The Mysteries of Paris
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 Alice, tell me of your wonderland.

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MessageSujet: Alice, tell me of your wonderland.   Alice, tell me of your wonderland. Icon_minitimeMer 2 Jan - 16:28


Once upon a time ...


~ ALICE DAVIS ~
25 ans

Surnoms :
Harley Quinn

Origines (Où es-tu né(e) ?) :
Angleterre, Londres.

Date de naissance :
22 novembre 1988

Métier :
Tueuse à gage & scénariste.

Groupe :
Criminel.

Orientation sexuelle :
Bisexuel.

Si je te pince, tu dis ? :
Vous n'avez que ça à faire, vraiment ?

Plutôt Sucré ou Salé ? :
Sucré.

Plutôt Eau ou Whisky ? :
Eau.

Plutôt Coup d'un soir ou Mariage ? :
Coup d'un soir.

Plutôt Coup de fouet ou Fessée ? :
Fessé...

Plutôt Cigarette ou Bonbon ? :
Cigarette.

Plutôt Dominant ou Dominé ? :
Ambivalent.

Plutôt Dangereux ou Affectueux ? :
... Qui sait ?

Que trouverait-on dans ton casier judiciaire ? :
Rien de spécial. ~
A criminal and a cop...




~ Physique ~
Mary Elizabeth Winstead

Couleur des yeux :
Bruns dorés.

Couleur des cheveux :
Bruns.

Couleur de peau :
Blanche.

Ta taille :
1 mètre 71.

Ton poids :
56 kilos.

La partie de ton corps que tu détestes ? :
Mon nez. ~

La partie de ton corps que tu préfères ? :
Mes beaux cheveux. <3

Quelle partie du corps t'excites le plus chez ton partenaire ? :
C'est un secret. ~

Style vestimentaire :
Parfois discret, parfois excentrique. Tout dépend de mon humeur. J'adore les bijoux - surtout les bracelets et les bagues - hors de prix ainsi que les belles robes, provocatrices, élégantes ou chiches. Je peux aussi m'habiller de façon provocante, avec des mini-short et des tee-shirt moulant. Tout dépend de ms humeurs !

Signe particulier :
Non, aucun. Sauf si vous voulez parler de ce tatouage d'ailes d'ange que j'ai dans le dos.

~ And more... ~
It's useless but...

Quel est ton plat et ta boisson préférés ? :
Salade de chèvre chaud et du Baileys Irish Cream.

Quel est ton film, ou ton livre, préféré ? :
Mon film préféré...? Vol au dessus d'un nid de coucou, Shining, Batman (ceux de Tim Burton... Quoique la nouvelle soit aussi superbe. ~ ) des trucs du genre. En livre... Alice au pays des merveilles et Carrie.

Quelle est ta fleur préférée ? :
La fleur de nénuphar.

Tu meurs demain, que fais-tu aujourd’hui ? :
Rien de plus, ce sera comme ça.

Ta religion ? :
Athée.

Consommation de drogue, d’alcool, de tabac ? :
Oui. ~

Ton avis sur l’avortement ? :
Non...

Ton avis sur l’homosexualité/ La bisexualité ? :
Aucun.

Ton avis sur l'infidélité ? :
Je m'en fout ... un peu.

L'Abstinence, combien de temps tu peux tenir ? :
Hum... Pas très longtemps, min mignon. ~

La chose la plus folle que tu aies faite au lit ? :
Si vous saviez ! Rolling Eyes

La phrase que tu aimes dire après l'acte ? :
Adieu.

Ton plus grand rêve ? :
Je ne sais pas... Être riche et libre ?

Quel a été le plus beau et le pire jour de ta vie ? :
Ben... Aucune idée, moi... Ces questions, aussi.

Ce que tu aimes le plus au monde ? :
Mon métier, l'argent... et Heath.

Quelle est ta plus grande peur ? :
Mourir.

Si tu pouvais changer une seule chose dans ton passé, ça serait ? :
... Rien, c'est comme ça.

CE QU'IL SE PASSE DANS TA TÊTE :

- Ta plus grande qualité : Ma beauté.
- Ton plus gros défaut : Mon amour pour l'argent, j'imagine.
- Un Tic, une manie ? : Pas trop. <3

Ambiguë, Artiste, Attentive, Beau-parleur, confiante, cultivée, curieuse, cynique, ironique, délicate, distinguée, chic, docile, égoïste, dépensière, imaginative, inventive, indépendante, libre, enfantine, joyeuse, joueuse, malicieuse, coquine, provocatrice, sauvage, mystérieuse, séductrice, solitaire, réaliste, sans pitié, taquine, tricheuse, vive.




In real life,

.


Ton pseudo : Arlequin.
Ton âge : 16 ans.
Niveau de Rp ? : Excellent. =D
Où avez vous découvert le forum ? : C'est un mystère, gamin !
Qu'en pensez-vous ? : C'est super, gros !
Un commentaire ? : C'est une excellente question, voyez-vous !
Le mot magique du réglement : - Validé par John 8D -


Dernière édition par Alice Davis le Sam 1 Juin - 12:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Alice, tell me of your wonderland.   Alice, tell me of your wonderland. Icon_minitimeLun 20 Mai - 12:18

UNE JOLIE PETITE HISTOIRE :
The poet is akin to the prince of clouds
Who dwells in the tempest and scoffs at the archer


« Alice, tu as terminé tes devoirs ? »
« Oui, Madame. »
« Je t'en prie, ma crème, tu peux m'appeler Annie, tu le sais. » elle donnait toujours à Alice de drôles de surnoms.
« D'accord, Annie. »

Sa grosse main caressa doucement les cheveux d'Alice. Cette dernière fit une étrange grimace une fois qu'Annie lui eut tourné le dos. Elle n'aimait pas qu'elle la touche, cela la répugnait. Annie était à la fois très laide et repoussante. Alice se demandait comment un homme avait pu épouser cette truie. En effet, son mari, Arnold, était menu, grand et plutôt élégant, portant une moustache finement taillée et un costume cravate, alors qu'Annie était plutôt petite, grosse, peu soignée. Le pire, c'est qu'elle portait des robes moulantes et ne cessait de glousser lorsque des invités venaient boire un verre. Souvent il s'agissait de collègues d'Arnold. Alice se leva, ferma la porte de la petite chambre qui lui était attribué et retourna à la lecture d'un livre qu'elle trouvait passionnant : Carrie de Stephen King. Annie et Arnold ne savaient pas qu'elle lisait ce genre de choses alors qu'elle n'avait que douze ans. On ne lit pas ce genre de chose à cet âge, on en est encore aux bibliothèques roses ou aux romans de fantasy-fantastique. Alice ne s'intéressait pas beaucoup à la fantasy. Elle préférait de loin les romans noirs ou d'épouvantes ainsi que les faits réels. Elle avait emprunté beaucoup de livres à la bibliothèque de l'école comme Les fleurs du Mal de Charles Baudelaire ou Alice au Pays des merveilles. Elle se sentait supérieure, son prénom figurait dans un livre aussi connu, et elle en était l'héroïne. Elle aimait beaucoup s'identifier à cette jeune fille un peu trop naïve et s'imaginait en train de boire le thé en compagnie du Chapelier et du Lièvre. Alice avait énormément d'imagination, cela allait de soit. Les nombreux dessins sur ses cahiers de cours pouvaient en attester. Ils représentaient divers choses, mais étaient tous, pour la plupart, très sombre. Certains professeurs les aurait décrit comme « glauque et morbide ». Il y avait du sang. Il y avait des zombies. Il y avait des enfants aux yeux blancs et vides... Si Annie était tombée dessus, elle aurait joué sa tragédie Grec et se serait effondré sur le canapé, une main sur le front, la tête rejetée en arrière en criant : « Ô ! Seigneur, que va-t-on faire de toi, ma crème ? » Puis elle aurait tourné vers son mari des yeux faussement larmoyant et lui aurait tendu les cahiers, pointant les dessins du doigt. Il aurait secoué la tête, navré et aurait dit à sa femme, comme si Alice ne se trouvait plus dans la pièce : « Que va-t-on faire de cette enfance, ma chère ? Il n'y a plus rien à espérer, c'est un désastre. Voilà qu'elle fait de la fantasy sur ses cahiers de cours. » Il se serait alors souvenu de sa présence, l'aurait regardé droit dans les yeux avant de se détourné, comme profondément outré. Annie se serait alors épouvanté, les deux mains sur les joues, la bouche grand ouverte en un « O » silencieux. Et puis il aurait...

« On mange, les enfants !»

...pris le martinet.
Alice referma son livre, prenant garde à bien mettre un marque page. C'était elle-même qui l'avait réalisé. Il s'agissait d'un chat noir, les poils hérissés, enroulé autour d'un livre. Et il souriait. Comme le chat de Cheshire dans Alice au pays des merveilles. Alice fut la dernière à s'asseoir à table, mais elle n'était pas en retard et n'eut donc aucune remontrances. A se droite il y avait Peter, un garçon de deux ans son cadet. Il avait un esprit vif et brillant mais se montrait très timide même au sein de la famille. A sa gauche, se trouvait Lys. Elle n'avait que quatre ans et était incroyablement mignonne et adorable. Alice les aimait beaucoup tous les deux. En face d'eux, se tenaient les deux enfants d'Annie et Arnold : Jack et William. William était le plus jeune. Un vrai gamin pourri gâté, capricieux. Il horripilait Alice. Quant à Jack, il ne valait guère mieux aux yeux de la jeune fille. Même s'il se voulait très instruit, ce n'était qu'un beau parleur de bas étages qui la prenait de haut, comme si elle n'était qu'une idiote parmi les idiotes. Alice lui aurait fait manger ses livres de mathématiques si elle avait pu. Malheureusement, quiconque osait hausser le ton avec Jack et William se retrouvait privé de dessert pour le mois à venir. S'il n'y avait que les desserts..., songea Alice avec amertume. Elle se servit de la soupe. C'était obligatoire même si elle n'aimait pas ça. Vu la tête de Peter, elle devinait que lui non plus n'aimait pas. Seuls William et Jack en était dispensés. Alice trouvait que ce n'était pas juste, mais elle se gardait bien de le dire. Si l'expérience lui avait appris quelque chose dans cette famille, c'était bien qu'il fallait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Elle regarda donc les deux garçons du coin de l'oeil. Ils s'empiffraient de crêpes. Surtout William qui ressemblait énormément à Annie. Petit, gras, hideux. Jack avait hérité du père, grand, fin, soigné. Il mangeait avec ses couverts. Mais ça ne l'empêchait pas de lui jeter un sourire moqueur. Alice aurait apprécié lui jeter son verre d'eau à la figure avec un hurlement de rage. Elle porta son bol de soupe à ses lèvres et le but cul sec, sans respirer. Cela aidait à faire passer le goût et l'odeur. Elle puait le vieux camembert moisis, une véritable infection !

