The Mysteries of Paris
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 Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]

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MessageSujet: Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]   Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor] Icon_minitimeVen 9 Nov - 22:34

Et en donnant l'assaut criez :
« Dieu avec Henry, l'Angleterre et Saint-George ! »

Spoiler:

• Trois Septembre 1993.

Cela faisait une heure à présent que j'étais là, assis à la chaise de mon bureau, et que je regardais le paysage par la fenêtre de ma chambre. J'avais doucement vu le jour se lever au dehors. Il devait être environ six heures du matin. Dans dix minutes, mon réveil allait sonner. Alarme inutile puisque, constamment, j'étais réveillé avant l'heure. Combien de temps avais-je dormi cette nuit ? Quelques heures, à peine. Mais cela était amplement suffisant. J'étais heureux que ce soit la rentrée des classe aujourd'hui. Tous les jeunes de mon âge devaient gémir, personne n'aimait retourner s'asseoir et apprendre toute la saine journée. Moi, ça ne me dérangeait pas. Oh bien sûr, les professeurs, je ne les appréciais guère, et les élèves encore moins. Je n'avais jamais eu de problèmes avec personne, contre toute attente. Au collège, une fois, on avait bien tenté de me frapper. Après tout, les intello étaient fait pour être des boucs émissaires... Mais j'avais donné un tel crochet du droit à cet imbécile qu'on me laissa tranquille. Finalement, la violence imposait le respect. Mais plus que tout, pour cette rentrée, je serais aux côtés d'un ami. Pour la première fois de ma vie, un véritable ami. Et bien plus... Tellement plus... Boum boum Je secouais la tête, abruti par des sentiments que je méprisais. Mais je sortais avec quelqu'un. Quelqu'un qui avait été, pendant presque deux ans, mon meilleur ami. Je n'en revenais pas encore, ébêté. Je poussais un léger soupire qui se perdit dans le silence de la pièce. Il faisait un peu froid. Je me levais et fis craquer ma colonne vertébrale en m'étirant, tout comme mes genoux. J'étais resté parfaitement immobile depuis tout à l'heure, normal. Mon réveil se déclencha. Je l'éteignis et me dirigeais d'un pas léger et discret jusqu'à la salle de bain de l'aile du château où je dormais. J'avais une salle de bain pour moi seul puisque Mère et Nathanaël n'étaient pas dans la même aile que la mienne, de même que les domestiques. J'avais donc tout le temps que je souhaitais. J'enlevais mon pyjama et me glissais sous l'eau chaude et bienfaitrice. Des gouttelettes dégoulinaient sur mon visage alors que je fermais les yeux. Je me lavais rapidement, m'enroulais dans une serviette et retournais dans ma chambre. J'allumais la radio qui laissa s'échapper des chansons matinales. Ils passaient Life in Northern Town du groupe The Dream Academy. Je m'habillais donc sur l'air calme, au rythme doux de la voix du chanteur. Je ne me rappelais plus de son nom, la musique n'était pas ce qui m'intéressait le plus. Je connaissais les groupes et les chansons qui passaient régulièrement car j'avais souvent la radio allumé lorsque je travaillais ou faisais autre chose. J'enfilais une chemise blanche, un pantalon simple et noir, mes chaussures relativement élégantes.

Je retournais à la salle de bain pour me coiffer et me brosser les dents. Je ne déjeunais jamais. D'une part pour éviter de croiser mon petit frère et ma mère, d'autre part parce que je n'avais pas faim et estimais que c'était une perte de temps. Je saisis mon sac de cours en bandoulière, vérifiais que j'avais bien tout ce dont j'avais besoin pour une rentrée et descendis les escaliers qui menaient au dehors. Je prenais le bus. Il passait dans un une demie heure, environs. Je fis bien attention de ne pas croiser le chemin de mon frère, cela aurait été embarrassant. Je ne savais absolument pas comment me comporter avec lui. Je l'aimais bien mais... J'étais sûr que nous ne pourrions pas nous comprendre... Et je n'étais pas l'exemple de l'affection. Même avec Peter, mon petit ami, j'avais un mal fou à montrer quoique se soit. C'est pourquoi je lui faisais des cadeaux, dans l'intention de faire pardonner mes maladresses et de lui prouver que je l'aimais malgré tout. Le mot « Je t'aime » se coinçait dans ma gorge. Je ne pouvais pas le prononcer, c'était impossible. J'avais peur, parfois, de ne pas le penser... Les sentiments glissaient sur ma peau, le sens de l'amour m'échappait. Je ne pouvais pas vraiment en saisir le sens et fermait rapidement mon cœur. Pourtant Peter était d'une patience en or. Nous avions tant en commun ! Je ne voulais pas le perdre. J'avais moi-même établis les règles entre nous. Nous ne devions jamais nous montrer en publique ensemble. D'une part parce que l'homosexualité n'était pas encore tout à fait acceptée, et d'autre part parce que si mon père l'apprenait, j'avais très peur de ce qu'il pourrait faire. J'avais très peur du regard qu'il me lancerait ensuite. J'entendais déjà ses paroles, claires comme de l'eau de roche : « Pourquoi m'as-tu trompé ? Je t'aime tant ! Je t'en prie, John, mon chéri... » Et je ne pouvais échapper à ces paroles, à ce regard... Comment pouvais-je être aussi lâche, moi, John Around ? J'avais également peur que mon père ne vienne s'en prendre à Peter. Dans ce cas-là, je n'étais pas sûr d'avoir le courage de m'interposer. J'étais persuadé que, pourtant, jamais mon père ne lèverait la main sur moi. Je secouais vivement la tête, sur le point de vomir. Je ne devais pas penser à tout ces petits détails. Ce concentrer sur... Autre chose. Et n'importe quoi. J'allais sortir du château lorsqu'un main se posa sur mon épaule. Surpris, tiré de mes pensées, je me retournais brusquement. Rien de grave. Il s'agissait de Stanislas, le majordome.

« Monsieur, bonjour. Vous partez si tôt ? »
« Bonjour, Stanislas. En effet, je pars. Bonne journée. Occupez-vous bien de Nath'. »

