The Mysteries of Paris
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 Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris]

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MessageSujet: Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris]   Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris] Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:21

Les gens ont besoin d'avoir des héros. Ça leur fait du bien de penser qu'au milieu de l'horreur, il y a quelqu'un de spécial qui produit des miracles.

Dans ces moments-là, j’avais sincèrement l’impression de la voir. Elle me souriait de la même façon que lorsqu’elle me préparait des gaufres au sucre ou, lorsqu’elle me lisait une histoire. Je savais qu’elle était près de moi. Elle était belle, sa voix était chantante, ses yeux rieurs. Elle était parfaite. J’avais appris en cours de philosophie que les hommes avaient pour habitude de toujours tout idéaliser. J’avais idéalisé ma mère. Dans mes souvenirs, elle était toujours magnifique et sereine, en y réfléchissant, cela n’avait jamais vraiment été le cas. Elle avait des cernes, semblait fatiguée toute la journée, elle n’était plus d’humeur à rire et pourtant, elle me souriait toujours. A moi et à Chris. Elle aimait passer du temps avec nous, parce que nous étions ses enfants, mais aussi, parce qu’il ne la battait pas en notre présence. Maintenant, même si c’était idiot et sans preuves scientifiques, je la sentais heureuse. Elle était morte, mais elle était heureuse. Alors, elle apparaissait quand j’avais besoin d’elle. Quand je perdais espoir. Elle me rappelait, ironiquement, que je ne devais pas abandonner. Je regardais sa silhouette, pas une seconde je ne me trouvais fou. Pour moi, il était normal de la voir pendant ces minutes interminables. J’oubliais que je souffrais, elle m’envoyait tout son amour et je ne pensais à rien d’autre qu’à elle. Le temps passait plus vite. Sans cela, je savais que j’allais devenir dingue. En vérité, je savais que je l’étais déjà. Il était trop tard pour moi. Néanmoins, je repoussais le jour où toute ma folie devait exploser, j’avais peur. J’aurais sans doute pu en parler à Chris. J’aurais sans doute dû. Il m’aurait aidé. Mais je n’en avais pas le courage, je possédais une dignité et une fierté trop importantes pour demander de l’aide. Je n’en avais jamais eu besoin, alors pourquoi maintenant ? Je n’avais plus qu’une année à faire au lycée. Je m’éloignerais ensuite de ma famille, pour fonder la mienne, pour être quelqu’un de normal. Non. Pour être quelqu’un de parfait. Je serais parfait, comme je l’avais toujours été. Et un homme parfait n’avait pas besoin d’aide. Il se débrouillait seul, il réglait ses problèmes seul. Chris avait bien assez à faire avec sa vie sans avoir à se préoccuper de la mienne. Même si je ne m’en faisais pas trop pour lui. Il avait les ressources nécessaires pour se sortir de n’importe quelle galère. J’étais fier de lui. Comme j’aurais souhaité que Lui soit fier de moi.

La vision de maman s’estompa. Je tendis la main vers elle pour la retenir, dans un geste plus spontané que réfléchi, Il s’arrêta. J’eus l’impression de réintégrer mon corps, bien que je ne l’eusse jamais quitté. La douceur et la chaleur disparurent. La douleur prit leur place. Je rampais lamentablement jusqu’au mur pour me redresser. Cependant, je ne parvins qu’à m’y appuyer pour m’asseoir. Il pleurait. Comme d’habitude. Plus je voyais ce spectacle, plus je trouvais cela pitoyable. Malheureusement –ou heureusement-, ma vision se brouillait. Je passai rapidement ma main gauche sur mon corps, je vérifiais que rien n’était fracturé ou foulé. Je comptais le nombre d’hématomes. Je ne savais faire que cela : compter. J’avais cherché une solution. Je ne trouvais rien. Me défendre était hors de question, le dénoncer à la police aussi, l’insulter, supplier, pleurer… J’avais tout envisagé. Je souhaitais même le tuer. Mais rien n’était satisfaisant, et chaque idée avait son lot de désagrément. Et personnellement, il n’y en avait qu’un qui m’empêchait d’agir, c’était l’argent. Aussi stupide que cela puisse paraître, je voulais faire une grande école de médecine et j’avais besoin d’énormément d’argent. Qu’il avait, Lui. Et puis, j’étais parfait et absolument irréprochable, il me paierait mes études sans faire d’histoire. Si je me rebellais, je n’aurais plus accès à tout cela. Il articula quelques mots, je voyais ses lèvres bouger. Mes yeux allaient mieux, bien que j’aurais forcément les marques des coups sur le visage. Cela ne m’enchantait pas, expliquer un œil au beurre noir n’était pas chose aisée. Mais en tant que Capitaine de l’équipe de Foot, il était normal que je me prenne quelques coups, non ? En ce sens, j’étais donc un peu brutal au foot, puisque j’en sortais toujours avec des bleus, du moins, c’était ce que pensaient mes amis et Lydia. Il essuya ses yeux en évitant soigneusement mon regard. Ce n’était pas par honte ou par peur, il était toujours fier de ses actes : en particulier lorsqu’il prouvait sa supériorité sur les autres. Je soupçonnais une enfance désastreuse. Non, il ne me regardait pas parce qu’il en avait fini. Maintenant, il pouvait se frotter les mains, allumer sa pipe et rejoindre son ami Stanley sur le green. Il avait accompli son devoir quotidien. Il articula un « Dépêche-toi, tu vas être en retard au lycée. », c’était habituel, en prenant ses clubs de golf et quitta la pièce.

Je me fichais bien d’être en retard au lycée. Ce n’était pas comme si les professeurs pouvaient me faire des reproches. J’étais toujours parfait, j’avais le droit de relâcher la pression parfois. Cela dit, il n’avait pas besoin d’un prétexte de plus pour me cogner. Alors, je me levai maladroitement en m’appuyant sur le mur. La douleur avait été difficile à surmonter, au début. Je pensais que j’allais mourir, je me demandais s’il s’arrêterait à temps. Aujourd’hui, j’avais compris que l’on était capable de supporter bien plus que ce que l’on pouvait imaginer. Ma mère en était un exemple parfait. Mais, elle, elle avait vécu avec lui pendant plus de quinze ans. Elle avait lâché prise et c’était normal. Je n’en avais plus que pour une année. Après mon bac, je partirais à la fac très loin de lui et je deviendrais chirurgien. Je pouvais tenir. Ce n’était plus si douloureux, c’était presque comme un rituel. Le plus souvent le matin, avant d’aller en cours. Je supposais qu’il en avait toujours été ainsi avec maman, or il ne pouvait changer ses habitudes à cause du lycée. Ensuite il partait travailler, ou s’amuser avec des amis. J’imaginais les conversations machistes et conservatrices. Avant, il disait sans doute qu’il avait bien dressé sa femme, après sa mort, son orgueil avait dû en prendre un coup. Au moins maintenant, il pouvait affirmer que son cadet allait faire de grande chose, tout cela grâce à ses sacrifices et à sa patience avec lui ! Car évidemment, je devais tout à son éducation stricte et autoritaire ! Comme son père l’avait fait avec lui ! Si ma mère n’était pas morte, cela n’aurait été qu’une question de temps avant qu’il nous batte, moi et Chris. Mais elle lui avait prouvé qu’elle pouvait se soustraire à son emprise. Pour se venger, il ne restait plus que les enfants. Il avait sans doute compris que Chris ne se laisserait pas faire… Moi par contre. J’étais faible, la première fois du moins, après, je m’étais laissé faire. Je savais que ce n’était pas bien, surtout pour moi, mais je ne parvenais pas à m’y opposer. Il était mon père. Il avait le droit de me frapper, non ? Après tout, il avait raison, c’était de ma faute si maman était morte, et je devais payer pour cela aussi. C’était à cause de moi… Je n’avais rien fait pour l’aider. Je chassais cette idée de ma tête. Je pris un bain, pour apaiser la douleur et je tentai de masquer les marques. A part mon œil, je parvins aisément à régler ce problème. Tant pis, je dirais que quelqu’un m’avait cogné pendant un entrainement.

Telma me prépara un petit déjeuner avec le regard empli de pitié qu’elle me servait à chaque fois que mon père me battait. Elle était la seule à savoir, parce qu’elle nous avait vus, une fois. Je m’attendais toujours à ce qu’elle me dise « Mon pauvre petit ange, quel odieux personnage ! » comme dans une pièce de théâtre. Mais non, elle ne m’avait jamais dit cela, pas de cette manière. Telma avait un peu remplacé notre mère, à Chris et à moi, du moins, surtout pour moi. C’était la cuisinière et notre gouvernante. Elle s’entendait bien avec maman, elles étaient toujours en train de discuter. Telma avait été très affectée par le suicide de ma mère. Elle avait su pour moi et mon père, peu après qu’il eut commencé. Aussi, elle ne m’avait jamais dit de lui tenir tête ou de m’enfuir. Elle acceptait mon choix de me laisser faire, du moins espérais-je qu’il s’agissait d’un choix de ma part. Elle se contentait de me porter une attention toute maternelle, comme me dire que j’étais tout maigre, ou me demander comment allait ma petite-amie en me préparant des crêpes. C’était ce que nous fîmes aujourd’hui. Elle souhaitait rencontre ma Lydia, pour me donner sa bénédiction. J’aurais adoré mais, je ne pouvais prendre le risque de faire venir Lydia chez moi. Je ne parvenais pas à imaginer une scène normale entre elle et mon père. N’importe quoi me mettrait mal à l’aise. Lydia n’était pas pressée de le rencontrer non plus, tant mieux. Telma posa un baiser sur mon front en me disant de ne pas en rajouter avec mes sports de brute. Je me blessais bien moins au lycée qu’à la maison. J’attrapai les clefs de ma Porsche et la conduisis jusqu’au lycée. Je n’étais pas en retard, bien évidemment. Je la garai dans le parking. J’entrai dans le bâtiment et retrouvai mes amis, qui étaient, pour la plupart, des membres de mon équipe de foot. S’ils furent surpris par mon œil, ils n’en montrèrent rien. Ils devaient être habitués cela dit. Par ailleurs, je me demandais s’ils n’étaient pas au courant… C’était sans importance. Tom me donna une tape amicale sur l’épaule, je lui souris. C’était douloureux. Mes amis étaient les plus brillants de l’équipe, ils étaient doués en cours et n’étaient pas du genre à s’attaquer aux plus petits. Car, comme dans tous les lycées, nous avions notre lot de brutes stupides et comme dans tous les lycées, elles faisaient partie de l’équipe de foot, elles étaient populaires et elles n’étaient fortes qu’à une chose, faire du sport. Ceux-là, je devais les supporter, d’ailleurs, si je n’avais pas été leur capitaine, j’aurais sans doute été l’une de leurs victimes. Mais au lycée, je ne me laissais pas faire. Lucas me demanda si je donnais toujours des cours en fin d’après-midi, je lui répondis que c’était le cas. Il voulait qu’on s’entraine. Il avait une nouvelle stratégie d’attaque à me montrer. Un autre jour… Un jour où mon père ne m’aurait pas battu, j’aurais dit oui mais là, je n’en avais aucune envie. Je lui dis que nous verrions cela le lendemain puis nous nous séparâmes. Nous n’avions pas les mêmes cours, sauf Tom, qui était avec moi la plupart du temps.