Cela faisait à présent neuf ans qu'Alice se trouvait ici, dans cette famille d'accueil. Elle y avait été placée à l'âge de trois ans, après la mort accidentelle de sa mère dans un accident de voiture et le suicide de son père suite à cette nouvelle. Alice ne se souvenait presque de rien les concernant. On ne lui en parlait pas. De toute façon, Annie et Arnold n'étaient au courant de rien. Ils avaient acceptés de la prendre par bonté d'âme, disait souvent Annie lorsqu'elle se mettait en colère contre elle. Elle avait été la toute première à faire partie de la famille d'accueil. Jack n'avait alors que six ans. William venait alors de naître. Tous les deux avaient été élevés comme un frère et une sœur. Cependant, de grandes injustices avaient toujours été notables. Alice n'avait jamais aimé ni Jack ni William. Mais elle supposait que ce n'était pas de leur faute. Tout reposait sur les dos des parents car, après tout, on naît tous pareille. Annie adorait ses enfants. Elle les gâtait, les chouchoutait autant qu'elle pouvait. Arnold étant un riche homme d'affaire, la famille ne manquait de rien. Pourtant c'était toujours une corvée d'acheter de nouveaux vêtements à Alice, des affaires scolaires ou quoique se soit d'autre. Peter était arrivé âgé de sept ans. Il c'était montré très farouche, mauvais garçon. Après tout, n'envoie-t-on pas les enfants en famille d'accueil parce qu'ils ont des problèmes dans leur famille d'origine ? La seule façon qu'avait trouvé Arnold pour le calmer et régler le problème avait été de le frapper. Parfois jusqu'au sang. Alice le savait, elle avait tout vu sur le corps de Peter lorsqu'elle devait le surveiller pendant qu'il prenait son bain. Et puis il pleurait souvent auprès d'elle. Alice était la seule figure maternelle bienveillante dans cette maison aux yeux de Peter, car Annie n'avait rien de gentil. Elle jouait simplement la comédie, éternelle hypocrite. Alice se posait une question depuis quelques mois : Pourquoi ? Pourquoi avoir voulu être une famille d'accueil si c'était pour se plaindre sans cesse des enfants accueillis, ou pour les frapper comme du bétail ? Alice ne comprenait pas. Il n'y avait peut-être pas de réponse, pas de logique à cette situation. Une maison de fous. Elle attrapa une crêpe. Cette fois, elle ne se laisserait pas avoir ! Elle avait le droit d'en manger autant que Jack ou William. Elle tartina la crêpe de confiture de fraise et l'engloutit en quatrième vitesse, comme si elle avait peur qu'on ne la lui enlève des mains. Cela aurait très bien pu se produire ! William était un perfide menteur, et un rapporteur de première. Il avait compris depuis longtemps que sa mère faisait tout pour lui et que des plaintes marchaient à chaque fois. Alice voyait les fausses larmes qui coulaient sur ses joues lorsqu'il faisait un caprice. Mais Alice était aussi silencieuse qu'une morte. Elle ne disait jamais, ô grand jamais, le fond de sa pensée. Ici, les murs avaient des oreilles. On ne pouvait faire confiance qu'à soit même. Elle était persuadée que les choses fonctionnaient de la sorte dans la vie courante. Elle voyait en chaque femmes le visage d'Annie et ses gloussements hypocrites. C'est pour ça, sans doute, qu'Alice n'aimait pas ses maîtresses d'école.

Alice saisit une autre crêpe sous le regard aiguë d'Annie. Lys demanda, de sa voix enfantine, si elle pouvait en avoir une elle aussi et Arnold en jeta une dans son assiette. La crêpe tomba malheureusement sur le sol de la cuisine. Comme Lys regardait la nourriture sur le sol sans bouger, Arnold la bursqua d'une voix sèche et dure :

« Hé bien, qu'attends-tu pour ramasser ? »

Lys sauta de sa chaise et prit la crêpe sur le sol avant de la tendre à Arnold. Ce dernier lui lança un regard méprisant, emprunt de méchanceté.

« Tu me prends pour une poubelle ? On ne gâche pas de nourriture. Tu vas manger cette crêpe maintenant que tu l'as. Il me semblait avoir entendu que tu en voulais une. »
« M-mais, p-papa, elle est s-sale ma c-crêpe. » Lys avait un problème d'élocution et bégayait lorsqu'elle parlait. Elle n'avait que trois ans mais s'exprimait drôlement bien pour son âge, si on oubliait ce problème de parole.
« Mais je m'en fiche qu'elle soit sale. Tu vas faire avec, ma grande. Allez, zou.»

Peter jeta un regard mauvais à Arnold. Heureusement pour lui, il ne vit rien. Sinon il aurait eu des ennuis ce soir. songea Alice. Elle baissa la tête sur son assiette et tendit la main vers l'assiette qui contenait les crêpes dans l'intention d'en prendre une troisième. Elle la retira vivement en sautant une vive douleur. Annie venait de la taper avec une tapette à mouche.

« Tu es déjà bien assez grasse comme ça, Alice. Ce n'est pas gracieux une jeune fille avec des bourrelets. »

Alice écarquilla les yeux, trop surprise pour que la simple idée de répliquer ne lui vienne à l'esprit. Grasse ? C'était cette femme qui lui disait qu'elle était grasse et qu'une fille manquait de charme lorsqu'elle était grosse ? Alice en était estomaqué. Ce fut Peter qui parla à sa place, avec insolence.

« Parles pour toi, Annie ! Si Alice est grosse alors toi, qu'est-ce que t'es ? »

Le coup partit aussitôt. Du plat de la main, Arnold avait retourné une gifle magistrale sur le nuque de Peter. La tête du jeune garçon partit en avant et vint durement heurter la table. Le bol de soupe se renversa et se brisa sur le sol de la cuisine. Un grand silence s'installa, recouvert par les pleurs de Peter qui avait pris sa tête dans ses mains. William finit par rire, suivit par Arnold et Annie. Lys se mit à pleurer à son tour. Seuls Jack et Alice restèrent silencieux. La jeune fille baissa la tête et sortit de table. Elle ne demandait jamais la permission. Au moins une chose pour laquelle Annie et Arnold ne se fâchaient pas. Elle remonta lentement dans sa chambre. Le silence et la solitude faisaient battre son cœur plus vite. Elle ferma la porte derrière elle et se laissa tomber sur son lit en soupirant. Elle aurait pu prendre la défense de Peter et de Lys, elle en était consciente. Mais elle ne souhaitait pas le faire. Ils apprendraient à leurs dépends, eux aussi. Pourtant ça avait été très noble de la part de Peter de répliquer à sa place. Mais elle ne voulait pas lui être reconnaissante. Elle se contenterait d'avoir une dette envers lui, sans pour autant s'encombrer de merci. Seuls les actes comptent, n'est-ce pas ? Elle prit le livre de Stephen King dans ses mains et se replongea dans sa lecture.


It's always six o'clock, now.
It's always Tea Time.


Alice regardait le chat. Le chat regardait Alice. Et il souriait. Mais les chats ne peuvent pas sourire, n'est-ce pas ? La main de la petite Alice se tendit et elle caressa le chat qui se mit à ronronner. Et son sourire sembla s'élargir un peu plus. Douce petite. C'est ce que disait le chat. Mais les chats ne parlent pas, n'est-ce pas ? Si vous aviez dis cela à Alice, elle ne vous aurait pas cru un seul instant et, le plus naturellement du monde, vous aurez répondu que si, les chats parlent puisque Cheshire peut le faire. Qui est Cheshire ? Mais enfin ! Cheshire c'est son chat. Il sourit et il parle comme le feraient des personnes telles que vous et moi. Toutefois, si Cheshire souriait et parlait ce n'était pas le cas de Dina, son autre chat. Elle ne venait pas du pays des merveilles, alors c'était normal qu'elle ne sache pas. Alice tira la queue de Cheshire qui poussa un sifflement indigné. Tu m'as fait mal, Alice. Il se leva et partit se coucher dans son panier, tournant résolument le dos à Alice. Mais non, il ne partit pas en marchant bien sûr. Il disparut, trait après trait. Ne resta plus dans les airs que son sourire avant que celui-ci ne s'évapore également. Puis le chat reparut, couché un peu plus non dans sa panière.

« Alice, il y a de la brioche si tu veux en manger. »

Alice se releva et sautilla jusqu'à la cuisine. Elle grimpa sur l'une des chaises et prit une part de brioche dans ses mains. Vous ne connaissez pas ces fines tartines beurrées ? Alice se lécha les lèvres du bout de sa langue une fois qu'elle eut finit et elle monta jusque dans sa chambre. Sa mère et son père allaient prendre le thé avec le Chapelier et le Lièvre et ils n'aimaient pas être dérangés pendant ce moment. Son père fumait comme la Chenille et sa mère lisait tranquillement un livre en buvant du thé. Tu rêves Alice, n'est-ce pas ? Elle joua dans sa chambre pendant l'heure du thé. Elle peignait les roses en rouge, accompagné des cartes de la Reine de cœur. Si jamais elle s'en apercevait, elle leur trancherait le cou. La mère d'Alice lui avait lu le roman de Lewis Carroll des dizaine et des dizaine de fois. Alice adorait s'appeler comme l'héroïne de cet univers, Alice au pays des merveilles. Depuis qu'elle avait vu le dessin animé de Walt Disney, elle ne cessait de se rejouer les scènes dans sa tête. Et, pour elle, le monde était un joyeux Pays des merveilles. Beaucoup d'enfants s'attachaient plus facilement au monde de Peter Pan, où les enfants ne grandissent jamais, mais Alice n'aimait pas les fées. Elle les trouvait ennuyeuses. Alors que tout un monde merveilleux s'étendait devant elle avec Alice au pays des merveilles. Ses parents ne s'en inquiétaient pas plus que cela. Wendy, sa mère, était heureuse de voir sa fille avec autant d'imagination. Et son père, Richard, riait de bon cœur aux paroles de sa petite fille adorée.
(Qu'on leur coupe la tête !)
Il neigeait de plus en plus. Noël approchait à grand pas. Alice avait eu trois ans le mois précédent, en novembre. Et elle avait déjà fait sa liste de cadeaux pour le Père Noël. Sa mère lui avait dit qu'elle irait la poster cette après-midi et que, si elle était sage, elle lui rapporterait un gâteau qu'elle pourrait manger avec une bonne tasse de thé, en compagnie du Chapelier si tel tait son désir. Alice avait sauté de joie à ces paroles et était allé prévenir Cheshire qu'ils allaient pouvoir boire du thé avec le Chapelier et le Lièvre. Son sourire s'élargit. Quelle bonne idée. Je dois lui rendre son chapeau. Alice pouffa de rire et caressa la tête de Cheshire qui ronronna. Elle trouva Dina et lui dit qu'elle pourrait venir, elle aussi. Elle miaula. Alice soupira, la prit dans ses bras et monta dans sa chambre. Elle peignit quelques roses avec les cartes.
(La reine les aime rouge, et sachez entre nous que si elle voit un rosier blanc on nous tranchera le cou. Alors de nos doigts tremblants nous peignons les rosiers blancs.)
La nuit commençait à tomber lorsqu'ils eurent fini leur ouvrage. Alice ne savait pas encore lire l'heure. Alors elle descendit afin de savoir s'il était l'heure du thé. Sa mère ne se trouvait pas dans la cuisine ou dans le salon. Elle en conclue qu'elle n'était pas encore rentrée.
(Qu'on lui coupe la tête.)
Son père décrocha le téléphone qui sonnait. Alice s'installa dans le canapé du salon et Dina vint s'installer sur ses genoux. La voix de Richard s'éleva dans la pièce d'à côté, de plus en plus forte. Il était en colère. Et sa voix se cassait. Alice alluma la télé. Il y avait quelque chose dans la voix de son père qui lui était insupportable. Elle tomba sur une chaîne de dessin animé où passait les trois petits cochons de Walt Disney. Par dessus le son de la télévision, il y eut un coup de feu. La détonation vrilla les oreilles d'Alice qui poussa un hurlement. Dina planta ses griffes dans ses cuisses et cracha, les poiles hérissés.
« Who is afraid of the big bad wolf ?» chantaient les petits cochons à la télévision.
Alice chassa Dina de ses genoux. Elle alla se réfugier sur un meuble, grondant. Le cœur battant, Alice courut dans la cuisine, des mèches de ses longs cheveux bruns tombant devant ses yeux. Le téléphone était cassé, visiblement jeté contre un mur. Plic.Plic. La cervelle de Richard s'éparpillait sur la table et le sang s'écoulait goutte après goutte sur le carrelage de la cuisine. Cheshire bondit sur une chaise. Il souriait. Alice le regarda avec effroi. Alice, qu'as-tu fait ? Ce n'est pas moi, Cheshire ! Aaaaliiiice. Aaaa... ah ah. Aliiice. Pourquoi souris-tu, stupide animal ? Plic. Plic.
(Qu'on lui coupe la tête !)

