Dis-nous quel âge tu as et comment tu t’appelles ?Je me réveillai en sursaut. Tout cela devait cesser. Plus de cauchemars.
Pitié. John me manquait terriblement. Certes, il n’aurait rien fait pour améliorer ma situation… Mais sa présence était apaisante parce que c’était mon grand frère. J’attrapai mon scalpel et le posai sur mon poignet.
Un, deux, trois, nous irons aux bois. J’appuyai machinalement, comme je l’avais toujours fait. La douleur me permit de me calmer. La vue du sang m’excita. Que penserait John s’il savait ? … Pas à propos de ce que je vivais … S’il savait que la chose qui me faisait vibrer était le sang ? S’il apprenait que je n’avais toujours eu qu’un seul et unique désir : celui de tuer. Lui qui voulait devenir détective… Lui qui rêvait d’arrêter des criminels… Que ferait-il en comprenant que moi, son propre frère, j’étais un meurtrier ? Non, je n’avais encore tué personne mais cela ne saurait tarder, je me préparais, je planifiais, je prenais mes précautions. Mais j’attendais aussi… Avec l’espoir qu’un matin, en me réveillant, la haine aurait disparu, parce que je ne voulais pas décevoir John. Et c’était stupide pour deux raisons : La haine ne disparaitrait jamais. Et John se fichait bien de moi. Il me mettrait en prison comme tous les autres s’il savait. Or, je n’étais pas quelqu’un d’idiot contrairement à ce que tout le monde me disait… L’espoir était une chose stupide. J’étais un monstre et rien ne me ferait jamais changer.
« Monsieur ! Vous avez recommencé ! Vous aviez promis !
- Pardonne-moi Ana, je ne tiens jamais mes promesses.
- Vous êtes incorrigible ! »
Je tendis mon poignet à Ana, elle versa un peu d’alcool sur la plaie, avec une délicatesse que n’existait que chez elle. Elle fit un bandage et posa un baiser dessus. Lorsque j’étais enfant, elle me disait que ses baisers magiques guérissaient tout. Elle n’avait pas perdu l’habitude de me les faire, et je ne voyais pas l’utilité de l’en empêcher. Elle voulait me faire plaisir. La porte s’ouvrit brusquement, je cachai mon poignet dans mon dos.
« Mère. Puis-je savoir la raison de votre visite si matinale ?
- Dehors Ana. »
Ana s’excusa poliment et sortit. Ma mère n’était pas le genre de personne à qui l’on pouvait résister, Ana avait compris cela très tôt et plutôt que d’agir de front, elle me couvait en cachette. C’était plus sage pour nous deux. Ma mère ferma la porte.
« Ce soir, vingt-deux heures.
- Pitié, cessez cela ! Je ne veux plus !
- Je me fiche bien de ce que tu veux.
- Mère, je… »
Elle me gifla. Je savais que le moment était venu, je ne pouvais plus supporter cela. Presque dix ans. Depuis presque dix ans, elle m’utilisait pour… Pour rien sans doute. Pour le plaisir de voir son fils souffrir. Elle me sourit… Si l’on pouvait appeler cela un sourire.
« Tu vas me faire le plaisir de prendre une douche et de bien t’habiller pour une fois.
- A quoi bon puisque je vais me déshabiller une fois là-bas ? »
Elle me gifla… Encore. En même temps, je ne faisais qu’énoncer des faits. Elle me caressa la joue. Je baissai les yeux.
Un, deux, trois… « Mon chéri, tu es encore jeune et mignon, tu me rapportes pas mal d’argent, et Dieu sait que depuis la mort de ton père, j’en ai vraiment besoin, avec ton idiot de frère qui… Passons… Tant que je gagne, je joue, tu comprends ?
- Très bien oui.
- Parfait, non parce qu’avec toi, on ne sait jamais ce que tu comprends ou pas… Bref, trêve de bavardages, tu n’as pas ton mot à dire, je suis ta mère.
- Je sais. Je rentre à pied ?
- Comme tu veux mon chéri, mais je ne vais pas appeler un taxi pour tes jolis yeux. »
Mon idiot de frère qui… Avait tout hérité, oui c’était un coup dur pour elle. Pas un centime et un gosse à élever. Cela dit, elle n’avait jamais rien eu de la part de son mari, et moi non plus, c’était toujours John qui recevait des jolies choses. Moi je m’en fichais pas mal, je n’avais pas trop eu le temps de m’habituer aux cadeaux mais ma mère avait épousé un homme riche pour cela. Se voir couper les vivres du jour au lendemain, cela n’avait pas dû être facile et elle avait trouvé une solution : moi.
Nous irons aux bois. Etrangement, je n’avais jamais manqué de rien, les cadeaux, les livres, je les empruntais à John, il m’avait toujours laissé faire et puis… Un jour…
Quatre, cinq, six… J’avais plus ou moins compris que ma mère n’était pas obligée de recevoir tout l’argent que je lui rapportais. Elle attrapa brutalement mon bras derrière mon dos.