Il m’accompagna au secrétariat, je récupérai les clefs de ma salle pour ce soir et des papiers concernant le bal de promo. Cette année, c’était Lydia et ses amies qui s’occupaient de l’organisation, je l’aidais aussi. Elle avait tout prévu mais je ne lui avais pas encore fait ma demande. J’attendais le bon moment. Notre participation au bal était évidente, nous allions être élus roi et reine de la soirée, mais je tenais à faire cela dans les règles. Lydia ne devait jamais oublier cette soirée, surtout si nous continuions à nous voir après le lycée. Tom regarda les papiers avec intérêt puis il me parla de la fille qu’il comptait inviter. Elle s’appelait Shannon. C’était une amie de Lydia, il en était amoureux depuis le collège mais il n’avait jamais osé lui adresser la parole. Je trouvais cela mignon, j’aurais sans doute été dans le même cas si Lydia ne m’avait pas abordé. Je lui dis de foncer, après tout, il y avait très peu de raisons que Shannon refuse. Dans le pire des cas, elle accepterait parce que Tom était mignon et populaire et non pas par amour, mais Tom ne s’en rendrait pas compte. Nous entrâmes dans notre salle de cours, je distribuai les papiers et la classe s’agita. Chaque élève expliquait à son voisin ses projets pour la soirée. Certains avaient prévu de louer une limousine, d’autres d’aller à la plage après le bal. Je trouvais que c’était une excellente idée, la plage, les étoiles, la mer… Bref, comme pour tous les autres, ma préoccupation du moment était la soirée de fin d’année. Le professeur nous rappela à l’ordre et nous fîmes cours. Comme d’habitude, j’obtins d’excellents résultats, les meilleurs. Enfin, la sonnerie annonçant l’heure du déjeune retentit. Je m’ennuyais un peu en cours, être toujours le meilleur était ennuyeux. Nous sortîmes de cours en discutant, de sport surtout. Tom était le seul à faire les mêmes activités que moi, en y repensant, nous étions toujours ensemble. Nous nous rendîmes au self. Lydia et ses amies nous rejoignirent, Tom tenta de s’éclipser mais je le retins. Je parlais à Lydia de la passion secrète qu’il entretenait pour Shannon et elle proposa à ses amies de manger avec les miens, en glissant un mot à l’oreille de Shannon. Elle m’embrassa et prit ma main. Nous nous installâmes à une table tous les deux. J’étais heureux de passer du temps seul avec elle. Je l’aimais réellement, j’oubliais tout en sa compagnie.

-Qu’est-ce que tu as fait à ton œil ?
-J’ai pris un coup pendant un entrainement.
-Bien sûr.
-Tu ne me crois pas ?
-Non. Si tu voulais une jolie blonde qui n’a rien dans la cervelle comme petite amie, tu aurais dû choisir Pam ‘. Navrée de me soucier de toi !
-… Je suis désolé, mais, nous en parlerons plus tard, d’accord ?

Elle hocha la tête et caressa tendrement ma joue. En même temps, j’aurais dû m’en douter. Je ne sortais pas avec Lydia simplement parce qu’elle était jolie. C’était l’un des inconvénients d’avoir une copine intelligente. Enfin, je n’avais rien à cacher, je n’en éprouvais pas de honte particulière, ce n’était simplement pas quelque chose à dire ici et cela ne la regardait pas vraiment. Nous mangeâmes en discutant, elle me parlait de l’organisation du bal, de sa meilleure amie qui n’avait toujours pas de cavalier, qui attendait désespérément de se faire inviter par l’une des brutes de l’équipe de basket. Elle m’embrassa et me proposa de la retrouver après nos cours, à dix-sept heures. J’acceptai puis nous retournâmes en cours. Tom avait trouvé le courage de demander à Shannon, elle avait accepté. Les cours furent d’un ennui mortel. Pourtant, je semblais réellement intéressé par tout cela, les profs m’adoraient, j’étais serviable mais pas au point de leur lécher les bottes. Et j’étais si doué ! Enfin, je n’avais que cela à faire : travailler. Contrairement à mon frère, qui lui, passait son temps à s’amuser et à faire la fête, moi, cela m’arrivait rarement. Même si ça m’arrivait parfois ! Je préférais largement passer du temps avec Lydia plutôt que dans une soirée. Je ne buvais pas d’alcool, je ne fumais pas d’herbes illégales, j’étais ennuyeux à mourir lors des fêtes ! Tom retrouva le reste de l’équipe de foot pour s’entrainer après les cours. Lydia donnait des cours de littérature à trois élèves. Moi, je donnais des cours de maths à trois élèves aussi… Enfin, à deux. Il y avait Jerry, il n’était pas méchant, un peu timide, il avait de réelles difficultés en maths et il était venu me demander des cours de lui-même. Il y avait Mark, un ami de mon frère que je trouvais d’une stupidité sans bornes, mais qui, étrangement, suivait mes cours. Il devait en avoir marre de redoubler sa terminale, trois fois, c’était amplement suffisant. Et il y avait, mon très cher frère, Chris, que je ne voyais jamais. Il ne venait pas. Et puisqu’il se fichait bien de me donner ses raisons, j’en avais parlé au directeur. C’était lui qui était en échec, pas moi. Je n’aurais rien dit s’il me l’avait demandé, mais il ne faisait même pas cela. C’était un crétin. J’aurais fait n’importe quoi pour lui, j’aurais passé ses examens à sa place… Mais il ne me demandait jamais rien. Nous n’avions jamais aucune conversation. C’était sans doute de ma faute, je n’étais pas assez amusant… J’ouvris la salle que le directeur m’autorisait à utiliser pour mes cours et saluai Jerry et Mark. Comme d’habitude, Chris n’était pas là. J’entrai derrière eux et nous nous installâmes. Je ne leur donnais rien à faire chez eux, bien que cela nous aurait fait avancer bien plus vite, aussi, ils se mirent rapidement au travail. Je supposais que j’expliquais assez bien puisque leur moyenne montait. Je m’assis sur le bureau tout en expliquant à Jerry comment résoudre une équation à double inconnue. Je lui donnais des moyens mnémotechniques pour retenir des choses qui me paraissaient tellement simples ! Mark s’en sortait plutôt bien, et il ouvrait beaucoup moins sa grande gueule en cours, il était même sympathique. A croire qu’il ne faisait cela que pour épater ses amis. Puis la porte s’ouvrit. C’était Chris. Je réprimai douloureusement un sourire narquois. Je ne comprenais pas pourquoi il avait changé d’avis. Bah, c’était mon frère, il était un peu stupide. Peut-être avait-il compris que c’était idiot de ne pas assister à mes cours par fierté, qu’il valait mieux se laisser aider par son petit frère et ne pas redoubler une fois de plus. C’était mignon… De voir qu’il réfléchissait lui aussi.

-Salut les feignasses ! Dix puissances moins trois multiplié par la racine carré de quinze, aujourd'hui, ouvrez vos cahiers de brouillons. Salut, Monsieur Parfait !

Quel crétin. Cela dit, je me contentais de le penser. Ce n’était pas mon genre d’être désagréable, même avec mon frère. Et même quand il était con. Je craignais un peu pour mon cœur. C’était agréable lorsqu’il n’y avait que deux élèves mais… Avec Chris, Mark n’allait certainement pas être aussi sage. Mon frère avait une très mauvaise influence. Mais quelque part, j’étais très heureux de passer du temps avec Chris. C’était stupide, parce qu’il était sans doute très énervé de venir à ce cours. Je me doutais qu’il n’était pas là de son plein gré. Le directeur avait dû lui remonter les bretelles. Et c’était bien fait. Il s’installa près de son ami. Je devais avouer que j’étais un peu stressé. Je n’avais aucune autorité sur mon frère, s’il avait envie de se déshabiller et de violer Jerry, je ne pourrais absolument rien y faire. Mais pourquoi je pensais à cela ? Chris ne ferait jamais ça ! Casser une vitre à la limite mais violer un mec… J’étais un abruti parfois… Je lui souris. Je me demandais si j’allais avoir du travail avec lui. Je savais qu’il était mauvais en maths mais je soupçonnais plus une envie de ne rien faire plutôt que de réels problèmes. Si c’était cela, il était stupide, encore plus que je ne le croyais. Je regardai Mark et Jerry.

-Vous pouvez continuer les exercices, tous les deux. Je me tournai vers Chris. Par contre, Chris, nous allons devoir tout reprendre depuis le début. Tu avais déjà du retard et tu as raté trois mois de mes cours. Mark et Jerry peuvent s’en sortir tous seuls alors je vais m’occuper exclusivement de ton cas. Je suis certain que cela te fait énormément plaisir, n’est-ce pas ?

En fait, j’aurais pu m’occuper de tout le monde, trois élèves, ce n’était pas trop difficile à gérer. C’était ma façon de proposer à Chris de passer du temps en ma compagnie. C’était stupide, certes. Mais avec lui, j’étais toujours complètement nul. Surtout qu’il détestait sans doute les maths, qu’il ne m’aimait pas trop non plus : Cette perspective ne devait donc pas trop le réjouir. J’aurais adoré lui apprendre plein de choses, je savais que c’était lui le grand frère mais j’avais toujours été plus apte que lui pour enseigner. Même si nous n’avions pas été aussi… éloignés l’un de l’autre, j’étais certain que j’aurais joué le rôle du grand frère. Cela ne me posait pas de problèmes. J’étais bêtement joyeux à l’idée d’être avec lui, pour une fois. Je posai mon livre de maths sur la table devant lui.

