The Mysteries of Paris
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MessageSujet: What have you done ? ...   What have you done ? ... Icon_minitimeVen 27 Jan - 23:53


Once upon a time ...


~ IAN ANDERSON ~
32 ans

Surnoms :
Grand frère -pan-

Origines (Où es-tu né(e) ?) :
Paris, France.

Date de Naissance :
20 Novembre 1980.

Métier :
Barman.

Groupe :
Criminel

Orientation sexuelle :
Homosexuel refoulé

Si je te pince, tu dis ? :
Espèce de petit connard de merde !!

Plutôt Sucré ou Salé ? :
Salé

Plutôt Eau ou Whisky ? :
Whisky... Eau... Ca dépend. Meg préfère l'eau.

Plutôt Coup d'un soir ou Mariage ? :
. . . Ni l'un ni l'autre. Je ne baise pas pour la baise mais je ne vais certainement pas me marier !

Plutôt Coup de fouet ou Fessée ? :
Hum... Ni l'un ni l'autre encore une fois.

Plutôt Cigarette ou Bonbon ? :
Je ne fume pas, alors bonbon.

Plutôt Dominant ou Dominé ? :
Quelle question : Dominant. Tss ( En fait il est Ambivalent 8D)

Plutôt Dangereux ou Affectueux ? :
Dangereux.

Que trouverait-on dans ton casier judiciaire ? :
Il n'y a rien sur mon casier. . . Pourtant y'aurait à mettre.

A criminal and a cop...




~ Physique ~
Dimitri Vankerkoven

Couleur des yeux :
Ils sont gris.

Couleur des cheveux :
Ils sont bruns/noirs.

Couleur de peau :
Elle est blanche.

Ta taille :
1 mètre 76.

Ton poids :
68 kilos.

La partie de ton corps que tu détestes ? :
Mes bras si peu musclés, mon ventre si maigrelet...

La partie de ton corps que tu préfères ? :
Mon visage, atout de confiance.

Quelle partie du corps t'excites le plus chez ton partenaire ? :
Je ne crois pas que je vais vous répondre.

Style vestimentaire :
Je m'habille avec élégance, je dois dire. L'argent de ma riche femme me permet de dépenser un peu n'importer où n'importe quand, ainsi je ne me prive pas. Après tout ce qui est à elle est à moi aussi... Bref. J'adore les chapeaux ou être parfaitement bien coiffés, sinon c'est inadmissible. Je porte toujours des ensembles coquets, un peu prétentieux. Habits de riches, somme toute, snobes. Mais je tiens à préciser que les couleurs ne sont jamais vives. Que du gris, du blanc, du noir, du brun et, à la limite, une touche de rouge et de bleu de temps en temps. Je porte parfois des cravates ou des noeuds papillons. Mais malgré mon style Je ne suis pas gay EST-CE QUE C'EST CLAIR ?

Signe particulier :
Quelques cicatrices dans mon dos, plus légères que celles de mon frère et moins visibles, mais d'autres cicatrices décorent aussi mes poignets. Ca, ça vient de moi par contre.

~ And more... ~
It's useless but...

Quel est ton plat et ta boisson préférés ? :
Agneau à la grecque & le bordeaux.

Quel est ton film, ou ton livre, préféré ? :
The thing en film, et en livre "Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire.

Quelle est ta fleur préférée ? :
Le lilas blanc

Tu meurs demain, que fais-tu aujourd’hui ? :
Je dépense mon fric... ?

Ta religion ? :
Athée... Presque.

Consommation de drogue, d’alcool, de tabac ? :
Alcool oui, mais le reste non.

Ton avis sur l’avortement ? :
C'est utile...

Ton avis sur l’homosexualité/ La bisexualité ? :
Hérétiques !!! Vous finirez en enfer.

Ton avis sur l'infidélité ? :
Bof. Personnellement je serais plutôt pour, et si ma femme me trompait je m'en ficherais : je ne l'aime pas.

L'Abstinence, combien de temps tu peux tenir ? :
Je peux tenir autant de temps que possible, le sexe n'est pas ma priorité, surtout qu'avec ma femme, aucune excitation.

La chose la plus folle que tu aies faite au lit ? :
Rien de bien exceptionnel, les trucs classiques...

La phrase que tu aimes dire après l'acte ? :
" C'était pas mal."

Ton plus grand rêve ? :
... Ah-ah, tu me prends pour un rêveur à la con ?

Quel a été le plus beau et le pire jour de ta vie ? :
Bof... Je fais pas vraiment la différence.

Ce que tu aimes le plus au monde ? :
... Personne ni rien.

Quelle est ta plus grande peur ? :
La vie me fait peur, ma propre personnalité me fait peur.

Si tu pouvais changer une seule chose dans ton passé, ça serait ? :
...


CE QU'IL SE PASSE DANS TA TÊTE :

- Ta plus grande qualité : . . . Mon générosité matérielle. Je fais pas mal de cadeaux pour un rien, mais l'attention ni est pas, c'est juste pour faire taire les gens. Nan mais franchement, une qualité ? ==
- Ton plus gros défaut : Je suis schizophrène si c'est un défaut.
- Un Tic, une manie ? : Passer ma langue sur mes lèvres.

Il faut bien comprendre que Ian est schizophrène, ce qui rend sa personnalité très complexe. Lorsqu'il était petit, il appelait les deux autres facettes de sa personnalité "Jordan" et "Meg". Si Ian n'avait pas eu ces troubles psychique, voilà comment on aurait pu le décrire. Première facette. Il arrive à Ian d'être incroyablement froid. Ses yeux sont chargés d'indifférence, il se montre distant, comme ailleurs, dans un univers lointain où personne, aucune paroles, aucun acte, ne pourrait l'atteindre. Il semble insensible à tout , détaché de la réalité. Dans ces moments, jamais il ne lèvera la main contre quelqu'un, il est peu bavard et dépressif. Il ne fait aucune confiance aux gens, et c'est pour cela que l'on pourrait employer le terme de "paranoïaque". Il ne serait pas du genre à prendre une main tendue, destinée à l'aider. Il choisirait de se relever tout seul, même si ça lui faisait du mal. Dépressif, au point de se taillader longuement les poignets, il n'arrive pas à se décider d'en finir définitivement. Ceux qui se suicident ne vont pas au Paradis... Ils plongent dans les flammes brûlantes de l'Enfer, pour l’éternité, et ils brûleront indéfiniment, hurlant de douleur. Ian est une personne instable, qui ne sait absolument pas ce qu'elle veut, déboussolée psychiquement. Il ne réfléchit pas avant d'agir, il est comme perdu au milieu d'une foule et est un éternel peureux. Ian est resté au stade de l'enfance, icapable de faire els choses par-lui même et errifié à l'idée de se retrouver tout seul face au monde. Telle est sa réelle personnalité, tel est le véritable Ian, caché derrière le masque de ses deux autres imaginaires, qu'il a dû s'inventer afin de ne pas recevoir les coups de la vie, de son père, des autres. Il n'est qu'un comédien, médiocre comédien, sur la scène du grand théâtre de la vie. Car la vie... la vie est une comédie Humaine.
"Meg" est celui qui prend très souvent le dessus, le "chef" de cette petite troupe. Deuxième facette. Meg est un grand psychopathe. Ce terme n'est pas hyperbolique, non. Meg est réellement psychopathe. Il est caractérisé par un manque évident d’empathie, de remords. Un brin d'égocentrisme et d'imposture. Meg adopte un comportement antisocial et de traitements abusifs envers les autres. Il ment à la perfection sur ses ressentis et son vécu, un psychologue ou un psuchiatre ne serait d'aucun utilité. Il n'arrive pas à s'attacher émotionnellement, à personne. C'est pour cela qu'il a tué sa précédente femme, Lilas, héritant de sa fortune, et c'est remarié simplement pour de l'argent, encore une fois, hypocrite et menteur. Meg est maître en manipulation ce qui lui est très utile pour obtenir ce qu'il souhaite - d'où l'exemple de sa femme. Dans sa façon de parler aux autres il est maladroit mais bien souvent ironique et provoquant. Quant à sa façon d'agir, elle est sadique, vile, perfide et vicieuse ; ses pensées sont morbides. Da,s ce qu'il entreprend, il est méticuleux, concentré et surtout fier et sûr de lui. Autrement dit, Meg n'est pas du tout fréquentable...
Pour finir, c'est "Jordan" qui intervient. Il ressort bien moins souvent que "Meg" mais il est moins voyant, moins imposant. La violence est son maîtyre mot.
Troisième facette Jordan est un jeune homme violent, qui, plutôt que de trouver ses mots, usera plutôt de ses poings même s'il ne frappe pas avec une grande conviction. Il déteste les ordres et se rebelle facilement contre ceux-ci, trop longtemps soumis dans sa jeunesse, il ne supporte pas, aujourd'hui, d'être en dessous des autres. Il est également vulgaire, ne cachant pas les gros mots qui sortent en crachats de sa bouche lorsqu'il est en colère contre quelque chose - en général contre lui même. Il ne respect rien, surtout pas les autres, et se montre agressif et facilement irritable. On pourrait le qualifier de misanthrope car il déteste les autres êtres humains. Il s'isole souvent et n'est pas sociale pour un sou. Lorsqu'il a une idée en tête, impossible de là lui enlever, il est entêté et ira ua bout de ses idées avec détermination. En réalité, Jordan n'est ici que pour servir de bouclier à Ian. Dès que quelqu'un semble enaçant, agressif, il viendra à al rescousse. Ses forces sont largement décuplées, bien que Ian ne soit pas quelqu'un de costaud. Quand Jordan arrive, miraculeusement, il devient un être avec une force remarquable pour un être aussi chétif. Jordan ne laissera personne faire du mal à Ian, aussi bien physiquement que moralement. On pourrait dire qu'il en est amoureux, en quelques sorte.