« Et tu vas me faire le plaisir d’arrêter ces bêtises ! Ils n’aiment pas quand tu es déjà tout mutilé !
- Ce sont eux qui m’ont fait la plupart de mes cicatrices, une de plus, une de moins…
- Tu n’es pas un garçon très intelligent, mon chéri, ce n’est pas ton corps mais le leur, alors tu cesses de te scarifier, sinon je me débarrasserais de ta chambre répugnante !
- En parlant de cela, vous n’auriez pas vu ma mygale ? »
Elle poussa un hurlement strident et je m’empêchai d’éclater de rire. Elle claqua la porte en sortant et je me penchai au-dessus de la cage de mon petit animal de compagnie. Je la fis monter sur ma main et la caressai tendrement.
« Bientôt, tu vas pouvoir t’amuser avec elle, tu as faim ? Regarde ce que je t’ai ramenée ! »
Je la remis dans sa cage et attrapai la petite souris blanche que j’avais capturé dans le château. Je la jetai dans la cage et regardai ma mygale la dévorer avec délectation. J’étais totalement contre le meurtre des animaux, souris comme biche… Mais j’aimais plus ma petite araignée que cette stupide souris. J’étais contre le sacrifice inutile… Depuis le petit chien de John… Bref. Ma mygale était une
Avicularia versicolor, l’une des plus belles et l’une des moins dangereuses… Cependant elle était extrêmement venimeuse, sachant que ma mère ne comprendrait pas qu’elle venait d’être piquée par cette beauté, elle n’appellerait pas le médecin et mourrait. Lamentablement, comme elle avait toujours vécu. Je refermai le terrarium et me dirigeai vers ma salle de bain. Je ne désobéissais jamais à ma mère… Pour l’instant. Je me déshabillai lentement devant le miroir. Je regardai mes cicatrices, récentes, anciennes, j’en avais pour tous les goûts sur tout le corps, c’était absolument merveilleux.
Tu sais ce qu’on fait aux garçons désobéissants ?Je fermai les yeux.
« Pitié, laissez-moi. »
Je rouvris les yeux. Je pris ma douche sous une eau bouillante, j’aimais bien me faire souffrir. J’attrapai une lame de rasoir mais renonçai au dernier moment à me faire une autre entaille sur la peau. Il était temps de grandir… Ce n’était plus à moi que je devais faire du mal mais aux autres. Quelqu’un frappa à la porte. Je sursautai, c’était stupide.
« Monsieur, vous allez être en retard.
- Je ne vais pas en cours aujourd’hui.
- Encore ?
- Ne discute pas, Ana. »
Je mis un tee-shirt et un jean noirs. Comme si j’avais besoin de me pourrir la vie encore plus en allant en cours. Je sortis de la salle de bain et m’installai à mon bureau. Je plantai des jolies épingles dans les ailes d’un papillon et l’accrochai avec mes autres insectes. Que des spécimens magnifiques. Je collectionnais les insectes, les objets un peu bizarres, morbides, ma chambre était toujours baignée dans la pénombre. A une époque, j’avais un serpent mais … Il avait malencontreusement disparu dans la chambre d’un domestique. J’avais aussi des poisons… Et tout un tas d’autres choses. Ma mère détestait cela. Les gens normaux détestaient cela. Il n’y avait qu’Ana qui ne craignait rien. Comment tu t’appelles ? Je ratai l’aile de mon papillon et plantai l’épingle dans mon doigt. Je soupirai. Je léchai mon sang en souriant. Quel âge tu as ? J’enfonçai un scalpel dans le papillon avec rage.
Tu sais ce qu’on fait aux garçons désobéissants ? Quel âge tu as ? Comment tu t’appelles ? Comment tu t’appelles ? Tu sais ce qu’on fait aux garçons désobéissants ? Quel âge tu as ? Tu sais ce qu’on fait aux…« TA GUEULE ! Je sais très bien ce qu’on fait aux petits garçons désobéissants ! »
Je plantai violemment le scalpel dans le bureau… A quelques millimètres de mon bras gauche. Le temps me paraissait interminable… Vingt-deux heures… C’était trop long. Que pouvais-je faire en attendant ? J’allais devenir dingue à rester enfermé ici. Je pris une veste et sortis de ma chambre. J’attrapai une pomme dans la cuisine et quittai le château. L’heure tournait en boucle dans mon esprit. J’étais tellement excité. Je me promenai près du lac. La propriété était immense… Pas assez pour se cacher une éternité malheureusement.
Un, deux, trois… Je venais d’avoir une idée formidable. Je repris rapidement le chemin du château et demandai à un domestique où se trouvait ma mère. J’entrai sans frapper dans sa chambre. Je faillis éclater de rire en la trouvant au lit avec … Un inconnu quelconque et sans intérêt. Elle me fixa d’un air ahuri puis fit signe à son Don Juan de dégager. Un coup d’un soir. Je lui souris, elle me gifla. Puis se décida enfin à s’habiller. L’homme sortit.