Je sortis sans plus de cérémonie, le laissant sans doute ahuri derrière moi. C'était la première fois que je lui disait ce genre de chose. D'autant plus que lui et Nathanaël n'avaient pas des liens très forts. Je crois qu'Ana, la domestique, s'occupait bien de lui. Elle était gentille. Je crois... Bien que complètement stupide. Et c'était pourquoi je ne l'approchais pas, de peur d'être méprisant et désagréable. Je ne voulais pas l'indisposer si elle prenait soins de mon petit frère. Personnellement, j'avais toujours adoré Stanislas. Quand j'étais petit garçon, il me racontait des histoires et jouait avec moi et mon père. Comme j'aurais aimé revenir à cette époque qui me paraissait, aujourd'hui, irréelle... L'air était frais mais doux sur mon visage. Je ne pris pas ma veste, ce n'était pas la peine. Et qu'importait, je n'avais cure du froid ou de la pluie. Mais le soleil brillait aujourd'hui. La probabilité qu'il pleuve était bien maigre. Je souris en coin et m'avançais sur le chemin qui menait vers la ville. J'aimais partir tôt, cela me laissait le temps d'y aller à pied. Je regardais la montre que mon père m'avait donné au mois de mai, lorsqu'il était revenu de l'un de ses merveilleux voyages en France. Je la portais malgré son donateur... Je me demandais bien pourquoi, d'ailleurs. Is cela me permis de savoir qu'il était sept heures moins le quart exactement. J'avais donc le temps de faire beaucoup de choses en ces quarante cinq minutes – car le bus arrivait à sept heure et demi. Je savais déjà où j'allais me rendre, à la librairie. Normalement, je ne sortais jamais du château – ou presque jamais. Mais cet été, j'avais dû visiter grand nombre de librairies du quartier où nous habitions. Le château se trouvait à l'écart de la ville, environ dix minutes à pied... Si l'on puis dire un peu à la campagne, reculé de la pollution. Les champs entouraient notre demeure. C'était l'idéale lorsque j'étais plus jeune. Je courais dans les hautes herbes, je montais souvent aux arbres pour observer les autres de mon perchoir, cueillais des cerises. Lorsque Nathanaël était né, j'avais alors cinq ans, je me disais que j'allais pouvoir lui apprendre tant de choses... Faire du vélo, se battre, jouer au ballon. J'aurais vraiment souhaité lui apprendre à faire du vélo, ou à nager. Mais nous n'avions pas de bonnes relations à présent. Un fossé, un trou béant, nous séparait dans deux mondes différents. C'était un peu de ma faute, c'est vrai. Même entièrement car je pensais que Nath' n'était pas un mauvais bougre. J'ignorais un peu tout de lui, ne savais pas quels étaient ses goûts ou ses passions, ne le regardais même pas. J'avais ouïe dire que les professeurs, au collège, ne cessaient de le trouver peu doué et stupide. Mon frère était-il stupide ? Je ne pensais pas que cela aurait pu être le cas. En effet, Nathanaël était mon frère. Et je refusais que mon frère soit quelqu'un d'idiot. De plus, je savais qu'il empruntait beaucoup de mes livres. Je ne lui disait rien parce que, quelque part, j'étais flatté : il me prenait un peu comme exemple ? Mais je savais aussi que père ne lui offrait aucun livres et mère non plus... D'ailleurs que lui offrait-elle ? Alors il se servait tout simplement chez moi. J'espérais qu'au moins il était heureux de vivre ici.

J'entrais dans la grande librairie du boulevard, une fois arrivé. J'adorais cet endroit calme où régnait une atmosphère ancienne et mystérieuse. Un endroit où j'avais pris l'habitude de me réfugier lorsque la vie au château ne m'apportais rien d'intéressant ou était trop tendue... Ou quand Père rentrait. Le propriétaire me connaissait bien et me faisait régulièrement des prix car il me savait un fidèle client. J'achetais beaucoup de livre chez lui, avec l'argent que m'envoyait Père tous les mois. Je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais sa petite femme qu'il entretenait. Il me couvrait de cadeaux pour excuser ses longues absences, il me téléphonait régulièrement, il m'envoyait des lettres de cinq pages, accompagnées de colis comportant, je dois l'avouer, des cadeaux magnifiques. Je haïssais mon père mais je ne pouvais m'empêcher, au fond de mon cœur, de le voir avec les yeux de petit garçon, comme lorsque j'avais quatre ans : il restait malgré tout mon héros, mon modèle. Je ne pouvais rien refuser, rien dire, rien empêcher. C'est à lui que je donnais tout mes faux sourires, mes fausses paroles d'amour, ma fausse tendresse. Les choses n'auraient pas dû être ainsi. Il ne me restait plus rien pour Nathanaël pour pour Peter... Je n'avais plus rien à donner. Plus de sourire, plus de paroles d'amour, plus de tendresse. Le libraire me salua. Je lui rendis ce salut et m'engouffrais à travers les rayons de livres tous rangés avec minutions. Je m'arrêtais du côté du théâtre. Cet homme avait de tout, absolument de tout. Auteurs anglais, français, espagnols, italiens... C'était fascinant, remarquable. Je fis courir ma main sur les reliures et m'arrêtais à Shakespeare, l'auteur favori de Peter. Je savais lesquels il n'avait pas et lesquels il avait. Mais je me doutais qu'il les avait au moins tous lu une fois. Je voulais être un peu plus original pour une fois ! J'ignorais totalement s'il avait déjà lu du Stephen King, l'un de mes auteur favori de fiction. Je savais parfaitement que le libraire, Mr. Jake en avait toute la collection à l'étage du haut. Car sa librairie s'étendait sur trois étages. Pas étonnant, avec tous les livres qu'il avait là-dedans. J'aurais donné beaucoup pour en avoir au moins la moitié. Et pourtant, des livres, j'en avais énormément. Je passais plusieurs minutes à me demander lequel ferait le plus plaisir à Peter... Il fallait que je lui donne le meilleur, pour qu'il accroche au style. Personnellement, j'avais commencé par lire Dead Zone. Il traînait dans les cartons dans la chambre de Père. Ce n'était pas le meilleur, peut-être même l'un des moins intéressant. Néanmoins, j'avais apprécié son style et avait enchaîné avec Sac d'Os. J'avais trouvé cela long, très long. Notamment en faits inutiles. Mais je notais la grande culture de cet homme. J'avais, grâce à lui, appris des choses sur les indiens ainsi que sur certaines musiques country et les rêves. J'avais enchaîné ensuite Simetierre, le célèbre Shining, un recueil de ses nouvelles Juste avant le crépuscule, Marche ou crève, Cujo, La peau sur les os, … Je n'allais pas tous les cité. J'attrapais le premier volume de Ca. Lui... Pour commencer, c'était parfait. L'un des meilleurs, selon moi. Avec Shining et Marche ou crève. Je pris également le tome deux de Ca et hésitais à en acheter un autre... Mais ce serait déjà bien.

Je m'arrêtais devant quelques livres sur les traités scientifiques, un autre sur des expériences chimiques mais je ne feuilletais ni n'achetais. Je reviendrais ce soir, ou plus tard dans la semaine. Je me dirigeais vers Mr. Jake et payais. Il me gratifia d'un sourire.

