The Mysteries of Paris
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 Forgive me. [Pv ; Mathieu <33]

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MessageSujet: Forgive me. [Pv ; Mathieu <33]   Forgive me. [Pv ; Mathieu <33] Icon_minitimeDim 15 Sep - 16:59

Forgive me.
Mathieu & Florent

Un matin de plus se levait doucement sur la ville de Paris. Assis à la table du petit déjeuné, je trempais les lèvres dans ma tasse de café et en bus une gorgée amère. Je me surpris à penser que la vie avait le même goût. Amer. Je secouais la tête. Cela faisait plus de vingt ans que je me traînais comme une âme en peine. J'aurais dû me ressaisir, depuis le temps ; après tout, ce qui était arrivé était de ma faute, je devais assumer les conséquences, faire face, avancer. Oui... C'était beau, tout ça. Mais j'étais vieux maintenant : finies les femmes, terminées les longues galopades à travers les bois, envolées les folles années de ma jeunesse insouciante. A présent, la vie ne m'offrait plus aucun intérêt. Oh... Je m'étais quelque peu remis de mes erreurs, certes, avant de recevoir cette lettre de la part du Duc de Charny, dix ans auparavant. Lettre que j'avais lu, relu, et relu encore sans vouloir y croire, avant de me rendre à l'évidence : mon fils était mort. Je crois que je versais alors les dernières larmes qui restaient au fond de moi avant de ranger ce papier au fond du tiroir de mon bureau, le cœur déchiré. Et depuis dix longues années, je traînais le fardeau de mes erreurs. Depuis dix ans, la toute petite lumière qui brillait encore au fond de mes prunelles brunes s'était éteinte, comme la flamme d'une bougie soufflée par une brise de vent. Et depuis dix ans, je vivais comme une âme en peine, lassée. J'avais hâte que la mort vienne me prendre dans ses bras et m'amène dans l'au-delà. Hâte de quitter cette vie qui n'avait plus aucune saveur. J'étais seul. Qui comptait pour moi, désormais ? Je n'avais pas d'amis proches, mon frère vivait à Londres depuis fort longtemps, ma femme était morte, mon fils également... J'avais tout perdu, et c'était de ma faute. Entièrement de ma faute. J'aurais dû faire plus attention à ce qui m'était précieux, trouver des solutions... J'avais sans doute choisi la facilité, et tout était parti en fumée. Il ne restait que les cendres d'un souvenir déchus entre mes mains tremblantes.

Je terminais la tasse de mon café et me levais. Une bonne vint débarrasser la table alors que je montais dans mon bureau pour mettre en ordre quelques papiers. Étant l'aîné de la famille, j'avais repris l'entreprise de mon père lorsque j'étais devenu comte à sa place, à sa mort. Je gérais les choses depuis plus de trente ans. Cela aussi commençait à me fatiguer... Mais qu'importe. D'un geste machinal, je tirais la lettre du tiroir et la dépliais afin de la relire pour la énième fois. Je me demandais pourquoi je me faisais autant de mal, de mon plein gré. Sûrement par culpabilité : je méritais de souffrir, alors je souffrais. Les mots de la lettre étaient formels, clairs, concis... Presque secs et sans émotion.

Mon cher Comte,

Je ne vous écris pas par gaîté de cœur, cette fois. Nombreuses sont les lettres où vous m'avez demandé des nouvelles de votre fils, nombreuses sont celles où je vous ai répondu qu'il allait bien et ne manquait de rien. Hélas ! J'ai le regret de vous annoncer que votre fils est disparu aujourd'hui. Il a décidé de mener sa propre existence et je ne peux rien y faire, voyez-vous, j'ai ma propre famille maintenant, je ne dois plus me mêler de celles des autres. Aux dernières nouvelles, mon très cher comte, votre fils est décédé, je ne sais de quelle façon, inutile de me demander plus de précisions quant à son état. Toutes mes condoléances.

Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments les plus cordiaux.

Je poussais un soupir. Ce soupir fit naître une sourde douleur au creux de ma poitrine. Je fermais un instant les yeux, tentant de rappeler à ma mémoire les derniers instants passés avec mon fils... Je revoyais ses grands yeux pleins d'incompréhension lorsque je l'avais laissé chez le Duc de Charny. Il était si jeune... Cinq ans. Je ne l'avais plus jamais revu, mais avais écrit tous les mois à son intention. Puis mes lettres s'étaient espacées, car des malfrats voulaient ma mort. Un homme que j'avais, dans ma jeunesse, humilié, roulé dans la farine et envoyé en prison. La vengeance est un plat qui se mange froid, comme on dit, et il voulait me tuer. J'avais peur qu'il s'en prenne à mon fils, mon petit Mathieu, si inoffensif, dès que j'aurais eu le dos tourné. C'était pourquoi j'avais donné une coquette somme au Duc de Charny pour qu'il accepte de s'occuper de lui et l'élève comme son propre enfant. Qu'on ne sache jamais qu'il était le mien... Et qu'il ait la vie sauve. Sauf que maintenant, il était mort, et j'avais fait tout cela pour rien ! Dans un accès de colère soudaine, je déchirais la lettre et la jetais dans une panière qui servait de poubelle avant de me lever et de descendre quatre à quatre les escaliers qui menaient au rez-de-chaussé.