-Alors, sors ton cahier de brouillon, grand frère. Exercices deux, trois, quatre et six pages vingt-trois. Monsieur parfait va t’aider.



Dernière édition par Matthew Keenan le Sam 1 Déc - 21:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris]   Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris] Icon_minitimeSam 1 Déc - 17:35

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

L'eau tiède de la douche me réveillait graduellement. Je faisais encore quelques efforts pour garder les yeux ouvert mais je reprenais pleine possession de mes mouvements. Je tournais la tête sur la gauche, faisant craquer ma nuque raide au passage, mais ne put rien distinguer de la salle de bain, à cause de la buée sur les vitres de la douche. Je me demandais alors depuis combien de temps j'étais là, debout, sous cette eau qui tombait sur mes cheveux trempés. Je passais une main sur mon visage et fermais les robinets avant de passer ma tête en dehors. Il ne faisait pas très froid, plutôt bon. Je reniflais, sentant une odeur désagréable qui venait des toilettes, à côté de la baignoire. Il y avait quelques flaques dégoûtantes de vomi d'une personne ayant mal visé le trou et plusieurs bouteilles de bière renversées. Je fronçais les sourcils, attrapais une serviette, l'enroulais autour de ma taille et sortis de la salle de bain, ayant fait un large détour pour éviter les vomissures. Je me trouvais sans aucun doute chez Mark, l'un de mes meilleurs potes avec qui j'avais fait les quatre cent coups. Mais comment et pourquoi, ça, je ne le savais pas vraiment. Je ne savais même pas comment j'étais arrivé sous la douche, ni où étaient mes habits. Kevin était affalé sur le canapé et dormait encore à poing fermés. J’aperçus ma chemise dépasser de dessous son arrière-train. Je le poussais sur le côté pour l'attraper et lui jetais un coup d’œil. Il sembla s'agiter mais ne se réveilla pas. Je ne lui prêtais plus d'attention et entrepris de défroisser, sans grand succès, ma chemise noire. Je l'enfilais sans me poser plus de questions et marchais vers la cuisine. Mark vivait encore chez ses parents, mais ceux-ci ne savaient pas que, le week-end pendant leur absence, il invitait la moitié du lycée à faire la fête. Je dormais souvent chez Mark. Même lorsqu'on ne faisait rien de spécial. Parfois j'allais aussi chez Kevin qui me montrait toutes ses collections de jeux vidéos, la fonctionnalité de son ordinateur, ses bandes dessinées et ses gadgets. Et parfois j'allais chez Andy. Nous discutions de tout et de rien, de la pluie et du beau temps. C'était plutôt sympa un peu de reposer parfois. J'adorais faire la fête, c'est vrai, mais j'adorais aussi me poser quelques jours pour mieux repartir le lendemain ! Enfin passons : Mark, Kevin, Andy et moi formions une bande inséparable. Nous n'étions pas dans la même classe, malheureusement. Le directeur, qui nous connaissait bien pour maintes réprimandes et avertissements, nous avait donné une attention toute particulière en nous séparant dans quatre classes différentes. Moi, en terminale scientifique deux, Mark en terminale d'économie, et Kevin en terminale scientifique quatre. Andy avait redoublé, alors ce n'était pas un problème. Il restait en première. Personnellement, je voulais avoir mon bac et me tirer vite fait. Je ne savais pas ce que je voulais faire, je n'y avais jamais réfléchis. J'étais allé chez les scientifique parce que, disait-on, cela ouvrait le plus de possibilités. Moi je n'y croyais pas. Mais j'avais suivi le mouvement de mes potes. Et puis j'avais lamentablement redoublé ma première pour me retrouver dans la même classe que mon frangin, Matthew, un élève parfait. Mais bref, je devais me concentrer ! Qu'avais-je donc fait hier ? Ma mémoire me revint petit à petit...

* * *

Je me trouvais dans ma chambre, pour une fois. Je ne rentrais pas souvent chez moi, vu l'ambiance de toute façon, ça ne donnait pas envie d'y être très souvent... Mon père m'ignorait ou me vantait la perfection de Matthew, et puis mon frère... Mon frère passait son temps à travailler. Alors je ne le voyais pas, pensez-vous ! Quant à la bonne, elle me souriait. Je l'avais toujours connu, depuis tout petit elle était à la maison. Elle c'était occupé de nous après la mort de Salomé. Salomé était notre mère. Je refusais de l'appeler encore « maman » puisque, de toute façon, elle était morte et nous avait lâchement abandonné à notre sort. Je n'en parlais jamais à personne de toute façon. Ainsi, personne ne savait que je l'appelais par son prénom et non, comme tous fils digne de ce nom, « maman ». Elle ne méritait pas mon respect. Elle c'était stupidement suicidé. Et qu'importait les raisons : elle était partie sans un mot, sans un au revoir. J'éteignis la musique qui commençait à me vriller les oreilles et, ne tenant pas mes bonnes résolutions qui consistaient à « travailler », je descendis les escaliers jusque dans la cuisine, attrapais une boîte de gâteau sur l'étagère et sorti de la maison dans l'intention de me balader dans la ville. Nous étions au mois de novembre. Il faisait froid. Mais j'adorais l'hiver ! Autant que j'aimais l'été. L'hiver était, pour moi, joyeux. La neige m'excitait, comme si j'étais redevenu un gamin. Je lançais des boules de neiges glacées sur les voitures et partais en courant, accompagné souvent d'Andy pour ce genre de conneries. Nous nous réchauffions à l'aide d'une bouteille de gin ou de vodka et nous descendions les pentes enneigées sur le cul, rentrant avec des bleus gros comme des cailloux. Nous étions tous de grands enfants durant l'hiver. Je me demandais si l'un de nous deviendrait un jour responsable. Moi je ne me voyais guère vivre dans une maison et me rendre au travail avec un costard cravate ridicule tous les jours. Je m'imaginais libre, à vivre d'amour et d'eau fraîche. Je me doutais bien que ce n'était qu'une illusion. Les mots « travail » et « argent » venaient gâcher tout mes rêves. J'ouvris la boîte de palmitos et en mangeais quelques uns. J'adorais les palmitos, il s'agissait des mes biscuits préférés. Allez savoir pourquoi. Je trouvais les boîtes trop petites. Les mecs qui faisaient ça étaient de vrais radins ! Sérieusement, si cher pour douze pauvres biscuits qui se couraient après... Mais c'était la vie. Argent, argent, argent... Personnellement, je trouvais ça bien stupide. Alors que je croquais un des biscuit, j’aperçus un gars que je connaissais, présent à presque toutes nos soirées chez Mark. Il en avait lui aussi organisé une ou deux. Nous nous saluâmes, cela devait faire un moment que nous ne nous étions pas parler seuls à seuls. Je lui offris un gâteau qu'il refusa. Il buvait plus qu'il ne mangeait celui-là. Je ne me souvenais même plus de son nom. Un truc comme Joe, ou Jullian, ou Jill... Enfin quelque chose dans ce goût là. Il me raconta sa vie en quelques secondes, les cours, la famille, blabla... Je fis de même. Oui tout va bien. Tranquille, la vie va à son rythme. Cool quelques soirées, quelques filles, quelques verres, quelques potes. Il me parla alors de se refaire une soirée dans pas longtemps. Il avait été mis au courant par Mark ce matin-même, ils c'étaient croisés au centre-ville. Nous étions dimanche et ses parents étaient partis la veille au soir. Je fronçais les sourcils. Comment se faisait-il que je sois le dernier au courant ? Je lui donnais une tape sur l'épaule et prit le chemin jusque chez Mark. Nous parlâmes quelques temps. Je rentrais chez moi, revins avec mes affaires et un pâque de bière le soir-même.

* * *

La suite était plutôt facile à deviner. Nous avions bu. Et voilà. A présent, nous étions bien embêté : c'était lundi matin et nous avions cours dans... Dans combien de temps, d'ailleurs ? Je tournais sur moi-même, tentant d’apercevoir un réveil ou une horloge. Il y en avait une dans la chambre des parents de Mark. Je notais d'ailleurs que c'était la seule pièce bien ordonnée de la maison. Je souhaitais du courage à mon ami pour ranger tout ça avant que ses parents ne reviennent. Je ne comptais, pour ma part, pas l'aider. Après tout, quelle idée de faire ça un dimanche ! … Oui j'y avais participé, bien sûr !Nous n'avions été que six : Mark, Andy, Kevin, Théodore, Machin – Joe, Jullian, Jill – et moi-même. Le bordel n'était pas phénoménale. Ranger tout ça serait vite fait. Par contre, nettoyer la salle de bain ne serait pas de toute... aisance. Je souris en coin et regardais les autres se traîner dans la cuisine pour prendre un café bien noir. Je fis de même, vêtu simplement de ma chemise et d'une serviette enroulée autour de ma taille. Je n'avais retrouvé ni mon caleçon ni mon pantalon. Et je ne savais toujours pas quand je m'étais réveillé pour aller prendre une douche. Mais ce n'était qu'un détail sans importance. Nous bûmes nos tasses de café en silence. Andy alla prendre sa douche et l'eau était froide. Je le déduisis d'après son cri et ses jurons. J'étais donc rester assez longtemps sous la douche pour user toutes l'eau. Je vis mes camarades faire la tête et leur lançais un petit sourire moqueur. Hé ouais ! Fallait se lever avant. Je demandais à Mark s'il ne pouvait pas me prêter un pantalon et un caleçon. Je le suivis jusque dans sa chambre qui, elle aussi, était plutôt bien rangée. Nous étions resté dans le salon toute la soirée apparemment. Et dans la salle de bain. J'enfilais rapidement les affaires qu'il me prêta et me dépêchais de l'aider à remettre de l'ordre parce que, après tout, je n'étais pas un connard. Et j'avais vérifié l'heure : il n'était que sept heures moins dix. Nous avions le temps avant d'arriver au lycée. Et si nous arrivions en retard, ce ne serait pas la première fois. Ils passèrent tous sous la douche froide et, ensemble, nous rangeâmes le salon et nettoyâmes la salle de bain. Une fois cela fait, je m'écroulais sur le canapé. J'avais mal à la tête et n'avais aucun médicament assez fort pour lutter contre cela. J'avais entendu dire que l'excedrin était très efficace mais je n'avais jamais essayé. Je tenterais un jour prochain ! Je saisis mes lunettes de soleil rangées dans la poche avant de mon sac de cours et les plaçais sur mon nez. Je poussais un léger soupire et pris une autre tasse de café. Je n'avais pas hâte d'aller au lycée. Les surveillants et le CPE allait encore me prendre la tête pour que j'aille en cours de soutiens de maths. Je n'avais pas envie parce que, d'une, du soutiens en mathématiques était égale à des heures en plus de cette matière. Et de deux parce que c'était mon petit frère qui faisait le soutiens. Non pas que je place ma fierté trop haut, mais je n'avais pas envie que mon petit frère me donne des cours de maths. J'étais censé aller à des concerts, fumer des joints et faire les quatre cent coups avec mon petit frère. Mais un immense fossé nous séparait lui et moi. Donc, à chaque fois, je leur disais que j'y pensais, ou je leur disais que j'irais et esquivais habilement tout ça. Je me disais que je teindrais bien jusqu'à la fin de l'année sans aller en soutiens.