Ce ne sont que des souvenirs.

« Hé, petite... Ca va aller, on s'occupe de toi, d'accord ? »

Alice regardait cet homme de ses grands yeux bruns, un peu dorés. Parlaient-ils la même langue ? James Down, le policier, posa une main réconfortante sur son épaule. Ils se trouvaient au poste de police. Alice était assise sur une chaise, une tasse de thé à la main, les pieds balançant dans le vide. L'homme qui était arrivé sur les lieux, James, était aussi celui que Richard avait eu au téléphone. James était en train de lui expliquer calmement que sa femme, Wendy, avait eu un accident sur la route recouverte de neige et de verglas, que les médecins avaient fait tout ce qu'ils avaient pu mais qu'elle était morte en cette fin d'après-midi. Richard avait haussé le ton. James avait sentit venir la crise d'hystérie et puis plus rien. La ligne coupée... James c'était précipité, il voulait s'assurer que tout se passait plus ou moins bien. Et la visite d'un policier serait plus officiel qu'un coup de téléphone. Dring. Dring. Il n'y avait pas eu de réponse. James était entré facilement, la porte n'était pas fermée à clé. Le spectacle qui c'était offert à ses yeux lui avait retourné l'estomac et fendu le cœur. Une petite fille aux cheveux bruns essayait de ranimer son père qui gisait sur le sol, une partie de sa cervelle en charpie sur la table de la cuisine. Il avait posé une main sur l'épaule de la fillette. Ses grands yeux bruns étaient vides et elle l'avait suivit sans protester. Et le chat perché sur une chaise, souriait.

« Des grandes personnes très gentilles vont venir te chercher, Alice. Tu seras sage, hein ? »

Elle le regarda quelques secondes et, pour la première fois de la soirée, James entendit la voix d'Alice.

« Il n'y a plus de merveilles. »

James la regarda, surpris. Il ne savait pas quoi répondre. Les assistants sociaux venaient d'arriver de toutes façons. Ce n'était plus de son ressort. Il sourit gentiment à Alice et ré-expliqua la situations à Amanda Clark. Celle-ci hocha doucement la tête et s'agenouilla devant Alice afin d'être à sa hauteur.

« Bonjour, Alice. Je m'appelle Amanda. Tu as de très beaux cheveux, dis-moi. Tu veux bien me suivre ? »

Alice saisit la main qu'elle lui tendit et la suivit en silence jusque ans une salle où se trouvaient quelques jouets sur une table. Elle invita Alice à s'asseoir. Celle-ci s'exécuta.

« Qu'est-ce que tu aimes faire, Alice ? »
« Jouer avec les cartes de la Reine de cœur. »
« La reine du pays des merveilles ? – Alice hocha la tête. Et tu sais pourquoi tu es ici ? »
« Je crois, oui... »
« Oui... Tu vas aller vivre chez des gens très gentils, Alice. »

Alice la regarda. Puis, enfin, comme si l'action eut été inévitable, elle éclata en sanglot. Amanda la serra dans ses bras et caressa doucement son dos. Elles discutèrent de longues minutes – peut-être bien quelques heures – et Alice fut placé dans un foyer pendant deux jours, avant qu'Annie et Arnold ne viennent la chercher. Elle fut amené dans leur grande maison juste pour les vacances de noël. Et une toute autre vie commença.

C'est seulement le délire de la reine.
On n'exécute jamais personne, vous savez.»

Il pleuvait. Oui. Il pleuvait énormément dehors. L'orage grondait dans le ciel et les éclairs venaient zébrer le ciel, éclairant de temps à autre la chambre d'Alice d'une lumière passagère. Cette dernière se tenait tremblante sous ses couvertures, la main devant la bouche pour ne pas pousser des hurlements apeurés. Arnold travaillait demain. Si jamais Alice le dérangeait dans son sommeil, elle allait passer un sale quart d'heure. Elle se roula donc en boule sous ses couvertures, les paupières étroitement closes et se mit à fredonner une berceuse dans un murmure inaudible pour s'apaiser. Elle plaqua ses mains contre ses oreilles lorsqu'un autre éclair zébra le ciel et mordit ses lèvres jusqu'au sang. C'est alors qu'elle entendit – ou plutôt qu'elle sentit, car les mains plaquées contre les oreilles, elle ne pouvait entendre – la porte de sa chambre s'ouvrir lentement. Un frisson parcourut son échine. Un monstre. Broutilles ! Alice avait passé l'âge de croire aux monstres et à toutes créatures imaginaires. Elle attrapa la lampe de poche cachée sous son oreiller, s'apprêtant à appuyer sur le bouton on. Elle sentit que la chose qui était entrée dans sa chambre se rapprochait. De plus en plus. Alice se redressa d'un bond et projeta un jet de lumière dans les yeux de la créature. Elle entendit une chute suivit d'un petit « aïe » discret. Elle éclaira le sol et repéra une forme humaine. Elle en fut grandement soulagée. Il s'agissait seulement de Peter. Alice se leva et posa ses pieds nus sur la moquette de la chambre. Lys dormait à poing fermé dans le lit d'en face. Elle s'agenouilla près de Peter qui s'était mis à genoux en se frottant le coude.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? »
« Pas la peine de m'engueuler... J'avais... Bah c'est pas grave, je vais retourner dans ma chambre. »
Alice l'empoigna fermement par le bras avant qu'il ne puisse s'échapper. Il se débattit faiblement, sans bruit, et sans grande conviction.
« Tu m'as fait peur, alors dis-moi, maintenant ! »
« Ben.. je voulais dormir avec toi. »
Peter avait entièrement cessé de se débattre et regardait ses pieds, fasciné par ses orteils. Alice sourit doucement et passa une main douce dans les cheveux du garçon.
« Il fallait le dire. Viens ! »

Alice lâcha le bras de Peter et retrouva la chaleur de ses couvertures, tapotant à côté d'elle pour que Peter vienne s'y installer. Un peu de compagnie pendant cette affreuse nuit d'orage était réjouissant. Bien que Peter soit jeune, Alice l'aimait beaucoup et c'était réciproque. Elle était la seule figure maternelle dans cette maison, étant donné qu'Annie faisait peur à tout le monde – sauf à ses propres fils. De beaux salauds ces deux là ! Peter se glissa aux côtés de la jeune fille et se blottit dans ses bras. Lui aussi avait peur de l'orage, Alice le sentait. C'est ainsi qu'ils restèrent toute la nuit dans les bas l'un de l'autre, comme frère et sœur depuis toujours. Ce n'est qu'aux premières lueurs de l'aube que l'orage cessa de menacer le ciel. Alice secoua l'épaule de Peter qui s'était assoupi. Ce dernier grogna et ouvrit les yeux.
« Retourne dans ta chambre avant qu'Annie vienne nous réveiller. Sinon on va avoir des ennuis. »
Alice ne voulait pas d'ennuis. Elle n'avait pas pour habitude d'être douce et aimante avec les autres enfants. Bien sûr, il lui arrivait d'aider Lys dans ses devoirs, et de cacher les bêtises qu'auraient pu faire Peter, mais seulement si cela ne la mettait pas en péril. Cependant, la nuit dernière, elle avait eu trop peur pour refuser un peu de compagnie. Peter glissa hors du lit et sortit de la chambre en catimini pour rejoindre la sienne, qu'il partageait avec les deux fils d'Annie et Arnold.

Les réveils sonnaient quelques minutes plus tard. Alice fit semblant de dormir lorsqu'Annie entra dans la chambre – non sans bruit – et lui secoua rudement l'épaule. La jeune fille ouvrit un œil, bâilla et s'étira comme si elle venait de passer une très bonne nuit. Elle sortit du lit en frissonnant et enfila ses pantoufles. Lorsqu'elle ne les mettait pas, Annie la regardait avec de gros yeux de crapaud et lui disait : « Va mettre des pantoufles, ma crème ! Si tu attrapes froid, on ne va pas payer des médicaments exprès pour toi. ». Alice se faufila en vitesse jusqu'à la salle de bain avant qu'elle e soit occupée. Les autres prenaient un malin plaisir – William, surtout – à les faire tous attendre. Elle prit sa douche en quatrième vitesse, s'habilla d'un jean et d'un tee-shirt blanc puis sortit pour laisser la place à Annie qui aidait Lys à se laver. Alice ne prenait pas le temps de se laver les cheveux. A quoi bon ? Ils étaient très courts et séchaient tout seul, ce qui leur donnait un peu plus de volume. Arnold lisait déjà son journal à la table de la cuisine. Il lui dressa un regard courroucé lorsqu'elle entra dans la pièce.

« C'est quoi cet accoutrement ? Les filles ça ne s'habillent pas comme des garçons ! Tu vas me faire le plaisir de mettre une des belles robes qu'Annie t'as acheté, jeune fille. Et après tu iras me chercher du lait dans le fruitier. »

Alice lui lança un regard noir qu'il accueillit par un sourire amusé qui signifiait : Essaie un peu de répliquer, ma grande. Elle remonta dignement l'escalier pour retourner dans sa chambre et se vêtir d'une robe qu'Annie lui avait acheté. Pour lui prendre des médicaments, il n'y avait personne, mais pour les robes, les jupes, les collants et tout ces « trucs de filles », Annie semblait la gâter comme une princesse, elle et Lys. Peut-être aurait-elle voulut des filles bien à elle... Alice choisit la plus récente : entièrement blanche, à volant et à froufrou. Elle mit aussi des chaussettes blanches qui lui arrivaient au genoux et des ballerines roses. Elle avait l'impression d'aller à l'église un dimanche matin... Et elle détestait le rose. Elle se fit la grimace devant la glace et descendit dans la cuisine, passant bien sous le nez d'Anrold pour qu'il admire sa tenue « féminine ». Elle ouvrit la porte du fruitier et chercha les bouteilles de lait qui se trouvaient dans le fond. L'endroit était humide, sombre... On pouvait le confondre avec une grotte abandonnée. A gauche, il y avait un congélateur très large où Annie rangeait les humberger, les pizzas, et tout ces trucs gras et surgelés. Alice s'agenouilla pour saisir une bouteille de lait lorsque la porte claqua derrière elle. Elle sursauta et entendit le loquer se fermer ainsi que des ricanements gras de William. Alice laissa tomber la brique de lait et frappa contre la porte.

« Ouvre moi cette porte, William !! Ce n'est pas drôle ! »

Elle n'eut pour seule réponse que le rire de William, accompagné de celui de son frère. Alice les haïssait tous les deux ! Elle donna un dernier coup de poing contre la porte et s'agenouilla sur le sol glacé. Elle avait faim et envie de faire pipi. Elle fronça les sourcils et attendit qu'ils arrêtent leur blague. Elle entendit la voix d'Annie résonner dans le couloir mais n'eut pas grand espoir : je jamais elle ne gronderait ses deux petits chéris. Si elle avait été enfermée, c'était entièrement de sa faute, un point c'est tout. Elle poussa un long soupire et attendit, l'oreille tendu. Les rires fusaient dans la cuisine, personne ne s'inquiétait de son absence et Arnold ne semblait pas réclamer sa bouteille de lait. Serait-il complice de ses fils ? Quel connard ! Elle frappa contre la porte encore une fois, mais on fit la sourde oreille. Allait-elle rester ici toute la journée ? Elle pensa à Carrie qui était enfermée dans un placard par sa mère. Heureusement, elle n'était pas dans un placard, elle, mais dans un fruitier avec de la nourriture et une bonne lumière. Paf Noir. Alice faillit pousser un cri mais resta digne. Elle serra les dents et regarda par le trou de la serrure pour voir ce que faisait William. Il n'y avait plus un bruit dans la cuisine, bizarre, non ? Elle vit une ombre passer devant la porte et reconnu le peignoir d'Arnold. Elle se concentra pour voire la scène. Un autre homme marchait, il tenait une arme. Alice ouvrit de grands yeux et ferma étroitement les paupières lorsque la détonation retentit. Elle plaqua sa main devant sa bouche pour retenir un cri. Ils y passèrent tous. Elle vit l'homme les massacrer. Annie qui pleurer comme une truie en faisant des bruits de gorge immondes, William, qui tenait la clé du fruitier dans sa main, son frère, Frédéric... Et Peter. Même si j'avais essayé de ne pas m'attacher, je sentis des larmes ruisseler sur mes joues. Il n'avait pas le droit de tuer Peter, il n'avait rien fait ! J'eus peur, tout d'un coup, qu'il tue aussi Lys. Elle pleurait à en déchirer les tympans. L'homme s'arrêta devant elle avant de repartir comme il était venu. Comme une ombre. Alice se détourna et se laissa glisser sur le sol, étouffant ses sanglots dans sa gorge, les mains devant la bouche. Dans la pénombre du fruitier, elle fit des yeux jaunes la regarder, et des dents blanches, éclatantes. Cheshire te sourit, Alice. Alice hurla.