J'avais besoin de prendre l'air... Il fallait que je prenne l'air, vite, j'étouffais ici, à tourner en rond dans un bocal. Je mis ma veste et ouvris la porte. Marc, le majordome, vint vers moi pour me demander à quelle heure je comptais rentrer. Je lui répondis que je n'en savais rien, probablement pour le repas de midi, avant de sortir et d'entamer une marche monotone dans les rues. Pour couronner ma morosité, le temps était gris, il faisait froid et il menaçait de pleuvoir à tout instant. Les rues sentaient l'humidité et quelques flaques gadoueuses encombraient la route où des diligences roulaient plus lentement que d'habitude, tirées par des chevaux fatigués. Je resserrais un peu ma veste autour de moi, ne sachant où aller. J'errais sans but, comme toujours...

Je m'arrêtais non loin de la cathédrale Notre-Dame et levais les yeux vers les hautes gargouilles. Selon le roman de Victor Hugo, elles étaient vivantes. Mais je ne croyais pas en de pareilles chimères, bien sûr, comme tout le monde. Il ne s'agissait que d'une œuvre de fiction. Mon fils aurait-il eu ses chances de survivre si je l'avais laissé aux portes de ce lieu Saint, aux mains d'évêques qui l'auraient gardé auprès d'eux, aspirant à le faire devenir évêque ? Je secouais la tête et enfonçais les mains dans les poches de ma veste brune. Il ne servait à rien de ressasser le passé avec des « et si... », car ce qui est fait est fait... Mais je ne pouvais m'empêcher de me poser mille et une questions. Il était injuste que je vive encore et que mon fils soit six pieds sous terre. Était-il heureux dans l'au-delà ? M'avait-il pardonné avant de mourir ? Peut-être ne se rappelait-il même plus d'avoir eu un père autre que le Duc... Je poussais un nouveau soupir et continuais ma route dans les rues. Peut-être irais-je faire un tour dans le parc, non loin de la Tour Eiffel, afin de me laisser envahir par quelques lointains souvenirs. J'amenais souvent Mathieu y faire du carrousel ou voir des spectacles de magie, à l'époque. Le carrousel était toujours là... Mais pas mon fils.

« Ca suffit... J'en ai assez. »

Je me laissais tomber sur un banc mouillé et posais mes mains sur mes genoux, fatigué de penser à Mathieu jour après jour, à toute heure de la journée. Alors que mes yeux étaient perdus sur les dalles du trottoir, je vis un petit bout de papier virevolter de la poche d'un passant et venir s'écraser sur le sol humide. Je me levais et le ramassais avant de tourner la tête sur ma gauche afin de voir à qui appartenait cette carte de visite d'un certain club de la ville dont j'avais vaguement entendu parler. Un jeune homme marchait tranquillement en compagnie d'une Dame ; aussi courtois que possible, j'interpellais le gentilhomme :

« Excusez-moi, Monsieur... Mille excuses, il semblerait que vous ayez fait tomber ceci de votre poche. » à grandes enjambées, je me dirigeais vers le couple et tendis la carte à l'homme. Je plongeais mes yeux dans les siens et mon cœur rata plusieurs battement. Un fantôme ! Je devins livide. Mon fils. Mais non, bien sûr que non ! Je me traitais de tous les noms, en mon fort intérieur. Stupide. J'étais stupide. Ce gentleman ne pouvait pas être mon fils puisque Mathieu était mort, comme l'avait précisé le Duc dans sa charmante lettre. Je me forçais à sourire, pour rester poli, mais ce ne fut qu'une ombre qui apparut sur mon visage. Cet homme avait exactement les mêmes yeux que mon fils. Et quels yeux... ! Un mélange des miens – gris et bleutés, et de ceux de sa défunte mère, bleus et purs. Je détournais les yeux : il était malpoli de fixer trop longuement quelqu'un que l'on ne connaissait pas. Cependant, je soufflais une question en sa direction, en guise de justification pour mon étrange conduite : « Excusez-moi mais... J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part. Nous connaissons-nous ? Cela est sans doute une erreur de ma part, et j'en suis désolé, mais... Vos yeux sont difficilement oubliables, à mon sens. »

« Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes, Toute lune est atroce et tout soleil amer. » ► VERLAINE
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MessageSujet: Re: Forgive me. [Pv ; Mathieu <33]   Forgive me. [Pv ; Mathieu <33] Icon_minitimeMer 18 Sep - 3:01

Ca vous exaspère ? Tant mieux, c’est fait pour. Je suis un petit con, un sale petit con qui se la pète du haut de ses vingt-deux ans et de ses millions. Mon optique ? Emmerder le monde, vous compris. Car emmerder le monde est la solution, la panacée contre l’ennui.
Les vrais hommes créent leur propre chance.   ♡

« Vous m’avez ruiné ! Ma fille a tenté de mettre fin à ses jours après les calomnies que vous avez écrites à son sujet ! N’avez-vous donc pas de cœur ?! Aucun homme ne voudra la prendre pour épouse maintenant !
-Monsieur, je vous prierai de ne pas hausser le ton. Je n’ai fait que mon travail, je n’y peux rien si votre fille s’est dévergondée. »