Je regardais l'heure. Avec tout ça, il était déjà huit heures moins vingt. Nous avions loupé le bus et il ne nous restait plus qu'à marcher ou prendre un taxi... Mark saisit les clés que son oncle Maxime lui avait offert pour son dix-huitième anniversaire. Nous nous lançâmes tous un regard et nous nous entassâmes dans cette petite voiture. Elle fit un horrible bruit en démarrage avant de caler. J'éclatais de rire mais Mark me regarda si méchamment que je m'arrêtais net. Andy ne put m'empêcher de lâcher, moqueur :

« Il l'a acheté où cette voiture ton oncle ? Dans une brocante, non ? Allez les gars, on va y aller à pied. De toute façon, ton vieux tacot ne démarrera pas. »

Mais il avait parlé trop vite. A force d'essayer, Max réussit à faire vrombir le moteur et il démarra si vite que nous nous retrouvâmes les uns sur les autres, les quatre fers en l'air. J'eus l'impression d'être monter à bord d'un de ces manèges de parc d'attraction. Mark conduisait comme un pied, à une vitesse phénoménale. Lorsqu'il se gara sur le parking du lycée, je fus étonné de nous trouver encore en un seul morceau. Machin sortit le premier, vacillant. Je fus le second et remontais mes lunettes sur mon nez. Tous les élèves étaient déjà rentré dans l'établissement. Je saisis mon sac en bandoulière écrasé par le fessier d'Andy et lançais à Mark qui sortais en même temps que Kev in :

« Hé ! Tu l'as eu où ton permis ? Tu es tombé sur un moniteur corrompu ? Fin' bref. Sympa ta soirée ! J'vous laisse là, les filles, je vais bosser, moi. »

Mark me fit un joli fuck de sa main gauche, et les autres me saluèrent. Je me dirigeais vers l'établissement et me faufilais le plus discrètement possible dans ma salle de classe. Bien sûr, je ne passais pas inaperçu puisque, je l'avais oublié, nous avions contrôle de maths. La porte grinça donc au milieu du silence complet et le professeur me lança un regard perçant. Je lui fis un immense sourire et lâchais un Oups, pardon !. Je m'assis à ma place, sortis ma trousse dans un fracas bien calculé ainsi qu'une feuille et attendis. De toutes façons je n'avais pas réviser et le prof ne me donna pas le sujet. Il ne restais que vingt minutes de cous, à quoi cela aurait-il servi ? Lorsque la sonnerie se déclencha, les élèves quittèrent la salle. Je rangeais tranquillement mes affaires inutilement sorties et m’apparaîtrais à imiter mes camarades mais le professeur me retint. Elle se leva de sa chaise et me regarda droit dans les yeux - J'avais enlevé mes lunettes avant d'arriver en cours. Elle poussa un petit sourire désespéré avant de commencer son speech. Je la laissais faire, curieux de savoir ce qu'elle souhaitait me dire.

« Écoutez, Christopher... Je sais que vous n'êtes pas un élève très travailleur étant donné que je vous ai en classe depuis l'année dernière. Mais depuis la rentrée de septembre c'est la catastrophe : vous arrivez en retard à tous les cours... Quelque chose ne va pas ? Vous pouvez m'en parler, si vous le souhaitez. »

Je souris simplement. C'est vrai que, même si elle enseignait les maths, elle n'était pas méchante cette petit dame. Mais tout allait parfaitement bien, là était le problème ! Si je lui disais que je me bourrais la gueule tout les soirs, je savais qu'elle allait mal le prendre. J'étais... Son petit élève en difficulté car tous les autres s'en sortaient honorablement. Alors elle m'aimait bien. Je préférais que cela continue ainsi car aucun prof ne m'appréciait. A part celui d'histoire avec qui je partageais ma passion pour le cinéma et les bandes dessinées. Mais c'était tout. Et je voulais garder ce petit favoritisme avec Mrs. Kley et Mr. Connor. Je lui répondis, assez ironiquement :

« Madame, si j'arrive en retard à tout vos cours, c'est simplement parce que nous avons maths tous les jours en première heure de la journée ! Mais c'est gentil de vous inquiéter. »

Je lui fis un clin d'oeil et sortis de la classe pour me rendre dans mon prochain cours. Justement, celui d'histoire. J'arrivais juste à temps et m'assis au troisième rang à côté d'une fille que je n'aimais pas trop, appelée Judith, ou quelque chose comme ça. Je n'avais pas vraiment la mémoire des noms. Je n'avais carrément pas de mémoire, en fait. Je souris au professeur. C'était un homme plutôt grand et maigre. Ses cheveux noirs et sa barbe de plusieurs jours lui donnait l'impression d'être dépressif. Je le soupçonnais de l'être un peu, quelque part. C'est sûr qu'enseigner l'histoire à une bande de cornichon comme nous depuis plusieurs années ne devait pas être gratifiant. Quelle horreur ! Je ne souhaitais jamais être professeur ! Je ne savais toujours pas quoi faire de ma vie, plus tard. Passons. Alors que Mr. Connor faisait l'appelle, une surveillante frappa à la porte et me donna un papier de convocation dans bureau du directeur tout de suite. Le professeur me jeta un coup d'oeil et me dis que je pouvais y aller. Démotivé, je saisis mon sac et traînais des pieds jusqu'au bureau du principal. Je frappais à la porte et sa secrétaire, une petite minette en mini-jupe et aux lunettes rondes, vint m'ouvrir la porte et me laissa entrer. Le directeur était assis à son bureau. C'était un homme aux cheveux grisonnant, le visage bienveillant. Il avait toutefois un imposant tour de taille, gros et gras. Il n'avait pas grand chose à faire à part de l'administration et avait toujours une boîte de chocolat posée sur son bureau. Il m'indiqua un des deux fauteuils verts – et horriblement moches – positionnés devant son bureau et je m'y assis. Il se racla la gorge avant de tendre vers moi une feuille et un stylo.

« Écoutez, Christopher, je crois vous avoir assez mis en garde comme ça. Je ne vais pas prévenir votre père, je sais que c'est un homme occupé. Alors signez vous-même ce mot d'absence, vous êtes majeur après tout. Vous êtes arrivé très en retard à votre cour de mathématiques et ce, sans aucune raison. Votre professeur m'a indiqué que vous ne faisiez plus aucun effort et votre frère, ce brave Matthew, m'a rapporté que vous ne vous êtes jamais présenté à l'un de ses cours de soutiens malgré vos promesses. »

Je n'étais pas du genre à m'énerver mais mes joues s'empourprèrent. Je reposais le stylo que je venais de prendre sur la table et fixais le directeur droit dans les yeux. Nos face à face se résumaient en général à quelques phrases ironiques de ma part et de soupirs exaspérés de la sienne. Mais aujourd'hui, il m'énervait. Et ce qui m'énervait, c'était que mon frère aille raconter au directeur que je ne venais pas à ses stupides cours. Vrai, je n'y allais pas. Mais des frères ne sont-ils pas censés se couvrir l'un l'autre ? Nous n'étions pas proches du tout, d'accord, tout nous opposait, mais je ne demandais qu'à le fréquenter. C'était lui qui se fermait à mon approche. Je ne le comprenais peut-être pas, mais lui non plus ne comprenait pas. Je haussais les épaules et m'efforçais de prendre un ton calme mais tranchant.

« La raison est, monsieur, que je n'ai rien à faire des cours que l'on donne ici. A quoi cela sert-il d'apprendre que Pi est égale à x au carré, ou je ne sais quoi ? Et je sais très bien que mon frère est un brave travailleur, ce n'est pas la peine d'appuyer là-dessus. Tout le monde aime Monsieur-Parfait... Écoutez, je ne suis encore là que pour une année, vous n'allez tout de même pas me pourrir la vie ? Je ne vous ai rien fait, je n'embête pas mes autres camarades. Je fais ms choix, je ne vois pas pourquoi cela vous dérangerez vous qui avez déjà vos diplômes. Si ça vous amuse d'aider les autres élèves en difficulté, faites-le. Moi ce n'est pas nécessaire. »

Je pris le stylo et signais le mot d'absence. Le directeur me considéra quelques minutes. Je me demandais ce qu'il allait trouver à répondre à cela car, fatalement, il allait répondre. Il devait être un peu surpris de mon soudain emportement, moi normalement si souriant et ironique. Je l'emmerdais beaucoup, et cela m'amusait plus que tout. Même en m'énervant je réussissais mon coup. Mais cette fois, j'étais sérieux et il connaissait mon point de vu. Il parla sur le même ton que j'avais employé quelques secondes plus tôt :

« Je comprends votre point de vue, Christopher. Mais je ne peux pas faire de favoritisme. Si vous refusez de vous plier au règlement comme il se doit, je serais dans l'obligation de déranger votre père pour un entrevu. Je pourrais même vous renvoyer. Alors faites-moi le plaisir d'aller à votre cours de soutiens tous les lundi et jeudi soirs et ce ne sera plus un problème. Je fermerai les yeux sur vos retards incessants. C'est un bon deal, vous ne trouvez pas ? »

Je levais les épaules, exaspéré mais consenti. Je ne voulais pas que George soit au courant. George était mon père, lui aussi je l'appelais par son prénom au lieu de dire « papa ». En fait, mes parents étaient tous les deux des cons. Ma mère parce qu'elle avait été lâche et stupide, et mon père parce que... Parce qu'il était tout simplement con, il n'y avait rien à ajouter. Je ne l'aimais pas. Quelque chose clochait chez lui, je ne saurais dire quoi avec exactitude mais il était bizarre. Il ne faisait que me vanter les mérites de Matthew et disait que je n'étais qu'un fainéant et une charge. Ce n'était pas faux. Passons. Je n'avais pas peur de George, mais je ne voulais pas lui donner une raison de plus pour me rabaisser ouvertement. Il ne le faisait pas souvent pourtant. Seulement en présence de Matthew. La plupart du temps je ne les croisais ni l'un ni l'autre et je n'existais pas, tel un fantôme. J'aurais presque pu dire sans me tromper que Matthew était fils unique. Mais je m'en foutais royalement. Ou peut-être pas... ? Bof... Je hochais la tête. L'accord avec le directeur était entendu. Il me libéra et je retournais sans mot dire en cours, un peu maussade, mais reprenant rapidement du poile de la bête au cours de la journée.