In real life,

.


Ton pseudo : LadyMad
Ton âge : 17 ans
Niveau de Rp ? : Bon, je pense ! \o/
Où avez vous découvert le forum ? : Grâce à Benou !
Qu'en pensez-vous ? : J'aime beaucoup !
Un commentaire ? : <3
Le mot magique du réglement : {Validé par Reid <3}


Dernière édition par Ian Anderson le Jeu 23 Mai - 8:23, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: What have you done ? ...   What have you done ? ... Icon_minitimeMar 21 Mai - 0:52

UNE JOLIE PETITE HISTOIRE :

Pendant que je montais l'escalier,
J'ai vu un homme qui n'a jamais existé.

Le petit garçon regardait ses camarades courir dans la cours de l'école. Il les regardait fixement, sans ciller. Il était le seul, débout sous le grand chêne. Les autres jouaient ensemble, comme un troupeau de mouton. Les professeurs discutaient entre eux. Bergers distraits et maladroits dans le surveillance. Et le petit garçon, tout seul sous le chêne de la cour de l'école...

* * *

« Papa ! Arrête ! »
« Tu sais pourquoi je le fais, Ian. »
« Arrgh. »

* * *

… s'appelait Malcom Snake. Surnommé Meg. Il était plutôt chétif et avait sans doute peu de force dans les bras. Ses cheveux, d'un noir abyssal, étaient soigneusement coiffés et ses habits laissaient transparaître une grande richesse. Il tourna la tête et sourit avec douceur à un camarade qui était venu le rejoindre. Ce camarade, c'était Jonathan Strong, bien entendu. Surnommé Jordan. Assez imposant pour son âge, sans être gros... Usons plutôt du terme « bien portant ». Souvent, quelques bleus recouvraient son visage et son pantalon était déchiré : témoignage de ses nombreuses querelles. Il se contenta de regarder Meg avec une pointe de défit. Mais ce dernier détourna la tête. Et ce fut sur un petit garçon, assis sous le grand chêne que son regard se porta. Il ressemblait un peu à Meg, physiquement. Simplement, il n'était pas aussi soigné que lui. Ses cheveux un peu en bataille et sa tenue – pourtant relativement riche – laissaient penser qu'il se fichait de son apparence physique. Il avait le teint beaucoup plus pâle que Jordan, presque cadavérique, et semblait – sans que cela soit excessivement choquant – un peu trop maigre.

* * *

« Ian ! C'est toi qui a fait cela, n'est-ce pas ? »
« Non, Papa... »
« Je t'ai déjà dis ce que l'on faisait aux menteurs ? »
« Papa... Pitié... ! Aaah... »

* * *

Ian, car c'était le prénom du troisième petit garçon, redressa la tête et croisa le regard de Meg qui lui sourit, doucereux. Il s'avança vers lui, accompagné de Jordan qui avait les mains plongés dans les poches de son pantalon. Ian rendit son sourire à Meg, un peu timidement. Personne ne venait jamais lui parler dans la cours de l'école, on le laissait à l'écart. Ian ne savait pas ce qu'était avoir des amis, il n'en avait jamais eu. Étrange pour un enfant de cinq ans, diriez-vous. Mais c'était ainsi. Il ne cherchait pas à aller vers les autres et les autres ne cherchaient pas à aller vers lui, comme si une force les en empêchait. Meg fut donc le premier à lui adresser la parole dans le but de créer un lien amicale. Et Ian en fut très curieux.

« Salut. Moi c'est Malcom, mais tu peux m'appeler Meg. Et lui c'est Jonathan. »
« Jordan, qu'on m'appelle. »
« Ca te dit de venir jouer avec nous ? »
* * *

« Répète après moi, Ian : L'insensé se moque de la correction de son père ; mais celui qui se rend au châtiment deviendra plus habile. »
« L'in-incensé se m-moque de l-la correction de son p-père ; m-mais celui qui se r-rend au châtiment de-deviendra plus hab-habile. »
« Tu as mal ? »
« Oui, Père. »
« Tu dois comprendre que c'est pour ton bien. »
« O-oui. »

* * *

Meg tendit la main à Ian qui la prit avec une légère crainte dans le regard. Pouvait-il leur faire confiance ? Jordan leva le pouce en l'air et plongea les mains dans les poches de son pantalon. Meg entraîna Ian dans la cours de l'école et ils jouèrent ensemble durant le temps de la récréation. Ils devinrent dès lors les meilleurs amis du monde. Inséparables.

• 1987

Le soleil brillait, c'était le mois de juillet. Ian, âgé de sept ans attrapa tant bien que mal son petit frère dans ses bras pour l'amener dehors avec lui. Non pas que Ben soit lourd, mais Ian n'était pas très musclé et le poids de son frère n'était pas facile à supporter. Il le reposa donc sur le sol et lui prit la main. Ils marchèrent lentement – étant donné l'âge de Benjamin – vers la petite balançoire à l'arrière de la maison. Il aida son frère à s'installer dessus et lui murmura.

« Tu t'accroches bien, hein ? Sinon pouf ! Tu vas te faire mal... »

Il caressa les cheveux de son frère et le poussa très doucement, au cas où il tomberait. Il se mit à siffloter doucement, sourire aux lèvres.

« Tu joues à la nounou, maintenant ? » s’exclama Meg, adossé contre le tronc d'un arbre.

Ian leva la tête vers lui. Il semblait assez mécontent, les mains plongées dans les poches de son pantalon tout neuf. A côté de lui, Jordan haussa les épaules en finit de manger un croissant au beurre. Meg s'approcha de Ian d'un pas vif et le poussa pour l'écarter de la balançoire.

« Laisse-moi faire ! On dirait que t'es une mamie à pousser ce gosse aussi lentement. »

Ian regarda Meg pousser la balançoire de plus en plus vite, si bien que Benjamin tomba rudement sur le sol du jardin. Ian se précipita vers lui pour l'aider à se relever et foudroya Meg du regard.