Un sourire arrogant sur les lèvres, je me servis un verre de Gin. Il donna un coup de poing sur mon bureau, il semblait vraiment très énervé. Je n’allais pas le plaindre, c’était de sa faute, pas de la mienne. Je ne faisais qu’écrire les secrets des aristocrates pour vendre mes journaux. Je me débrouillais d’ailleurs plutôt bien, je possédais une jolie fortune et je ne cessais de gagner en célébrité. Mais évidemment, je ne plaisais pas à tout le monde, surtout pas aux nobles de Paris. Ce qui était logique, je passais mon temps à les humilier publiquement, c’était un travail que j’appréciais particulièrement mais … Pas eux. J’étais passé par des choses que tous les gens qui m’accusaient ne pouvaient même pas imaginer pour en arriver là où j’étais. Alors qu’eux, ils avaient tout eu gratuitement, n’était-ce pas injuste ? Pourquoi n’aurais-je pas eu le droit de détruire leur vie en quelques phrases ? Il donna un violent coup dans une statuette en bronze représentant Dionysos. Celle-ci s’écrasa sur le parquet… Pourquoi ce genre de rencontre devait-elle toujours se faire dans la colère ? A chaque fois, c’était mon mobilier qui en pâtissait, cela ne m’amusait pas de toujours devoir racheter des œuvres d’art parce qu’un abrutit avait décidé de se défouler dessus.  

« Vous n’êtes qu’une sale pourriture ! Vous pensez que vous êtes plus intelligent que tout le monde mais vous n’êtes qu’un être détestable sans cœur !
-Je vous ai déjà demandé de vous calmer, Monsieur. Mon article a été publié, il n’y a de toute façon plus rien à faire. Donc pourquoi venez-vous vous plaindre ?
-Ecrivez autre chose ! Dites que tout cela était faux !
-… Je crois que je vais être obligé de refuser votre offre. »

Je bus mon verre d’alcool cul sec et le reposai. Je vis son visage changer d’expression. Il se jeta sur moi. Mais j’étais plus jeune, plus musclé,  je lui mis un coup de poing dans le ventre et lui écrasai la tête sur le bureau en lui tenant un bras dans le dos. En vérité, cela n’avait aucun rapport avec ma musculature. J’avais seulement l’habitude de ce genre de choses, la plupart des parents venaient se plaindre de mes articles, je ne comptais plus le nombre de jeunes femmes que j’avais tuées. De manière involontaire bien sûr ! Mais je causais plus de suicides qu’un chagrin d’amour. Qui allait pleurer ces jeunes dépressives ? Fallait-il être stupide pour se donner la mort à cause d’un petit scandale. Après un mois, les gens ne s’en souvenaient plus. Enfin, qui étais-je pour juger de l’intelligence de mon prochain ? L’homme me demanda de le laisser partir. Toujours souriant, j’appuyai un peu sur son bras.

« Vous devriez partir maintenant. Je ne suis pas navré pour votre fille, d’ailleurs, pour vous parler franchement, je m’en fiche qu’elle ait tenté de se suicider. La seule chose que j’aime plus que mon travail, c’est l’argent et la somme que je demanderai pour rectifier mon article est au-dessus de vos moyens. Rentrez chez vous et occupez-vous de votre jolie petite libertine, dans quelques semaines, tout le monde aura oublié cette histoire et elle épousera un riche Comte qui se fichera de sa virginité. »

Je le lâchai, il me regarda et me cracha à la figure. Geste tout à fait inédit, ce n’était vraiment pas très classe pour un marquis. Il claqua la porte, je m’essuyai la joue et je ramassai ma statuette. Je regardai ma montre lorsque quelqu’un frappa à la porte. Cette matinée commençait vraiment à m’ennuyer, j’étais un journaliste bon sang ! Je devais créer des scandales ! Mais fort heureusement, aucun vieil homme en colère n’entra. Il s’agissait d’une ravissante jeune femme que j’avais rencontrée dans un quelconque club. Elle était belle, une chevelure rousse, des yeux verts, elle était comtesse ou vicomtesse, peu m’importait à dire vrai. J’acceptais de sortir avec elle quelques temps, jusqu’à pouvoir la mettre dans mon lit mais je ne comptais pas passer ma vie à ses côtés. Comme toutes les femmes que j’avais connues d’ailleurs –ou les hommes. Ne pas s’attacher, c’était mon crédo. Je ne laissais personne entrer dans ma vie, me connaître trop en profondeur. Il y avait de toute façon des choses qu’il ne valait mieux pas savoir. Me rapprocher des gens, c’était prendre le risque d’être abandonné une fois encore. Et cela, je m’étais promis que plus jamais ça n’arriverait. Je me débrouillais beaucoup mieux en étant solitaire. Je souris à ma Dame et enfilai ma veste. Je pris son bras. Nous allions déjeuner ensemble, je voulais l’emmener au club pour la faire boire un peu et la conduire dans une des chambres. Elle était trop jeune pour accepter de manière totalement consciente de faire l’amour avec moi. Les jeunes filles de bonnes familles savaient que ce n’était pas bien. Surtout grâce à moi, en y repensant, je me mettais moi-même des bâtons dans les roues, n’importe qui pouvait ruiner une réputation en sachant le bon secret. Nous sortîmes de mon bureau. Le temps n’était pas aussi beau que je l’avais imaginé. Il faisait froid, il allait pleuvoir… J’aimais bien la pluie. La demoiselle à mon bras se plaignit de la température, du fait que la pluie allait faire friser ses cheveux … Des histoires ennuyeuses de jeunes femmes ennuyeuses. C’était aussi pour cette raison que je préférais les Hommes. Eux au moins ne parlaient pas constamment de choses banales et sans intérêts. Ils ne s’encombraient pas de mots, ils agissaient et c’était cela qui les rendait sexy. Nous marchions tranquillement, elle parlait et je n’écoutais pas, lorsqu’un homme nous interrompit. Je me tournai vers lui. Je le regardai brièvement et pris la carte qu’il me tendait. Il aurait été bête de perdre mon ticket pour mon club favori. Je trouvais son sourire un peu bizarre. J’avais la vague impression de le connaître mais j’avais refoulé tous mes souvenirs avant mes seize ans donc je n’en étais pas sûr et s’il datait de mon enfance, je n’avais de toute façon pas envie de m’en rappeler. Il détourna les yeux, je me sentais mal-à-l’aise. Je voulais partir mais évidemment, il posa sa question. Mes yeux étaient tout à fait oubliables et j’aurais préféré qu’ils le soient. Je ne voulais connaître personne… J’avais totalement occulté ma jeune compagne et j’avais perdu mon sourire.