L'heure de ce fichu cours de soutiens arriva. Je savais que j'y retrouverais Mark. Il y allait depuis un an puisqu'il avait redoublé trois fois déjà. Le pauvre... Je le plaignais. Un an qu'il subissait ces stupides cours de merde. Moi je n'y étais encore jamais allé et ça me gonflait déjà ! La sonnerie retentit. Je finis de manger ma pomme et jetais le trognons dans une poubelle avant de rentrer dans l'établissement. Je pris mon temps. De toute façon, Matthew ne pourrait pas vraiment m'engueuler, c'était mon petit frère ! J'ouvris calmement la porte et entrais avec un immense sourire en lançant avec entrain :

« Salut les feignasses ! Dix puissance moins trois multiplié par la racine carré de quinze aujourd'hui, ouvrez vos cahiers de brouillon ! Salut Monsieur Parfait ! »

Cette dernière phrase s'adressait à mon frère que j'avais sans doute couper en pleine explication. Je jetais mon sac sur une table à côté de Max et me laissais tomber sur la chaise, les bras derrière la tête. J'allais prendre du bon temps. Nous n'étions pas beaucoup dans ce cours. Il y avait Max, moi, et un autre gars que je ne connaissais ni d’Ève ni d'Adam. Appelons-le Truc. Je fis un grand sourire à Mark qui me le rendit. Nous nous comprenions d'un seul coup d'oeil : terminé le travail ! Je n'étais pas là de mon plein gré, le directeur m'avait forcé la main, je n'allais pas faciliter la tâche à Monsieur Parfait en prime. Cela aurait été trop simple ! Et pas très drôle... Sans doute pensait-il que j'étais stupide et puérile. Moi je me trouvais, au contraire, très humain. Je partais du principe que, n'ayant qu'une vie, qu'une jeunesse, il fallait en profiter ! A quoi bon s'accabler de devoirs et d'obligations comme le faisait Matthew ? Cela lui apportait-il une quelconque satisfaction ? A part celle de se sentir au-dessus de tout le monde et que George soit fier de lui ? Peut-être pensait-il que Maman-Tout-Là-Haut était fière aussi ? … Voilà que je commençais à devenir méchant. Pardon, p'tit frère ! Ce n'est pas contre toi que je suis fâché. Certains psy diront peut-être que je suis en colère contre moi-même. Moi je n'en sais rien ! Je suis en colère contre Salomé, contre George, contre... moi-même, oui ! Je suis le grand-frère et pourtant, on dirait que c'est toi le plus mature. Mais... Bof ! Après tout, je m'en fiche ! Moi je vis ma vie, toi la tienne. C'est bien triste quand même, hein ? Il faut que j'aille en cours de soutiens afin de te parler ! Je souriais encore. Il n'avait pas assez de cran pour répondre à mon arrivée si fracassante, hein, hein ?! Mais je me trompais. Matthew dit à Mark et... Truc de continuer tout seul. Je regardais Mark qui s’exécutait en me lançant un sourire. Sourire que je lui rendis. Il voulait visiblement entendre la suite de la discussion. Je le voyais, les yeux fixes sur le livre de maths. Il ne lisais pas : il écoutait. J'aurais pu faire un très bon détective, en fait ! Je n'avais peut-être pas la mémoire des noms, mais côté observation, j'étais plutôt pas mal... Le problème, c'est que ça ne me disait rien du tout ! Quelle horreur, et quelle flemme aussi. Il fallait travailler. Je poussais un long soupire d'ennui et regardais mon frère qui s'avançait vers moi. J'appris en même temps que Truc s'appelait en fait Jerry. Sans vouloir être méchant, Truc lui allait beaucoup mieux ! Au fond, ça me faisait plaisir que Matt' s'occuper exclusivement de moi. Mais comme j'étais un peu stupide, je jouais sur les cordes du sarcasme et eu un petit rire moqueur. Je n'avais pas envie d'apprendre, et j'allais lui faire sentir. Dommage que ça tombe sur lui. J'essayerai de ne pas être trop désagréable. Juste ce qu'il faut ! Matt' posa le ivre de maths sur la table, juste devant moi. Je levais les yeux au ciel. Comme si j'avais besoin de rattraper un quelconque retard ! Certes, je n'aimais pas les maths, oui j'avais des lacunes/ Mais c'était par volonté, pas parce que j'étais nul à la base. Au contraire, et sans me vanter, j'étais plutôt quelqu'un de réfléchis. Juste turbulent et puis... Je n'avais jamais vraiment eu de limites, je n'avais jamais été pris en main après la mort de Salomé. On ne pouvait pas dire que George ait fait des miracles en matière de père. Alors voilà où j'en étais, et ce n'était pas plus mal. Personne ne m'emmerdait ! A part Matt' et le Dirlo, ce soir.

Je tournais les pages du livre jusqu'à arriver à celle que mon frère m'avait indiqué. Je trouvais, finalement, qu'il avait une bonne répartie ! Au moins j'étais sûr et certain qu'il ne se faisait pas marcher sur les pieds. Enfin... De ce côté là, aucun risque ! C'était le beau gosse populaire et intelligent. Personne ne voulait frapper un gars comme celui-ci. Le lycée était séparé en cinq catégories. Les gens populaires et parfaits comme Matt' et sa petite amie Lydia. Les mecs populaires et connards comme Jill, un gars de l'équipe de foot, qui foutaient de torgnoles aux plus faibles, humiliaient sans raisons. Les gars comme moi ou Mark : pas chiants, fêtard, ceux qui, en général, mettaient l'ambiance dans les soirées. Les outsiders comme Kevin : on ne les embêtait pas, ils n'embêtaient personne en retour. On les ignorait plus qu'autres choses, ils formaient un groupe entre eux. Kevin était un peu à part puisqu'il traînait avec Mark et moi, mais sans cela, il ferait d'office parti des outsiders. Et puis le bas de la chaîne alimentaire : ceux qui se faisaient frapper. En général c'étaient des intellos. Mais pas des intellos comme mon frère, des intellos pas très beaux, un peu chiants. Le genre à porte de grosses lunettes et des appareils dentaires, pour faire un peu cliché. Il y avait aussi les filles qui ridicules qui s'habillaient comme de vieilles grand-mères, comme Rachelle. Mais aussi les gays et les lesbiennes. Rares étaient ceux qui s'avouaient au lycée. Seulement deux lesbiennes et un gay à ma connaissance. Et on ne ratait pas de leur refaire le portrait, de les humilier et autres... Moi-même j'étais gay. Je me fichais pas mal qu'on le sache. Mais si je ne le disais pas, c'était peut-être parce que j'avais un peu peur des « Qu'en dira-t-on ? », non ? On s'étonnait de ne pas me voir sortir avec une fille d'ailleurs puisque j'entrais dans la catégorie « cool » et « beau gosse ». Passons ! Je sortis un petit cahier bleu. Les pages étaient couvertes de tagues, des dessins grossiers que je faisais en cours ou de paroles de chansons qui me trottaient dans la tête. Aucune note de cours, aucune trace d'exercice. Je souris à mon frère et, en le regardant de la sorte, je vis très nettement cet œil au beurre noir qu'il avait. J'ouvris de grands yeux étonnés. Comment diable avait-il réussi à faire son compte ? J'éclatais de rire.

« Hé ben, p'tit frère, on t'as pas raté ! Tu t'es mis à la bagarre et t'as perdu ? »

Je savais que Matthew avait une grande force dans les bras. S'il c'était battu, il avait sûrement gagné. Mais cela aurait été moins classe de le dire à l'orale. Je lui souris, sympathiquement, afin de lui prouver que je plaisantais. Je ne connaissais pas assez bien mon frère pour prévoir ses réactions. Je ne voulais pas qu'il se froisse pour une petite boutade. D'ailleurs, j'étais plutôt content d'être ici au final. Même si, selon moi, je perdais mon temps, au moins je voyais un peu Matthew. Je pris la grande décision d'assister à tous les cours de soutiens à partir de ce soir. Que ne ferait-on pas pour son petit frère ! Je mimais un coup de poing au ralentit et m'arrêtais juste devant l’œil où il avait été frappé émit un « Bang ! K.O !» sonore. Il me trouvait sans doute puérile par rapport à sa grandeur. Mais je n'avais jamais eu d'enfance avec mon frère, en fait. Puisque nous ne jouions jamais ensemble lui et moi. Je saisis ensuite un crayon de papier dans ma trousse et entrepris de faire vaguement les exercices. Mais lire la consigne me gonflais. Il fallait que je connecte mes neurones et en fin de journée, très peu pour moi. Je n'avais qu'une envie : m'affaler dans un canapé et roupiller un bon coup. Je manquais de sommeil, nous nous étions sans doute couchés tard la nuit dernière chez Mark. D'ailleurs, en parlant de Mark, il c'était désintéressé de la conversation et avait recommencé à faire ses exercices. Quel bon petit toutou. Bah, je m'en fichais. Mon intention n'était pas de me moquer de lui, c'était même plutôt bien qu'il fasse des efforts pour enfin avoir son bac.