« Tu n’as jamais appris à frapper avant d’entrer ?
- Malheureusement non, mère, personne ne m’a jamais appris cela… Attendez, c’était peut-être votre rôle ? »
Je contrai sa gifle. Je commençais à la connaître un peu. Elle sembla se vexer mais ne tenta rien de plus. De toute façon, même à quinze ans, je la dépassais.
« Je voulais simplement savoir lequel venait ce soir ?
- Oh, il fallait le dire plus tôt, mon chéri ! Ce soir c’est … Francis Ross, tu sais le professeur d’histoire à la fac ?
- Oui, je sais. L’homme très respecté, très aimé… Très pédophile. »
Elle parut furieuse, comme si elle venait d’être frappée par la réalité de la chose. Je ne faisais qu’énoncer une vérité. Je décidai de ne pas en rajouter sur ce sujet. Par contre…
« Pourriez-vous lui faire passer un message ?
- Lequel ?
- Qu’il me retrouve là où tout a commencé. Il comprendra. Je serai habillé comme il aime. Je vous promets que vous allez gagner un maximum d’argent ce soir.
- … Oui, c’est parfait, mon chéri ! Je lui dirai, il sera ravi ! »
… Il serait ravi. Absolument ravi.
Un, deux, trois… Elle ne se soucia pas de ne pas me voir en cours. Elle n’en avait rien à faire. Je lui rapportais une jolie somme de toute façon. Elle n’avait même pas besoin de me vendre à chaque fois maintenant. Je pris le matériel dont j’avais besoin dans le château et me rendit sur les lieux de notre première rencontre. En vérité, même si c’était cette comptine stupide qui rythmait nos entrevues, nous n’étions jamais allés dans les bois. Ils avaient un lieu de réunion secret, en essayant de leur échapper, j’étais parvenu jusqu’au grenier. Les murs étaient recouverts d’un papier peint avec des arbres et les nombreux meubles permettaient de se cacher. Je connaissais l’endroit, j’étais sans doute le seul, ma mère refusait toujours de me payer un taxi ou quelque chose pour m’amener, il avait bien fallu que l’un de ces messieurs me donne l’adresse.
Je montai au grenier, installai mes accessoires et j’attendis. Je m’endormis. Comme à mon habitude, rien ne me fut plus pénible. Revivre tout ceci une centième fois, c’était long et fatigant.
« Nati ?
- Un, deux, trois…
- Nous irons aux bois. »
Je le vis avancer dans la pénombre. Il tenta d’allumer la lumière en vain, j’avais enlevé l’ampoule. Il avança en gloussant.
« Ce sera plus amusant dans le noir. »
Tu n’imagines pas à quel point.Il se cogna dans un meuble. Il était persuadé d’avancer vers moi, mais j’étais près de la porte. Il m’avait dépassé depuis un bout de temps. Je sortis de ma cachette. Il voyait sans doute un peu à travers les carreaux d’une vieille fenêtre. Il s’arrêta pour reprendre son souffle. Je lui plantai un scalpel dans l’arrière du genou droit. Il s’écroula en hurlant. Je fus pris d’une immense sensation de chaleur… De bien-être, comme si j’aurais dû faire cela depuis des années… Comme si c’était ma destinée.
« Nati ?
- NATHANAEL ! Je m’appelle Nathanaël. »
Il tenta d’attraper son revolver. Je l’en empêchai. Une fois, j’avais vu l’un d’eux descendre un garçon de mon âge, il avait voulu se rebeller. Mais je n’étais pas stupide, moi je les attendais séparément. Je jetai le flingue plus loin. Il prit mon bras et me regarda dans les yeux. Je n’étais plus que haine et vengeance, qu’espérait-il ?
« Pitié mon garçon. Je te rendrais riche si tu m’aides.
- Riche ? Vous plaisantez ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre de votre fric ?
- Ta mère n’aura plus de raison de te faire faire ça…
- Ma mère trouvera toujours une bonne raison pour me faire faire ça. Je suis sa petite prostituée et elle est ma mère maquerelle, tant que je ne me serai pas débarrassé d’elle, elle continuera, parce que c’est dans sa nature. Vous pigez ?
- … Pourquoi moi ?
- Vous vous souvenez de ma première fois ? Vous chantiez… Chantez.
- Quoi ?! Je dois voir un médecin !
- Chantez.
- Un, deux, trois, nous irons aux bois…
- C’est un peu faible tout cela. Voulez-vous que je vous donne le la ? »
J’appuyai sur mon scalpel dans sa plaie. Il hurla. Vraiment très fort.
« AU SECOURS ! A L’AIDE !
- … Je me souviens avoir crié la même chose, vous vous souvenez ce que vous m’avez répondu ?
- … Pe…r…so…nne…
- PERSONNE NE PEUT T’ENTENDRE MON GARCON ! ALORS VAS-Y HURLE ! »
Il se mit à pleurer, plus il était désespéré et plus j’étais apaisé. Je retirai le scalpel. Il respirait comme un chauffeur routier en proie à un cancer du poumon… Quelle idée de se bousiller la santé avec ces saloperies de cigares aussi. Ce n’était vraiment pas responsable. Il se retourna, face à moi, soumis, faible… Déjà mort. Je plantai mon arme dans son autre genou.