« Tu aurais pu le tuer ! »
« Pfff. Ca va, c'était pour rire, te met pas dans un pareil état. »

Meg haussa les épaules et secoua la tête, énervé par l'attitude excessive de Ian qui séchait les larmes de son frère en lui disant que ses bisous étaient magiques sur les blessures et qu'il n'aurait plus mal ensuite. Meg fit une grimace de dégoût lorsque les lèvres de Ian se posèrent sur le genoux de Ben ainsi que ses ses paumes de mains égratignées.

« Viens, on va rentrer passer de l'eau sur ça… Tu ne diras rien à Papa, d'accord ? »

Ils rentrèrent à la maison tandis que Meg serraient les poings le long de son corps. Il fit signe à Jordan de venir avec lui et ils s’engouffrèrent, à la suite des deux frères, à l'ombre de la maison. Pendant que Ian passait les mains de Ben sous l'eau, Meg faisait les cent pas derrière lui.

« Dit donc, Ian. On est quand même là pour toi, je te signale ! Tu pourrais lâcher ton frère deux secondes et venir jouer avec nous, non ? Ce serait la moindre des choses... De toute façon, ce mioche n'en vaut pas la peine. Il ne t'attirera que des ennuis. »
« Mais tais-toi ! C'est mon frère, qu'est-ce que tu veux qu'il me fasse ? »

Ian posa un pansement sur le genoux de Ben et ils sortirent à nouveau jouer dehors, laissant Meg et Jordan seuls dans la maison.

Le soir, alors que la mère préparait le repas, le père s'approcha de Ben en lui demandant ce qu'il avait au genou et aux mains. Plein d'innocence, il leva les yeux sur son père et lui dit qu'il était tombé de la balançoire pendant que Ian le poussait un peu trop fort. Ian, qui lisait un livre dans son coin, se mordit les lèvres en entendant ces paroles et regarda son père droit dans les yeux, plein d’appréhension. Ce dernier s'avança vers lui et le saisit par les cheveux pour qu'il se relève. Étouffant un petit cri de douleur, Ian se mit debout tant bien que mal, essayant de se dérober  la poigne de son père. Ce dernier lui donna une violente gifle qui fit partir la tête de Ian sur le côté. Il se mordit les lèvres mais des larmes roulèrent tout de même sur ses joues. Le père l'envoya dans sa chambre, et plus vite que ça s'il ne voulait pas prendre un coup de pied dans le derrière pour le faire avancer plus vite. Ian trottina jusque dans sa chambre et posa une main sur sa joue brûlante, essuyant ses larmes. Meg l'attendait, assis sur son lit.

« Je te l'avais bien dit ! »

Ian tourna la tête vers Jordan qui haussa les épaules et frappa son poing dans la paume de sa main.

« Si tu veux, je m'en charge ! »
« Ouais Jordan, tu lui referas le portrait à ce gosse ! On lui montrera qui commande, hein ? »

Ils éclatèrent de rire et se tapèrent dans la main, complice. Meg tourna la tête vers Ian et lui sourit en coin.

« Alors d'accord ? »
« Il... Il n'a pas fait exprès. Il n'a que deux ans. »
« Alors imagine un peu quand il en aura dix ! »
« Tais-toi ! »
« Comme oses-tu me dire de me taire ? Après tout ce que j'ai fait pour t'aider ces deux dernières années... Tu veux peut-être que Jordan s'occupe de ton cas ? »

Ian jeta un coup d'oeil furtif à Jordan.

« Je croyais qu'on était amis ! »
« Mais on l'est, mon trésor. » susurra Meg en caressant les cheveux de Ian comme s'il s'agissait d'un vulgaire animal. Ian ferma les yeux et baissa la tête. Sa mère vint alors frapper à sa porte pour lui signifier que le repas était prêt et que son père acceptait de l'avoir à table. Une boule dans la gorge, Ian descendit les escaliers et s'assit à table avec la famille. Ils firent une prière avant de s'attaquer à la nourriture. Ian n'osait regarder personne, les yeux rivés sur son assiette qu'il arrive à peine à finir. S'il laissait quoique se soit, sa mère allait lui lancer un regard courroucé avant que son père ne lui colle une paire de gifles. A la fin du repas, il aida sa mère à débarrasser et, alors qu'il rangeait les verres lavés dans le buffet, Benjamin enserra sa taille. Ian le regarda, étonné qu'il lui fasse un câlin. Ici, il n'y avait pas de marque d'amour... Ian posa une main sur les cheveux de Ben et lui sourit gentiment. Il capta le regard agacé de Meg et repoussa Ben avant de monter se coucher. Il se mordit la lèvre mais la main de Meg sur son épaule le réconforta.

« C'est bien, Ian. Tu fais ce qu'il faut. Si tu continues d'être gentil avec ce gosse, il en profitera tôt ou tard. N'oublie pas qu'il n'y a que Jordan et moi qui puissions t'aimer ici bas. Personne d'autre. »  

Ian hocha la tête, enleva ses habits et se mit en pyjamas avant de se glisser dans ses couvertures et d'éteindre la lumière sans toutefois trouver le sommeil. Tu es seul au monde. Ian posa ses mains sur ses oreilles.

« Tais-toi. »

Meg rit doucement à côté de lui et enserra sa gorge de ses longs doigts pâles. Ian se débâtit dans ses couvertures, cherchant à échapper à la poigne de Meg. Laisse-moi ! Lâche-moi ! Ian cessa petit à petit de se débattre. Son rythme cardiaque diminuait dans sa poitrine. Finalement, Meg le lâcha et le gifla. Tu m'écoutes, maintenant ! Oui Papa. Meg se pencha au dessus de lui. Son visage était encore plus pâle que d'habitude, et ses cheveux d'ordinaire si bien peignés étaient à présent en bataille. Alerté par le bruit dans la chambre, la porte s'ouvrit à la volée et la silhouette du père apparut sur le seuil de la porte.

« Qu'est-ce que c'est que ce crique, Ian ? » s'exclama-t-il en allumant la lumière de la chambre.

Ian, sifflant, haletant, se redressa dans ses couvertures et regarda son père.

« Rien, Père. »
« Comment ça, rien ? »

Ian ne sut quoi répondre. Il se contenta de regarder son père sans rien dire. Ce dernier s'avança et l'attrapa par le poignet pour le faire se lever. Ian gémit de douleur mais consentit à se lever. Il eut l'impression qu'il allait lui casser le bras à tirer dessus de la sorte.

« Tu vas parler ? »
« C'est... J'ai... fait un cauchemar. »
« Tu as eu le temps de t'endormir et de cauchemarder en dix minutes ? Tu es très fort Ian. Mais je crois que tu mens. Ne t'aies-je pas déjà assez répété ce que l'on fait aux menteurs ? »
« Non, Père, je ne mens pas ! »
« Celui qui se livre à la fraude n'habitera pas dans ma maison ; celui qui dit des mensonges ne subsistera pas en ma présence. »

Le père redressa Ian qui ferma étroitement les paupières. Il lui sembla qu'il se dédoublait lorsque son père leva la main. Il observait la scène d'en dehors, sans ressentir la douleur. Pas tout de suite, en tout cas. Plus tard, sûrement. Il tourna la tête vers Meg et Jordan qui regardait la scène sans rien faire. Pourquoi vous ne m'aidez pas ? Tu le mérites, Ian. Tu le sais.
Ian retomba sur ses couvertures en tremblant de tous les membres de son corps. Son père sortit en claquant la porte et en éteignant la lumière. Une main se posa sur son épaule. Celle de Meg qui caressait ses cheveux.

« Tu m'écouteras toujours, maintenant ? »
« O-oui, Meg. »

Ian se réfugia dans les bras que Meg lui offrait.