« C'est pour offrir, je suppose ? Vous avez déjà acheté ces exemplaire l'année dernière. »
« En effet. Avez-vous...»
« Je vais vous l'emballer tout de suite, John. »

Je souris poliment, en guise de remerciement. J'adorais cet homme. Nous nous appelions par nos prénoms mais continuions de nous vouvoyer, par politesse. Je ne souhaitais pas que cela change car le contraire aurait été trop intime. De plus, il était assez intelligent contrairement à certaines personnes stupides. Il emballa les deux livres de Stephen King dans un beau papier kraft et me tendit le paquet. Je le remerciais, payais et le saluais avant de sortir dans les rues. Quelques personnes commençaient à sortir, enfin. Les voitures se faisaient plus fréquentes et les personnes aussi. Je rangeais le cadeau dans mon sac, jetais un coup d'oeil à ma montre et remarquais que j'avais encore un quart d'heures. Je me dirigeais donc, peu pressé, vers l'arrêt de bus en jetant des coups d'oeil aux personnes qui croisaient mon chemin. Hier, mon père m'avait téléphoné. Il n'avait pas pu s'en empêcher, n'est-ce pas ? Il me souhaitais une bonne rentrée, d'être le meilleur comme toujours. J'avais mis fin à la discussion le plus rapidement possible. Je m'amusais à compter le nombre de secondes que je mettais avant de raccrocher. Mon record – le plus court - au téléphone avec mon père avait été de dix secondes. J'avais dis bonjour et avais raccroché, feignant une coupure ensuite à l'adresse de mon père qui, comme l'abruti qu'il était, me crut. Bref... Il fallait bien trouver de l'amusement dans le malheur, non ? Sinon je serais encore pire que je ne l'étais à ce jour. Je m'arrêtais devant mon arrêt de bus. Il y avait là, tous les jours, une fille du même lycée que le mien, proche voisine mais plus pauvre que notre famille. Pas dans la misère non plus, cela dit. Autrefois, elle me souriait, gentille. Elle avait essayé d'entamer la conversation mais je m'étais montré froid et cassant. Depuis elle me jetais à peine un coup d'oeil et moi, aucun. Que m'importait ? Je trouvais les femmes inférieures à tout points de vus : intellectuellement, physiquement, moralement... Passons. Le bus arriva, je me laissais tomber sur le premier siège libre, sans me soucier d'être seul ou à côté de quelqu'un. La plupart du temps, il n'y avait personne à mes côté ans ce véhicule. Tant mieux, cela me laissait la paix. Tous les autres hurlaient, dès le matin cela était éreintant. Je descendis devant le lycée, emporté par la marée d'élèves. Ma dernière année... Ensuite je serais libre. J'aurais un diplôme, j'aurais dix-huit ans... Ne resteraient que mes études supérieures, mes formations. Je comptais déjà entrer dans une branche de la police, je trouvais cela intéressant. Lié aux meurtres, toujours en mouvement... Ce serait amusant, j'en étais certain, et stimulant.

J'attendis quelques minutes du côté des casiers. Mon sens de l'observation me permettrait immédiatement de voir le visage de Peter parmi la foule. Et je le vis arriver, en effet ! Nous ne nous étions pas donné rendez-vous à un endroit précis, ainsi je m'aventurais à sa rencontre et le gratifiais d'un sourire amicale. Je n'osais le toucher. J'avais peur qu'il ne s’efface et disparaisse, comme soufflé par une brise de vent. Je soufflais d'une voix que je ne me connaissais pas, joviale et enjouée :

« Bonjour, Peter ! Alors ainsi, on est un peu en retard ? C'est de bon ton, à ce qu'il paraît. ~ »

Je fus saisis de la folle envie de l'embrasser et de le prendre dans ses bras. Je détournais la tête pour regarder où nous marchions. L'affection ne me ressemblait pas du tout. Et certainement pas en publique, au milieu de la cours du lycée ! Je montais les marches qui menaient à l'intérieur du bâtiment quatre à quatre, ayant connaissance de la salle de classe où nous devions nous rendre avec notre classe. Arrivé là, je me tins à distance de nos camarades qui discutaient avec entrain. Je tournais la tête vers mon ami... petit ami... Je ne savais pas vraiment quoi lui dire... Lui parler d'un sujet quelconque aurait été une bonne idée. Nous avions discutés des journées entières sans ce lasser cet été ! Mais là ce n'était pas pareille. Je ne pouvais pas goûter à la douceur des bras de mon am... petit ami. Même si j'étais peu tactile, être tout contre Peter m’apaisais, je me savais en sécurité et parfaitement à ma place. J'attendais le bon moment pour lui offrir mon cadeau, loin des regards de ces imbéciles qui se seraient posées toutes sortes de questions débiles et inutiles. Je poussais un soupire inaudible et un surveillant s'approcha de nous, visiblement afin de nous annoncer quelque chose.

« Les cours de votre classe ne commence pas avant dix heures, il y a eu une erreur dans les courriers que nous avons envoyé à vos familles. Votre professeur arrivera à l'heure dite pour vous donner vos emplois du temps. »

Un grognement général parcourut l'assemblée. Je ne dis rien. D'un côté, tant mieux. Nous aurions le temps de bavarder Peter et moi. Quoique les cours ne nous gênait pas pour le faire. C'était la première fois que nous sortions ensemble alors que nous étions au lycée. Je tournais ma tête vers mon … Petit ami et l'observais des pieds à la tête en une fraction de seconde. Rien n'avait changé chez lui... Mis à part une marque presque effacée sur sa joue. Je détournais les yeux. L'avait-on giflé ? Battu ? C'était fort probable mais il avait aussi pu se cogner et... Cesse de te défiler. Je ne savais absolument pas comment réagir, quoi dire, quoi faire... Mes nerfs s'agitaient, je craquais inlassablement mes doigts et les rongeais même. Oui, je rongeais mes ongles depuis peu, signe de nervosité chez moi. Cela n'allait pas échapper à l'oeil de Peter, j'en étais certain. Je lui jetais un coup d'oeil. Avant qu'il ne m'entraîne ailleurs ou ne me dise quelque chose, je glissais la main dans mon sac en bandoulière et en sortit le paquet. Les autres c'étaient déjà dissipés ailleurs. Personne ne nous parlait jamais. Ils savaient que Peter et moi étions un duo intouchables, que personnes d'autres ne pouvait approchés. Nous formions une paire inséparables... Et plus à présent. Mais ça, personne n'était obligé de le savoir. Personne ne devait savoir. Je lui tendis le paquet qui contenait les deux Stephen King et passais une rapide main sur la joue de Peter, plutôt pour lui montrer que j'avais qu'un geste de tendresse... Bon, d'accord je l'avoue, c'était u geste de tendresse à la fois. Mais... Bon. Ca ne me ressemblait pas. Je plongeais les mains dans les poches de mon jean noir et, comme si rien c'était passé, comme si, après tout, je n'avais pas vu cette marque sur le visage de Peter, je déclarais :

« Je te suis, Capitaine. »

Si quelqu'un, en dehors du lycée, dans le lycée ou même dans sa famille s'en prenait à Peter, je ne me gênerais pas pour lui remettre les idées en place. Aussi bien avec des paroles cassantes qu'avec mes poings habiles, habitués à la boxe. Je ne laissais rien paraître de mes pensées, une tombe, une carpe... Une barrière infranchissable.


Dernière édition par John Around le Dim 11 Nov - 2:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]   Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor] Icon_minitimeSam 10 Nov - 19:06

Misérable est l'amour qui se laisse mesurer.
Antoine et Cléopâtre, Shakespeare.