« Pitié… Lança-t-il entre deux sanglots.
- … J’ai oublié le sens de ce mot lorsque j’ai eu sept ans.
- Je t’en prie…
- Vous adoriez me brûler les fesses avec vos cigares.
- S’il te plait… Je ne voulais pas.
- Répétez cela ? Demandai-je amusé.
- Je ne voulais pas, c’était une idée d’Ed.
- Edward Storm… Cependant, je me souviens que vous rigoliez bien quand je criais.
- Il me forçait…
- Bien entendu… je comprends. Je vais vous laisser partir. »
Je me levai et lui fis signe d’en faire autant. Francis n’était pas gros… Il était un peu enveloppé, le whisky et les cigares. Il était aussi le plus stupide. Il ne parvint pas à se mettre sur ses jambes.
« Aide-moi.
- A une condition.
- Laquelle ? J’accepte tout !
- Déshabillez-vous. »
Je lui souriais. La lune m’éclairait pleinement maintenant. Il me voyait. La petite lueur de sadisme dans mes yeux l’effraya. Néanmoins, il s’exécuta. Ce n’était pas tout à fait pareil lorsque l’on avait le pouvoir. C’était beaucoup plus amusant. Il se roulait stupidement sur le sol jusqu’à avoir quitté tous ses vêtements.
« Chantez.
- Quatre… Cinq… Six…
- … Attendez. Que me disiez-vous lorsque je ne parvenais pas à chanter la comptine en entier ?
- … Pitié…
- Recommence mon garçon, à chaque arrêt, je te l’enfonce plus profond ! »
Je le retournai, il n’était pas léger mais son manque de souplesse au niveau des genoux causa sa perte. J’attrapai un manche à balai et y attachai solidement mon scalpel au bout. Je portai des gants, pas de risques d’empreintes … Sans hésiter, je lui plantai l’arme dans l’anus. Je crus que j’allais jouir tant son hurlement était agréable à mes oreilles. Il se vidait de son sang.
« Eh bien, Chantez !
- Cue…illir… Des… Ce…ri…ses.
- Je trouve que ça sonne faux, pas vous ? Recommence mon garçon. »
J’appuyai sur le manche. Il voulut chanter mais son sang s’écoulait par ses lèvres. Quel dommage… Un si bon professeur. Je fis en sorte que le scalpel traverse sa poitrine. Il était bien mort.
« Un de moins. Allons trouver les autres. En tout cas professeur, vous aviez raison, personne ne peut vous entendre d’ici. »
…
« Mère !
-… Mon Dieu, c’est du sang ?
-Le mien.
-Ah. Tant mieux. Tu as l’argent ?
-Bien entendu. »
Je lui jetai une liasse de billet qu’elle s’empressa de ramasser comme si sa vie en dépendait. J’avais pris tout l’argent dans son portefeuille, il y avait au moins dix mille francs. Elle compta avidement, jugeant que ma présence n’était plus nécessaire, elle me renvoya… Cependant…
« Mère ?
-Oui ?
-Je veux voir les autres.
-Tous ? En même temps ?
-Non, un par un, pourriez-vous organiser des rendez-vous ? Toujours au même endroit.
-Evidemment, évidemment ! »
Evidemment. Cet endroit était bien assez grand pour que je puisse y torturer à mon aise encore quatre hommes.
Quatre, cinq, six… Comment pouvait-elle voir du sang et me dire que ce n’était pas grave ? … Vieille folle psychopathe. Il était encore temps. Il était encore temps de tout arrêter, d’appeler John, de lui dire que je ne pouvais plus supporter mère. Et s’il ne voulait pas de moi, je pouvais toujours fuir, apprendre à vivre dans la rue… Je ne doutais pas de ma capacité à m’adapter. Mais j’avais besoin de vengeance. Je ne voyais plus que cela. Peu importait que je veuille être quelqu’un de bien. J’avais soif de sang… Une semaine. Ils seraient tous morts et alors …
Qu’est-ce que je deviendrais alors ? … Ne pensons pas à cela. Je fis disparaître mes vêtements tâchés, les laissant brûler dans la cheminée jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des cendres. Je n’avais pas choisi de devenir un monstre. Ils allaient payer et c’était normal… Logique… Juste.
…
« Mon chéri ! J’ai eu ce que tu voulais.
-Parfait.
-Monsieur Storm demain, dix-neuf heures. Monsieur Hachett dans deux jours, vingt heures.
Trois.
-Monsieur Grave dans trois jours, vingt heures… Et Monsieur Harris est parti vivre en Amérique… Il m’a dit qu’il serait ravi de te revoir si jamais tu passais en Virginie.
L’enfoiré. Comme si j’avais envie de le revoir de mon plein gré. Mais je n’ai pas le choix… Il sera le dernier. -Très bien. J’y serais.
