce con sert à quelque chose dans sa vie... ! » je tentais de faire un sourire joyeux à mon frère, mais ce sourire devait sembler bien pâle comparé aux habituels. « Ne m'en veux pas pour ce que j'ai dis sur Salomé... Enfin... M'an... Je pense qu'elle est très importante à tes yeux mais elle ne l'est pas aux miens... Et puis, bon... C'est la vie. Je préfère continuer d'avancer plutôt que de conserver cette lettre. Et comme elle m'était adressé, tu comprends... J'avais le droit de la brûler, je pense. »

Selon moi, Matthew était le propriétaire de ces trois lettres, même de celle que j'avais brûlé. N'était-ce pas lui qui les avait lu durant toutes ces années, s'accrochant au souvenir de notre défunte mère ? Moi je me fichais carrément d'elle. Peut-être aurais-je dû lui rendre ma lettre aussi ? Mais je n'avais pas eu envie de le faire, ça aurait été accepté qu'elle m'ait adressé un message. Je me serais senti trop mal. Je lui sourit un peu plus sincèrement que tout à l'heure, posais mon verre sur la table et, sans prévenir, le serrais fortement dans mes bras.

« Ca faisait longtemps que j'avais envie de faire ça, p'tit frère ! »

Je lui tapotais le dos et lui fit un gros bisou – mêlé d'un peu de bave, pour le taquiner – sur sa joue avant de le prendre par le bras et de l'entraîner dehors, loin de cette étouffante atmosphère. Nous pourrions parler plus tranquillement ici.

« Alors comment on va faire pour ce partage, frangin ? Oh regard ! Ce vieux pneu pourri est toujours là... Tu t'en souviens peut-être pas mais quand t'avais trois ans, c'est moi qui te poussais sur la balançoire. Alors, ne suis-je pas le plus adoraaaable des grands frères ? » je tentais de lui refaire un bisou sur la joue.
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