« Sans nous, tu serais seul au monde. Parce que personne ne pourra jamais t'aimer. Tu comprends ? »
« Même pas Ben ? »
« Et où était-il pendant que ton père te battait ? Où est-il maintenant ? C'est moi qui te réconforte, pas lui. »
« Mais il a deux ans, enfin... »
« Oui, peu importe ! Je te le dis en connaissance de cause, ne t'attache pas à ce gamin. Il ne t'apportera que des ennuis. S'il est trop jeune, plus tard, il faudra que tu le haïsses. N'aime que nous. N'aime personne d'autre. L'amour est une faiblesse, Ian. Tu l'apprendras à tes dépends si tu n'éradiques pas ce sentiment de ton cœur dès aujourd'hui. »
« L'amour est une faiblesse... ? »
« Oui. C'est une erreur et une faute grave.»

Ian ferma les yeux et s'endormit dans les bras de Meg. L'amour est une faiblesse... Et puis, que pouvait-il fait contre Meg et Jordan ? C'étaient ses seuls amis.

• 1990

C'était pâque. Comme pour toutes les fêtes, la famille Anderson se réunissait chez le Grand-Père. Ian, à l'arrière de la voiture, à côté de Benjamin, regardait le paysage défiler en silence. Il avait pris ses distances avec Ben désormais et il ne lui parlait ni ne jouait avec lui. Meg et Jordan étaient redevenus ses seuls camarades de jeux, aussi bien à l'école qu'à la maison. De toute façon, à l'école, personne ne lui parlait beaucoup. C'était quelqu'un de discret et de peu imposant. Bien sûr, quand on venait l'embêter, Jordan le défendait à coups de poings. C'est pourquoi on ne l'approchait plus trop. Ils arrivèrent devant la maison du Grand-Père vers midi, pour le déjeuné. Ian descendit dès que la voiture fut arrêtée. Grand-Mère était sortie sur le seuil pour les accueillir et embrassa ses petits-fils du même baiser dégoûtant que font toutes les grands-mères. Elle leur fit signe d'entrer. Tonton était déjà là, accompagné des neveux et nièces. Meg aimait bien le plus grand des neveux, ils s'entendaient relativement bien et faisaient des misères aux autres lorsqu'ils se retrouvaient. Jordan aimait bien cogner le plus jeune, c'était un jeu marrant. Quant à Ian, il n'aimait personne ici. Ils lui faisaient peur, tous.

Ian entra à l'intérieur de la maison et attendit que son oncle vienne lui serrer la main tout comme le fit son grand père, surgissant de la cuisine d'où émanait une odeur de poulet frit et d'alcool. Ian resta silencieux le temps des retrouvailles familiales. Sa grand-mère lui dit de monter ses affaires dans la chambre qu'il partagerait avec Benjamin. Ian émit un grognement inaudible. L'idée de partager sa chambre avec son frère ne lui plaisait nullement. Il sortit dans la cours pour monter ses bagages dans sa chambre et les posa sur un des deux lits. Il aurait mille fois préféré partager sa chambre avec son cousin plutôt que d'être en compagnie de son frère. Ce misérable chien. Meg donna un coup de pied dans le radiateur qui émit un petit sifflement indigné. Il redescendit les escaliers et arriva dans la salle à manger où les adultes discutaient bruyamment. Meg serra la main de son cousin avec un sourire complice et Jordan se contenta de regarder le petit de loin, l'air intimidant. Ian savait que Jordan ne ferait rien tant que Meg ne le lui ordonnerait pas ou que lui, Ian, n'ait besoin d'être défendu. Car Jordan était toujours là pour lui prêter main forte. Meg aussi, certes... Mais il était là après, lui. Après la bataille et la guerre. Le repas parut interminable, comme à toutes les réunions de famille. Les adultes n'en finissaient pas de parler, de tout et de rien, de manger à une lenteur excessive, de se servir plusieurs fois... Ian s'ennuyait toujours à mourir durant ces réceptions familiale. Et l'ambiance était beaucoup plus joyeuse du côté maternel. Ici, il se sentait oppressé et surtout très observé par son grand-père. Il passa une main dans ses cheveux noirs en attendant patiemment le dessert. Qui arriva après le fromage. Le dessert que préparait Grand-mère était toujours exquis et original. Ce jour-là, cependant, ce n'était qu'une simple tarte aux fraises. Mais aussi le dessert préféré de Ian qui se servit deux fois sous le regard noir de son père qui châtiait, bien entendu, la gourmandise comme tous les autre péchés capitaux. Après le dessert vint le café et les enfants furent enfin autorisés à quitter la table pour aller jouer.

Ian, accompagné de Meg et Jordan, se dirigea en direction de son cousin le plus âgé. Meg lui sourit et ils s'éloignèrent dans le salon. Le plus petit cousin, accompagné de Ben, les suivirent. Alors qu'ils s'apprêtaient à sortir dans la cours, Meg se retourna brusquement et attrapa le bras de Ben pour l'immobiliser pendant que le cousin le pinçait et lui tirait les cheveux. Ils partirent tous les deux dans un grand éclat de rire et les laissèrent seuls, poussant la porte d'entrée. Le domaine des grands-parents étaient relativement grand. Ils n'étaient pas vraiment riches mais ne manquaient tout de même pas d'argent. Meg saisit la cigarette que son cousin lui tendit et essaya de fumer. Ian partit d'une quinte de toux irrépressible tant la fumée l'asphyxia. Son cousin rit aux éclats en lui donnant de grandes tapes dans le dos ce qui n'arrangea rien à l'état du jeune homme qui eut du mal à retrouver une respiration normale. Les éclats du cousin furent calmé par la voix de leur oncle qui leur demandait de rentrer. Le cousin se dépêcha d'écraser discrètement sa cigarette contre une pierre. Son père ne fut pas dupe à l'odeur et il lui décrocha une violente gifle dès qu'il passa devant lui. Ian se dépêcha de rentrer pour ne pas assister à la scène et entra dans le salon où jouaient ces deux crétins de gosses. Alors que Ian regardait l'immense bibliothèque de sa grand-mère, son grand-père vint à sa rencontre, le prenant par le bras.

« Dis-moi Ian, tu es devenu bien grand, maintenant... Ca te fait quel âge, au juste déjà ? »
« J'ai eu dix ans en novembre, Grand-Père. »
« Oh mais c'est très bien ça... Tu as l'âge qu'il faut, maintenant... »
« L'âge de quoi ? » s'étonna Ian qui n'avait jamais autant parler avec son grand-père.
« J'ai quelque chose à te montrer dans  mon bureau... Un petit quelque chose que tu es en âge d'apprécier, sans doute. »

Ian était trop jeune pour déceler dans les yeux de son grand-père cet éclat malsain qu'il comprendrait bien plus tard. Il rangea le livre qu'il avait pris dans la bibliothèque et monta à l'étage avec son grand-père qui le fit entrer dans son bureau. Ian s'avança de quelques pas. On lui avait toujours formellement interdit de pénétrer ici. L'endroit était grand et surtout très ordonné. Ian regarda les étagères sur lesquelles étaient posées des dizaines de photos encadrées. Sur les murs, se dressaient fièrement des diplômes et des décorations. Son grand-père était visiblement quelqu'un d'admirable. La clé tourna dans la serrure. Ian se retourna, intrigué. Son grand père lui sourit et s'approcha près de lui.

« Ton père t'a appris l'obéissance, n'est-ce pas, Ian ? Tu es en âge d'obéir... »
« Heum... Oui, Grand-Père. »

Ian ne savait pas exactement où son grand-père voulait en venir. Il le regarda, interrogatif.

« Alors tu feras bien sagement ce que je te dis, n'est-ce pas ? »
« Bien sûr, Grand-Père... »
« Alors met-toi à genoux. »

Ian fut très surpris par cet ordre. Pourquoi devrait-il se mettre à genoux devant son grand-père, au juste ? Cependant, il s'exécuta. Il s'agenouilla devant son grand-père qui commençait à défaire la boucle de sa ceinture avant de baisser son pantalon. Puis son caleçon. Ian détourna pudiquement le regard, la gorge sèche. Quelle curieuse façon de se comporter, vraiment... Meg ? T'es là ? Mais Meg n'était pas là. Jamais pendant la bataille. Ian aurait eut bien besoin d'un ami pour le conseiller à ce moment là...

