« Attention, il est caché sous ton lit ! – Quoi ? –  Une monstre gigantesque qui va venir te dévorer pendant ton sommeil. – Arrête, ce n'est pas vrai, tu mens ! – Non, non. Il va venir t'engloutir comme une petite friandise. Tu n'auras même plus tes yeux pour pleurer : il tes les arrachera. Quant à tes hurlements, personne ne les entendra, ils seront happés par les ténèbres de sa bouche gigantesque. – Quentin, j'ai peur !! –  Tu fais bien d'avoir peur. Bonne nuit. »

Plongé dans la pénombre de sa chambre, Nathan tremblait sous ses couvertures. Il attendait que l'ombre du Monstre dont lui avait parlé Quentin se projette sur le mur. Il s'attendait, à tout instant, à ce que son haleine chaude et fétide vienne lui chatouiller la nuque. Ce fut la nuit la plus terrifiante de toute son existence. Il ne dormit de façon décousue qu'une ou deux heures. Il avait l'impression d'entendre quelque chose gratter contre la porte de sa chambre. Ou contre la porte de son armoire. Nathan se tassa un peu plus sous ses couvertures, comme si ce simple fait pouvait le protéger. Lorsque les premiers rayons du soleil filtrèrent à travers ses volets fermés, Nathan bondit dans ses draps et alluma la lumière avant d'ouvrir la fenêtre. Voir le monde lui réchauffa les cœur et toutes ses angoisses nocturnes furent aussitôt balayées. Il poussa un long soupir, heureux d'avoir survécut à cette horrible nuit. Il sortit de sa chambre et descendit les escaliers pour aller manger dans la cuisine. Sa mère et Quentin n'étaient pas encore debout. Quentin était le nouveau petit ami de sa mère. Elle avait longtemps pleuré lorsque Charlie, le père de Nathan, l'avait quitté pour une autre femme. Elle buvait alors beaucoup et Nathan pensait qu'elle mourrait. Il savait que beaucoup d'enfants pouvaient devenir orphelins. Il s'était demandé comment serait un orphelinat. A quatre ans, peut-on vraiment se poser ce genre de questions ? Et puis Quentin était entré dans la vie d'Angelina. Un homme fort séduisant, dans la trentaine, avec une barbe qui piquait les joues de Nathan lorsqu'il lui faisait la bise.