Je regardais le plafond de la petite chambre que je partageais avec mes deux frères et mon demi-frère. J’avais envie de sauter du lit et de rejoindre John au lycée mais, je savais que si je bougeais avant mon demi-frère, j’allais le réveiller. Et je ne voulais pas cela. Je n’arrivais pas à croire que Debbie et Charles pussent coucher ensemble. Après ce que Jessica avait fait, je trouvais cela écœurant. Alors qu’avec John c’était… Parfait. J’avais même eu la légère impression que ce n’était pas sa première fois tant tout avait été merveilleux. J’espérais ne pas avoir été trop mauvais… Je souris en pensant à John. Il me manquait… J’entendis enfin le poupon gémir alors je me levai. Je ne dormais pas beaucoup mais depuis qu’elle mettait cette machine à pleurer dans notre chambre, je ne pouvais même plus m’occuper avec un livre ou autre. J’attrapai ma montre, encore un cadeau d’Henry, et mes vêtements. Entre Henry et John, je ne savais plus où donner de la tête. Je n’avais pas reçu de véritable cadeau depuis la mort de ma mère et voilà que j’en étais couvert maintenant. Mais c’était agréable, j’adorais recevoir des cadeaux, comme tout le monde, surtout qu’Henry ne m’offrait que des choses utiles, et John que des choses que j’appréciais. Je me dirigeai doucement vers la salle de bain et m’y enfermai. J’entendis l’horrible gamin se mettre à pleurer, je ne le supportais pas. Comment pouvait-elle faire encore des gosses ? La maison était ridiculement petite et nous la partagions entre dix personnes. Moi et mes cinq frères et sœurs, les parents et les deux bébés de Debbie, le garçon était insupportable, à l’image de son père. La fille était… Etrange et elle me semblait un peu attardée mais tout le monde se fichait de mon avis. Et je me fichais de le leur donner. J’ouvrai l’eau chaude dans la douche et me déshabillai. J’enlevai le bracelet que m’avait offert John à mon anniversaire et entrai dans la douche. L’eau était chaude encore, j’étais toujours le premier debout alors je bénéficiais au moins de cela.

J’entendis Debbie hurler. Elle rendait son gosse encore plus stupide en lui criant dessus mais, là encore, je gardais ce commentaire pour moi. Je me lavai rapidement, plus jeune, j’avais appris que si mon père prenait une douche froide, c’était de ma faute, j’avais donc pris l’habitude de faire vite. Cela n’avait rien changé, mais c’était plus pratique. Je m’habillai, en évitant soigneusement de croiser mon regard dans le miroir. Même si j’étais, maintenant, un mec grand, musclé et plutôt mignon, me voir dans une glace me rappelait à quel point j’avais pu être… Une véritable fillette. Et c’était douloureux à chaque fois. J’attrapai le bracelet en cuir de John et sortis de la salle de bain. Je descendis les escaliers et entrai dans la cuisine. J’ouvris les fenêtres et sortis des bols, des céréales, du pain, de la confiture, du beurre… Je m’occupais du petit-déj tous les jours, avant, je prenais plaisir à le faire avec ma mère mais… Depuis que c’était Debbie la femme de la maison, j’étais dans l’obligation de le faire, parce qu’elle ne faisait rien. Et encore une fois, c’était de ma faute si jamais mon grand frère ne mangeait rien le matin. J’avais seize ans et le fonctionnement de cette famille m’échappait toujours. Je préparai du chocolat chaud pour les jumelles, pour mon grand frère aussi et pour Brian. Brian était le seul qui me remontait un peu le moral le matin. Il me faisait un sourire et me remerciait alors j’oubliais que les autres existaient. Il ne devrait pas trop mal tourner. Je mis de l’eau et du lait à chauffer, l’eau pour le thé de Debbie et de Jessica et le lait pour les deux petits attardés. Je préparai rapidement les pancakes pour Brian et Kévin, les tartines à la confiture pour Jessica et Debbie, et la brioche beurrée pour les jumelles. Et enfin, je fis du café pour moi et mon père. Je rajoutai du whisky dans celui de mon père et posai tout sur la table. Je me sentais fier de moi, stupidement. Je connaissais ce rituel par cœur. Et c’était bien l’une des seules choses à laquelle Debbie n’avait jamais rien à redire. C’était idiot mais j’en étais heureux, j’avais l’impression de bien faire les choses, et c’était assez rare comme sensation chez moi.

Debbie entra avec le brailleur dans les bras, elle l’installa dans une chaise haute. Elle remonta chercher la gamine et fit de même, ils n’avaient qu’un an de différence. Elle semblait de mauvaise humeur. Peter ne dit rien pour ne pas l’énerver davantage. Il alla réveiller Brian et Kévin, les jumelles et Jessica. Il ne comprenait pas comment ils parvenaient à dormir avec ce vacarme. Les pleurs de ce bébé étaient insupportables. Jessica s’empressa de me dire que j’étais un connard. Je trouvais cela déplacé de me servir ce refrain tous les matins alors que je m’occupais de son putain de petit-déjeuner après ce qu’elle m’avait fait. Je m’occupai de Brian en dernier, il se frotta les yeux et me sourit. Il me dit « Bonjour grand frère ! » et cela m’emplit d’une joie stupide. Je redescendis avec lui, sans un mot. Nous n’échangions pas beaucoup mais j’appréciais sa compagnie, simplement parce qu’il était gentil et que… Je n’en avais pas l’habitude. Les jumelles n’étaient pas méchantes non plus mais… Elles étaient des femmes et de ce fait, je les avais repoussées sans réfléchir. Nous nous installâmes tous à table, nous attendions mon père pour commencer. Je regardai ma montre, j’allais être en retard s’il ne bougeait pas son cul. Il finit par daigner descendre. Je trouvais cette attitude absolument détestable, je n’aimais déjà pas les retards, mais de sa part, cela m’était insupportable. De plus, je ne comprenais pas pourquoi nous prenions la peine de l’attendre, nous n’étions pas des bourgeois vivant dans un château. Ne savaient-ils pas que c’était une question de politesse ? Eux qui ne disaient jamais merci ou bonjour… Je soupirai, je devais arrêter de chercher une quelconque logique, je m’épuisais le cerveau pour rien. Je bus mon café rapidement, je ne mangeais pas le matin. Et je devais avouer que si j’avais pu éviter d’être présent, je n’y serais pas, mais je n’avais pas vraiment le choix. Je regardai Brian manger ses pancakes, il était ravi. Il me sourit et entre deux bouchées, il articula « Sont super bons tes pancakes ! » Je me levai, nettoyai mon bol et lui frottai affectueusement les cheveux. Debbie me lança un regard meurtrier, du moins, si le regard pouvait tuer. Elle dit à Brian de se taire. Le silence était de rigueur chez les Connor. Sauf lorsqu’il s’agissait des cris de ces foutus gosses ! Eux, ils avaient le droit de faire tout le bruit qu’ils voulaient ! Je me calmai, après tout, ils n’y étaient pour rien, c’était leur parent le problème. Je remontai chercher mon sac.