« Allez, suce. » ordonna son grand-père en posant sa main sur la tête de son petit-fils.

Ian leva les yeux sur son grand-père, effaré et dégoûté. Il n'allait tout de même pas mettre ça dans sa bouche ? C'était tout à fait répugnant... ! Comme Ian ne réagissait pas, son grand-père réitéra son ordre.

« Allez, vas-y te dis-je. »
« Mais... »

Les yeux de son grand-père flamboyèrent et il attrapa les cheveux de Ian d'une main et son membre de l'autre pour forcer Ian à le mettre dans sa bouche. Cependant, il garda la bouche hermétiquement close en secouant la tête, les yeux fermés. Son grand père lui donna un grand coup dans les côtes et la douleur fit danser des étoiles devant ses yeux. Lorsque son grand père rapprocha la main de sa tête pour lui saisir une nouvelle fois les cheveux et le redresser, Jordan mordit furieusement les doigts de son grand-père avec la rage d'un désespéré. Il n'avait nul issu, il le savait bien... Son grand-père lui donna une puissante gifle qui le fit saigner du nez avant de prendre le martinet accroché au mur du fond et de le frapper plusieurs fois. Jordan, qui se défendait alors, s'excusa auprès de Ian, comprenant que résister lui faisait plus de mal qu'autre chose. Il s'éclipsa, se cachant dans l'ombre de la pièce. Ian leva les yeux sur son grand-père.

« Prêt à écouter ce que l'on t'ordonne de faire ? »
« Oui... »

Ian se résolut à faire se que son grand père lui demandait et goba son membre dans sa bouche. Il trouva ça tout à fait dégoûtant. La main de son grand père était posée sur sa tête alors que la bouche de Ian faisait des va-et-vient. Il ferma les yeux en essayant de s'imaginer ailleurs, comme lorsque son père le frappait. Dans une autre dimension. Mais c'était plus dur. Il était habitué aux coups... Mais pas à ça. Il eut plus d'une fois envie de vomir... Et ce n'était pas finit. Une fois que son grand-père fut satisfait, il lui ordonna de se relever et de baisser lui aussi son pantalon. Ian s'exécuta et laissa son grand père le plaquer contre le mur. Il ne put retenir un hurlement de douleur et de surprise en sentant quelque chose le pénétrer par derrière. Ses ongles déchiquetèrent la tapisserie alors que des larmes roulaient sur ses joues et que tout son corps était secoué de sanglots incontrôlables. Il ne comprenait pas. Pourquoi faisait-il cela ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Et cette question tournoya dans son esprit durant tout le temps que dura l'acte. Lorsque son grand père se retira, Ian s'écroula sur le sol du bureau et se roula en boule. Son grand père lui lança son pantalon et lui ordonna de se rhabiller immédiatement et de monter dans sa chambre. Si on lui demandait, il y était depuis le début de l'après-midi, après le repas. Ian enfila son pantalon. Ses mains tremblaient tellement qu'il crut qu'il n'allait jamais parvenir à remonter sa braguette. Son grand-père déverrouilla la porte et sortit pour descendre dans la cuisine, retourner discuter normalement avec les autres comme si rien ne s'était passé. Ian mit un moment avant de se décider à sortir. Lorsqu'il fut sur le seuil de la porte, il entendit les éclats de voix provenant de la salle à manger. Tout aller raconter à son père lui traversa soudain l'esprit. Mais la honte le submergea aussitôt. On allait le punir. On allait le brimer. Il était un sale petit garçon. Très méchant. Et on le punirait. Il mentait, c'était évident. Quel grand-père ferait ce genre de choses à son petit-fils, enfin ? Il monta aussi silencieusement qu'une ombre jusque dans sa chambre. Il avait mal à la tête à force d'avoir pleuré et avait des difficulté à marcher droit. Il se laissa tomber sur le ventre, sur son lit, et enfouit sa tête dans ses bras. Une main se posa sur son épaule. Celle de Meg. Il se pencha vers lui et le serra dans ses bras.

Seul dans sa chambre, un petit garçon serrait ses bras autour de lui, s'étreignant lui-même d'une force considérable. Il n'avait aucune bouée à laquelle se raccrocher... A part lui-même.

• 1997
Ian fut violemment plaqué contre le mur. Le blond, Mark, lui donna un sévère coup de pied dans les côtes. Ils étaient trois. Qu'est-ce que Jordan pouvait faire ? Il était certes très fort mais il n'avait pas le potentiel nécessaire pour tabasser, à lui seul, trois autres lycéens qui faisaient partis de l'équipe de foot. Il essaya toutefois de se défendre, il griffa, il frappa, mais c'était inutile, il le faisait dans le vide. Ian fut plaqué au sol et sa tête écrasée par terre. Il ne savait pas ce que les trois autres comptaient lui faire. Le frapper à mort ? Il ferma les yeux et commença à implorer le Seigneur. Seigneur auquel il ne croyait plus depuis toutes ces années. Il ne croyait plus en Dieu bien que son père lui en ait inculpé la science. Il ne croyait plus en rien à part en Meg... A part en Jordan. Il ne pouvait compter que sur eux, de toutes façons. Il essaya de se débattre, encore, mais faiblement. Le blond lui arracha sa chemise. Ian ne savait pas encore ce qui allait suivre. Il pensait qu'ils allaient simplement le frapper. Il aurait préféré les coups, c'était moins humiliant. Quoique... Tout était humiliant. A partir du moment où le blond baissa son pantalon, et à partir du moment il baissa le sien, Ian fut transporté dans un autre monde. C'était un réflexe d'auto-défense qu'il avait acquis lors des nombreuses raclées que lui donnait son père. Ian savait maintenant. Il savait qu'il allait être arraché à sa propre personne. Non par son grand-père, cette fois, mais par trois pauvres lycéens auxquels il n'avait aucune raison d'obéir. Pourtant, il n'avait aucun moyen de se défendre. Jordan s'excusa au creux de son oreille. Il aurait voulut tant faire pour l'aider, le protéger, mais il n'y parvenait pas. Ils étaient trop nombreux. Jordan ne s'attaquait qu'aux plus faibles. Bien qu'il soit fort, le corps de Ian ne lui permettait pas de frapper n'importe qui, car Ian était un être maigrelet, faible, et n'avait guère beaucoup de forces. Il ne faisait pas de sport mis à part du tennis qu'il apprenait sous les ordres de Meg. Il aurait voulut apprendre la boxe, mais Meg ne voulait pas : c'était trop brutale. Il ne voulait pas s'abaisser à ce genre de sports ridicules  fait pour les pauvres. Lui, il voulait des choses plus nobles, plus riches...

Ian ferma étroitement les paupières. On le pénétra. Il mordit ses lèvres pour ne pas hurler de douleur. Car ça faisait très mal. On le lui avait déjà fait, mais qu'une seule fois. Une seule fois ne suffit pas pour ne plus rien ressentir ensuite. Il avait mal physiquement et moralement. Il n'était plus là, certes, il était ailleurs. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir mal. La bulle qui l'entoura était agréable. Il volait au-dessus de son propre corps. Il se voyait, extérieur à la scène. Ces trois garçons riaient à ses oreilles. Il ne pouvait rien faire. Rien faire pour s'aider lui-même. Il se voyait là, par terre, secoué de spams, secoué de dégoût, faible, seul. Personne ne viendrait l'aider. Il pouvait  bien hurler, tout le monde s'en fichait.