Cela faisait une bonne heure qu'Alice était recroquevillé dans le noir, les mains plaqués contre ses oreilles. Les pleurs de Lys s'étaient tu, elle appelait à l'aide désormais. Personne ne savait qu'ici avait eu lieu un massacre. Pas encore... Plus tard, dans la journée. Et Alice ne pouvait même pas sortir. Le chat – qui était apparu dans l'esprit d'Alice, mélangé à des souvenirs refoulés – avait disparu depuis longtemps, au grand soulagement de la jeune fille. Elle redressa la tête lorsqu'elle entendit des grattement contre la porte. Elle fut pris d'une terreur sans nom si bien qu'elle se redressa d'un bond et fit face à la porte. Elle regarda par le trou de la serrure, le cœur battant, s'attendant presque à ce qu'une flèche surgisse et vienne lui crever l'oeil. Mais elle aperçut Lys, assise devant la porte. Elle essaya de prendre une voix douce malgré sa voix cassée :

« Lys ? Est-ce que tu as la clé du fruitier ? Je suis enfermée dedans... »
« A-alice...»
« Putain... ! » siffla Alice. Elle ne comprenait rien cette gamine !

Alice se rassit sur le sol gelé. Elle avait toujours très envie de faire pipi. Ses paupières se fermèrent d'elles même et elle plongea dans un rêve tourmenté. Où était-elle ? Plus dans le fruitier en tout cas. Pourtant, le lieu lui était familier. Elle s'avança dans ce qui semblait être un salon. Une petite fille très mignonne regardait la télé, un chat couché sur ses genoux. Alice s'avança dans sa direction mais elle ne semblait pas la voir. Une détonation retentit, faisant hurler la fillette et cracher le chat de colère. Alice se retourna brusquement. L'homme qui avait massacré sa famille serait-il de retour ? Elle accourut dans la salle à manger en même temps que la fillette et... Quelqu'un l'attrapa par le bras. Alice ouvrit brusquement les yeux. Sa robe était mouillée, elle en déduisit qu'elle avait fait dans sa culotte pendant qu'elle dormait. Honteuse, elle sentit ses joues devenir brûlantes. La femme qui lui tenait le bras avait une casquette bleu et, autour de son bras, sur son uniforme, était inscrit le mot « Police ». Ils étaient venu alors... Avec l'aide de la policière, elle se remit sur pied et s'avança dans le couloir. On prenait les corps en photo... Alice détourna les yeux et serra la main de la femme dans la sienne. Non pas qu'elle ait de la peine pour eux... Mais elle ne voulait plus y penser. Ca lui rappelait quelque chose... Des souvenirs effacés. Et elle avait peur. Parce qu'elle savait que si elle se souvenait, ce serait terrible, effroyable.


Why a raven is like a writing desk ?

Alice fixait le plafond de l'orphelinat, les mains derrières la tête. Elle avait vécut neuf longues années en compagnie des Conley. Ils étaient morts presque sous ses yeux. Et ça ne lui faisait strictement rien. Bien sûr, elle avait un peu de peine pour Peter. Mais ses états d'âmes s'arrêtaient là. Lys et elle avaient été séparées en arrivant ici. La petite était à l'hôpital, suite à en traumatisme. Alice, elle, avait été jugée saine d'esprit et avait intégré l'orphelinat le soir-même. Les autres l'avaient traité avec indifférence, tout comme les gérants. Ce n'était pas plus mal. Alice ne voulait pas de pitié. Elle voulait simplement vivre tranquillement. Au fond, elle espérait quelqu'un de bien se présenterai pour l'adopter. Mais elle n'avait pas grand espoir. Qui voudrait d'une gamine de douze ans ? C'était trop vieux... Elle se tourna sur le côté, fixant ses camarades dormir à poings fermés. Il lui vint alors une idée morbide et cruelle. Il serait si facile de les tuer pendant leur sommeil. De les étrangler silencieusement, une main devant leur bouche pour étouffer leurs cris. Un sourire naquit au coin de ses lèvres mais elle secoua la tête, dégoûtée par ses propres pensées. Elle ferma les yeux et tâcha de dormir. Mais c'est quand on doit dormir qu'on n'y arrive pas. Elle se tourna dans toutes les positions imaginables, rien n'y fis. S'imposaient à son esprit les images d'Arnold, Annie, Peter... Lys, pleurant au milieu d'une marre de sang.. Cet homme, disparut aussi subitement qu'il était apparut... Et puis le chat. Que faisait-il dans ce fruitier ? Alice se doutait bien qu'il était né de son imagination mais... Pourquoi ? Elle ferma les yeux. Son sourire s'imposa à son esprit, ainsi que ses yeux jaunes. Elle frissonna. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé avoir une lumière pour se réconforter...
Elle finit par s’effondrer de fatigue, aux alentours de cinq heures du matin. Son sommeil fut de trop courte duré pour être hanté par les rêves et les cauchemars. Une main se posa sur son épaule et la secoua. Alice grogna, croyant que c'était Annie qui venait la réveiller comme tous les matins. Mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se rendit compte qu'elle se trouvait toujours dans le dortoir de l'orphelinat. Qu'est-ce qui était préférable ? Ce lieu où tous les enfants malheureux de la ville étaient regroupés, attendant désespérément qu'une famille les accepte, ou un foyer comme celui d'Arnold et Annie ? Au moins avait-elle quelques instants à elle, une maison... Un semblant de famille. Elle n'avait connu qu'eux durant neuf ans et n'avait gardé aucun souvenirs de ses parents. Pas le moindre. Ils avaient été balayé par les années... Ou l'horreur. Alice l'ignorait. Elle se disait simplement qu'elle était trop jeune pour se souvenir. Alice s'habilla lentement. On avait ramené tout ses habits ici. Elle enfila une jupe bleue marine qui lui arrivait aux chevilles, des ballerines de la même couleur et un chemisier blanc. Au moins avait-elle une garde-robe bien garnie avec tout ce qu'Annie avait pu lui acheter... Elle suivit le mouvement des autres filles du dortoir, comme un mouton suivant le troupeau, s'assit à table et se força à avaler quelques tartines et un bol de chocolat chaud. Après quoi, les filles s'éparpillèrent. Alice resta assise sur son banc et regarda des employées ramasser les déchets d'un œil neutre. Elles lui donnèrent une petite friandise qu'elle accepta pas pure politesse avec un pâle sourire. Elle se leva, livrée à elle-même dans cette immense bâtisse. On ne lui avait rien dit de précis. Elle ne savait pas ce qu'elle était censé faire à part se laver, manger et dormir... Il faudrait qu'elle aille en cours, non ? Comment cela se passait-il ? Elle n'eut guère le temps d'y réfléchir bien longtemps, le directeur vint la trouver dans les jardins et lui expliqua le bon fonctionnement de ce lieu. Il lui parlait comme à une demeurée. Connard. Mais Alice remplit son rôle de fi-fille bien sa-sage. Après quoi, elle se rendit dans les douches pour se laver en compagnie des autres filles. Elle fut un peu gênée d'enlever ses vêtements devant elles. Elles étaient, pour la plupart, bien plus jeunes. Seules quelques uns devaient avoir quatorze ou quinze ans. Allait-elle rester ici aussi longtemps, elle aussi ? Alice se savonna le corps et se dépêcha de sortir. Elle laissa ses cheveux sécher à l'air libre et, en se regardant dans le miroir, décida de les faire pousser. Elle était sûre que ça lui irait bien, les cheveux longs. Elle se sourit à elle-même et suivit un groupe de fille en silence, les mains derrière le dos, le pas traînant.

On the pillow of evil Satan, Trismegist,
Incessantly lulls our enchanted minds,
And the noble metal of our will
Is wholly vaporized by this wise alchemist.


« Alice Conley ? Un monsieur souhaite te voir dans le petit salon. »

Elle avait dit ça avec un immense sourire. Intriguée, Alice qui finissait de lire Bilbo le Hobbit de J. R. R. Tolkien, se leva gracieusement. La femme l'arrêta d'un geste en secouant la tête.

« Va te changer tout de suite ! Tu ne vas tout de même pas te présenter à ce monsieur de la sorte... On dirait des guenilles. Et va te débarbouiller le visage, je vais faire patienter Mr. Davis. »

Alice poussa un soupire et traîna des pieds jusqu'à la salle de bain. Elle se regarda dans le miroir et se sourit. Elle était un peu mal peignée, c'était tout... Bon, son pantalon était déchiré au genoux et sa chemise avait quelques tâches... Mais on allait pas en faire un drame, si ? Alice posa sa main contre celle de son reflet. Elle avait eu treize ans trois mois auparavant, cela faisait à peu près un an qu'elle était à l'orphelinat. Et en un an, elle avait beaucoup changé. Quelques formes naissaient sur son corps depuis ses premières règles, ses cheveux bruns avaient poussés de plusieurs centimètres et lui arrivaient désormais aux épaules... Elle se lava les mains, le visage et peigna soigneusement ses cheveux avant de retourner dans le dortoir où elle fouilla dans ses affaires pour y dénicher une robe noire au col blanc. Elle ne put s'empêcher de se dire que, avec ça, elle aurait tout l'air d'une petite fille modèle et sage. Elle l'enfila donc et se dirigea vers le salon. Lorsqu'elle poussa la porte, elle vit, installés sur le canapé crème, un homme fort charmant aux cheveux noir, dans la trentaine, qui discutait avec la gérante, une tasse de café à la main. Ils tournèrent la tête dans sa direction et Alice leur adressa un petit sourire. L'homme se leva, l'air enchanté. Il lui fit signe de venir s'asseoir près d'eux. La gérante leur adressa un petit signe discret avant de s’éclipser. La jeune fille vint s'asseoir près de Mr. Davis, non sans le quitter des yeux, curieuse. Si on ne pouvait pas dire qu'il était très beau, du moins était-il follement charismatique. Ses cheveux noirs tombaient devant ses yeux bien qu'un peu de gèle les maintint en arrière, et ses yeux verts – avec quelques reflets bleus, nota Alice – l'observaient avec intensité.

« Bonjour, Alice ! Je m'appelle William Davis. Tu veux vien que nous parlions un peu tous les deux ? »
« Est-ce que vous voulez m'adopter, monsieur ? »

L'homme rit brièvement.

« Peut-être, oui... J'ai toujours rêvé d'avoir une fille... Le problème c'est que ma femme est morte il y a une dizaine d'année et que je n'ai pas une main experte avec les petits enfants... »

Alice le détaille d'un coup d'oeil critique. Elle commençait à se faire à la vie de l'orphelinat et le quitter pour une nouvelle famille lui serait étrange... Vivrait-elle seule avec cet homme s'il décidait vraiment de l'adopter ? C'était plutôt inespéré... Elle lui sourit néanmoins ce qui parut satisfaire William.

« C'est une très jolie robe que tu as là... Tu aimes mettre des robes ? »

Alice haussa vaguement les épaules.