J’étouffai un cri. Je ne pouvais pas croire qu’elle pût oser faire ça. Après tout ce qu’elle avait reçu d’Henry… A croire que sa seule occupation était de me faire souffrir. Elle avait arrêté parce qu’elle était tombée enceinte mais maintenant, elle voulait recommencer. J’étais terrorisé et triste à la fois… Je pensais vraiment qu’elle était contente de moi, qu’elle n’avait plus de raison de me punir, Henry lui avait montré que je valais quelque chose. Je devais me faire une raison, ce n’était pas moi le problème, et je le savais depuis le début. Seulement, elle m’avait pollué le cerveau avec ses raisons. Je m’en voulais de penser comme cela aujourd’hui. J’étais bien plus intelligent qu’elle, elle ne pouvait plus me forcer à faire quoi que ce fût. Je pris mon sac et redescendis presque en courant. Je ne voulais plus jamais porter ça, et encore moins le voir… Mes pensées se tournèrent vers John et je me trouvai horrible. Comment pouvait-il m’aimer alors que … Il me trouverait pitoyable s’il savait… Je ne pus m’empêcher d’imaginer des dizaines de scènes où John me voyait… Je baissai la tête et me dirigeai vers la porte. C’était fini, elle ne pouvait rien me faire. De toute façon, ce ne serait plus aussi intéressant qu’avant, je n’avais plus corps d’une petite fil… D’un petit garçon. Elle ne pouvait pas me forcer… J’essayais de me convaincre que tout cela n’était qu’une plaisanterie mais je remarquais que je n’avais pas bougé. Je n’étais toujours pas sorti de cette maison de fou. Je posai la main sur la poignée et la voix de Debbie me fit sursauter. Elle me demandait ce que j’avais pensé de son cadeau. Non, ce n’était pas une blague. Je lui souris bien que la première chose que j’eus envie de faire, fût de pleurer. Je lui répondis aussi clairement que je pouvais le faire que jamais je ne mettrais cela. Elle s’approcha de moi.

-Ton père et moi trouvons que tu te laisses aller, Peter. Tu ne nous respectes plus.

Comment pourrai-je respecter un alcoolique et une folle ?

-Je me suis dit qu’une petite punition te ferait le plus grand bien, non ? Tu sais, mon cher Peter, il va falloir que tu te rentres une chose dans la tête : ce n’est pas parce que ton ami Monsieur Gordon t’a acheté, que nous n’avons plus aucun droit sur toi. Tant que tu vivras sous notre toit, tu feras ce que l’on te dit de faire, tu obéiras. Ce soir, tu mettras cette robe, c’est clair ?
-Il ne me sied guère d’accéder à ta requête, cela veut dire non. Je suis navré Debbie mais c’est hors de question !

Elle me gifla… Plutôt violemment. Je sortis sans rajouter un mot. Je frottai bêtement ma joue, espérant que la trace qu’elle avait dû faire partît, mais je savais qu’au contraire, cela ne faisait que rougir ma joue davantage. John allait le voir… J’étais effrayé à l’idée qu’il pût le voir. Je serrai les poings, j’avais réussi à lui résister, c’était un bon début… J’avais peur de devoir le faire tout de même en rentrant… J’aurais donné n’importe quoi pour que John m’invitât chez lui à la place. Lorsque j’arrivai enfin à apercevoir le lycée, je pris une grande inspiration. Je ne devais rien montrer à John. Je savais parfaitement cacher mes émotions mais John étais encore plus intelligent que moi… Il pouvait tout deviner. Je devais être heureux… Je l’étais d’ailleurs. Voir John m’enchantait, même si nous avions passé l’été ensemble, j’avais toujours du mal à le quitter, surtout pour retrouver Debbie et ses jeux et mon père et ses coups. Cela s’était calmé mais j’avais peur que tout recommençât. Je n’avais qu’un an à attendre, après, je pourrais demander à Henry de me payer des études, et je pourrais vivre avec John. Je voulais tellement le rejoindre. Je pensais à lui tout le temps, il me faisait oublier à quel point j’étais misérable… Je pouvais laisser mon intelligence marcher avec lui, je n’avais pas besoin de faire semblant d’être stupide ou de me taire… Je me sentais bien. Je regardai ma montre et constatai que j’étais un peu en retard, cette connasse m’avait fait perdre mon temps. Je réussis à me faufiler à travers les élèves et à rejoindre les casiers, je savais que John serait là. Mon regard se posa sur une jolie fille, elle portait des vêtements gothiques, si j’avais été hétéro, je l’aurais sans doute trouvé très attirante, elle paraissait affreusement triste et cela me plaisait. Elle avait des marques de coups sous son fond de teint. Elle me fit de la peine, pourtant je ressentais rarement de l’empathie. Je tournais rapidement la tête pour ne pas croiser son regard. C’était effrayant de voir à quel point je n’étais pas le seul. Nous aurions pu fonder un club. Je souris à cette idée vraiment stupide. Je vis enfin le visage de John, il venait vers moi. Il était toujours aussi beau. Il me sourit et j’eus l’impression d’oublier tous mes problèmes.

Je regardai John, j’étais certain qu’il avait vu ma joue, qu’il avait compris, qu’il allait me poser des questions… Heureusement, il n’en fit rien, pas encore du moins. Il avait l’air… Stressé. J’avais remarqué qu’il se rongeait les ongles, comme il voyait dès que quelque chose changeait chez moi, je faisais pareil pour lui. Je ne savais pas pourquoi il était nerveux mais j’étais là, s’il avait besoin de moi. Les autres s’éloignèrent. Je ne me préoccupais même pas d’eux. Cela me changeait beaucoup du collège. Avant, j’étais obligé de toujours garder un œil sur tout le monde, maintenant, je pouvais n’être concentré que sur John. Quand j’étais avec lui, j’avais l’impression que plus rien n’existait autour. Tout en sachant que j’enregistrais chaque information, comme la jolie blonde qui se remaquillait ou le footballeur qui touchait les fesses d’une autre que sa petite amie. C’était merveilleux et reposant. Et personne n’avait jamais cherché à me faire du mal ou à se moquer de moi. Je ne savais pas si c’était la présence de John qui les effrayait ou mon apparence plus masculine, en tout cas, j’en étais vraiment heureux. Nous allions vraiment bien ensemble, c’était cela qui comptait. Il sortit un paquet de son sac et me le tendit. Un sourire s’afficha sur mon visage, je savais que ses parents étaient fortunés mais il me couvrait constamment de cadeaux, c’était un peu déroutant… Mais j’adorais cela, je reconnus le papier kraft de sa librairie favorite et j’en fus encore plus joyeux. Il m’avait acheté des livres ! Je n’avais même plus de place pour ranger tout ce qu’il m’offrait ! Mais, je les confiais à Henry, il m’avait dit que je pouvais lui donner tout ce dont je n’avais pas besoin, qu’il le garderait pour moi et qu’il me l’installerait dans mon appartement après le BAC. Je lui faisais aveuglément confiance puisqu’il était très gentil avec moi. Il gardait donc la plupart de mes livres, je n’avais que cela de précieux… Avec les bijoux de John. J’allais le remercier mais il caressa ma joue… Le contact fut bref mais agréable, rares étaient les gestes tendres de John, mais je les appréciais d’autant plus. Je lui souris. Il ne m’avait posé aucune question et cela valait mieux. Je me voyais mal lui dire « J’ai refusé de mettre la robe que ma belle-mère m’a acheté. » Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je baissai la tête et tentai de penser à autre chose. Je rangeai le paquet dans mon sac.

-Eh bien, j’aimerai qu’on soit seul… On pourrait monter sur le toit ? On ne serait que tous les deux… Viens !