« Pour info, frangin, ça me fait rudement plaisir d'être en ta compagnie. Mais les maths ne m'intéressent pas, désolé ! Je suis là par obligation. Franchement, je ne pensais pas que tu me balancerais au directeur ! »

Je refermais mon livre d'un coup sec. Je n'étais pas énervé pour un sou. J'avais lâché ma colère tout à l'heure, dans le bureau du directeur. Maintenant, j'étais en pleine forme et d'excellente humeur. Mais je voulais faire stresser Matthew, un peu. Comme ça, si un jour je séchais son cours de soutiens, j'espérais qu'il ne le dirait plus au directeur ! Je refermais de la même manière mon cahier de brouillon après avoir arraché une page vierge et j'entrepris de faire un avion avec celle-ci. Je le lançais, pointé sur mon frère. Il le toucha sur le front avant de tomber sur le sol. Je souris et montais sur la table en frappant dans mes mains en rythme.

« Moi je trouve que ça manque un peu d'ambiance par ici ! C'est monotone comme cour de soutiens, vous ne trouvez pas les mecs ? Il faudrait ajouter un ou deux pétards, et puis une bouteille d'alcool. Là on pourrait faire des équations à triple, ou mes quatre inconnues ! Ton déchirerais sa maman au bac, frangin, tu n'es pas de mon avis ? »

Mark éclata de rire et monta avec moi sur la table. Nous frappâmes nos mains en rythme en fredonnant une musique d'ambiance. Truc nous regardais, un peu étonné. Il se demandait s'il devait nous rejoindre ou rester bien sage pour faire plaisir au Grand Manitou Matthew Je tendis une main à mon frère et à l'autre.

« Allez Matt', allez... Truc ! Vous venez danser ? »

Je sautais par terre avec grâce et volupté (hem... /zbam) et me dirigeais vers mon frère. J'enroulais mon bras autour de sa taille et lui donnais un petit coup de hanche avec un sourire amusé. Je le lâchais et le frappais amicalement dans le dos en lui faisant un clin d’œil.

« Allez, les enfants, deux plus deux quatre, quatre plus quatre huit, hui t plus huit seize ! Le professeur Matthew voudrait que nous révisions nos bases, alors révisons-les. Tous ensemble ! Deux fois Un, Deux, Deux fois Deux, Quatre, Deux fois Trois Six ! »

Je savais parfaitement que j'atteignais des sommets niveau débilité et puérilité. Ca n'avait aucun sens. Je voulais juste... me faire remarquer. Oui. Ca n'avait aucun intérêt personnel. Je voulais me faire remarquer de mon frère. Je voulais qu'il voit que j'existais. On ne se voyait jamais, j'ignorais même s'il remarquait mon absence à la maison. Je lui souris en coin, mimant les gestes d'un chef d'orchestre et invitant mon frère, d'un regard, à se joindre à cette belle petite chorale.
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MessageSujet: Re: Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris]   Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris] Icon_minitimeDim 2 Déc - 23:49

A ma grande surprise, Chris sortit son cahier de brouillon. Je me doutais que cela n’allait pas durer, aussi je profitais de mon instant d’autorité auprès de lui. Il éclata de rire après avoir vu mon œil et je ne pus m’empêcher de lui en vouloir. Ce n’était pas de sa faute, simplement, il n’avait pas le droit de rire alors que cela aurait pu lui arriver ! C’était assez… Vexant. Pourquoi mon père avait-il eu besoin de me cogner dans un endroit visible aujourd’hui ? Et pourquoi, le directeur avait-il trouvé le moyen de forcer mon frère à participer à mes cours aujourd’hui ? C’était un complot. Je le regardais, un léger sourire sur les lèvres. Evidemment, il n’avait pas compris. Mais qu’est-ce que j’attendais aussi ? Si je ne lui disais rien, il n’y avait aucune raison pour qu’il le devine. Cela dit, si je m’étais battu, j’aurais gagné, c’était évident. Enfin, ce n’était pas si grave. J’allais mentir à Chris… Ou peut-être pas, en tous les cas, j’allais lui dire quelque chose sur le ton de la plaisanterie pour éviter le malaise. C’était… Triste d’entendre cela. J’aurais tellement voulu qu’il fasse quelque chose, parce que lui, il en aurait été capable, pour moi… Mais je ne lui disais rien, j’avais sans doute honte de ne rien faire. J’aurais pu me défendre. Quelque part, j’avais envie de le provoquer, de lui répondre quelque chose comme « Tu n’as qu’à demander à notre père. » mais, ce n’était pas une si bonne idée…. Chris avait sa vie, joyeuse et sans soucis, je n’avais pas besoin de lui en rajouter. Le savoir heureux me suffisait, même si j’aurais souhaité moi aussi, pouvoir m’amuser comme lui, être insouciant… Je chassais cette idée stupide de ma tête, ce n’était pas le moment de m’apitoyer sur mon sort. Son geste me fit sourire, intérieurement, enfin c’était absolument ignoble en sachant que c’était mon père qui m’avait mis K.O mais, je le trouvais mignon. Je supposais qu’il avait lui aussi, envie de passer du temps avec moi. Nous n’avions jamais été proche, et c’était ma faute, j’avais toujours été un petit garçon sérieux, je ne jouais pratiquement jamais, même tout seul, excepté avec ma mère. Je n’avais jamais agi comme un vrai petit garçon et au fond, cela me manquait. Nous n’avions qu’un an de différence avec Chris, c’était complètement dingue que nous n’ayons jamais rien fait ensemble ! Des frères presque jumeaux auraient dû partager plein de choses…

Je le regardai ne pas faire ses exercices avec une certaine… Appréhension. Il avait envie de ne rien faire, ce qui était absolument compréhensible en fin de journée, cela dit, je le connaissais –un peu, tout de même- et je me doutais qu’il n’allait pas rester assis sagement à ne rien faire. Cela m’ennuyait. Il pourrait faire un effort ! J’étais son frère pas son prof de maths, il n’était pas obligé d’être chiant avec moi. Il était tellement prévisible… Un véritable crétin. Mais avant de s’amuser à m’embêter, il rajouta quelque chose. J’étais heureux qu’il aime passer du temps avec moi. Enfin, je supposais qu’il était sincère. Il aimait bien déconner mais ce n’était pas le cas à cet instant. J’osais l’espérer. Par contre, je devais avouer que je m’en voulais. Je n’aurais pas dû le dénoncer… Je ne l’aurais pas fait, s’il me l’avait demandé. En fait, c’était stupide mais, s’il me parlait, il y avait plein de chose que j’aurais faites autrement. Je voulais juste qu’il m’adresse la parole. Peut-être que je ne lui donnais même pas envie de me parler ? Il devait me prendre pour un gars coincé et chiant. C’était dommage. Avec lui, j’aurais fait un effort pour ne pas l’être ! Je m’apprêtais à répondre mais il me devança. Il ferma le livre. Il voulait me faire peur ? Bon, okay, je n’étais pas très rassuré à l’idée qu’il puisse foutre le bordel mais… Je n’étais pas du genre à le montrer, alors c’était inutile. Si j’avais été quelqu’un d’autre, j’aurais certainement écrasé son avion en papier avec fureur mais… Je ne fis rien. Ce n’était pas drôle. J’avais même l’impression d’être un intello détestable. Ce que je n’étais pas. C’était le genre de chose qui avait le don de m’énerver. Mais j’étais bien trop maître de moi-même pour laisser apparaître ma colère. Et puis j’étais habitué. Il avait toujours été puéril. Je comprenais que les professeurs ne pouvaient pas le supporter. Il n’avait encore rien fait et il me saoulait déjà. Parce que je prévoyais la suite. Il allait monter sur la table. Ce qu’il fit. Je le regardai faire, je trouvais cela drôle, presque autant qu’affreusement énervant. Je levai la tête vers lui et soupirai. Pourquoi se sentait-il obligé de faire cela ? Il était toujours en train de provoquer tout le monde. Je le trouvais stupide. Il ne l’était pas, mais faire ça me laissait penser qu’il était vraiment idiot. J’aurais tellement voulu qu’il me prouve le contraire. Mais, ce ne serait pas Chris s’il était tout gentil, non ?

… Et évidemment, il entrainait son ami dans son délire. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça ? Pourquoi il voulait se faire remarquer ? Pourquoi il le faisait avec moi… ? Il n’avait pas besoin de monter sur la table, il n’avait pas besoin de frapper dans ses mains. Je savais qu’il existait. Je pris mon front entre mon pouce et mon indexe. Il commençait à me donner mal au crâne. Je n’étais pas là pour faire la police et il n’était pas forcé de suivre mon cours. Bon, dans son cas, il l’était mais les deux autres avaient choisi de venir. Tout comme les trois élèves qui suivaient les cours de littérature de Lydia. Ce n’était pas pour m’amuser que je donnais des cours mais, pour les aider. S’ils décidaient de faire la fête avec mon crétin de frère, je ne voyais pas pourquoi je les en empêcherais. Ils étaient libres de leurs choix. Je regardai bêtement la main qu’il me tendit. Quelqu’un au fond de moi me criait de la prendre mais je la fis taire. Une part de moi voulait faire la fête, je voulais vraiment m’amuser avec lui, j’aurais voulu faire n’importe quoi avec lui, jouer aux billes, manger des marshmallows grillés, boire de l’alcool ! … Mais nous étions trop différents… Je ne pouvais pas écouter cette petite voix. Je n’y parvenais pas. J’étais un mec sérieux, je ne devais pas m’amuser. Je souris intérieurement quand il appela Jerry, truc. Oui, ce n’était pas drôle, en plus, Jerry était le seul qui me montrait un peu de respect mais… Eh bien, cela lui allait bien. Je regardai donc Jerry, qui observait la scène sans rien dire. Je n’appréciais plus la blague. Il bafouait mon autorité, celle que j’avais durement gagnée ! J’aurais voulu être ailleurs. Avec Tom par exemple, à jouer au football. Que pouvais-je bien lui dire pour qu’il arrête de faire l’idiot ? J’avais besoin de quelque chose de percutant. Je pouvais le menacer de plein de chose, mais je ne savais pas si des heures de colle allaient le faire changer d’avis. Il n’était pas du genre à craindre ça… Quoique je n’en savais rien, je ne le connaissais pas. Je réfléchissais à une menace quelconque lorsqu’il sauta de la table. Il était magnifique en action. Une véritable danseuse… Ou un camionneur, au choix, tellement gracieux ! Je ne fis aucun commentaire. Je n’en eus pas le temps. Il me prit par la taille et je soupirai. Ce n’était pas drôle. Et de toute façon, je n’étais pas connu pour être un garçon très amusant. Il commençait fortement à m’ennuyer. Il me donna une tape dans le dos, je réprimai un frisson de douleur. Il ne manquait plus que cela. J’adorais quand il me rappelait sans le vouloir que j’étais battu et que j’avais des hématomes partout. Il ne pouvait pas le savoir. Et il continua son délire. Toujours plus stupide et sans intérêt. J’étais bien décidé à ne pas me laisser faire. Après tout, il n’était que mon frère. Et j’avais de la répartie, même si je ne m’en servais jamais. J’étais quelqu’un de fondamentalement gentil, tant que l’on ne me cherchait pas trop. Je lui souris, tentant de cacher mon énervement. Ce que j’étais toujours parvenu à faire. Tout enfouir était une vieille habitude.