-Ils voulaient organiser une soirée sans monsieur Harris, le quatrième jour.
-… Parce que c’est plus drôle lorsqu’ils sont plusieurs. Dites que je serais présent.
-Je savais qu’un jour, tu réagirais en homme, mon chéri ! Je suis fière de toi.
Va te faire foutre salope.-Merci mère. Je veux simplement vous satisfaire. »
Elle jubilait. C’était exactement ce qu’elle voulait entendre.
…
Edward Storm, dans mes souvenirs, il n’avait pas l’allure du meneur de bande. Le professeur pensait sauver sa peau en rejetant la faute sur quelqu’un d’autre. Non, le chef de leur joyeux club, c’était Monsieur Harris, qui avait décidé de me rendre la tâche plus ardue en allant vivre en Amérique… Pourtant, il m’invitait.
Comme au bon vieux temps. Un bon vieux temps que je ne parvenais pas à oublier… Pas tant qu’ils étaient en vie. Je lui offrirais sa plus belle soirée. Mais en attendant…
Edward Storm… Je l’avais revu après. En vérité, ils m’avaient tous violé plusieurs fois lorsque j’étais enfant, lorsqu’ils étaient tous ensemble mais certain trouvait que c’était bien moins excitant seul avec moi. Il n’y avait qu’Ed et Francis qui avaient demandé à ma mère de continuer à me voir. J’avais perdu les autres de vue… Mais ils ne m’avaient pas oublié.
Ravi d’apprendre que je fais bonne impression. Ed était un avocat, en excellente forme physique.
Evidemment, baiser des gamins c’est du sport. Il avait des enfants. Comme chacun d’entre eux. J’imaginais leur réaction horrifiée en découvrant leur père un manche à balai dans le cul.
« Bien ! »
Je pris une douche, cette fois je n’avais rien prévu. J’improviserais.
Cueillir des cerises… J’attrapai les vêtements que ma mère avait préparés pour cette soirée. J’avais l’habitude… Et je voulais qu’il ne m’oublie pas. J’enfilai la robe violette avec une pointe de dégout. Ce n’était pas le fait de porter une robe qui m’embêtait, c’était tous les souvenirs que j’y associais. Je me séchai les cheveux et rajoutai la perruque que ce cher Ed m’avait offerte, de la même couleur que mes cheveux, ils étaient longs et légèrement bouclés. Même moi je trouvais la différence frappante. Je ressemblais à une fille. Je mis un peu de gloss sur mes lèvres, du mascara… Autant faire les choses bien. J’avais l’air tout à fait innocente… Cette idée me fit sourire. La porte s’ouvrit.
« … Monsieur ?!
-Je vais à une soirée déguisée, Ana.
-… Vous êtes… Méconnaissable !
-Je sais. Que voulais-tu ?
-Votre mère a appelé une voiture, elle a dit que vous l’aviez bien mérité.
-Tant mieux. Je descends. »
Cela m’arrangeait. Je n’étais pas dans une tenue très… Adéquate pour traverser Londres la nuit… Je n’avais pas envie de me faire agresser. Encore. Je dépassai Ana, un peu mal-à-l’aise. C’était la dernière fois… La toute dernière fois que je portais ce genre de tenue. Je montai dans la diligence. Le cochet ne cessait pas de m’observer. Avec ces yeux que je ne pouvais que reconnaître qui disaient « Dès que j’te vois toute seule dans une ruelle : T’es baisée ma cochonne ! » Je comprenais toutes ces femmes qui avaient peur des hommes, un regard comme celui-là donnait envie de vomir. Il s’arrêta devant la vieille demeure. J’ouvris la porte du bâtiment.
Quatre, cinq, six… « Tu es magnifique, encore plus belle qu’avant. Lâcha Ed. »
Je tournai la tête, il était dans la pièce sur ma gauche. L’ancien salon, il ne restait que des meubles poussiéreux, rongés par les termites. Ed et les autres y avaient installé un lit. Les chaînes dont ils s’étaient servis pour m’attacher de nombreuses fois étaient toujours présentes… Pour moi, c’était le lieu le plus désagréable de la demeure. Mais cette fois, l’ambiance était différente. Ed avait allumé des bougies, le lit était couvert de pétales de roses. J’avais l’impression d’être dans une mauvaise pièce de théâtre. J’aurais pu trouver cela très mignon, s’il la personne assise sur ce lit ne me violait pas depuis mes sept ans. Mon sourire s’effaça. Je ne savais pas comme j’allais m’en sortir. Ed était le plus tendre, d’une certaine façon, je le pensais amoureux de moi… Ou du moins, amoureux de mon moi féminin. Je me souvenais de tout et lui… Il avait toujours essayé de me mettre à l’aise. Ce n’était pas suffisant pour l’épargner mais ça lui accordait une mort plus rapide. Il me fit signe de m’avancer. Deux pas dans direction.
Cueillir des cerises. « Tu vas bien ?
