“Please, please forgive me but I won’t be home again.”

Alicia, assise sur le rebord de son lit pleurait à chaudes larmes, la tête plongée dans ses mains. Elle n’entendit pas la porte de sa chambre s’ouvrir, ni Valentin s’approcher timidement de son d’elle. Elle ne redressa la tête que lorsque les petites mains de son fils se posèrent sur ses genoux. Alicia se redressa brusquement, comme si son corps avait été parcouru d’une soudaine décharge électrique. Ses muscles se détendirent à la vu de son petit garçon qui la regardait avec ses grands yeux curieux. Elle lui sourit avec une infinie tendresse et passa sa main dans ses cheveux bruns.

« Ca va, M’an ? » s’enquit le bambin.

Alicia continua de lui sourire. La seule vision de son petit bout de chou lui redonnait un vent d’espoir et de courage. Elle hocha la tête et essuya les dernières traces de larmes sur son visage avant de le prendre dans ses bras et de le serrer contre son cœur. Valentin se dégagea en riant et déposa un baiser sur sa joue avant de sortir de la pièce, les bras tendus, imitant le bruit d’un avion.

Valentin, affalé dans son fauteuil, le coude posé sur l’accoudoir, regardait les gens défiler devant lui. Il avait l’air morne. Plus les minutes passaient, plus il semblait exaspéré. Il n’aurait su dire ce qu’il l’agaçait autant. Peut-être le simple fait d’être là, dans le hall d’accueil de l’hôtel, et d’attendre que sa partenaire, Leah, daigne descendre le rejoindre. Avait-on idée de s’attifer d’une telle partenaire ! Bon sang… Valentin poussa un long soupir et ferma les yeux durant un court instant. Il ne fut réveillé que lorsque Leah parut devant lui. Il écarquilla les yeux en la regardant des pieds à la tête avant de lever les yeux au ciel et de se redresser dans son siège.

« Putain, Leah, on avait dit en tenu de civile ! Pas en pute ! »

Leah parut froissée par sa remarque. Elle s’attendait au moins à un compliment… Il était vrai que sa tenue était un peu osée avec ce décolleté outrageant, son mini short qui rasait ses fesses et ses petites chaussures à talon. Valentin secoua la tête, navré, avant de se redresser, sa veste en jean dans la main droite. Leah lui donna un méchant coup de coude dans les côtes.

« Tu pourrais au moins me faire un compliment, sérieux. »

Un ricanement s’échappa des lèvres de Valentin qui haussa vaguement les épaules avant de lui rendre son coup de coude.

« Je pensais que te dire qu’avoir l’air d’une pute serait un compliment, pour une fille comme toi. »

Leah fronça les sourcils.

« Merci ? »
« C’était pas un compliment. »
« De toute façon, t’es pédé. »
« Ta gueule, connasse. »

Valentin prit les devants et sortit dans la rue. L’air frais de février s’engouffra dans le col de sa chemise ouverte. Il fut rapidement rejoint par Leah qui lui fit un bisou sur la joue.

« Ca va, fais pas la gueule. Tu m’as déjà dit des trucs bien pires que ça. »

Elle n’avait pas tort… Valentin se demandait comment elle faisait pour le supporter. Mais ils n’étaient pas amis pour autant. Leah était très affectueuse avec lui parce qu’elle savait qu’il préférait les mecs à la gente féminine. Valentin préférait s’en cacher un peu, mais impossible de le faire avec sa partenaire. Elle avait promis de garder le secret et, jusqu’à maintenant, elle n’avait pas mentie. Valentin ne savait plus exactement quand est-ce qu’elle avait dé couvert ses penchants homosexuels… Peut-être un jour qu’ils étaient dans une boîte de strip-tease et qu’une très charmante femme s’était mise à se dandiner devant lui et qu’il avait à peine réagit d’un haussement de sourcils. De toute façon, ce n’était pas ce qui intéressait le plus Valentin. Les sentiments, le cul… Pas sa tasse de thé de tous les jours. Il s’en passait volontiers. Bref.

Un peu de concentration. Aujourd’hui, ils partaient en mission. En mode incognito. En civiles, quoi. Mais avec l’autre qui s’habillait en pute… La discrétion n’était pas au rendez-vous. Il poussa un soupir.