« Je ne pense pas que nous nous connaissions. Vous commettez une erreur. Mes yeux sont plus que quelconques. Maintenant, si vous le permettez, je vais continuer mon chemin. Merci pour la carte. Je rangeai la carte dans ma poche et plongeai mes yeux dans les siens. Au fond de moi, je savais parfaitement qui il était. Mais je le haïssais de tout mon cœur et de toute mon âme. Si vous me reconnaissez, je ne peux que vous conseiller une chose : Oubliez-moi. »

Je repris le bras de ma partenaire mais ma bonne humeur avait disparu. Cet homme avait réussi à m’ennuyer. Nous partîmes en direction de mon club. Mais je n’avais plus envie de m’y rendre. Cette fois, la jeune femme et sa langue m’énervèrent et je lui ordonnai de se taire si elle ne voulait pas rentrer toute seule. Elle m’obéit. Evidemment, je ne parvenais pas à oublier l’autre homme. Pourquoi fallait-il toujours qu’aux meilleurs moments de mon existence quelqu’un vienne pour tout gâcher ? Je poussai la porte du bâtiment et fis passer ma compagne devant moi. Je n’eus même pas besoin de montrer ma carte, tout le monde me connaissait. Les clubs de riches étaient mon passe-temps favoris. Les hommes pouvaient y fumer, jouer aux cartes, coucher avec des filles –ou des hommes- de joie. Bref s’amuser sans se soucier de son épouse ou des qu’en-dira-t-on. Je commandai à boire pour ma Dame et lorsque je la jugeai assez ivre pour me suivre, je l’emmenai dans une chambre à l’étage. Je lui fis l’amour avec tendresse. Et je la laissai dormir sur le lit. Je redescendis au bar, il s’était écoulé environ une heure. Je commandai un verre de gin et le bus accoudé au comptoir. A une table, je reconnus l’homme qui m’avait abordé plus tôt dans la journée… A croire qu’il me suivait. D’ailleurs, il me suivait, je ne l’avais jamais vu ici. Je pris mon verre –à nouveau rempli-, et me dirigeai vers sa table.

« Vous êtes tombé amoureux de moi ? Je ne vous ai jamais vu ici et je ne crois pas me tromper en affirmant que vous n’êtes pas le genre d’homme qui apprécie ces clubs. Donc vous êtes ici pour moi mais vous allez être extrêmement déçu. Peu importe qui vous pensez reconnaître en moi, je ne suis pas cette personne… Je ne le suis plus. Alors laissez-moi tranquille. »

Je bus mon verre d’un trait, mon esprit s’embrouilla quelque peu. Je buvais depuis longtemps mais les effets de l’alcool n’avaient jamais disparu. Cela dit, c’était bien pour cette raison que j’aimais boire. Oublier, m’enivrer. Je retournai m’asseoir au comptoir sans lui jeter un seul regard. Je commandai mon septième verre de Gin depuis le début de la matinée. Je n’existais plus pour lui. J’étais quelqu’un d’autre dont il ne serait sans doute pas fier, quelqu’un qu’il n’aimerait pas avoir pour fils. J’étais cupide, insensible, arrogant … Complètement pourri à l’intérieur. Sali par des choix que j’avais faits pour ne plus souffrir. Je pouvais empêcher les gens de m’aimer tout comme je pouvais éviter de les aimer. Et de toute manière, s’il y avait bien un homme que je détestais en ce monde, c’était lui. Je fis doucement tourner mon verre, les yeux fixés sur le contenu en soupirant.

« Qu’espère-t-il en me poursuivant de la sorte ? Rien ne sera jamais plus comme avant… »

Je trempai mes lèvres dans l’alcool et tentai d’oublier tout cela. Rien de plus simple …



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MessageSujet: Re: Forgive me. [Pv ; Mathieu <33]   Forgive me. [Pv ; Mathieu <33] Icon_minitimeDim 22 Sep - 3:50

Forgive me.
Mathieu & Florent

Si j'avais cru aux fantômes... Mais je n'y croyais pas. La ressemblance était peut-être frappante, mais cet homme n'était malheureusement pas mon fils. Comme j'aurais aimé qu'il le soit ! J'aurais tout donné, vraiment tout, juste pour qu'il soit en vie... Je me fichais presque qu'il me parle, que nous nous revoyons... Simplement le savoir en vie et en bonne santé. Cela aurait suffi à apaiser le tourment de mon âme. Mais ce n'était pas le cas... Et le cruel destin me jouait encore des tours en faisant apparaître sur mon chemin une personne aux yeux semblables, aux traits semblables... Je revoyais en lui le petit garçon que j'avais jadis élevé. Pendant cinq petites années qui semblaient lointaines maintenant... Tellement lointaines...