Je faillis lui prendre la main mais j’arrêtai mon geste. Je ne savais pas pourquoi il ne voulait pas que nous nous montrions. Après tout, il savait se défendre, et moi aussi maintenant, mais je doutais qu’on vînt nous emmerder. Je pensais qu’il n’était peut-être pas tout à fait prêt à avoir une relation avec quelqu’un, l’annoncer à tout le monde reviendrait à officialiser notre amour, alors que le faire en cachette pouvait signifier qu’au moindre problème, il pouvait me quitter, tout cela n’était qu’une histoire passagère. Je ne l’espérais pas, évidemment. Peut-être avait-il un autre petit ami et qu’il ne souhaitait pas qu’il apprît que nous étions ensemble ? Cela, je l’espérais encore moins, mais c’était peu probable, il semblait déjà avoir du mal avec une seule relation. Je le guidai jusqu’à l’une des réserves du bâtiment et j’y entrai. Je vérifiai qu’il n’y avait personne et poussai l’autre porte au fond de la pièce, il y avait un escalier suivi d’une porte. Rien n’était fermé à clé. Je l’ouvris, pris la main de John –enfin- et la refermai. Il faisait frais mais le temps était agréable. J’avais oublié de prendre une veste avec cette histoire mais je ne pensais pas qu’il allait pleuvoir. J’avançai jusqu’à un coin à l’ombre et m’y assis. En fait, c’était surtout un endroit d’où nous ne pouvions pas être vu, ni d’en bas, ni de l’escalier. Il fit de même et je m’allongeai sur ses cuisses. Je le regardai avec un sourire. Je lui pris la main et la serra.

-Ici, nous pouvons être tous les deux. Que m’as-tu offert encore ? Des livres ?

Je n’avais pas ouvert le paquet, j’aimais garder ce moment pour plus tard, quand John ne serait plus avec moi. Comme cela, je ferai durer sa présence un peu plus longtemps. Mon esprit rationnel me répétait que c’était n’importe quoi mais, je m’en fichais. Avec John, je n’étais plus rationnel, j’étais amoureux. Je savais qu’il s’agissait de livre, je voulais savoir lesquels… Il commençait à épuiser le stock de Shakespeare. Mais, il aurait sans doute le temps de m’offrir les meilleurs livres de la planète si nous vieillissions ensemble. Et, je n’avais pas l’intention de partir. J’eus envie de lui parler de quelque chose de stupide comme de la météo ou des autres élèves mais je savais que le sujet ne lui plairait pas. Moi je voulais juste entendre sa voix. Je passai furtivement la main sur ma joue. Je ne doutais pas une seconde que John me défendrait contre n’importe qui, aussi, j’envisageais la possibilité de tout lui dire à propos de mes parents et de le regarder les tabasser tous les deux. Mais… Malgré ce qu’ils faisaient, je persistais à croire que la violence n’était pas la solution. C’était stupide mais c’était ainsi. Je me redressai et posai un baiser sur ses lèvres. J’avais bien envie de faire autre chose mais c’était à John de décider. Moi, ça ne me gênait pas de l’attendre, je préférais qu’il soit totalement à l’aise, et puis, l’endroit n’était pas approprié.

-Je te remercie en tout cas ! Je n’ai plus d’endroits où ranger tout ce que tu m’offres… Mais, j’adore les cadeaux alors ne te gêne pas.

Je lui souris joyeusement. Je venais de lui dire sans vraiment le faire exprès que j’étais pauvre. Mais, j’étais certain qu’il l’avait déjà compris. C’était peut-être par pitié qu’il m’offrait des cadeaux ? Je chassais cette idée de ma tête, il faisait cela parce qu’il m’aimait mais qu’il ne savait pas me le dire, voilà tout. C’était très classique comme raison mais ça collait au personnage. Je voulais lui dire quelque chose pour ma joue mais je ne savais pas quoi… Je n’arrivais pas à trouver une bonne explication, simplement parce qu’il n’y avait pas de bonne explication. Il n’avait rien demandé mais je savais qu’il se posait des questions… Cela aurait été simple de tout lui dire… Mais non… La vérité n’était pas simple dire, pas celle-là. Et je n’étais pas non plus certain qu’il pût l’entendre. Je ne savais pas jusqu’où il m’aimait. Personnellement, si j’avais appris que John était battu, je serais devenu dingue et j’aurais cassé la gueule de celui qui lui faisait cela sans réfléchir… Si c’était pareil pour lui… Ce n’était pas une bonne idée de le lui dire. Je me torturais sans doute trop le cerveau.

-Et… Euh… Ce n’est rien pour ma joue, je me suis cogné, bêtement en plus, contre une porte. Ne t’en fais pas. Si quelque chose n’allait pas, je te le dirais !

Je regrettais aussitôt ma dernière phrase… Lui mentir sur la gifle était quelque chose, lui lancer cette phrase comme si tout allait bien alors qu’il apprendrait un jour que tout n’allait pas bien, c’en était une autre. Je me sentais stupide… Je mentais à John ! John ! Il savait toujours tout, il allait voir que je racontais n’importe quoi ! Non mais… Je ne savais plus quoi dire. Je baissai la tête quelques secondes, gêné par ma propre bêtise…. Je soupirai. Je lui souris, en tentant d’être convainquant. J’étais en train de lui gâcher sa journée. Je m’en voulais… Si nous avions eu cours tout de suite, je ne me serais pas senti obligé de me justifier et il n’y aurait plus fait attention ! Pour lui faire oublier cela, je glissai ma main sous son tee-shirt. Je m’en voulais encore plus de réagir comme ça. Je faisais exprès de stresser John pour qu’il oubliât mes paroles malheureuses…. C’était de la manipulation… J’étais ignoble. Je lui souris et posai un baiser sur ses lèvres et dans son cou. Je m’arrêtai quelques secondes pour lui parler. C’était l’occasion pour lui glisser que je voulais dormir chez lui ce soir… Ou pas sans doute, mais je n’étais pas non plus très subtil. J’étais même un enfoiré. Tant pis, je lui expliquerais tout un jour, pour me faire pardonner…

-Après les cours, on pourrait aller au cinéma, et je pourrais venir dormir chez toi ?
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MessageSujet: Re: Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]   Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor] Icon_minitimeDim 11 Nov - 2:26

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulait le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté.
Charles Baudelaire.