« Moui... Disons que j'en ai beaucoup, il faut bien que je les mette. »

Et la discussion continua durant une heure, se portant sur les goûts vestimentaires d'Alice, puis sur ses lectures, ses passions et son niveau scolaire. William lui demanda ce qu'elle ressentait vis à vis de son ancienne famille d'accueil et Alice feignit la tristesse à la perfection. Ce qui parut plaire à William... Il lui dit qu'il reviendrait la voir. Et qu'elle aurait sans doute bientôt une nouvelle maison. Il lui dit qu'il était un homme aisé et qu'elle pourrait avoir beaucoup de choses. William tint sa promesse. Le mois suivant, Alice fermait sa valise et le suivait dans sa voiture.

« I went to the woods because I wanted to live deliberately,
I wanted to live deep and suck out all the marrow of life,
To put to rout all that was not life and not when I had come to die
Discover that I had not lived.»


Allongée sur les couvertures parsemées de pétales de roses blanches, Alice, vêtue d'une nuisette bleue pâle, regardait le plafond d'un œil vitreux, les bras écartés. Sa respiration était régulière, et on ne pouvait déceler chez elle aucun mouvement. Si ses yeux avaient été fermé, on aurait pu croire qu'elle dormait paisiblement. La jeune fille devait avoir plus ou moins quinze ans, celle était pleine de grâce et ses cheveux bruns, étalés sur les draps immaculés, semblaient doux et soyeux. Elle tourna lentement la tête sur sa droite avant de se soulever, en un soupir. Elle posa ses pieds nus sur le tapis moelleux et marcha à l'autre bout de la chambre. Elle posa sa main sur la poignée de la porte et tendit l'oreille. Il n'y avait pas un son, hormis le tic, tac du réveil posé sur la table de nuit. Le temps passe mais jamais ne s'arrête. Elle tourna la poignée, ouvrit la porte – qui n'émit pas le moindre bruit – et sortit dans le grand couloir du deuxième étage du manoir où elle habitait avec Mr. Davis. Il avait entamé les démarches pour adopter Alice qui portait déjà son nom de famille. Adieu Alice Conley, bonjour Alice Davis. Elle descendit les escaliers d'un pas lent et léger. Son corps ne lui appartenait plus vraiment. Mr. Davis était gentil avec elle, tant qu'il ne buvait pas trop et qu'elle lui obéissait. Alice l'avait immédiatement décelé chez lui. Il fallait qu'elle ne lui cause aucun tort, qu'il soit le Patron, qu'il dirige. Qu'il se sente puissant. Alice n'avait que put s'attacher à cet homme au bout de plusieurs mois de vie commune.

J'ai mis de la vie dans le corps transit d'une poupée de porcelaine...

Alice posa ses pieds nus sur le carrelage du rez-de-chaussé. Le hall était immense et rustique. Elle se croyait dans un vieux manoir anglais... Elle était dans un vieux manoir anglais. La jeune fille commençait à bien connaître les lieux pour en avoir fait mille fois le tours. Elle n'avait pas le droit d'aller plus loin que le jardin. William le lui avait strictement interdit, il ne voulait pas que son oiseau s'échappe de sa cage dorée. Alice s'engouffra dans la cuisine et ouvrit le réfrigérateur. Il ne fallait pas que Mr. Davis s'en aperçoive, sinon ça allait être sa fête. – On ne mange pas en dehors des repas ! Mais elle avait faim. Il vaut mieux vivre pour manger que manger pour vivre ! Non... Ce n'était pas ça... Alice haussa les épaules et attrapa un bout de fromage et une tranche de pain rangé dans la niche en bois. Elle enveloppa le tout dans trois morceaux de sopalin et remonta prudemment l'escalier.

...Un peu démodée, trop bien élevée, vêtue de lin, vêtue de laine...

Alice rentra dans sa chambre. Quelle ne fut pas sa surprise d'y découvrir William, les mains croisées sur son large torse. Par réflexe, Alice cacha ses mains derrière son dos, ce qui n'échappa pas à Mr. Davis. Il s'approcha d'elle et la jeune fille déglutit. – On ne mange pas en dehors des repas !

« Que caches-tu derrière ton dos, Alice ?
« Mais rien... »

William s'approcha, la main tendue. Alice baissa la tête, ses longues mèches brunes cachant son visage. Lentement, elle lui tendit le pain et le fromage enroulés dans le sopalin, dépitée. Elle entendit le long soupir de William. Elle le connaissait assez bien pour savoir que ça ne présageait rien de bon.

« Avec tout ce que je fais pour toi... Je sais, tu me l'as déjà dit. Avec tout le mal que je me donne pour toi, Alice... Tu me déçois. C'est mal de piquer dans le frigo en pleine nuit. Tu veux être grosse et laide, c'est ça ? Ce s'rait con, hein ? Allez, approche. »

Alice resta sur place. Elle savait ce qui l'attendait. William posa le casse-croûte sur le bureau et détacha sa ceinture. La jeune fille leva la tête et le fixa droit dans les yeux, sans ciller. Il détestait ça. Il leva son arme improvisée et la fouetta en plein visage, l'obligeant à se protéger de ses mains et à baisser la tête, soumise. Connard. Il la frappa à nouveau et Alice se roula en boule sur le sol en poussant quelques cris de protestations, finissant par lui demander d'arrêter. Elle avait mal, et une nuisette ne protégeait pas beaucoup la chaire. Il arrêta. Il arrêtait toujours quand elle demandait pardon. Il s'agenouilla près d'elle et caressa sa joue rougie.

« Tu ne le feras plus ? »
« Non... Papa. »

Satisfait de son éducation, William sortit de la pièce et referma la porte derrière lui. Alice resta longtemps, allongée sur le sol, sur le tapis moelleux, les lèvres tremblantes. Elle finit par se redresser, l'oreiller tendue, guettant les bruits de pas dans le couloir. Mais il était parti. Toutefois, si elle sortait, il reviendrait. Il savait toujours. Elle poussa un soupir de lassitude et s'allongea sur le lit où, quelques heures plus tôt, William était couché avec elle, nu, hors d'haleine.

J'ai mis de la vie dans le corps transit d'une poupée de porcelaine un peu démodée trop bien élevée vêtue de lin vêtue de laine.

Alice prit entre ses doigts un pétale de rose que William avait prit soin d'éparpiller sur le lit et le fit rouler entre ses doigts, perdue dans sa contemplation.

Quand elle a posé son corps de poupée contre le mien dans une chambre...

Alice se mit à assembler les pétales de rose et à faire un petit dessin avec sur les draps en soie blancs.

...Elle ignorait tout de ce qui ce joue dans la peau d'un corps qui se cambre.

Le dessin ne ressemblait pas à grand chose, Alice ne savait pas dessiner. Elle avait voulut y faire un cœur. Un grand cœur où elle aurait pu ranger plein de choses, comme les émotions qu'elle n'arrivait pas à gérer ou à nommer. Mais ce cœur était moche. Comme elle. Laid. Elle souffla dessus et les pétales s'éparpillèrent de pars et d'autres.

Il était grand jour quand j'ai fait l'amour avec l'Enfant devenue Femme.

Alice attrapa le dernier pétale qui était restée auprès d'elle, planta ses ongles dedans et le déchiqueta lentement. Il n'en resta plus que de la charpie. Pourtant, les gestes de la jeune femme étaient emprunt d'un grand calme. Elle poussa un nouveau soupir. Elle n'avait rien perdu ce soir. Parce que l'enfant qui était censé s'effacer après le premier acte sexuel était déjà parti depuis longtemps. Très longtemps. Mais elle n'arrivait pas à se souvenir quand avec exactitude. Elle était petite quand on l'avait placé chez Annie et Arnold, ses souvenirs étaient flous. Elle ne se souvenait de rien. Son premier souvenir remontait à une violente gifle que lui avait donnait Annie pour avoir dessiner sur les murs de sa chambre. La violence comme premier souvenir... Quelle joie. Alice tourna la tête vers le réveil posé sur la table de nuit. Il indiquait cinq heures du matin. Un nouveau soupir franchit ses lèvres et elle finit par se glisser sous les draps avant de trouver, au bout d'un moment, le sommeil.


Dernière édition par Alice Davis le Sam 1 Juin - 10:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Alice, tell me of your wonderland.   Alice, tell me of your wonderland. Icon_minitimeVen 31 Mai - 17:46

UNE JOLIE PETITE HISTOIRE :
On ne met pas tous les oiseaux en cage, leurs plumes brillent trop quand ils s’envolent et la part de vous-même qui sait que c’est un péché de les enfermer se réjouit.


On dit que les jours passent mais ne se ressemblent pas. Pourtant, ce n'était pas le cas pour Alice. Les jours passaient et se ressemblaient tous. Nous étions au moins de juillet. Le soleil brillait dans le ciel d'un bleu azuré. Adossé au tronc d'un arbre dans le jardin de Mr. Davis, elle lisait un livre. Depuis qu'elle avait été accueillie par cet homme, il n'était plus question d'école, elle recevait les cours à la maison par une gentille vieille dame possédant une culture générale impressionnante. Elle encourageait vivement Alice, qui avait une imagination débordante, à écrire ou à dessiner. Comme Alice n'aimait pas trop dessiner, elle passait le plus clair de son temps à écrire sur un petit carnet que William lui avait offert pour son quinzième anniversaire. C'était plus qu'une passion : c'était un besoin vital. Elle n'avait plus le droit de quitter le parc du manoir de Mr. Davis, alors elle devait bien s'inventer un autre monde car elle ressentait, jour après jour, une lassitude éreintante grandir en elle. Elle ne savait pour quelle raison William ne voulait pas qu'elle puisse sortir, se faire des amis, comme toutes les jeunes filles de son âge. Un jour, Alice lui posa la question et William, un petit sourire accroché aux lèvres, lui répondit : « Le monde est bien trop dangereux pour une fille dans ton genre. Tu n'es pas tout à fait normale, tu sais ? » Il ne l'avait pas éclairé d'avantage, se contentant de caresser affectueusement sa chevelure brune et de se servir un autre verre de whisky. Alice ne demandait qu'à être quelqu'un de normale. Mais elle comprit très vite que ce ne lui serait jamais possible. La solitude, le sang. A part avec Mr. Davis, les quelques domestiques du manoir et sa préceptrice, elle n'avait aucun lien avec l'humanité. Je ne veux pas être un oiseau rare qu'on enferme dans une cage. se répétait-elle sans cesse. Elle l'avait d'ailleurs noté dans son carnet, en première page, de l'une de ses plus belle écriture fine et bouclée.

« Je ne veux pas être un oiseau rare qu'on enferme dans une cage. »

Alice referma doucement son livre, faisant attention de ne pas en abîmer les pages, et se releva. Un vent frais et bienvenu vint lui caresser la joue. Elle s'engagea dans l'allée pavée qui menait au manoir et poussa la porte de derrière qui menait directement dans la cuisine. A cette heure de l'après-midi, il n'y avait encore personne. Discrètement, la jeune fille sortit et remonta dans sa chambre – après avoir pris soin de déposer ses sandales dans l'allée. Depuis qu'elle était ici, Mr. Davis lui avait acheté plein de robes. A croire qu'elle avait une tête à mettre ce genre de fringues.... Mais elle ne se plaignait pas : elles étaient toutes très jolies... William ne cessait de lui répéter qu'elle n'était pas la plus belles des jeunes filles qu'il avait rencontré et qu'elle pourrait faire un effort avec toutes les belles choses qu'il lui achetait. Mais c'était un fait : Alice avait beau se contempler des heures devant le miroir, se coiffer aussi soigneusement qu'elle le pouvait, revêtir les plus beaux vêtements qu'on lui avait acheté, rien à faire, elle se trouvait affreusement laide. Alors elle avait cessé de faire attention à son apparence puisque, de toute façon, rien ne lui plaisait. Ses cheveux étaient trop longs, ou trop courts, sa taille trop fine, ou trop grosse... Sa vision dépendait de ses humeurs. Et elle n'était jamais « bien » ou « correcte ». C'était toujours « trop ceci » ou « pas assez cela ».