Lorsque les trois y furent passés, ils le laissèrent sur le sol, gisant comme un cadavre. On ne se débarrassa pas de son corps, heureusement. Ian mit du temps avant de remettre son pantalon. N'importe qui aurait pu entrer et le voir ainsi. Mais personne n'entra. Et personne ne le vit ainsi. Personne ne sut jamais. Ian fut débordé par la violence. Lui-même ne pouvait pas être violent, c'était contre sa nature, et puis de toute façon, il ne frappait pas fort, jamais. Mais Jordan bouillonnait de rage. En se relevant, lentement, il donna un puissant coup de poing dans le mur, ce qui eut pour effet de casser ses doigts sous l'impact. Il se mit à saigner mais il n'en avait que faire. Sa douleur n'était pas apaisée. Étrange cette façon de calmer ses peines psychiques par une peine physique. C'est à cet époque que le mot « suicide » se grava dans le crâne de Ian. Il voulait en finir, il n'en pouvait plus de cette vie. De cette vie qu'il aurait voulu quitter pour tout au monde. Le suicide est une faute, un péché, Ian. susurrait Meg à son oreille. Dès que Meg partirait, il s'effondrerait. Il saisirait la lame d'un rasoir et se tailladerai les veines, il le savait. C'était écrit. C'était fatal. Qui s'en soucierait, de toute façon ? Personne n'était jamais venu à son secours, personne ne l'avait jamais aidé d'une manière ou d'une autre, et personne ne ferait jamais rien pour lui. Il était seul. Il n'avait que Meg et Jordan. Et ils viendraient avec lui jusque dans la mort. C'étaient ses seuls amis depuis toujours. Ian savait, à présent, qu'ils n'existaient pas réellement. C'était un effet de son imagination, il avait lu ça dans des livres. Mais il refusait de se le revendiquer. Meg et Jordan étaient vivants ! Il fallait qu'ils le soient, sinon à qui se raccrocher ? Il rejetait donc la vérité, se voilant la face. Mais... Qui lui aurait tendu une main secourable ? Ben était bien trop occupé avec son père pour faire cela. Et puis il était trop jeune... Cinq ans de moins. Qu'en aurait-il à faire des histoires de son grand-frère qui ne l'aimait même pas ? Pourtant, Ian aimait Ben. C'était son petit frère, avec qui il avait passé de bons moments lorsqu'ils étaient plus jeunes. Mais Meg le détestait. Il détestait toutes les personnes qui s'approchaient trop de Ian, comme un amant possessif. Jordan, quant à lui, s'en fichait royalement. Si Meg lui avait demandé de frapper Ben, il l'aurait fait sans hésitation... Parce que, après tout, il ne le connaissait pas. Si Meg lui disait que c'était pour le bien de Ian, il le ferait. Car Jordan voulait le protéger. Il l'aimait.

Ian sortit dans le couloir en boitillant. Personne ne le regardait, il était comme invisible. Ca ne changeait rien. Il saisit son sac qu'il avait abandonné à l'entrée des toilettes et partit nonchalamment en cours. Il n'écouta rien. Il était ailleurs, encore. Dans un autre monde. Un monde meilleur... Mais s'il se suicidait ? Si tu te suicides, tu iras en Enfer, Ian. Meg savait appuyer là où ça faisait mal car même si Ian essayait de ne pas croire en Dieu, c'était impossible. Tout ce que son père lui avait inculpé étant plus jeune refaisait surface. Inexorablement. Indéniablement. Dieu existait, et il allait finir en Enfer.

La fin des cours fut ponctuée par une sonnerie stridente. Ian rangea ses cahiers dans son sac et rentra chez lui, la tête baissée. Il avait très mal à la main, là où il avait frappé le mur. Quelle connerie ! Comment allait-il expliquer ça à son père s'il lui demandait ce qu'il avait ? Ian rentra chez lui. Sa mère l'accueilli par un simple « Salut. » Ian et sa mère avaient toujours étaient plus proches tous les deux. Pas excessivement mais... C'était déjà ça. Parfois, elle se confiait à lui. Ian monta dans sa chambre, posa délicatement son sac au pied de son bureau et s'assit sur le lit. Il regarda sa main dont deux doigts étaient gonflés et bleus. Le sang avait séché mais ça faisait très mal. Il se dirigea lentement vers la salle de bain et dégota de quoi se soigner. Il enroula un bandage autour de ses deux doigts et serra très fort. Il se doutait bien que ça ne guérirait pas par l'opération du saint esprit mais... Au moins c'était déjà ça. Meg trouverait un travail pour qu'il puisse se payer des soins plus poussés. Pourquoi n'en parlait-il pas simplement à son père ? En fait, Ian en avait très peur. Il avait de mauvais souvenirs d'enfance avec lui. Il le fouettait, le frappait, lui plongeait la tête dans l'eau froide jusqu'à ce qu'il suffoque... Tout ce dont Ben avait le droit aujourd'hui, Ian l'avait déjà subi, enfant. Mais ça s'était arrêté quand leur père avait commencé avec Ben. Ian n'avait plus eu le droit qu'à quelques coups de temps en temps et des remontrances. Il avait assez peur de leur père pour ne plus lui désobéir. Ce qui n'était jamais le cas de Benjamin. Ian admirait son courage.

D'une main tremblante, il saisit un rasoir. Il appartenait à son père puisque lui n'avait que très peu de pilosité faciale. Il ouvrit un placard et en sortit un paquet où étaient rangées des lames neuves. Il en saisit une et la fit tourner entre ses doigts. C'est mal. Pose ça. Ian releva la manche droite de sa chemise et posa la lame sur ses veines bleutées. Il hésita un court instant, le cœur battant. Finalement, il appuya fortement  et la chaire céda sous la pression. Ian se taillada à l'horizontal deux ou trois fois de suite. Le sang coulait abondement le long de son poignet. Il regarda le sang goûter sur le plancher. Lentement. Horrifié, il saisit des bandages et du désinfectant pour bander cette plaie et arrêter le sang qui en coulait. Il jeta la lame de rasoir et nettoya le sang sur le sol. L'impression d'avoir fait quelque chose de mal ne le quitta pas d'une semelle. Il rentra dans sa chambre, le souffle court. Il s'assit à son bureau et tira des cahiers de son sac, faisant mine de travailler.

Ce fut vers vingt-heures, après le dîner, qu'il découvrit avec horreur y – et une certaine fascination morbide – ce que faisait subir son père à Benjamin. Il tomba sur eux par hasard. Il le vit par l'entrebâillement de la porte et resta figé. Lui aussi avait subit des sévices mais jamais autant. Son père du sentir sa présence puisqu'il se tourna vers lui. Ian resta interdit. Que devait-il faire ? Il ne bougea pas. Son père lui fit signe de s'approcher. Ian obéit, il approcha, le cœur battant, les yeux rivés sur le dos de son frère. S'il avait eu assez de couilles, il aurait sans doute aidé Benjamin. Mais le problème, c'est que Ian était un lâche. Il leva les yeux sur son père qui lui ordonna de prendre le fouet. Durant quelques minutes, Ian resta interdit. Il lui demandait de fouetter son propre frère, là ? Il n'osait pas saisir l'objet. Il ne pouvait pas faire ça... Prend-le. Prend-le ! Sinon c'est toi qui sera à sa place ! D'une main tremblante, Ian saisit le fouet. Vas-y. FAIT-LE ! Ian ne pouvait pas faire ça... Il secoua la tête. Pour la première fois, il allait désobéir à son père. C'était son frère, là... Comment pourrait-il... ? Fait-le. Fait-le. Fait-le... Pense à tout ce qu'on te fait, toi. Quelqu'un mérite bien d'être puni. Pas lui. Ce n'était pas de sa faute. Fait-le. Sinon tu vas encore souffrir. Fait-le. Il le mérite. Ian leva le bras et le coup parti. Il n'était pas fort. Ian n'osait pas frapper fort... Son père ricana et l'encouragea à y aller plus fortement. Jordan prit aussitôt le relais sous les ordres de Meg. Il ne retint pas ses coups. Ian sentit sa colère se déverser sur son petit frère. Il se sentit étrangement bien... Tout en étant révulsé par ses gestes. Ian cessa. Il était vidé de toute énergie. Sans qu'il ne s'en rende compte, il fut de retour dans sa chambre. Sans doute avait-il rendu le fouet à son père avant de s'éclipser. Ian se laissa tomber sur son lit et baissa les yeux sur ses mains.