-Tu ferais bien de t’arrêter avant d’arriver à la table de sept, tu risquerais de te tromper. Je te rappelle mon cher frère que c’est un cours, au même titre que ceux que tu as dans la journée. Or, j’ai le pouvoir de te coller, voire de te faire exclure comme n’importe quel prof. Donc tu vas me faire le plaisir de cesser tes idioties. Tu n’es pas drôle.

Bon, une infime partie de moi le trouvait drôle, et une autre me disait de ne pas être aussi dur avec lui, mais je ne parvenais pas à les écouter. C’était un abruti, point. Il prenait du plaisir à m’emmerder bêtement parce qu’il était stupide et puéril ! Et je le détestais ! Il m’énervait en permanence ! Son insouciance, sa joie de vivre ! Comment pouvait-il être toujours aussi joyeux ?! Comment pouvait-il être aussi … Libre ? Il ne se préoccupait de rien, il prenait la vie comme elle venait, et tout allait bien dans le meilleur des mondes ! C’était injuste, affreusement injuste ! Il n’avait pas le droit d’être aussi heureux. Pas tant que moi je ne l’étais pas… Ce n’était pas juste… J’agissais toujours bien, je n’élevais jamais la voix contre personne, je donnais des cours aux élèves en difficultés, je participais à des ventes de charité, j’étais dans des associations caritatives, j’étais fidèle à ma petite-amie et je n’avais jamais regardé une autre femme, depuis que j’étais capitaine de l’équipe de foot, notre lycée remportait tous les championnats ! J’étais parfait ! Les profs m’adoraient, les élèves m’adoraient, tout le monde m’adorait ! Je savais tout faire, j’avais des connaissances pratiquement dans tous les domaines ! Et je n’étais pas heureux ?! C’était tellement… Cruel ! Lui, il vivait d’amour et d’alcool –parce que l’eau, très peu pour lui-, il était chiant, gamin, il ne pouvait supporter aucune responsabilité, il ne faisait rien de ses journées et il était tout joyeux ! Vénérant les joins et les bouteilles de bières comme un sans-abri ! Il m’énervait ! … Je m’énervais. Pourquoi je ne lui disais rien ? Cela me coûtait quoi ? Je savais que c’était lui qui m’empêchait d’être heureux, pas Chris, alors pourquoi je ne faisais rien ? J’attendais qu’il découvre tout seul ? Et qu’il me trouve lâche et impuissant face à un homme bien plus vieux que le bel athlète en pleine forme que j’étais ?! C’était ridicule. Ce n’était pas mon frère qui était stupide, c’était moi. Je cherchais du réconfort dans des actions utiles à la société mais cela ne m’apportait rien à part l’admiration des autres. « Mais comment il peut s’occuper des orphelins et des sans-abris ?! Il fait tout en même temps ? », « Il est si musclé ! Il fait gagner tous les matchs à l’équipe ! », « C’est un super-héros ! » Ouais, j’avais réellement entendu la dernière. Les femmes étaient folles. Surtout celles que je rencontrais. Enfin bref, je dérivais un peu là, tout cela pour dire que ce n’était franchement pas le moment de m’énerver. Je rouvris le livre sur la table de Chris, Mark était descendu de la table, n’ayant pas repris son boulot pourtant.

-Si c’est le directeur qui te pose problème, je peux régler cela. Tu peux partir, je dirai que tu as assisté au cours. Si tu me l’avais demandé, je n’aurai jamais dit au directeur que tu ne venais pas. Je suis désolé de t’avoir dénoncé. Mais si tu décides de rester, ce qui m’étonnerait, ce n’est pas pour t’amuser. J’ai pour but de faire obtenir la moyenne en mathématiques à tes deux camarades alors si c’est pour me faire chier et les déranger, tu peux t’en aller.

Comme je me doutais qu’il n’allait pas tarder à partir, je demandais à Mark de se rasseoir. Il faisait des progrès et je ne voulais pas que Chris gâche tout. Il n’avait qu’à partir si cela lui chantait. Je n’en avais rien à faire. Un peu quand même, non ? Ouais, bon, je ne m’en fichais pas complètement. Tant qu’il était là, nous pouvions passer du temps ensemble, s’il passait la porte, ce ne serait plus le cas… Il n’allait pas faire ça ? Lui aussi voulait être avec moi, non ? Nous étions frères après tout ! Il avait forcément envie de me connaître mieux ! Il ne pouvait pas passer son temps à se moquer de moi sans me dire un mot gentil et se contenter de cela ! Il voulait passer du temps avec moi, même si c’était pour faire des maths, c’était obligatoire ! Peut-être qu’après, nous pourrions rester ensemble et sortir ? Et je lui dirais ce que notre père faisait, et il me sauverait ! J’étais stupide. Comment pouvais-je encore espérer cela ? Il n’était pas un super-héros comme…. Superman –le seul super-héros que je connaisse.-, je n’allais pas lui dire que j’allais mal et il n’allait pas le deviner, et il ne me sauverait pas. Il était juste mon grand frère. Mon grand frère complètement à l’ouest en ce qui me concernait… Mais il ne pouvait pas savoir. Je fis un sourire à Jerry qui continua ses exercices. Mark se réinstalla à sa table. Il ne manquait plus que Chris. Qui n’allait sans doute pas se rasseoir, c’était trop beau. J’attrapai un stylo et montrai rapidement à Jerry comment résoudre son problème. Mark plongea le nez dans ses exercices. Je me tournai vers Chris et d’un ton plus calme,

-Je comprends que tu n’aies pas envie de réfléchir, pas maintenant, pas avec moi, mais, je te demande juste de rester là. Tu peux écouter et te tenir tranquille pendant une heure ? Tu vas peut-être apprendre des choses, qui sait ? Je ne pense pas être un trop mauvais prof…. Enfin, tu fais comme tu veux, si tu veux partir, je ne dirais rien au directeur.

J’avais retrouvé mon calme, cela faisait du bien. Il me semblait que c’était la première fois que Chris et moi passions autant de temps dans la même pièce. C’était pathétique d’être des inconnus à ce point, l’un pour l’autre ! En vérité, je n’avais pas du tout envie de lui apprendre des maths, je voulais juste parler avec lui, de ses amours, des miens, de ses passions, de ses amis, de choses banales que chaque frères devaient partager mais que nous, nous ne partagions pas. Il devait rester, comme cela, nous pourrions passer la soirée tous les deux. Je ne souhaitais que cela, être avec lui. Je lui souris et j’approchai mes lèvres de son oreille droite. Je lui chuchotai

-Cela fait un moment que je joue à cette bagarre-là, grand frère, et, tu le sais : Je gagne toujours.


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MessageSujet: Re: Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris]   Besoin d'aide, grand frère ? [PV : Chris] Icon_minitimeVen 22 Fév - 13:22

Si la vie c'était comportée mieux elle aurait divisé en deux
Les paires de gants, les paires de claques.

Je ne pouvais pas arrêter mes stupidités. C'était l'un des meilleurs moyens d'attirer l'attention des autres sur moi. Bien sûr, le seul regard qui comptait vraiment était celui de mon... si parfait frère. Tout le monde n'aimait que lui. J'étais comme son ombre. Comme Loki l'était pour Thor. Sauf que je n'aspirais nulles vengeances, nous n'étions pas dans un film. Je voulais simplement que Matthew m'apprécie, que nous sayons de véritables frère une fois au moins dans notre vie. Cela semblait impossible. Un fossé nous séparait depuis notre plus tendre enfance. Je ne le comprenait pas très bien. Et lui ne me comprenait certainement pas non plus. Je lui souris lorsqu'il me demanda d'arrêter. J'étais satisfait qu'il est une aussi bonne répartie. Je pensais que ce n'était qu'une mauviette, mais je me trompais. Il ne s'écrasait pas devant moi, comme j'avais pensé qu'il le ferait. Les heures de colles ne me faisaient nullement peur. Mais ça... Je ne savais pas s'il le savait. De toute façon qui se souciait de mes mauvaises notes ou de mes punitions ? Je n'avais pas de parents pour me réprimander. Peut-être qu'il y avait Gabriel – Mr.Grant, mon professeur d'histoire – pour le faire, mais il avait d'autres soucis en tête que les punitions et les notes d'un étudiant. La relation que j'entretenais avec Gabriel depuis la seconde n'avait rien de sérieux. Les sentiments n'étaient pas au rendez-vous, n'est-ce pas ? Ce n'était... Qu'une histoire de cul. Au début, je crois bien que je couchais avec lui pour avoir de bonnes notes en histoire-géographie. Maintenant... Maintenant c'était simplement pour le plaisir, pas vrai ? Je souris à mon frère, charmeur. Il aimait bien avoir le pouvoir, hein ? Je savais toutefois qu'il ne me ferait aucun tort. Il pouvait bien me menacer, ce n'étaient que des paroles en l'air. Cependant, je ne voulais pas l'ennuyer d'avantage. Il m'avait vu et, même si l'embêter était un passe-temps incroyablement drôle, je ne voulais pas dépasser les limites. Le fossé était déjà assez grand. Et puis il me dit ce que j'attendais avec impatience : que je pouvais partir. Mon sourire s'élargit. J'avais toujours été libre. Mais ce qui m'importait c'était la confiance que je pouvais placer en lui. S'il me disait qu'il ne dirait rien au directeur, je le croyais. Matthew était beaucoup de chose, mais certainement pas un menteur. J'en avais la quasi-certitude, jamais il ne me balancerai si je lui demandais. Et même si le directeur venait à être au courant que je ne participais pas aux cours de soutiens, tant pis. Je m'en sortais toujours par une pirouette. Et si je ne parvenais pas à m'en tirer, j'aurais une heure de colle ou, au pire, quelques jours d'exclusion. Tant pis. Je n'en mourrais pas de toutes façons ! Mais je voulais tout de même avoir mon bac... Afin de partir loin d'ici.