Alice s'assit sur le rebord de son lit et déposa son carnet dans le petit tiroir de sa table de nuit. William avait fait aménager une grande bibliothèque dans sa chambre où elle avait, depuis, rangé énormément de livres. Elle aimait tous les genres de la littérature et avait tout essayé. Du thriller noir au roman à l'eau de rose. Ses goûts se portaient vers les Stephen King ou les Maxime Chattam. Elle aimait bien Dracula, même si les vampires n'étaient pas ses créatures fantastiques préférées. Elle avait une affection pour les loups-garous – les vrais, ceux qui se transformaient à la pleine lune – mais, malheureusement, peu de livres parlaient d'eux... Ou alors elle n'en avait pas trouvé. Par la littérature classique, Alice raffolait d'Edgar Allan Poe, de William Shakespeare et de Charles Baudelaire. Elle avait également parcourut les pages de Louis Stevenson, l'auteur de Dr. Jekyll and Mr. Hyde et Mary Shelley, mère de Frankenstein et de son monstre. Alice n'aimait pas beaucoup les romans à l'eau de rose. Pourtant elle en avait lut plusieurs. Non par plaisir mais par fascination. Elle n'avait jamais ressenti un sentiment amoureux, elle... Comment était-ce ? Aussi merveilleux que le décrivait les livres ? Aussi déchirant, à la fois ? De toute façon, elle ne comprenait. Elle était sûre que ça ne pouvait pas se passer comme dans les livres. On ne pouvait pas brûler d'une telle passion simplement pour un autre être humain. N'importe quoi ces trucs ! Elle avait également quelques comics dans cette bibliothèque. William lui en avait acheté, une fois, pour voir si cela lui plairait. Il avait pris ceux qu'il connaissait le mieux, soit Batman et Captain America. Alice avait tout de suite bien aimé ces deux héros et, depuis, était abonnée aux magazines qui publiaient tous les mois de nouvelles aventures.

Alice ouvrit sa boîte à bijoux et prit son bien le plus précieux. Un pendentif à la chaîne argentée au bout de laquelle se balançait une montre à gousset. Annie lui avait dit, un jour où elle était de bonne humeur, qu'elle l'avait toujours eu, depuis le jour où ils l'avaient accueillie sous leur toit, et qu'il devait sans doute appartenir à sa mère. Alice avait vu que des initiales étaient gravées au dos de la montre. R. C. Alice savait que son ancien nom de famille était Conley. Mais elle se demandait quel était le prénom de cette mère dont elle ne gardait aucun souvenirs. Rose ? Raymonde ? Rachel ? Elle ne le saurait sans doute jamais... Était-elle gentille ou aussi sévère et lunatique qu'Annie ? Et son père, la frappait-il lorsqu'elle faisait des bêtises ? Elle s'était fait un portrait de ses parents. Ils étaient très gentils, aimable et aimant. Sa mère avait de longs cheveux bruns, comme elle, mais en plus beaux. Elle avait des petits pommettes très mignonnes et de grands yeux chocolats qu'on aurait pu manger d'un seul regard. Quant à son père, c'était un homme un peu plus petit, avec une belle moustache anglaise et frisée, élégant mais trapu tout à la fois. Il s'aidait d'une canne pour marcher et était le directeur d'une entreprise de voitures. Tout cela n'était certainement – et très probablement – pas le cas. Mais Alice y croyait dur comme fer. Elle avait été élevé, durant trois ans, avec l'odeur délicieuse des cookies qui cuisaient dans le four. Trois douces années où elle avait grandit tout à fait normalement, sans avoir peur de dire quelque chose de déplacé qui aurait engendré une ruée de coup. Sans avoir peur de perdre sa virginité trop tôt, avec un homme pervers qui l'avait adopté pour la garder prisonnière dans une cage. Trois petites années dont elle n'avait, pour seule souvenir, que son imagination fertile. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle aimerait faire plus tard. Personne, pas même ses précepteurs – ne lui avait posé la question. On ne semblait pas s'y intéresser. Mais il fallait qu'elle commence à y songer... Car elle n'allait tout de même pas rester indéfiniment ici, si ? Elle ne connaissait presque rien de la vie, mise à part qu'elle était dure et injuste et qu'il valait mieux être solide pour y survivre seule. Elle poussa un profond soupir avant de passer le pendentif autour de son cou. Elle espérait que William ne le remarquerait pas, il répugnait à ce qu'elle porte cette chaîne. Il la giflait alors. Petite sotte, c'est moi ton seul parent, maintenant. Ne t'attife pas de cet attirail ridicule. Alice se posta devant la fenêtre de sa chambre et fit ce qu'elle savait faire de mieux : rêver.

I'm not perfect, but I keep trying


Seize ans. Depuis un mois. On avait ouvert la porte de sa cage. Alice pouvait enfin sortir du manoir à son bon plaisir ! Elle avait dû usé de tout ses charmes pour que William lui permette deux heures de balades quotidienne, au début, et seulement en sa compagnie. Puis ces deux heures étaient passé à quatre. Ces quatre en une après-midi et elle pouvait être seule, seulement suivie par le chauffeur de la voiture qui la conduisait. Mais Alice savait qu'elle avait Angel dans sa poche. Angel était un homme d'une vingtaine d'années, seulement de trois ans son aîné. Il portait ses cheveux noirs très courts et mettait des lunettes de soleil pour se donner un air plus professionnel. Alice l'aimait bien, il lui laissait faire ce qu'elle voulait à condition qu'elle revienne à l'heure prévue. En l'attendant, il lisait quelques magazines et mangeait une glace. La première fois que William lui avait donné cette permission, Alice n'en avait pas cru ses oreilles. Elle l'avait regardé durant quelques secondes, les yeux grand ouverts, et il s'était moqué d'elle. Pour elle, même une simple après-midi, signifiait un pas gigantesque vers le monde, vers la liberté. Elle avait été terriblement excitée en montant dans la voiture derrière Angel mais aussi affreusement terrifiée. Et si elle se perdait ? Et si elle se faisait agressé ? William n'avait pas arrêté de lui dire que le monde était dangereux pour une fille comme elle. Pourquoi ? Allait-on la séquestrer comme dans ses livres, la torturer, puis la découper en petits morceaux à l'aide d'une tronçonneuse avant de la jeter dans un fleuve ?

« Little Red Riding Hood, I don't think little big girls should go walking in these spooky old woods alone. »

La première fois, Alice avait demandé à Angel de rester avec elle. Elle lui avait posé plein de questions et il lui avait répondu avec patience. Maintenant, ça faisait deux mois qu'elle avait le droit de sortir l'après-midi, elle commençait à avoir ses petites habitudes. Notamment une. Elle voulait se faire de l'argent afin de s'acheter ses propres choses à elle, de commencer à faire des économies. Car elle ne souhaitait pas que William soit derrière elle toute sa vie. Dès qu'elle aurait dix-huit ans, s'en serait fini de ce manoir, même si elle était reconnaissante à Mr. Davis de l'avoir sortie de l'orphelinat et de l'avoir tant gâtée. Elle avait déjà payé le prix fort pour tout ceci... Le problème, c'est qu'elle n'avait aucune qualification particulière. Prendre des cours à domicile ne voulait pas dire passer un diplôme. Et on ne semblait pas presser de lui faire passer des examens... C'est pourquoi elle avait trouvé, toute seule, une autre méthode pour gagner de l'argent à coup sûr : le sexe. Elle avait été embauché dans une boîte en tant que prostituée et strip-teaseuse. Elle était doué dans ce domaine. Bien sûr, elle avait parfois d'horribles clients, mais en général, c'étaient eux les plus riches. Elle s'estimait toujours heureuse s'être grassement payé.

Cet après-midi là, elle entra dans le bar, salua les habitués d'un petit sourire en coin et d'un roulement gracieux de ses hanches. Séduire était un art qu'on lui avait appris. Bien qu'Alice ne cessait de se trouver laide, cela n'empêchait pas les hommes pervers de la payer pour qu'elle leur grimpe dessus. Mais peut-être aurait-elle mieux fait de trouver un autre métier... Ses pires craintes de violes ou de meurtres ne furent jamais réalisés. Mais peut-être aurait-il mieux valut. Elle se changea derrière les rideaux du bar et revint en petite tenue dans la salle, vêtue d'un mini-short moulant et d'un haut qui lui arrivait juste en dessous de la poitrine. Elle était également chaussée de talons aiguilles. Pas très pratique pour danser... Heureusement qu'elle avait autrefois pris des cours ! Alice s'avança doucement au milieu des clients qui faisaient face à la scène où deux de ses collègues faisaient leur numéro. Une main se posa sur les fesses d'Alice, la faisant légèrement sursauter. Elle se retourna, avec toute la grâce dont elle était capable, et sourit aimablement à l'homme. Il gardait la tête baissée et son chapeau était rabattu sur sa tête de telle sorte qu'elle ne put distinguer son visage. Sans un mot, il lui tendit une liasse incroyable de billets qu'il fourra dans la poche de son short avant de lui indiquer l'une des pièces où il désirait qu'ils aillent. Alice lui prit délicatement la main, décidée à faire un show très spéciale pour cet homme si généreux. Ses yeux brillaient de mille feux. Un si gros paquet de fric... ! Elle se félicitait.

La lumière de la pièce était tamisée, l'atmosphère presque romantique. L'inconnu tourna la clé dans la serrure. Ce simple geste angoissa terriblement Alice. Mais elle fit bonne figure... Jusqu'à ce que l'homme enlève son chapeau. Alice plaqua les mains sur sa bouche, étouffant un cri de surprise et de terreur. Les yeux de William la regardèrent avec une méchanceté non feinte. Ainsi qu'un brin de déception. Il jeta son chapeau à travers la pièce et attrapa brusquement sa fille adoptive par les cheveux avant de la jeter sur le lit. Des larmes se mirent à rouler sur les joues d'Alice sans qu'elle ne sache pourquoi. Craignait-elle à ce point la colère de cet homme ? Elle ne l'avait jamais vu si furieux, à dire vrai... Il la gifla violemment. Hoquet de douleur.

« Alors comme ça tu joues la putain pour un paquet de fric, hein ? C'est ça que tu comptes faire dans ta vie, la salope ? »
« N-non ! » hoqueta Alice.
Nouvelle gifle. Goût amer dans la bouche. Du sang.
« Alors qu'est-ce que tu faisais ici, hein ? Hein ? »
Alice prit une grande inspiration afin de pouvoir parler entre deux sanglots :
« Je... Je pensais économiser de l'argent pour pouvoir... »
« Partir ? C'est ça, sale putain, tu voulais partir ? »

Alice pleura de plus belle. Du plus loin qu'elle se souvienne, jamais elle n'avait versé autant de larmes en si peu de temps. Elle ne savait même pas pourquoi elle se vidait de la sorte, comme une fontaine. Ou comme une madeleine, ainsi que le dit le proverbe. Peut-être était-ce la honte qui la submergeait ? La honte d'avoir vendu son corps, quelque chose qui lui appartenait, contre un peu d'argent et des rêves illusoires ? La main de William la frappa à nouveau. Il la touchait surtout au visage. Alors qu'elle se trouvait déjà tellement moche... Il finit par l'empoigner, une fois encore, par les cheveux et la propulsa sur le lit sans ménagement. Alice se retrouva allongée sur le ventre, ses cheveux plaqués contre son visage à cause de ses larmes qui en avait humidifiés certaines mèches. Elle s'efforça de bloquer sa respiration quelques secondes afin de sa calmer. Les sanglots cessèrent ainsi que les coups... Jusqu'à ce qu'elle sente quelque chose d'horriblement dur s'abattre sur son dos avec une violence inouïe. Des points rouges et noirs se mirent à danser devant les yeux de la jeune femme qui, pendant quelques secondes – voire une minute – eut le souffle coupé. Elle toussa, cracha, mais ses poumons se vidaient à une vitesse affolante. Pour arranger le tout, elle fut soudain prise d'une affreuse migraine. Surtout ne pas pleurer. J'aurais alors encore moins de souffle... Il faut que je l'économise avant que la douleur ne s'estompe un peu. Alice aurait bien aimé se redresser mais le point qu'elle ressentait dans sa colonne vertébrale l'en dissuadait. Elle resta donc allongé, sans oser bouger le moindre de ses muscles. Elle ne sentit pas le deuxième coup venir, ni le troisième, ni tous les autres. Ils s’abattirent à des endroits différents. Elle en reçu trois sur les jambes – si bien qu'elle crut qu'il lui en avait cassé une – un sur les fesses, deux sur les épaules et les avant bras et un autre dans le dos, sur le cosys. Des larmes de douleur naquirent aux coins de ses yeux et elle hurla plus d'une fois. N'y tenant plus, elle finit par le supplier :

« Arrête, William, je t'en supplie, arrête ! Je t'en prie, je ferais tout ce que tu voudras, j'ai mal ! S'il te plaît... ! … J'veux pas mourir. » souffla-t-elle finalement.