Je sus, à son visage, que le cadeau lui faisait plaisir. Je continuerai à l'en couvrir s'il semblait toujours si radieux ensuite. Je savais, depuis quelques temps, que Peter était issu d'une famille relativement pauvre même s'il le cachait parfaitement bien. Cela se voyait à sa façon d'agir, il n'avait pas perdu d'anciennes habitudes ou n'arrivait pas à les dissimuler totalement. Pas à moi en tout cas. Je ne savais par quel miracle il arrivait a avoir des vêtements et beaucoup d'autres choses neuves. Mais peut-être me le dirait-il un jour, s'il souhaitait m'en parler. Je doutais qu'il le souhaite, cela dit. Quand nous serions plus âgé. A cet instant précis – et souvent lorsque j'étais avec Peter – j'étais stupide. Complètement stupide et abruti par le sentiment amoureux. J'imaginais vivre avec Peter toute ma vie futur, et ce jusqu'à ce que nous soyons tous deux vieux dans un fauteuil, côte à côte, main dans la main en train de bouquiner quelques livres intéressants. Je savais pourtant que tout cela n'était que chimère et pure sottise. Qui rêverait de vivre toute sa vie à côté de la même personne ? Hé bien moi j'en rêvais. Je ne pouvais accordé mon amour déjà brisé à n'importe qui. Et Peter l'avait gagné sans même que je puisse m'en rendre compte. Il avait toute ma confiance renouvelée, tout mon amour renaissant. J'apprendrais, petit à petit, à oublier mon père lorsque je partirais de chez moi, au mois de juillet. Je comptais demander à Peter de m'accompagner. J'espérais qu'il accepterait, j'espérais que je n'étais pas le plus engagé des deux. J'étais doué dans de nombreux domaines, presque tous, mais les sentiments n'en faisaient pas parti... J'attendrais avant de lui en parler, j'avais peur d'entendre de sa part une réponse négative. Il avait sans doute déjà des projets... Passons. Je ne devais pas espérer. Je ne devais pas oublier ma devise. Ne pas espérer afin de ne pas être déçu. Si je n'avais aucun espoir, on ne pouvait pas me les briser. Cela était tout à fait logique. Triste, sans doute, mais logique. Passons. Je remarquais le geste retenu de Peter qui faillit me saisir la main. Je fus soulagé qu'il ne termine ce qu'il avait commencé. Je n'aurais pas aimé que l'on nous voit tout les deux, main dans la main. Pas encore... Quand tous deux seraient partis loin d'ici, ils pourraient s'afficher autant que Peter le souhaiterait. Toute la journée même... Mais, oh pitié, pas maintenant. Je serais terrorisé à l'idée que son père l'apprenne. Terrorisé par la réaction qu'il aurait. J'avais imaginé cette scène des dizaine de fois. Et à chaque fois, mon père avait une réaction différente suite à la nouvelle. Tantôt calme, tantôt désespéré, tantôt dans une colère noire. Dans l'un des scénario, il se suicidait, dans l'autre il frappait Peter. Je ne voulais qu'aucune des ces scènes imaginaires ne deviennent réalité. Ce serait, pour moi, trop insupportable. J'étais terrifié à l'idée de la réaction que je pourrais avoir.

Je suivis donc Peter dans un silence complet. Il connaissait mieux le lycée que moi, je crois. Personnellement, j'avais vaguement étudié les plans mais n'en connaissais pas chaque recoins. Cela aurait pu être intéressant, mais c'était à la fois inutile. Peter s'en était peut-être chargé ? Qu'à cela ne tienne. Il m'amenait à endroit qui, je le savais, serait discret et où nous pourrions parler librement et même, peut-être, nous embrasser. Je n'osais pas faire les premiers gestes. Je me contentais de... En fait je ne faisais pas grand chose. Je n'étais vraiment pas affectif. La première fois que nous avions fait l'amour, lui et moi, ce fut une immense décision de ma part. Je venais de sauter dans le vide dans parachute. Mais, fort heureusement, je ne m'étais pas écrasé. J'avais eu peur et j'avais pensé à mon père un instant, je crois. Je m'étais imaginé son visage ravagé par la souffrance et cela m'avait fait sourire en coin. Je m'étais trouvé cruel, terriblement cruel parce que, au fond, sans que je puisse m'en empêcher, je l'aimais ce salaud. Je l'aimais comme un fils aimait son père. Mais je le détestais. Je le haïssais pour tout ce qu'il me faisait et ce qu'il m'empêchait de donner à Peter. Peter... Il ne devait jamais savoir. J'avais honte... Une honte terrible que me dévorait, me brûlait et me consumait. Si Peter venait à apprendre que je couchais … Non... que mon père couchait avec moi, comment me verrait-il ? J'osais à peine y penser. En y réfléchissant, une fois, j'étais allé vomir dans les toilettes, l'estomac retourné. Il me trouverait sale, il me trouverait répugnant, repoussant, il me quitterait, il me détesterait. Il ne fallait pas que j'ai peur... Stupides sentiments. Je les avais repoussé toutes ces années, et maintenant ils m'assaillaient en pagaille. J'eus envie de vomir. Mais j'avais appris à retenir la bile qui montait à ma bouche et laissait un goût âpre derrière elle. Peter me guida jusqu'aux bâtiments de la réserve et entra. Heureusement que tout était ouvert, sinon nous nous serions retrouvés bloqués et nous aurions dû choisir un autre endroit pour être tranquilles. Nous montâmes tous deux les escaliers qui menaient au toit. Cette fois, main dans la main car Peter prit la mienne. Je ne le repoussais pas car, ici, personne ne venait s'amuser à traîner. Je pouvais donc être sans crainte... Du moins je l'espérais. Nous arrivâmes sur le toit. L'air était plus frais par ici mais je ne frissonnais pas. En effet, je n'étais pas du genre à me plaindre et j'avais pris comme habitude de faire toutes sortes d'expériences avec mon propre corps afin de l'endurcir au froid, à la chaleur et à la douleur. Mais Peter, lui, n'avait-il pas un peu froid ainsi, sans veste ? Nous nous dirigeâmes d'un même mouvement vers un coin d'ombre et nous assîmes. J'étendis les jambes dans le but de m'étirer et Peter y pris immédiatement place. Je le regardais, un instant surpris et figé, puis me détendit et le laissais faire. Il saisis ma main et, par réflexe et habitude, la serra. Avec douceur... Et amour.

Je souris en coin suite à sa question et lui lançais un regard mystérieux, sans daigner répondre. Bien sûr que c'était des livres. Il connaissait le papier kraft, je lui avais déjà fait divers cadeaux venant de cette librairie. Je l'y avais même amené, une fois. Je comptais bien la lui faire revisiter, par ailleurs, et lui achèterai les livres qui lui taperaient dans l'oeil mais qu'il ne pourrait pas avoir le luxe de se payer. Je fermais les yeux instant. Les paroles me manquaient mais je n'avais pas envie de parler. Juste de savourer ce moment entre lui et moi. C'était rare ces moments de bien être où tout semble si futile et si léger. Je voulais en profiter pleinement. Assez pour le sentir libre, et pas trop afin de ne pas y prendre goût. Car je savais de source sûr que, d'une seconde à l'autre, tout pouvait s'écrouler. En une demie seconde, on pouvait être ailleurs, tout pouvait changer. Je serrais un peu plus la main de Peter, priant inconsciemment pour que lui ne changer jamais et que nous restions toujours ensemble. Qu'importait que cette prière soit entendue par une puissance supérieure, je voulais simplement qu'elle se réalise. Un simple souhait... Peut-être en demandais-je trop ? J'ouvris les yeux en sentant Peter se redresser et le fixais. Son visage était proche... Vraiment proche du mien. Je sentais son souffle chaud me caresser le visage. Mon cœur bondit dans ma poitrine et ses lèvres touchèrent les miennes. Je lui rendis son baiser, rabaissant mes paupières. Je fus soudain saisis d'une montée de désir, plus qu'un baiser, je voulais autre chose. Non ! C'est répu... Je serrais étroitement les paupières et rompis le baiser, ayant l'impression de suffoquer. J'en étais désolé, tellement désolé... Je n'arrivais pas... Je bloquais littéralement. J'eus un sentiment de frustration et d'échec. J'eus même envie de pleurer même, tout comme ma bile quelques minutes plutôt, je ravalais mes stupides larmes qui décidaient de couler à des moments peu propices. J'avais honte. Et j'avais peur que Peter me trouve parfaitement ridicule. Mais il ne sembla rien remarqué. Tant mieux. Cela voulait dire que je le cachais mieux que je ne le pensais. Je souris en coin, reprenant contenance. Peter eut la merveilleuse idée de rompre le court silence que je trouvais lourd et pesant. Il me remerciais pour le cadeau et m'invitais à ne pas arrêter. Bien sûr, cela n'était pas dans mes intentions d'arrêter de lui en faire ! C'était bien le seul moyen de lui prouver mon amour, ma dévotion... Et la joie qu'il exprimait me remplissais de bonheur moi-même. Je souris avec autant d'entrain que lui.