-Oui monsieur. Habitué à leur obéir, et puisque j’étais en position de faiblesse, il ne me venait pas à l’esprit de répondre autre chose.
-Tu peux m’appeler Ed. Il souriait, presque bienveillant.
-… Oui Ed.
-Comment trouves-tu la décoration ?
-… Démodée. »
Il éclata de rire. Cela me surprit. Que voulait-il ? Que j’oublie tout et qu’on tombe amoureux ? Cela ne marchait pas de cette manière. Il avait ruiné ma vie. Il n’avait pas le droit de changer de comportement ainsi… Il n’avait pas le droit de me faire douter. Je voulais le tuer. Je devais le tuer. Je baissai les yeux. Il se leva, s’approcha de moi et me releva la tête. Il me regardait dans les yeux, un sourire tendre sur les lèvres.
Un, deux…« Si tu n’as pas envie, on ne fera rien.
-Quoi ? C’était la première fois que l’on me demandait mon avis.
-Tu peux partir si tu veux.
-Ma mère ne sera pas d’accord.
-J’ai déjà payé ta mère.
-… Pourquoi faite-vous ça ? Vous ne me demandiez pas mon avis avant.
-Tu es … Plus grand maintenant… Alors ?
-Je reste. »
Ed sourit. Si je n’avais pas eu l’intention de le tuer, je serais surement parti. Ed pensait le contraire. Il devait croire qu’à force j’appréciais la chose… Voire même que j’étais tombé amoureux de lui. C’était un peu comme l’interrogatoire du gentil et du méchant flic. En étant doux avec moi, il était devenu le plus gentil, en me demandant, il montrait qu’il n’était pas insensible à mes sentiments. Finalement, je le trouvais encore plus exécrable. Hypocrite. Il n’aurait pas dû me poser la question. Il m’avait violé toutes ces années, pour me demander aujourd’hui si j’étais d’accord ?! C’était trop tard. Beaucoup trop tard.
« Tu ne voudrais pas me sourire pour une fois ? »
Mais oui je vais te sourire, Ed, quand tu seras à genoux devant moi, me suppliant de t’épargner. Là je te sourirai lorsque mes lèvres prononceront le mot fatidique : Non. La simple idée de ce moment m’arracha un sourire. Il parut content.
Si tu savais à quoi je pense, Ed. Il posa sa main sur ma hanche, et commença à défaire la ceinture de ma robe avec l’autre. J’arrêtai son geste. Il n’eut pas le temps d’être surpris, je me mis sur la pointe des pieds et posai mes lèvres sur les siennes, non sans ressentir un profond dégoût. Je devais le mettre à l’aise. Tant pis pour mes états d’âme. Il m’allongea sur le lit, je semblais ne rien peser dans ses bras. Il enleva mes bottes, caressa tendrement mes jambes, passa sa main sous la robe. Toujours ce sourire sur les lèvres. Comme si la situation était normale, qu’il était avec un amant. Je me laissai faire jusqu’à ce qu’il atteigne mon entre-jambe. Je le couchai alors sur le dos et montai à califourchon sur lui. Je m’installai de façon à ce qu’il ne puisse plus bouger. Il était peut-être plus costaud que moi, mais j’étais plus intelligent. Il se mit à rire. Soudainement joyeux que je prenne des initiatives. Etait-ce là la preuve d’amour qu’il attendait que je lui donne avec tant d’impatience ? Je me penchai jusqu’à son oreille. Je sortis discrètement mon scalpel et l’approchai de sa gorge. Ses mains se faisaient de plus en plus pressantes sur mon corps. Il me dégoutait. Je chuchotai :
« Savez-vous pourquoi je ne vous souris jamais, Ed ? … Parce que vous me donnez envie de vomir. Vous n’êtes qu’un sale porc. Lâche. Egoïste et hypocrite. »
Il perdit son sourire, le mien s’agrandit.
Un, deux, trois… Il ne comprit pas tout de suite. Il tenta de se débattre. J’appuyai mon scalpel sur sa gorge, jusqu’à ce qu’une goutte de sang vienne tâcher les draps. Il cessa de bouger.
« Si vous tentez quoique ce soit, je vous plante le scalpel dans la gorge. Je n’hésiterais pas. »
Je vis sa main gauche essayer de prendre quelque chose. Sa veste. Il y avait une arme dedans, un pistolet, petit, peu performant, servant juste à se défendre en cas de danger. Il me l’avait montré un jour. Mon arme se planta dans sa paume. Il hurla. Je me levai, attrapai le pistolet et le pointai sur Ed. Voilà le moyen de le faire obéir. Il voulut enlever le scalpel de sa main. J’intervins :
« Laissez ça. Je m’en occupe. Il ne faudrait pas vous blesser davantage, c’est coupant vous savez ? »
Des larmes roulèrent sur ses joues.
Je ne fais que commencer, Ed. Tu vas devoir t’accrocher ! J’attrapai le scalpel et l’arrachai d’un coup sec. Il cria de plus belle. Le sang coulait abondamment. Mais il n’allait pas en mourir. Je m’installai sur le seul et unique fauteuil de la pièce. En face du lit. En face d’Ed. C’était la place favorite de monsieur Harris.