Je retournais tranquillement m'asseoir à ma place, sans rien répliquer. A quoi bon ? Matthew avait gagné cette partie. Ce n'est pas un jeu. Bien sûr que c'en est un. Toute la vie n'est qu'un grand terrain de jeu. C'est du moins ce que je pensais le plus sincèrement du monde. Bien entendu, la vie me faisait incroyablement peur, et c'était peut-être pour cela que je restais au fond un éternel gamin. J'avais envie d'être libre et indépendant, mais je n'avais pas envie de responsable et livré à moi-même. Le truc c'est que j'étais livré à moi-même depuis mes douze ans. Depuis la mort de Salomé, ma mère. George, mon père, ne c'était alors plus jamais occupé de moi. J'ai du apprendre à me débrouiller seul pour beaucoup de chose. Comme gagné mon argent – oui lui en voler – pour acheter mes fringues ou mon matériel scolaire. Lorsque je lui demandais de m'acheter quelque chose – parce que je n'avais pas vraiment le choix – il ne faisait que soupirer en disant que je lui coûtais trop cher. Lorsqu'il amenait Matthew à ses cours de je ne sais plus trop quoi, il m'amenait avec lui au bar, où il retrouvait ses camarades de beuverie. J'attendais alors tout seul à une table. La serveuse était habituée à me voir et m'offrait toujours un verre de grenadine. Parfois elle y ajoutait une toute petite goutte d'alcool. C'est dans ce bar que j'y ai goûté pour la première fois, d'ailleurs. Bref. Tout ça pour dire que la vie, même si elle m'attirait, me faisait peur. Bien que j'ai été livré à moi-même, je n'avais jamais vécu seul. Souvent je dormais à la maison, où fatalement il y avait quelqu'un, Matthew, George ou un domestique... Et sinon je dormais chez des amis. Alors non, je n'avais pas envie de me retrouver seul plus tard. Cela me faisait incroyablement peur. Et je devais cacher cette peur derrière des sourires moqueurs et mes gamineries. Parce qu'être un enfant me rassurait beaucoup, je n'étais pas obligé de grandir tout à fait. Je regardais Mark descendre de la table et Machin revenir à ses exercices. Mark me regardait, qu'allais-je faire ? Je réfléchissais. Finis les conneries. Soit je sortais, soit je restais sérieusement. Mais... « sérieux » ne faisait pas exactement parti de mon vocabulaire... Pourtant je n'avais pas la moindre envie de sortir. C'était la première fois que je passais autant de temps en compagnie de mon frère, dans la même pièce. J'avais envie d'en profiter parce que, malgré tout, je l'aimais énormément, mon frère. Même si nous nous connaissions très mal... Partir était donc hors de question. Que me restait-il à faire alors ? Fais tes exercices, vieux. Ouais. C'était la seule solution, pas vrai ? Je baissais les yeux sur le livre de maths et lu rapidement la consigne. Autant lire du chinois, ce serait plus compréhensible.

Je l'avoue, je ne faisais aucun effort quand les choses ne me plaisaient pas. C'était le cas pour les maths, l'espagnol et la physique. Les deux seuls matières où je ne semblais pas trop nul c'était l'histoire – je trichais un peu, mais bon... – et la littérature. Même si je ne lisais pas plus que cela, les livres qu'on étudiait dans ce cours n'étaient pas trop mal. Des classiques, certes, mais j'aimais bien. Je ne trouvais pas que c'était une perte de temps. J'aurais peut-être dû aller dans une autre section, me diriez-vous ? Mais j'avais une moyenne tellement basse en seconde – seconde que j'avais redoublé – qu'on m'avait forcé à aller chez les scientifiques. Cas désespéré. C'était ce que j'avais entendu dire de moi. Être un cas désespéré me seyait bien. Je jetais un coup d’œil à mon frère qui expliquait des trucs à Machin, et un autre coup d’œil à Mark. Il haussa les épaules et saisit son crayon de papier pour continuer ses calculs. Il avait progressé en maths ces derniers temps, il ne cessait de se venter de ses notes qui atteignaient la moyenne. Peut-être que à pourrait m'aider aussi, après tout... Je posais ma tête sur la paume de ma main et mon regard se perdit dans le vide. Je fixais mon regard sur une prise de courant, sur le mur, près du bureau. J'avais toujours fixé un objet lorsque je m'ennuyais durant certains cours et que je ne trouvais rien d'amusant à dire ou à faire. La voix de mon frère à mon oreille me fit soudain sursauter, comme au sortir d'un mauvais rêve. Je levais ma tête vers lui et un sourire élargit mes lèvres. Lui, toujours gagner ? Laissez moi rire ! Il a pas tort le gamin ! Mais mon frère était très fort, je devais bien l'avouer. Simplement, je ne le connaissais pas assez pour le savoir. Il voulait que je reste, pas vrai ? J'allais rester.

« T'sais quoi, frangin... Je vais rester rien que pour tes beaux yeux ! Apprends ce que tu as à m'apprendre sur ces conneries et puis... On en parle plus. »

Je lui souris. Il avait peut-être gagné... Ouais, pas faux. Je posais ma main au ralenti sur sa joue et repoussais doucement sa tête un peu plus loin. Est-ce que ça me manquait d'avoir un frère avec qui tout partager ? Pas vraiment. Il ne me comprendrait pas, et je ne le comprenais pas. Mais le fossé semblait s'être un peu refermé. Non ? Je pris un de mes stylo dans ma trousse et attendis quelques instructions. Je n'allais pas me mettre au travail tout seul, je me connaissais bien. Il fallait qu'on me pousse pour que je réussisse. Je jetais un coup d’œil à Mark qui semblait maintenant concentré et à Truc, Jerry, c'était ça ? Ouais. Matt' l'avait appelé Jerry.

« Alors mon p'tit frère chéri d'amour, que dois-je faire pour ton bon plaisir ? »

Je lui souris, narquois. J'adorais donner des surnoms aux gens. Mon p'tit frère chéri d'amour, ça sonne plutôt bien, non ? J'attendis qu'il me donne quelques explications sur l'exercice. Ce qu'il s'empressa de faire. Je vous promet, je fis tous les efforts du monde pour comprendre ce qu'il me disait. Mais ses explications semblaient entrer par une oreille et en sortir par l'autre. Je finis pas lâcher un soupire exaspéré

« Ouais, ouais. C'est bon, laisse tomber ! C'est du chinois, frangin. C'est quoi d'abord un repère ? Fin' je veux dire... A quoi ça va servir d'apprendre ça, sérieusement ? Hein, les mecs, vous êtes pas d'accord ? je me tournais vers Mark et Jerry. Sérieusement, vous allez vous éclater à faire une courbe sur du papier entre un paquet de riz et un pot de farine au supermarché ? Vous allez vous amuser à sortir le nombre Pi lorsque vous irez en vacance au ski avec votre petite amie ou une bande de potes ? »

Je secouais la tête et regardais mon frère. Les autres semblaient dubitatifs, surtout Mark en fait, qui avait posé son crayon de papier. J'attendais l’approbation de mon frère maintenant. Il ne pouvait pas démentir, ça ne lui servirait à rien dans la vie de tous les jours ! J'arrachais la page de mon cahier de brouillon où j'avais tenté de prendre des notes et en fit un petit avion en papier que je lançais sur mon frère.

« Touché ! » dis-je en parlant français. Le français, tiens ! Ca c'était une belle langue. Dure, certes, mais une belle langue quand même. Je la préférais de loin à l'espagnol ou à l'allemand. J'étais doué en français aussi, tiens. Trois seuls matières où je savais me défendre, dont deux sans tricher : la littérature et le français. Bien entendu, je n'étais pas le meilleur, j'avais tout juste la moyenne. Mais la moyenne me satisfaisait, c'était mieux que rien. Si j'avais la moyenne au bac, ça serait parfait. Mais cela m'étonnerait grandement, à dire vrai. C'était très mal parti pour que je l'ai, cette fichu moyenne. A l'oral je pourrais parfaitement me débrouiller, comme un petit chef. J'étais un très bon orateur, plein d'humour et de légèreté. Ma timidité se cachait derrière ces sourires. Mais alors sinon... A l'écris ce serait perdu d'avance. Je voulais bien faire quelques efforts... Si seulement j'avais une chance de comprendre la moindre chose, ce qui n'était pas gagné, vous êtes prié de bien vouloir me croire. En fait... J'avais un sérieux problème d'attention quand le sujet ne m'intéressait pas. J'avais beau écouté attentivement, mes pensées allaient ailleurs sans que je puisse l'empêcher, si bien que je n'écoutais pas un traître mot de ce que me disait mon interlocuteur. C'était en l’occurrence ce que se passait. J'en étais désolé pour mon frère qui paraissait vraiment déçu. A moins que ce ne soit de l'agacement ? J'étais nul pour déceler les émotions chez les autres.

« Non mais franchement, Mat', tu peux me dire à quoi ça va te servir ce genre de trucs ? Je veux bien faire un petit effort mais... Je ne vois pas l'intérêt. Je veux bien rester faire des exercices, mais je ne les comprends pas. J'ai lâché à la fin de ma première année de collège. Tu crois que je vais devoir tout rattrapé à partir de là ? Parce que je te préviens, je vais me pendre ! »

Je mimais habilement un pendu, serrant une corde invisible dans mes deux mains levées au dessus de ma tête qui penchait sur la droite. Qu'est-ce que j'étais con !
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