* * *

Assis sur la terrasse de mon manoir, je dégustais une tasse de thé. Le soleil brillait haut dans le ciel d'été, inondant la campagne de ses bienfaits. Les fleurs du jardin resplendissaient, l'herbe verdoyait et Mathieu jouait plus loin. Je lui avais promis de l'amener faire un tour sur la grande place plus tard dans l'après-midi afin de lui acheter une glace et de lui payer un tour de carrousel. Il adorait ces chevaux de bois sur lesquels il se croyait chevalier. Adorable. Mon souffle de vie et de jeunesse. Un sourire naquit sur mon visage lorsque je le vis arriver vers moi en faisant semblant de galoper, tenant entre ses mains des rênes imaginaires. Il s'arrêta devant la table et me regarda droit dans les yeux avant de glisser sa main jusqu'aux petits gâteaux. Je lui avais interdit d'en prendre plus que quatre, et il s'apprêtait à me désobéir en me regardant effrontément. Bien loin d'avoir envie de le punir, je pris pourtant un air faussement sévère et levais mon index en signe d'avertissement. Mais il poussa un peu plus la provocation, attrapa le biscuit et l'engloutit sans que je puisse le lui arracher. Je haussais les sourcils avant de les froncer. « Dis donc, petit chenapan, attends un peu que je t'attrape ! » il poussa un cri et s'enfuit en courant. Je me levais d'un bond et le poursuivis à travers le jardin, faisant semblant de courir moins vite, avant de finir par le rattraper et de le faire tournoyer dans les airs, le soutenant de mes bras musclés. Je laissais un rire franc franchir mes lèvres alors que lui aussi s'esclaffait en hurlant de bonheur.

* * *

La voix de l'homme me rappela à la réalité et je plongeais à nouveau mes yeux dans les siens. Il passa son chemin, me laissant penaud au milieu du trottoir, les bras le long du corps. Mes épaules de voûtèrent d'elles-mêmes, muées par mon habituel abattement. Qu'espérais-je ? Que cet inconnu me dise, sourire aux lèvres, qu'il était mon fils, qu'il n'était pas peur, qu'il m'aimait, et que nous nous tombions dans les bras en nous racontant ces vingt dernières années au coin d'un bon feu ? Pures chimères que celles-ci. Je baissais la tête durant quelques minutes jusqu'à ce qu'une dame me demande pardon, car je bloquais la route des passants. Je m'excusais humblement avant de me détourner et de rentrer au manoir. Les dernières paroles de cet homme tournaient dans mon esprit, inlassablement. Oubliez-moi. Mais comment oublier ces yeux si purs ? Mes yeux de mon fils. Je devais en avoir le cœur net ! Je devais m'assurer que les fantômes n'existaient vraiment pas. Je rentrais rapidement à mon manoir afin de revêtir des habits plus adéquats. Je me souvenais de l'adresse indiquée sur la carte que j'avais ramassée pour l'homme tout à l'heure, il s'agissait d'un club plus ou moins fréquentable ou quelques débauchés y allaient. Un club de riches qui vantaient leurs richesses, en quelque sorte. J'allais m'y rendre et retrouver cet homme et lui poser des questions, que cela soit poli ou non. Je devais le faire. J'en avais besoin. Il fallait que je sois sûr et certain que ce n'était pas le fantôme de mon petit Mathieu... Qui ne devait plus être si petit que ça, aujourd'hui... Et qui n'aurait pas dû l'être s'il était encore en vie. Je pris soin de coiffer mes cheveux bruns avant de sortir et de me diriger vers ce club en début de soirée.

Lorsque j'entrais à l'intérieur, j'étouffais aussitôt. L'ambiance était de celles que je n'appréciais guère. Mais tant pis ! J'étais prêt à bien pire pour m'assurer que mes espoirs étaient tous éteints. Je m'assis tranquillement dans le fond de la salle et commandais un simple verre de whisky que je ne pris même pas la peine de porter à mes lèvres, impatients d'apercevoir l'homme de la foule. J'étais sûr qu'il viendrait, allez savoir pourquoi... Une intuition. Au bout d'un moment, je le vis. Je n'eus pas besoin de me lever, il s'avança vers moi de lui-même. Je lui fis un sourire empreint de politesse. C'était fou comme il lui ressemblait presque trait pour trait... L'étincelle éteinte au fond de mes yeux se remit à briller une fraction de seconde. Je priais le Ciel. Mon Dieu, faites qu'il soit vivant, je vous en prie, faites que ce soit lui, s'il vous plaît, Seigneur... Les paroles que l'homme m'adressa furent troublantes. Il semblait se souvenir de moi, lui aussi, quoi d'autre sinon ça ? Il but son verre d'une traite. Il fit demi-tour. Je restais assis sans rien dire, les yeux perdus dans le vague. Je croyais aux fantômes maintenant. J'en étais sûr... Pour quelles raisons le Duc m'aurait menti, je l'ignorais, mais ce qui comptait, c'était que mon fils était bel et bien là. C'était lui. Vraiment lui. Je ne rêvais pas. J'étais sûr que je ne rêvais pas... Mais pourtant... Comment en être sûr ? Comment le savoir ? Je passais une main dans mes cheveux bruns avant de me lever, lentement, et de me diriger vers cet homme qui reposait près du comptoir, nouveau verre en main. Il semblait à moitié ivre. Peut-être que je me faisais des illusions, après tout... Peut-être que cet homme n'était pas mon fils et que ce discours n'était que le résultat d'une personne complètement ivre... Comment le savoir ?