« Déshabillez-vous. Lâchai-je finalement.
-Qu’est-ce que tu veux ?
-Je veux que vous enleviez vos vêtements. »
Je passai la main sur mes lèvres et mes yeux pour y enlever le maquillage. J’enlevai aussi la robe et enfilai la chemise trop grande d’Ed, ainsi qu’un jean –que j’avais apporté en prévision-. Il cessa de se dévêtir lorsqu’il fut en sous-vêtements. Je soupirai.
« Ma demande n’était pas claire ?
Il hésita.
-Vous plaisantez ? J’ai vu votre queue une centaine de fois et vous faites votre pucelle aujourd’hui ! Ce n’est pas la même chose de l’autre côté du canon, n’est-ce pas ? »
Il ne bougea pas davantage. J’appuyai sur la détente. Une balle dans le genou. Il s’effondra. Hurlant, pleurant, couinant… J’aimais voir l’espoir quitter leurs yeux. Pas de fuite. Il enleva son caleçon, non sans une once de fierté. Il la perdrait avant la fin de l’heure… Tout comme moi je l’avais perdue. Je lui lançai la robe.
« Mettez-la, Ed. Vous, le brillant avocat, j’ai tellement hâte vous voir en robe ! Votre femme et votre maîtresse savent que c’est moi votre préféré ? Je pourrais peut-être leur envoyer une lettre, qu’en dites-vous Ed ? J’ai des preuves. Des phrases que vous n’avez dû dire qu’à nous trois et que je connais. Telle que : … »
Je me levai et m’approchai d’Ed. Je mis le canon de mon arme dans sa bouche et appuyai sur son genoux. Ça fait mal Ed ? Son hurlement s’étouffa dans sa bouche, il pleura. Je me penchai au creux de son oreille.
« Tu es un rayon de soleil dans ce monde noirci par les ténèbres. Tu es mon ange tombé du ciel. Vous vous souvenez, n’est-ce pas, Ed ? Moi aussi je me souviens et je n’oublierai jamais. »
Je retirai le canon de sa bouche. Il enfila la robe tant bien que mal.
« Ton sort fut scellé le jour où tu posas la main sur moi, Ed. Tendresse ou pas. Cadeaux ou pas. Tu étais déjà mort. Mais je sais être magnanime, Ed. Aujourd’hui, tu m’as laissé le choix, alors je vais te le laisser à mon tour. Souhaites-tu une mort rapide ? Tu as trois secondes pour te décider.
-Je ne veux pas mourir ! Cesse de faire l’idiot !
-Deux.
-Voyons, c’est complètement ridicule ! Tu ne peux pas me tuer ?! Tu n’es qu’un gosse !
-Un.
-Tu ne me tueras pas, tu entends ?! »
Malgré ses blessures, il se jeta sur moi. L’instinct de survie pouvait parfois être très fort, j’avais lu cela dans un livre. Mais il avait peur, il était hésitant, et il manquait de forces maintenant. Je lui donnai un coup dans le ventre, sa respiration se coupa, il vacilla. Un second. Il tomba à genoux, poussa un hurlement et se roula en boule sur le sol. Je l’attachai sur le lit avec les chaînes, il ne se débattit pas bien longtemps.
« Ton temps est écoulé, Ed. J’ai lu que l’on pouvait mettre plus de trente minutes à mourir d’une hémorragie, qu’en dis-tu ?
-Non ! Non ! Je veux une mort rapide ! J’ai changé d’avis !
-Oups, trop tard ! »
Un sourire sur le visage, je lui plantai mon scalpel de manière à ce qu’il se vide de son sang le plus lentement possible. Comme j’estimais la torture trop gentillette, je décidai de lui arracher les ongles puis de lui couper les doigts avec lesquels il aimait tant me caresser. Lorsque j’eus terminé, je me relevai, léchai mon scalpel avec délectation et le regardai mourir. Cela prit moins de temps que ce que j’espérais mais vingt minutes, ce n’était pas mal. Je détachai son cadavre et le déplaçai de manière à ce qu’il ne soit plus visible. J’essuyai le sang, enlevai les draps et retournai le matelas. Je ne faisais pas le ménage pour cacher ma venue mais pour empêcher les autres de comprendre qu’il y avait un cadavre dans la pièce et de risquer qu’ils prennent la fuite. Je sortis de la vieille bâtisse et décidai de rentrer à pieds… Tout cela allait tellement vite et c’était si grisant … Je commençais déjà à me sentir mieux.
…
Je m’étais fait avoir. C’était clair, net et précis. Je m’étais fait avoir comme un débutant. En vérité, je n’avais même envisagé le fait qu’ils auraient pu comprendre ce que j’étais en train de faire. Je les avais sous-estimés et cela n’arriverait plus. Du moins, si je parvenais à m’en sortir cette fois-ci. Ils étaient peut-être assez stupides pour avoir envie de jouer avec moi encore une fois, mais ils ne l’étaient pas pour me laisser en vie. C’était à moi de trouver une solution.