Les coups cessèrent. Elle entendit un tintement métallique. L'avait-il frappé avec une barre en fer ?! Elle sentit le lit s'affaisser sous le poids de William qui la retourna sur le dos. Elle gémit de douleur et des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues. La main de Mr. Davis essuya le sang qui perlait sur son visage et recoiffa ses cheveux derrière ses oreilles. Il semblait l'avoir pris en pitié mais son regard lançait toujours des éclairs.

« Tant mieux si tu as mal. Que cela te serve de leçon. Je croyais t'avoir bien éduqué, et voilà que tu me poignardes dans le dos, ma belle Alice... Tu ne me laisses pas le choix. »

Pas le choix de quoi ? voulut s'enquérir Alice. Mais sa gorge était trop sèche. Elle se contenta de cligner des paupières, signe d'incompréhension. William caressa une fois encore sa joue humide et la prit dans ses bras, comme une simple poupée inanimée. La tête d'Alice bascula en arrière et le monde dansa devant ses yeux. Elle crut même qu'elle allait vomir tant elle se sentait mal. William sortit par une porte de derrière et elle sentit le vent frais venir caresser son visage. Au moins je ne suis pas morte. Il aurait pu me tuer, j'en suis sûre. Elle avait très peur mais ne pouvait esquisser aucun mouvement, ça faisait vraiment trop mal. Elle se laissa porter jusque dans la voiture, garée au coin de la rue. Elle ne vit pas qui était le chauffeur mais reconnut la voix d'Angel. Était-ce lui qui l'avait dénoncé ? L'avait-il suivit, un après-midi ? C'était bien possible. Tant pis. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même d'avoir fait ça. Elle aurait pu trouver un autre moyen de gagner son argent. Elle aurait même pu en demander à William. Tous ses choix lui paraissaient tellement stupide maintenant qu'elle y réfléchissait... Durant le trajet, elle ferma les yeux et se laissa bercer par le ronronnement du moteur. Mais la douleur l'empêchait de s'endormir tout à fait. Elle la tiraillait, la titillait de telle sorte qu'elle ouvrait brusquement les yeux en grimaçant dès que la voiture faisait un léger soubresaut.

William la porta jusque dans son lit avant d'appeler le docteur. Alice ne sut pas ce qui se passa ensuite, elle s'endormit d'épuisement. William raconta qu'elle s'était fait agressée dans la rue alors qu'il l'avait laissé sortir et qu'il l'avait retrouvé comme ça. Le docteur le crut. On croyait toujours les riches hommes influents. Surtout lorsque cet homme vous paie grassement... Mais Alice ne sut rien de tout cela. Elle se réveilla le lendemain, vers midi. Son mal de crâne n'avait pas disparu et elle se sentait nauséeuse. De plus, son dos la faisait terriblement souffrir, tout comme la moindre parcelle de son corps. Elle essaya de bouger mais cela lui fit décrocher une grimace de douleur. Elle remarqua qu'on lui avait bandé le poignet gauche et mit une attelle à la jambe droite. Elle ne s'en étonna pas d'avantage et enfonça plutôt la tête dans ses coussins avant de la tourner vers la fenêtre de sa chambre. Le soleil filtrait à travers les carreaux et laissait un chaud rayon illuminer la pièce. Quelques oiseaux chantaient au dehors... Le printemps. Dire que si elle avait réfléchit d'avantage elle ne serait pas dans cette situation. Mais elle pensait, avant hier soir, que se prostituer était la meilleure décision. Elle n'était pas doué pour beaucoup de choses hormis la danse et le sexe. Alors... Autant se faire payer pour ses talents, non ? Tout ce qu'elle voulait, c'était s'en aller d'ici.

Dans la matinée, William passa lui rendre une petite visite. Il ne semblait plus autant en colère que la veille mais ne s'excusa pas pour autant. Il lui lança un regard plein de mépris et croisa les bras sur sa poitrine.

« J'espère que tu ne recommenceras pas. De toute façon, ça ne risque pas d'arriver. A compter d'aujourd'hui, et ce, jusqu'à ce que j'en décide autrement, tu seras recluse ici, dans cette chambre. Tu n'auras même pas le droit de sortir dans la cuisine. »

Alice écarquilla les yeux. Tout allait de mal en pis. Mais protester ne lui vint même pas à l'esprit. Elle resta coite. Seules des larmes silencieuses furent témoin de sa douleur intérieur. Si autrefois elle se sentait prisonnière, ça allait être pire encore. Même pas le droit de sortir de la chambre... Elle détourna la tête et William sortit de la chambre, satisfait d'avoir fait mouche. Alice essuya ses yeux d'un mouvement sec de la main – celle qui n'avait rien.

Un jour, je serais libre et celui qui m'enfermera n'est pas encore naît. Je serais la seule maîtresse de ma vie... La seule.

Un homme libre qui se lance dans un grand voyage dont l’issue est incertaine. J’espère que j’arriverais à passer la frontière, j’espère que le pacifique est aussi bleu que dans mes rêves... J’espère...

Le jour où la vie d'Alice changea de manière radicale, elle avait dix-sept ans. Ce fut l'année de sa libération. C'était devenu une jeune femme encore plus radieuse. Elle semblait s'embellir d'années en années. Mais plus elle embellissait, plus elle se trouvait laide. Plus elle se trouvait laide, moins elle se regardait dans le miroir. Moins elle se regardait dans le miroir, plus elle se fichait de son apparence physique. William lui avait acheté de nouvelles robes. Depuis peu, elle avait le droit de se promener dans le parc du manoir comme autrefois. Mais pas plus. Ou alors, elle sortait en ville sous la surveillance de Mr. Davis et d'Angel. Alice se laissait traîner de-ci de-là dans la rue, acceptant modestement une glace. Elle restait à sa place, à présent, elle savait de quoi William était capable et jamais elle ne voulait en refaire les frais.

Ce jour-là, il pleuvait. Il n'y avait aucun signe. Aucun.

Tout semblait calme et tranquille, comme d'ordinaire. Alice regardait la pluie battre contre les carreau de la fenêtre. Elle aimait beaucoup les pluies chaudes et les orages, sans qu'elle ne sache exactement pourquoi. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle n’appréciait pas les chauds rayons du soleil. En fait, ce n'était pas une fille si compliquée... Elle était vêtu de sa belle robe bleue pâle, toute neuve, et de ses ballerines blanches. Elle avait pris son cours de danse ce matin, comme d'ordinaire. Elle avait mangé à midi en compagnie de William qui lui avait raconté sa matinée. Rien d'anormal jusque-là. Alice avait ensuite écrit quelques divagations dans son carnet de note puis avait pris un bain moussant avant de s'habiller et de descendre dans le salon pour y faire tranquillement la lecture. Une journée banale.

C'est vers dix-neuf heures que tout a basculé.

Alice venait de finir un roman saisissant que lui avait recommandé son professeur de littérature, la veille. Le calme était saisissant dans le manoir. Ce fut la première chose inhabituelle. A cette heure, on entendait, depuis le salon, la cuisinière s’affairer et le majordome faire des vas-et-vient d'une pièce à l'autre. Mais là, rien. Pas un bruit. Le calme plat. Le manoir tout entier semblait retenir sa respiration. Alice détourna la tête de la fenêtre, se leva et jeta un coup d’œil à la pendule. dix-huit heures quarante. Elle poussa la porte du salon et jeta un coup d’œil à droite et à gauche dans le grand hall. Elle s'avança timidement dans ce lieu pourtant familier et avança jusqu'à l'escalier qui menait à l'étage supérieur, là où elle avait sa chambre. Elle tendit l'oreille. Seuls quelques vieux craquement retentirent. Elle posa sa main sur l’interrupteur. La rassurante lumière ne jaillit pas comme à l'ordinaire. Le sang d'Alice fit un tour dans ses veines. Elle se dirigea vers la cuisine et essaya d'allumer la lampe. Rien. Un grondement menaça retentit au dehors. Les plombs avaient probablement sautés à cause de l'orage... Mais c'est peu probable. C'est ça que tu penses, hein ? Le teint d'Alice se fit plus pâle. Elle savait que William était travaillait dans son bureau au deuxième étage. Par réflexe, elle s'y précipita. Elle voulait le prévenir que la cuisinière n'était pas là, tout comme le majordome, et quel les plombs avaient sauté. Peut-être trouverait-il des solutions rassurantes à tout ceci ? Des solutions rassurantes et rationnelles ?

Tout concorda à la seconde près.

Alice poussa la porte du bureau de William sans prendre la peine de frapper. La panique, sans aucun doute. Au moment même ou elle entra, une détonation retentit et figea la jeune femme sur place. Ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit dans un cri silencieux. Le corps de William bascula alors sur le sol et sa tête vint heurter le coin du bureau. Tout c'était joué à quelques secondes... Si elle avait été là trois secondes avant... Le temps sembla sur suspendre. Elle tourna la tête vers l'inconnu qui se tenait debout, immobile, le canon de son flingue encore levé. Alice hésita. S'enfuir ? Hurler ? Se jeter sur l'homme ? La dernière solution paraissait stupide. Elle recula. Elle se fichait pas mal de William. Tant pis s'il était mort ce vieux con. Mais ce qui importait vraiment, c'était de savoir si elle allait rester en vie ou pas. Son cœur rata un battement. Elle connaissait rien de la vie. Elle ne voulait pas déjà mourir ! Elle n'avait connu que les mauvais côtés... Elle finit par souffler en regardant l'homme droit dans les yeux :

« Vous allez me tuer ? »

Bien sûr qu'il allait la tuer, quelle question ! Elle fit de son mieux pour cacher les larmes qui lui brûlaient les yeux. Même si elle n'avait pas réellement peur de mourir, elle ne voulait pas. Ce n'était pas l'idée de la mort en soi qui la rendait si réticente. Elle n'avait simplement pas eu réellement le temps de vivre et de connaître tout ce qu'elle voulait.

« Non. Je ne vais pas te tuer. Tu es libre, vis ta vie et oublie mon visage. »

Les mots résonnèrent dans l'esprit d'Alice. Libre. Vis ta vie. La peur fit place à l'incrédulité. Je n'allais pas mourir. J'étais libre. Je faillis éclater de rire, mais la situation était très mal venu. Il était le premier à me dire ça. Que j'étais libre de vivre ma vie... Mon cœur fut sur le point d'éclater. Alors qu'il s'apprêtait à partir, mes jambes bougèrent d'elles mêmes. Je me précipitais vers lui et l'enlaçais par derrière.