Je décidais finalement de le rejoindre vers le comptoir, le cœur battant. Je ne savais pas si j'avais raison d'espérer si c'était pour être déçu une fois encore. Mon cœur ne supporterait pas d'être brisé une fois de plus. Mais au point où j'en étais, il fallait au moins que j'essaie, non ? Je me levais donc et me plaçais juste à côté de lui. Comment lui parler ? Dans le pire des cas, je passerais pour soûl et malpoli, et voilà tout. Mieux valait ça qu'autre chose. « Vous appelez-vous Mathieu, monsieur ?  J'ai eu un fils de ce nom et vous lui ressemblez beaucoup... On m'a rapporté qu'il était mort il y a dix ans. Pourtant vos yeux sont les mêmes, vos traits sont les mêmes... Alors si vous vous souvenez de moi, si vous vous appelez bien Mathieu, je vous en prie, ne me laissez pas aussi triste, dites moi que mon fils n'est pas mort... » tout cela était sans doute un peu mélodramatique mais... Je le pensais du plus profond de mon âme. J'essayais d'intercepter son regard, les yeux plein d'un espoir renouvelé. Espoir timide, certes, mais tout de même présent. J'essayais de l'étudier, de trouver des défauts dans son visage mais plus je le regardais, plus je renvoyais l'enfant souriant, les yeux brillants de rêves et d'étoile que je connaissais...

* * *

Les enfants riaient autour de nous. J'aidais Mathieu à monter sur le cheval en bois du carrousel dans le parc et restais debout alors que le manège commençait à tourner sur lui même. Lorsque mon fils passait devant moi, je lui faisais de petit signes de la main alors que, très fier, il se tenait droit sur son cheval, tel un chevalier prêt à donner l'assaut et délivrer une gentille princesse. Le tour finit, je récupérais Mathieu dans mes bras et le posais à terre. Infatigable, il me saisis la main et m'entraîna vers le stand de glaces afin que je lui en paie une. Il savait que je ne lui refusais rien très longtemps et que je cédais fatalement devant ses yeux bleus et faussement implorent. Il m'arrivait de me montrer ferme lorsqu'il faisait des bêtises, mais là, il ne s'agissait que de glace... Pourquoi lui en priver alors qu'il pouvait en avoir ? Je passais une main affectueuse dans ses cheveux et lui payais une glace de son goût avant de lui reprendre la main et de l'amener se promener dans le parc puis de rentrer au manoir. Il avait une leçon de piano.

J'aimais mon fils plus que tout au monde, cela allait de soi, n'est-ce pas ? Alors pourquoi l'avais-je abandonné... ?

« Monsieur, le journal. » Je remerciais le majordome et dépliais la revu du jour. Mes yeux tombèrent sur le gros titre : Jean-Luc Maillard sortait de prison. Mon cœur rata un battement. Je connaissais très bien cet homme pour la simple et bonne raison qu'il s'était retrouvé en prison par ma faute. Lorsque les policiers l'avait arrêté, je me souvenais du regard mauvais et furieux qu'il m'avait lancé, ainsi que cette promesse. Celle de me retrouver et de me briser comme une brindille. Je déposais le journal sur la table, pensif avant de tourner la tête vers mon fils qui prenait son petit déjeuné en compagnie de la bonne qui lui servait du chocolat chaud et lui faisait des tartines de confitures. Et s'il décidait de s'en prendre à mon fils, pour commencer à me briser... ?

* * *

Je sortis aussi brusquement de mes souvenirs que j'y étais entré. Mes yeux se plongèrent dans ceux de mon fils alors qu'un serveur m'apportait un verre de Whisky. Cela faisait longtemps que je m'étais efforcé d'arrêter de boire. L'alcool... Un cercle vicieux qui n'en finissait plus. J'avais du me faire violence pour arrêter de boire car j'avais chuté dans ce tourbillon lorsque j'avais appris la mort de Mathieu. Mais maintenant, je retrouvais un peu d'espoir. Une toute petite lueur tremblotante... J'espérais. Ce soir, je voulais croire aux fantômes.

« Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie : Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. » ► Gérard de Nerval
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MessageSujet: Re: Forgive me. [Pv ; Mathieu <33]   Forgive me. [Pv ; Mathieu <33] Icon_minitimeJeu 10 Oct - 8:48

Ca vous exaspère ? Tant mieux, c’est fait pour. Je suis un petit con, un sale petit con qui se la pète du haut de ses vingt-deux ans et de ses millions. Mon optique ? Emmerder le monde, vous compris. Car emmerder le monde est la solution, la panacée contre l’ennui.
C’est seulement quand on a tout perdu qu’on est libre de faire ce que l’on veut.  ♡