Sept, huit, neuf … En attendant, je me demandais combien de temps j’allais rester dans cette position ridicule mais comme le disait Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses : La honte est comme la douleur, on ne l’éprouve qu’une fois. J’étais habitué à être traité encore moins bien qu’un animal, cela ne me faisait plus peur, plus mal … Ma fierté était déjà réduite à néant, ils pouvaient donc me faire ce qu’ils souhaitaient, je n’avais plus qu’une chose en tête : la vengeance qui suivrait.
« Tu as bien grandi, Nati. Lança Robert Hachett.
-Tu m’attires encore plus qu’avant, bonhomme ! Répondit ce bon vieux Yves Grave.
-Nati vous dit de bien aller vous faire foutre. Rétorquai-je. »
L’un des deux écrasa sa cigarette sur mon dos, Robert sans doute, Yves ne fumait pas dans mes souvenirs. En effet, à part leur voix, je ne pouvais rien savoir de ce qu’ils faisaient, j’étais allongé sur le matelas sur le ventre, enchainé, bras et jambes écartés, les yeux bandés. J’avais toujours été dans cette position dans cet endroit. C’était habituel. De cette manière, ils pouvaient me passer dessus l’un après l’autre sans craindre que je me débatte. Et de toute façon, contre un garçon de sept ans, qu’avaient-il à craindre ? Enfin là n’était pas la question. Cette période de ma vie était dernière moi. Ils n’avaient qu’à me torturer pendant que je cherchais une façon de me détacher. Mon corps était habitué à n’importe quoi. Je sentis l’un d’eux s’approcher de moi. Un frisson me parcourut. Je tentais de me persuader que tout cela ne pouvait plus me toucher mais je savais que le moindre geste me ramènerait à une autre époque et me paralyserait totalement. Il ne fallait pas que cela arrive. Il caressa mes fesses, évoquant des souvenirs avec son ami. Se remémorant chacune des cicatrices qu’ils avaient pris plaisir à dessiner sur ma peau.
Dans mon panier neuf…« Attendez…
-Et alors Nati ? Tu as quelque chose d’intelligent à dire pour une fois ?
-Détachez-moi.
-Pour que tu nous plantes un couteau dans le dos ?
-… N’aimeriez-vous pas que je participe activement pour une fois ? Ne serait-ce pas plus agréable ? Vous n’aurez qu’à me surveiller, vous êtes deux et je suis tout seul, vous n’avez rien à craindre !
-… Pourquoi tu ferais ça ?
-Je tiens à bien faire pour ma dernière fois … »
Ils hésitèrent, me jaugèrent sans doute puis se rendirent compte que je ne représentais aucun danger. Ils me détachèrent et me débandèrent les yeux. J’allais maintenant pouvoir réfléchir à un plan. Cela me laissait beaucoup plus de choix d’actions… Je savais exactement ce que j’allais faire et même si cela ne m’enchantait pas, aujourd’hui, c’était une question de vie ou de mort. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’ils avaient préféré l’idée de jouer encore avec moi plutôt que de me tuer après avoir retrouvé le cadavre de leur compagnon.
Sept, huit, neuf… Ils étaient tous les deux nus. Je fis le vide dans mon esprit.
Sept. J’allongeai Yves sur le matelas à ma place, sur le dos.
Huit. Ma langue lécha son torse poilu et dégoulinant de sueur, descendit jusqu’à son sexe en érection et le suça avec avidité. Je réprimai mon envie de vomir pendant que je faisais des va-et-vient sur son membre.
Neuf. D’un coup sec, mes dents se refermèrent dans ma bouche. Le sang envahit ma gorge, gicla sur mon visage. Un second coup et je recrachai un morceau du pénis d’Yves sur le sol. Il était paralysé d’effroi. Comprenant soudainement la situation, il hurla. Robert se précipita vers lui. Deux minutes, j’attrapai un bout de bois qui trainait. Il me fonça dessus, trop tard, je l’assommai. Il s’écroula. La rage d’avoir été encore une fois humilié par ces individus me donna la force de lui écraser la tête une trentaine de fois avec mon bâton. Yves n’avait pas bougé d’un pouce, aucun son ne sortait de sa gorge, c’était fascinant. Il ressemblait à une statue morbide. Je m’emparai d’un couteau dans la veste de Robert et coupait le reste de son sexe que je lui enfonçai dans la bouche. Cinq minutes après, il était mort étouffé. Dans
mon panier neuf. …
Au même instant, dans un château à Londres, la maîtresse de maison dort paisiblement lorsqu’elle ressent une légère douleur sur son avant-bras gauche. Pensant qu’il s’agit d’une piqure d’insecte, elle n’y pense pas plus que cela.
Elle ne mettra que quelques minutes à mourir. Le venin de mygale peut être foudroyant.
Dix, onze, douze : elles seront toutes rouges.