« Mais qu'est-ce que j'ai fait... Meg... Mais qu'est-ce que j'ai fait ?! »
« Ca va, arrête de chialer ! Ne me dis pas que ça ne t'as pas fait... Du bien ? »
« Mais n'importe quoi !! Tais-toi ! » Ian plaqua ses mains sur ses oreilles et se balança d'avant en arrière.

Meg caressa ses cheveux et le prit dans ses bras. Un petit sourire satisfait se peignit sur son visage lorsque Ian se blottit contre lui. Ils s'allongèrent ensemble sur le lit et Ian resta contre Meg. Un peu de chaleur humaine lui réchauffait le cœur... Bien que Meg n'existait que dans son esprit et que toute personne extérieur à la scène n'aurait fait que voir un adolescent allongé sur ses couvertures. Seul. Les bas serrés autour de son corps maigrelet d'adolescent.

• 10 Août 2004,

Les vacances familiale... Quelle joie, quelle ivresse ! Ian revenait exprès pour ça... C'était une sorte d'obligation, de corvée. Ca faisait quelques temps qu'il avait quitté le domicile et vivait à son compte en tant que serveur. Il attendait de trouver un métier plus offrant. Meg y travaillait d'arrache-pied. Il s'était fait quelques bons amis par-ci par-là, tous prêt à l'aider en cas de besoin. Heureusement qu'il était là... Sans lui, Ian serait vraiment perdu. Le jeune homme n'avait pas la moindre envie de partir à Nice... Enfin si. Il y avait une raison : Lilas. Oh ! Non, Ian ne l'aimait pas. Mais c'était la fille d'un riche qui habitait dans un manoir non loin du camping où ils allaient passer leurs vacances. En bord de mer, dans un petit coin paradisiaque... Ian était dans ses bonnes grâce depuis trois ans, déjà. Il songeait fermement à l'épouser. Pense à l'argent qu'elle te rapportera. Une sacrée somme ! Ian déposa sa valise dans le coffre, un sourire au coin des lèvres. Sa mère, apparut derrière lui et passa une main dans ses cheveux pour le recoiffer distraitement. Ian la laissa faire. Elle était la seule personne au monde – avec Meg et Jordan – qui lui accordait un peu d'attention. Ian s'était souvent raccrocher à elle dans certains cas, comme lorsque son père le frappait. Elizabeth était toujours là pour soigner ses blessures, patiente. Ian savait qu'elle détestait Ben pour l'avoir vu plus d'une fois le maltraiter durant sa petite enfance. Au début, Ian avait eu très peur. Il se demandait pourquoi sa mère agissait de la sorte avec son petit frère. Puis Meg l'avait convaincu – à moitié –  qu'il l'avait bien mérité. D'ailleurs, toujours, Meg s'amusait à faire peur à Benjamin lorsqu'il était puni.
Passons.
Ian s'assit sur la banquette arrière, les bras croisés sur sa poitrine. Benjamin était encore en retard ! Il les faisait toujours attendre ce crétin sans cervelle. Le voyage allait encore être très long... Surtout à côté de lui. Il n'allait pas arrêter de parler, vrillant ses oreilles si délicates ! Génial. Ian en avait déjà marre. A peine Benjamin les eut-il honoré de sa présence que la voiture démarra. Quelques minutes se déroulèrent, le silence était absolu. Jordan finit par écraser, sans raison apparente, la tête de Ben, qui regardait le paysage, contre la vitre.

« Alors crétin, ça t’amuse de nous faire perdre notre temps ? »

A peine eut-il prononcé sa phrase que Benjamin lui attrapa le bras et le retourna. Une douleur fulgurante se répercuta jusqu'à son épaule. Sa vision s'obscurcit l'espace d'un instant et il se demanda s'il allait lui casser le bras. Ian aurait demandé pitié, mais Meg tenta de rester digne et sa grimace de douleur se transforma en un rictus méprisant.

« Lâche-moi abruti ! » siffla-t-il entre ses dents. Sinon tu vas le payer cher !

Benjamin obtempéra, avec un sourire moqueur. Jordan se tâtait : devait-il le frapper ? Ian l'implora de ne pas le faire : il y avait leur parents à l'avant... Enfin, surtout son père qui conduisait. Ian ne pouvait pas se permettre de frapper son petit chouchou. Si j'avais su, je serais resté chez moi, merde.

« Calmez-vous tous les deux ! Le premier qui dit un mot de plus, je le laisse sur le bord de la route et il fait le chemin à pied… Et il aura intérêt d’être là-bas demain matin. »
« Moi je n'ai rien dit. »

Sale petit con, ce serait bien la première fois ! Ian se retint de lâcher une réplique cinglante : il ne tenait pas à faire tout le chemin à pied jusqu'à Nice. Il y en avait pour sept heures de voiture, alors à pied... Ca prendrait bien la semaine. Ian n'était pas venu pour se farcir le chemin à pied. Il décida donc de se plonger dans son mutisme habituel.

« Est-ce que c’est bien clair tous les deux ? Plus un mot. »
« Oui père. » souffla Ian.
« Oui papa ! »

Ta gueule, crétin. Ian regardait obstinément le paysage. Il n'ouvrirait plus la bouche. Il le faisait parfois pendant plusieurs jours... Enfin, en réalité, il parlait à Me et Jordan mais il ne pouvait pas le faire dans la voiture. Il pourrait toujours dormir, ce n'était pas encore interdit ça. Ne sois pas ridicule, Ian, tu ne dors déjà pas bien dans ton lit, alors dans une voiture...  

« J’ai entendu dire qu’un homme avait été retrouvé mort, pendu au camping ! C’est super excitant non ?! »
« Cinq minutes trente, tu as tenu cinq minutes trente. Dehors. »

Ian retint un ricanement. Super ! Un con en moins, un ! Il faillit lui faire un petit « coucou » par la fenêtre, lorsque la voiture redémarra, laissant Ben sur le bord de la route. Ian était curieux de voir comment son frère allait s'en sortir... Par une pirouette, comme d'habitude. Mais bon, au moins le voyage serait calme. Trop calme, du coup... Tu sais vraiment pas ce que tu veux, ma parole ! Ian poussa un soupir inaudible et se perdit dans la contemplation du paysage qui défilait trop lentement à son goût. Il ne pouvait écouter ni musique, et ne se distraire d'aucune manière. Ses parents ne parlaient pas entre eux, ils n'avaient très certainement rien à se dire depuis plusieurs années... Ce vieux con n'allumerait même pas la radio, pas vrai ? Pff. Ian ferma les yeux et décida de faire semblant de dormir. Ainsi, il put visualiser Meg et Jordan.

Meg, les bras croisés, confortablement assit dans la banquette à côté de lui, récurait ses ongles à l'aide d'une lime à ongle. Il était devenu un garçon extrêmement séduisant. Ses cheveux bruns – qui triaient vers le blond lorsque les saisons chaudes et le soleil arrivait – étaient soigneusement coiffés, gominés. Quelques mèches rebelles tombaient devant ses yeux. Son visage était noble et très précieux. On aurait dit l'un de ce poète pédant dans l'une des pièce de Molière dans Les femmes savantes. Il était chichement habillé, vêtu d'un long manteau de cuir – malgré la chaleur. Il n'avait visiblement pas hâte d'arriver à ce camping fait pour les « pauvres ». Ce qu'il voulait, c'était partir dans des îles paradisiaques dans un jet privé et reposer dans un hamac sur la plage, avec une dizaine de personnes présentes pour exécuter le moindre de ses désirs. Un peu de patience, Lilas t'apportera cette fortune bientôt.