Ne comprenait-il pas ? Mes doigts se resserrèrent autour de mon verre de Gin. Mon cœur se brisait à chacun de ses mots. Je voulais qu’il se taise. Ne pouvait-il pas m’oublier ? Il l’avait déjà fait une fois. Je ne savais pas ce qu’il attendait. Oui, je m’appelais Mathieu, bien sûr que je ressemblais à son fils puisque je l’étais. Mais ce n’était certainement pas cela que j’allais répondre. Il avait perdu le droit d’être mon père depuis au moins vingt ans. Alors comme cela, j’étais mort depuis dix ans ? Non, je pense que si cela avait été le cas, j’aurais été le premier au courant. Mais cela n’excusait rien n’est-ce pas ? Il avait tout de même eu dix ans pour venir me chercher. Me harceler de questions stupides dans mon club n’allait certainement pas jouer en sa faveur. Pour ce qui était de sa tristesse. En parlant vulgairement, il pouvait aller se faire foutre.  Croyait-il que j’avais passé quinze années merveilleuses après son départ ? Pensait-il que moi j’avais été heureux ? J’avais souffert bien plus que lui alors si j’avais l’occasion de le laisser dans son état de dépression et de le voir lentement mourir, je l’aurais fait volontiers. J’étais satisfait qu’il ressente au moins un peu de culpabilité et de tristesse. Au moins je n’avais pas été le seul. Lui, il n’avait pas eu besoin de se demander tous les soirs ce qu’il avait pu faire de si mal pour que son père adoré ne vienne pas le chercher. Lui, il ne s’était pas endormi sur le rebord de sa fenêtre chaque nuit pendant cinq ans parce qu’il espérait voir son père arriver. Lui, il n’était pas orphelin. Donc il n’avait rien à me demander. S’il pensait que j’étais Mathieu alors tant mieux pour lui mais il  ne méritait certes pas que je gaspille ma salive. Je ne voulais rien entendre de sa part, ni remords, ni excuses, ni un quelconque mot gentil. Je m’en fichais. Il était mort. Depuis plus de vingt ans. S’il voulait de moi, il était trop tard pour me l’annoncer. Je n’avais plus besoin d’avoir des parents, j’étais libéré de ces attaches stupides. Pas de relation stable, pas de famille. Il n’y avait que moi dans mon monde, il n’en faisait plus partie. Je bus mon verre sans lever les yeux sur lui. Sa présence m’exaspérait. Je n’arrivais pas à croire qu’il vienne m’implorer de ne pas le laisser languir après ce qu’il m’avait fait. Je ne pouvais tout simplement pas lui pardonner d’avoir été un père exécrable, égoïste et ignoble. J’étais certain qu’il avait fondé une famille, qu’il avait épousé une autre femme, qu’il avait quatre enfants parfaits. J’étais devenu un fardeau après la mort de ma mère, il avait peut-être rencontré une femme et s’était débarrassé de moi pour tout recommencer ? Je n’en savais rien. Étrangement, il devait être la seule personne dans Paris sur qui je n’avais aucune information. Je ne voulais pas savoir. Je n’étais pas son fils et il n’était pas mon père, rien n’était difficile à comprendre là-dedans. Je me levai, toujours sans le regarder.

« Je suis pressé et vous commencez à m’ennuyer donc cessez de m’importuner. Je sais mieux que quiconque que remuer le passé n’amène que des ennuis, Monsieur. Il vient un temps où il faut apprendre à lâcher prise. Mon poing se serra le long de mon corps. Moi, j’avais mis des années à lâcher prise et je ne voulais pas revenir en arrière. Je ne voulais pas craindre d’être déçu, à nouveau. Rentrez chez vous. »

Je me dirigeai vers la porte, mes jambes tremblaient légèrement et j’avais chaud, mais je gardais toute mon allure noble. Je ne voulais pas qu’il pense qu’il m’avait troublé. Car au fond de moi, il y avait un petit garçon qui hurlait d’aller me jeter dans ses bras et de tout lui pardonner. Mais cela aurait été trop facile à mes yeux. Je n’étais plus cet enfant, il était enfermé au fond de mon cœur et il n’avait pas son mot à dire. J’allais sortir lorsqu’une voix familière m’appela. Certains hommes se tournèrent vers elle dans le bar. Evidemment, elle se sentait obligée de crier.
« Mathieu ! Vous avez oublié votre chapeau après votre départ. Elle m’embrassa sur la joue et me chuchota : Appelez-moi ! »
Pendant une demi-seconde, mes yeux croisèrent ceux de l’homme qui se disait être mon père au bar. Mathieu, je m’appelais bien Mathieu. Je pris le chapeau que je mis. Je me détournai et sortis du club. Tout allait bien dans ma vie aujourd’hui, alors pourquoi avait-il eu besoin de surgir à nouveau ?! J’arrivais à être heureux sans lui. J’étais seul, mais j’étais heureux … Pourquoi avait-il eu besoin de venir gâcher ce que j’avais mis tant de temps à construire ?! J’avais réussi sans lui, il n’était pas indispensable, je ne voulais plus le voir. Jamais.