« Ne me laissez pas toute seule ! … Monsieur. Amenez-moi ! »

Il tuait des gens. Peut-être... Quelle folie. Peut-être pourrait-il lui apprendre ? Comme dans certains romans qu'elle avait lu. Mets-toi ça dans le crâne, on n'est pas dans un roman. Mais Alice ne voulait pas se retrouver si brusquement livrée à elle-même. Cet homme l'avait libéré. Inconsciemment, elle l'associa à une image très nette d'un héros. D'un Libérateur. Elle le lâcha et recula d'un pas alors qu'il se retournait. Elle plongea ses yeux dans les siens et ne cilla pas. D'un seul coup, elle avait grandit un peu plus. Liberté signifiait aussi responsabilités. Elle devait se montrer à la hauteur qu'il l'amène ou pas. Mais elle n'était pas encore majeur... Et elle avait très peur de devoir retourner à l'orphelinat, ne serait-ce que pour un an. Une jeune femme dont personne ne voudrait jamais... Même pour une seule année.

« … Tu es une belle jeune fille, ta place n'est pas avec moi. Tu n'as pas des rêves à réaliser ? »

Alice haussa vaguement les épaules. Elle ne savait pas quoi répondre à ça. Des rêves ? Elle rêvait souvent, beaucoup. Mais ce n'étaient que des rêves irréalistes de capes et d'épées... Dans la vraie vie, elle ne savait rien faire. Elle savait beaucoup de chose, mais ignorait tout. Comment pouvait-elle avoir des rêves ? En plus je suis même pas belle... Elle passa ses mains derrière son dos, un peu gênée.

« Ben... Non. Je n'ai pas de rêves. Mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas retourner à l'orphelinat. Si vous m'avez libéré, vous pouvez bien m'amener avec vous, non ? … S'il vous plaît... Le regard d'Alice se fit plus suppliant. « Je ne prends pas beaucoup de place, c'est promis ! »

Alice s'avança et prit sa main dans la sienne. Il devait l'amener avec lui. Sinon, qu'allait-elle faire ? Elle ne voulait pas être, encore une fois, mêlée à une affaire de meurtre avec des photographes, des caméras. La Mort me suit. Il regarda la main d'Alice avant de replonger ses yeux dans les siens, impassible.

« … D'accord, mais je te préviens, ce ne sera pas de tout repos et tu vas devoir dire adieu à ton confort pendant quelques temps. L'entraînement sera rude et plus d'un ont changé d'avis après une semaine. Tu es sûre ? »

Le visage d'Alice sembla s'éclairer. Elle hocha fermement la tête : jamais elle n'avait été aussi sûre de sa vie.

Dans un meurtre vaut mieux être le meurtrier que la victime.

Le bar de l'hôtel était bondé de monde. Les conversations battaient la mesure de la douce musique qui résonnait depuis les hauts-parleurs. My Funny Valentine de Franck Sinatra. Elle passait en boucle depuis près d'une heure, mais personne ne semblait s'en soucier. On ne prêtait pas attention à ce genre de détail. Tranquillement assise sur une chaise dans le coin de la salle, une jeune femme sirotait un cocktail qu'un gentleman lui avait gracieusement offert. Elle était chichement vêtue d'une belle robe satinée couleur taupe, serrée à la taille par une charmante ceinture argentée. Ses cheveux tombaient en cascade dans son dos et quelques mèches venaient cacher les traits de son doux visage. Elle semblait regarder fixement un groupe d'homme assis dans des fauteuils en cuir brun, un peu plus loin. L'un d'eux se leva. Il ne portait pas de cravates comme ses congénères mais une simple chemise blanche. Il était terriblement craquant. Pas le Dieu suprême, mais Alice avait vu bien pire. Elle était sûre qu'il était bien monté, pas vrai ? Elle sourit en coin et se leva à son tour. Sa route croisa celle de cet homme et elle capta son regard dans son dos. Elle se retourna gracieusement et leurs yeux se croisèrent. Alice lui fit un charmant sourire et continua sa route un peu plus loin. Elle déposait son verre sur le comptoir lorsqu'elle sentit une présence à côté d'elle. C'était lui. Sa cible. Cet homme avait mordu à l'hameçon... Il frôla le bras d'Alice qui leva les yeux sur lui. Elle capta son sourire. Les hommes sont tous des porcs... Mais je ne vaux pas mieux de ce côté-là. Elle glissa le numéro de sa chambre d'hôtel dans la poche du jean de ce charmant Monsieur et le laissa là avant de sortir de la salle de réception.

Alors qu'elle montait les escaliers, sont souffle se fit soudain plus court. Elle commençait à avoir du mal à respirer. Du calme, ce n'est pas la première fois que je vais tuer quelqu'un. Elle se força à avancer le plus normalement du monde jusqu'à l’ascenseur. Une fois à l'intérieur, elle appuya sur le bouton qui la menait au sixième étage et s'adossa contre l'un des quatre murs. C'est la première fois que je le fais seul... Durant ces dernières années, Alice avait été sous la tutelle de Heathciff, l'homme qui l'avait libéré de la cage dorée dans laquelle William l'avait enfermé. Il lui avait appris son métier. Alice ne cacherait pas qu'au début, elle avait eu vraiment peur. Jamais elle ne se serait crut capable de pouvoir tuer quelqu'un de sang froid et tout ça pour quelques billets. Mais elle avait beaucoup changé... La première fois qu'elle avait accompagné Heath pour accomplir un contrat, elle avait bien cru vomir. Mais elle s'était endurcie. Il ne fallait pas avoir la moindre faiblesse dans ce métier. Alice n'aimait pas particulièrement tuer les gens... Elle n'y prenait pas autant de plaisir que semblait en prendre Heath, en tout cas... Mais elle aimait l'argent. Elle s'était découvert des goûts de luxe et vivre dans la misère lui semblait impossible, voire insoutenable. Le jour où elle changea réellement fut la première fois qu'elle tua un homme. Elle avait appuyé sur la détente. La balle était venue se ficher entre les deux yeux de sa victime qui avait basculé très lentement sur le sol. Quelques spasmes... Et puis c'était fini. Alice avait perdu une petite partie d'elle même ce moment là. Et il avait fallu combler cette perte de faux sentiments. De comédie. Elle était devenu doué, on ne pouvait pas le nier.

Ce soir, tu prends réellement ton envole, ma chérie. Alice prit une grande inspiration et sortit dans le couloir désert avant de pousser la porte de sa chambre. Elle vérifia que tout était bien prêt trois ou quatre fois... Et on frappa à sa porte. Elle se figea, un court instant, avant de relâcher sa respiration et d'avoir l'air parfaitement détendue. Elle s'assit tranquillement sur les couvertures de son lit et lança un petit « Entrez, c'est ouvert. » La porte grinça et sa belle victime entra dans la chambre. Il ne semblait pas gêné pour un sou. Pourquoi devait-elle le tuer, déjà ? Alice ne se souvenait plus des termes avec exactitude. Qu'importait, tant qu'on la payait grassement... Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, cet homme avait fait un détournement d'armes qui avait beaucoup coûté à son employeur. Ainsi, il avait décidé de le supprimer pour que l'argent perdu lui revienne de droit. L'homme s'adossa contre le mur, croisa les bras sur sa poitrine et le regarda. Alice soutint son regard avant de s'avancer vers lui et de poser ses mains sur sa poitrine avec un sourire. Autant se faire un peu plaisir avant de tuer ce pauvre monsieur, n'est-ce pas ? Elle posa ses lèvres sur les siennes. Il ne résista pas. Alice était une fille séduisante qui faisait tourner de nombreuses tête. Pourquoi refuser un peu de chaleur humaine ? Pour une dernière nuit... Alice devait le tuer et envoyer un sms grâce à un téléphone portable que son employeur lui avait donné. D'autres personnes allaient se débarrasser du corps. Heureusement, parce que la jeune femme n'aurait pas su comment s'y prendre pour dissimuler un cadavre sans laisser ses empreintes.

L'homme défit la robe d'Alice qui s'étala sur le sol, puis il l'allongea sur le lit avant de se dresser au-dessus d'elle, une main appuyée sur le le lit. Il lécha son ventre et remonta jusqu'entre ses deux seins. Il lui dégrafa alors son soutiens-gorge pendant qu'elle lui enlevait son pantalon. Alors qu'il s'amusait un peu avec sa poitrine, Alice s'appliqua à masser son pénis par-dessus son caleçon avant de le faire descendre sur ses cuisses. L'homme enleva son tee-shirt et le laissa tomber près de la table de nuit. Il redressa Alice sur les couvertures et s'allongea sur elle avec douceur. Ils jouèrent encore quelques minutes à se faire languir avant qu'il ne la pénètre. Alice ferma un instant les yeux. Ils se chevauchèrent ainsi un certain temps avant que leur deux souffles ne s'accélèrent au même moment. Volontairement, elle ralentit le rythme. Un peu surpris, l'homme la regarda et elle lui fit un sourire extrêmement coquin. Il lui sourit et chuchota : « Hé, tu veux faire durer le plaisir ou quoi ? » Alice lui sourire, mystérieuse. En fait, elle avait surtout très peur de devoir le tuer. Seule. Sans que Heath ne soit là. Ce fut lui qui reprit le rythme au bout d'une ou deux minutes. Il ne peut pas tenir plus longtemps ? Pff. Il est trop nul. Elle sentit le rythme cardiaque de sa futur victime monter en flèche et ses gémissements se faire plus rapprochés. Elle passa ses mains autour de lui pendant qu'il jouissait dans un long soupir rauque. Alice l'accompagna en soupirant d'aise. Encore quelques coups de rein avant que l'homme ne roule à côté d'elle, sur les draps. Elle tourna la tête vers lui. Ils se regardèrent en silence quelques minutes avant qu'il ne murmure : « C'était bon. » Elle lui sourit, appuyant ses dires et ferma les yeux, faisant semblant de s'assoupir. Elle dressa l'oreille, guettant la respiration de sa cible. Il sembla s'endormir, lui aussi, au bout d'un moment. Son souffle se fit plus régulier et plus fort.

Alice se leva le plus silencieusement qu'elle put et attrapa le pistolet silencieux et le pointa sur l'homme. Elle prit une grande inspiration. Tout va bien se passer. Elle visa la tête. Appuya sur la détente. Le coup partit brusquement et tout se passa comme au ralentit. Les paupières de l'homme se soulevèrent avant que, en une demie seconde, ses yeux ne roulent dans leur orbite. Alice resta ainsi plusieurs minutes, le pistolet tendu au-devant d'elle, le souffle court. Lorsque sa paralysie cessa, elle monta sur le lit et posa sa main sur le pouls de l'homme. Il était raide mort. Aussi rapide que l'éclaire, elle se rhabilla et envoya le sms comme le lui avait indiqué son employeur avant de prendre son sac, sa valise et de foncer vers la sortie de la chambre d'hôtel. La voiture de Marcus l'attendait au bout de la rue. Marcus était le chauffeur qui travaillait pour Heath et elle depuis un an. Elle jeta presque sa voiture à l'arrière avant de claquer la portière. Marcus se tourna vers elle et leva ses lunettes au dessus de son front pour mieux la regarder, surpris.

« Ca va ? »
« Oui. souffla-t-elle. Ca va... Je l'ai fait, Marcus... C'est finit. On rentre. »

Pendant qu'ils roulaient à tout allure sur l'autoroute presque déserte, Alice jeta le téléphone par la fenêtre. Sans doute se ferait-il écrasé par le prochain camion qui passerait par-là. Elle s'enfonça dans les sièges et tourna la tête vers la fenêtre pour regarder les lumières des grandes villes lointaines. Elle l'avait fait. Elle avait pris son envole. Maintenant, elle était vraiment libre.
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MessageSujet: Re: Alice, tell me of your wonderland.   Alice, tell me of your wonderland. Icon_minitimeSam 1 Juin - 18:06

Tout est parfait, my dearie ! Tu es validée ! <3
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MessageSujet: Re: Alice, tell me of your wonderland.   Alice, tell me of your wonderland. Icon_minitime

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