Jordan était assit entre Meg et Ian. Tout dans sa manière d'être traduisait son impatience. Ses doigts pianotaient contre sa cuisse et de longs soupirs las – mais inaudibles – s'échappaient de ses lèvres. Il n'avait plus son punching-ball préféré à porté de main... Avec le temps, Jordan était lui aussi devenu très beau garçon. Mais de manière différente à Meg. Alors que ce dernier reflétait le luxe et la magnificence, Jordan était plutôt du genre à se laisser aller. Son allure débraillée, ses pantalons étaient troués. De nombreux bleus parsemaient son corps, signe de ses nombreuses bagarre. Il était très fier de sa barbe naissante qui ne rasait que très rarement, lui donnant l'air un peu plus viril que d'habitude.

Et puis il y avait Ian... Ian, petit être chétif, encore enfant dans le corps d'un homme déjà adulte. Maigrelet, au teint cadavérique. Ses cernes formaient deux poches immenses sous ses yeux, le faisant ressembler à un personnage fantomatique d'Edgar Allan Poe. Ses cheveux bruns-noirs tombaient par mèches entières devant son visage, le plongeant dans l'ombre et le fermant au autres et au monde. Mais l'apparence entière de Ian se mélangeait avec celle de ses personnalités. N'importe qui aurait vu un homme certes maigrelet et pâle, mais avec une certaine prestance et arrogance. Quant aux bleus, il en avait sur tout le corps, attestant des nombreuses bagarres auxquelles il était mêlé. Pour ce qui était du style vestimentaire, c'était encore une toute autre histoire. Ian ne pouvait se permettre de s'habiller aux goûts chics de Meg mais se refusait toutefois d'adopter le style débraillé de Jordan. Ainsi était-il plutôt passe-partout et on ne plus banal. Des jeans, des chemises de basses coutures, des baskets... C'était tout. Pour le moment. Meg avait de grands projets d'avenir : une maison luxuriante – un manoir, sans doute – une femme riche accrochée à ses filets, de qui il pourrait tout obtenir... Des domestiques, des chauffeurs, de belles voitures, du respect. Je ne mérite pas ça. Bien sûr que non, Ian ! Mais moi je le mérite. Et estime toi heureux que je fasse tout à ta place. Sans moi, tu serais complètement perdu. Tu serais même peut-être déjà mort... Ou encore chez Maman et Papa. Pff. Pathétique ! Je sais, Meg. Tu n'as pas besoin de me le rappeler. Je te suis reconnaissant de tout ce que tu as fait pour moi, sincèrement. Mais n'aies-je pas le droit de prendre mes propres décisions ? Tes propres décisions ? Meg partit dans un grand éclat de rire. Es-tu en train de te moquer ? Tu n'as aucune volonté propre ! Tu n'es qu'un petit vers de terre au milieu de ce grand monde. Je peux te dire avec certitude que si tu commençais à prendre tes propres décisions, tu te tuerais. Parce qu'il n'y aurait personne pour t'aimer.

Ian étouffa un sanglot. Il ne pouvait pas se permette de pleurer à l'arrière de la voiture, il y avait ses parents à l'avant. Pourquoi était-il venu ici, sérieusement ? Il aurait du refuser. Mais il ne pouvait pas refuser, là où était le problème. Lâche. C'est parce que tu es lâche et faible ! Mais Dieu, ta gueule ! Meg se tut pendant tout le reste du trajet, visiblement vexé, les yeux dédaigneusement baissés sur ses ongles limés. Ian se plongea dans un mutisme sans fin et il se surprit à laisser déferler son imagination, chose qu'il ne faisait que lorsqu'il dessinait... Quand Meg le laissait dessiner. Ian adorait Meg – bien qu'il ne le comprenne pas toujours. Et Meg aimait Ian, bien sûr. Il aurait même pu en être amoureux s'il n'avait pas été psychopathe. Autrement dit, incapable de ressentir le moindre sentiment. Un être manipulateur, égocentrique et égoïste. En vérité, c'était Jordan qui était amoureux de Ian. Sinon il ne serait pas resté pour le défendre sous les ordres de Meg. Quant à Ian il ne savait pas ce qu'il éprouvait. Il estimait qu'il ne pouvait être aimé de personne – à part de Meg et de Jordan... Et éventuellement de sa mère – alors il ne savait pas non plus exprimer quoique se soit... Comment faire ? Comment vivre ? Comment se débrouiller tout seul ? Il ne savait rien faire. Il était resté un petit garçon. Meg l'avait pris en main très tôt, lui permettant de délaisser l’indépendance. Maintenant il était trop tard pour se débarrasser de Meg. Sans lui, Ian ne saurait rien faire. Il aurait trop peur pour sortir de chez lui...

Au bout de sept longues heures de silence et d'ennui, Grégoire gara enfin sa voiture sur le parking du camping. Ils venaient ici depuis de nombreuses années, des habitués ! Meg s'était fait sa petite bande de copain snobinards qui habitaient non loin de là, tous des fils de riches. Au début, ils avaient méprisé Ian. Mais au fil du temps, ils avaient su l'apprécier. Meg avait tissé un filet de mensonges à son compte, comme quoi la famille Anderson descendrait d'une noble famille aristocratique très respectée, et qu'il hériterait sans doute bientôt d'une grosse fortune, léguée par son Oncle cancéreux. Bien sûr, il n'y avait aucun oncle cancéreux dans la famille. Et même si c'était le cas, il ne lui léguerait rien d'autres que des clopinettes. Le fait que Ian sorte avec Lilas avait aussi beaucoup aidé à sa réputation. Comme elle avait été facile à séduire.... ! Il avait suffit de jouer les romantiques au grand cœur. Le genre de mec un peu parfait, à la fois mystérieux ce qui ne manquait pas d'attirer les filles. Et puis Lilas était encore un peu naïve et stupide lorsqu'ils s'étaient connu. Cela avait beaucoup joué. Maintenant Meg attendait le bon moment pour lui offrir une bague et la demander en mariage comme il se devait. Il sourit en coin à cette idée et ouvrit la portière de la voiture avec élégance. Un jour, il aurait un portier. Ian ouvrit le coffre de la voiture et saisit sa valise d'une main ferme, aidé par Jordan (c'était étonnant de voir comme les forces inexistantes de Ian se dédoublaient dès que Jordan faisait son entrée. A croire que le cerveau pouvait tout commander, même les muscles les plus infimes.). Le jeune homme prit celle de sa mère, en parfait gentleman, dans son autre main et suivit Grégoire jusqu'à leur mobile-home. Ce n'était pas spacieux mais c'était pas mal du tout ! Au grand regret de Ian, il devait partager une chambre avec son crétin de frère. Enfin il n'arriverait pas avant un moment, en tout cas ! Pff, l'imbécile ! Ian déposa la valise de sa mère dans la chambre qu'elle partageait avec son père avant de s'asseoir sagement sur le lit qu'il occupait, attendant les ordres, comme s'il avait encore dix ans.

Il ne se passa rien de spécial ce soir-là. Visiblement fatigué par ses heures de conduite, Grégoire ne cherchait pas à parler et Eli non plus. Quelle ambiance de folie. C'était toujours vide sans Benjamin, tout compte fait. Tu vas me dire qu'il te manque peut-être ? Non mais... C'est mon frère. Tu m'as servi tant de fois cet argument qu'il n'est plus valable. Ian poussa un profond soupir avant de passer à table. La cuisine de sa mère était infecte, heureusement qu'ils se contentèrent des sandwiches achetés pour la route – et qu'ils n'avaient pas mangé – car Ian n'avait pas le cœur à faire semblant d'apprécier un minimum la cuisine de sa mère. Surtout ses infâmes gratins de courgettes. La journée se termina lentement. Ian n'eut pas la permission de sortir ce soir-là. Il fallait défaire les bagages, aider à ranger quelques petites affaires... La routine. Ce fut vers vingt-et-une heures qu'ils allèrent se coucher, dans le même silence habituel. Ian éteignit la petite lumière de sa chambre et se glissa sous les couvertures. Il faisait déjà chaud. C'est sans doute pourquoi il ne s'embarrassa pas de haut de pyjamas et ne se vêtit que de son caleçon.

To be continued...
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