Je m’appuyai contre le mur, mes jambes vacillaient et mes pensées se bousculaient dans mon crâne. J’étais épuisé. Cet homme était mon père. Je l’avais attendu vingt ans et il revenait en souriant, croyant que j’allais lui pardonner. Mais je le détestais. Il m’avait abandonné. Il m’avait oublié. Pas une lettre, pas une visite. Il n’avait plus voulu de moi. Il n’avait aucune excuse pour sa conduite. Il m’avait toujours menti, il m’avait dit qu’il m’aimait, qu’il s’occuperait toujours de moi et il m’avait laissé. Alors il était normal que je le laisse à mon tour. J’avais été un fardeau pour les gens qui m’avaient élevé et tout le monde se moquait de moi lorsque je parlais de mon père. Il était venu un temps où j’avais arrêté de croire. J’avais grandi. Parce que l’espoir d’être sauvé par celui qui aurait dû me protéger ne se réaliserait jamais. Aujourd’hui, il ne méritait rien, pas même un simple salut dans la rue. Je préférais être seul qu’accompagné. Et de toute façon, il n’y avait que ma petite personne qui comptait à mes yeux. Moi et seulement moi. Les autres n’étaient pas importants. Je décidai de rentrer chez moi. Je voulais oublier cette rencontre et rien de mieux pour cela que mes bouteilles de Gin hors de prix d’excellente qualité ! Je montai rapidement les marches et j’ouvris la porte de mon appartement, ma foi, fort luxueux. Je me laissai tomber sur le canapé, la bouteille d’alcool à la main.

Huit jours plus tard
J’avais reçu une lettre chaque jour pendant une semaine. Cet homme qui se disait être mon père… Je supposais qu’il m’implorait de le pardonner ou bien me demandait une seconde chance en m’expliquant qu’il n’avait pas eu d’autres choix que de m’abandonner lâchement. Ou peut-être encore me racontait-il qu’il avait eu des affaires plus urgentes à régler. Je n’en savais rien et je ne m’attendais à rien. Je décidais courageusement de brûler chacune des lettres sans le lire, peu m’importait ce qu’il disait, ce qu’il racontait … Ce qu’il inventait pour se trouver des excuses. Ce passé n’existait plus. Cependant, avant de jeter la dernière enveloppe dans la cheminée, j’avais, pour une fois, très peu bu et je remarquais que je n’aimais en aucun cas recevoir quelque chose de lui. Il fallait donc que j’y mette un terme, une bonne fois pour toute. Je regardai l’adresse et glissai la lettre dans la poche de ma veste. J’attrapai ma canne et mon chapeau et je sortis de mon appartement. Il n’y avait rien de plus énervant que les gens qui s’accrochaient un peu trop férocement, telles des sangsues avides de sang. Je montai dans une diligence pour rejoindre le manoir de mon « père ». Je sautai à terre lorsque la voiture s’arrêta, bien décidé à mettre fin à tout cela… Mais en voyant la demeure, je fus pris d’une étrange sensation. Je vacillai quelque peu et ma tête se mit à tourner. Je vis un petit garçon blond courir, il passa juste à côté de moi. Il était heureux, souriant. Un homme le suivait et lorsqu’il l’attrapa enfin, le fit tournoyer dans ses bras. Je reconnaissais cet endroit. J’avais fait des bonhommes de neige dans cette cour ... Le petit garçon blond me sourit, comme si tout le bonheur du monde n’était disponible qu’à un seul endroit … Dans les bras de son père. Il ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer. Il était trop petit, trop fragile… J’avais appris que bien des hommes, merveilleux en apparence, n’étaient en réalité que des menteurs malhonnêtes et faibles.

Je m’approchai lentement de la porte et y donnai trois coups forts. Le majordome vint m’ouvrir. Je lui indiquais que je venais voir le propriétaire du terrain sans donner mon nom. Il parut un peu surpris, je ne parvenais pas à savoir s’il me reconnaissait ou pas (ou s’il m’avait au moins connu). Il me fit entrer et me conduisit à une bibliothèque en me demandant de patienter. L’homme que je venais voir était actuellement occupé. Bien sûr. Ce n’était tout de même pas tous les jours que son fils lui rendait visite ! Enfin, je décidais de ne pas insister. Il me demanda si je voulais boire quelque chose, sans réfléchir, je répondis un verre de Gin. Il me servit et je trempai mes lèvres dedans. L’alcool me détendait. J’observai les lieux. Je vis le petit garçon, caché sous un bureau et son père entrer dans la pièce en faisant des gestes et des bruits étranges, n’y tenant plus, le petit garçon éclata de rire et son père le prit dans ses bras. Ils étaient  mes souvenirs. Tous ceux que j’avais ici, correspondant à une pièce précise de la demeure. Je n’avais eu que des souvenirs heureux dans ce manoir. Avec le père qui n’avait qu’une idée en tête : m’abandonner. Le majordome l’annonça finalement et il entra dans la pièce. Lui aussi parut surpris de me voir. Eh bien, au moins, ma visite était appréciée. Je me levai pour lui serrer la main, respectant ainsi la politesse. Je n’étais pas un goujat non plus… Enfin pas entièrement. Je ne le laissai pas le temps de prendre la parole.

« Je viens vous annoncer qu’il est hors de question que je vous laisse me harceler de lettres. Je ne les ai pas lues et je ne les lirai pas. Alors je viens ici pour une raison très précise : Je vais vous donner l’occasion de vous expliquer. Je ne pense pas que votre acte soit pardonnable, peu importe votre excuse, ainsi il ne faudra pas vous attendre à un pardon et à un câlin. Je vous écoute et ensuite, je serai seul et unique juge du futur de notre relation. Si je vous demande de ne plus me contacter, vous ne me contacterez plus. Est-ce bien clair ? Vous m’avez déjà oublié une fois, il vous sera sans doute aisé de recommencer. »



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