Il enchaîna tout de suite après sur la marque que j'avais, évidemment, vu sur sa joue quelques minutes plus tôt, alors que nous étions devant la classe et que le surveillant nous avais annoncé que les cours commençaient à dix heures. Je perdis mon sourire de façon instantané et le regardais, impassible, indéchiffrable. Mais j'étais blessé. Parce que je savais parfaitement qu'il ne me disais pas la vérité, qu'il mentait ouvertement et en connaissance de cause. Je savais pertinemment qu'il avait des problèmes – lesquels, je ne savais pas – alors qu'il ne vienne pas me dire qu'il m'en parlerait si c'était le cas puisque, visiblement, il ne le faisait pas. Ca ne me gênait pas qu'il ne m'en parler pas. Je comprenais parfaitement, moi-même ne pouvais lui dire ce que Père me faisait subir lorsqu'il rentrait de ses voyages. Mais... J'avais au moins la décence de ne pas lui mentir. Je ne relevais pas. A quoi bon à par entamer une dispute évidente ? Et je ne souhaitais pas me disputer avec Peter, jamais. Ce serait, pour moi, trop douloureux. Je voulais que ce soit parfait. Alors tant pis. Il m'avait menti, et alors ? Tout le monde ment ! Je n'avais pas à en faire une histoire. Et puis d'un côté, on pouvait dire que je mentais par omission. Alors nous étions quitte lui et moi. Je détournais les yeux et perdis mon regard sur le toit du lycée. J'étais sûr que nous aurions une belle vue d'ici, mais je ne voulais pas prendre le risque de me lever et que l'on nous voient ici alors que c'était interdit. Je lâchais la main de Peter, par réflexe sans doute, pas dans l'intention de lui faire passer un quelconque message comme quoi je lui en voulais... Ou peut-être était-ce justement là mon intention ? Je l'ignorais tout à fait. Un corbeau vint se poser à quelques mètres. J'eus la nette impressions que nos regards se croisèrent. Il déploya ses ailes dans un croassement, en voyant qu'il n'était pas seul, et s'envola, laissant derrière lui une seule plume noire. J'aurais adoré être un oiseau pour pouvoir, loi aussi, déployer mes ailes et m'envoler loin... Observer le monde d'en haut et rire sous cape, seul, libre et sans soucis. Mais j'étais un humain, et rêver ne m'avancerais à rien. Je devais cesser de me laisser abrutir. Je ne devais pas trouver l'excuse d'être « amoureux » pour changer de la sorte. J'allais définitivement devenir aussi crétin que les autres êtres humains sinon. Et ça, ce serait l'une des pires choses qui pourrait m'arriver. L'autre – et la premier – était de perdre Peter, bien sûr. La seconde, qu'il arrive quelque chose à Nathanaël et la troisième, donc, de devenir stupide. Je fermais les yeux un instant, savourant ce silence. Je sentis soudainement quelque chose de froid sur ma peau, sous mon tee-shirt. Je rouvris brusquement les yeux. La main de Peter caressait doucement ma peau et descendais lentement, avant de remonter de quelques centimètres. Tous les muscles de mon corps se tendirent. Non... Cette main, sur ma peau, sous mon tee-shirt... Pitié. Il allait me prendre. Il allait me prendre, le salaud ! Non... Père ! Des lèvres sur les miennes. Je clignais des yeux une fois. Tout me semblait ralenti, se passer dans une autre dimension. Ses lèvres dans mon cou. Je clignais des yeux deux fois. Il allait me prendre... J'allais rester là, honteux... J'allais... Je clignais des yeux trois fois. Peter. C'était Peter ! Tout allait bien. Tout allait parfaitement bien. Je me rendis compte que j'avais bloqué ma respiration. Je repris lentement mon souffle, un peu étourdi, les muscles de mon corps toujours tendus. Peter... C'était Peter.

Je reprenais doucement mon souffle, sans qu'il, je l'espérais, ne s’aperçut de rien. Il s'arrêta quelques secondes afin de me proposer d'aller au cinéma après cette première journée de cour, et de venir dormir chez moi. C'est là. C'est là qu'il va te prendre ! Stop. Pitié. J'avais déjà envie de vomir mais serrais les dents, déterminé à ne pas laisser sortir quoique ce soit de mon estomac. Ses lèvres... sur ma peau... Je fermais les yeux, prêt à le laisser... Non ! Pas ici, au lycée. Tout ce qu'il voudrait mais pas là ! Chez moi, s'il le souhaitait. N'importe quand... Pitié. Pitié... J'étais tellement désolé. Tellement pathétique ! Oui... Pathétique. C'était le mot. Mais bordel, il s'agissait de mon petit ami ! Pas de mon père ! Je faillais fondre en larme. Tant d'émotions... Trop de sentiments. Je refermais mon cœur. Un tout petit peu. Rien qu'un tout petit peu pour ne pas me laisser déborder. Je rouvris les yeux et saisis fermement le poignet de Peter d'une main et relevais sa tête de l'autre.

« Je suis... » Désolé... Tellement désolé... « Je serais heureux... Je serais content que tu viennes chez moi et que nous allions au cinéma tous les deux... »

J'avais parlé sans réfléchir. Sans réfléchir ! Je devenais idiot ! Mais non... Du calme... Je ne pouvais pas devenir idiot, c'était un fait. J'étais tout simplement sous pression et horriblement mal à l'aise. J'avais l'impression de priver Peter de quelque chose. Il allait se poser des questions. Il allait me trouver coincé. Il allait me trouver pathétique. Mais je n'avais pas pensé à toutes les éventualités ! Et Mère voyait Peter, comment réagirait-il ? Que dirait Nathanaël, que penserait-il de moi ? Et si jamais Père rentrait à l'improviste de son voyager, me faisant... l'agréable surprise de revenir plus tôt. Après tout, il était parti depuis mai, déjà ! Que dirait-il alors en voyant Peter ? Mes scénarios, mes cauchemars, se réaliseraient-ils ? Mais j'avais parlé. J'avais donné une réponse positives aux attentes de Peter. Maintenant je ne pouvais pas revenir dessus, je ne pouvais pas le décevoir. De plus, il était déjà venu chez moi, au château, plusieurs après-midi. Cela c'était très bien passé. Et ça se passerait bien, une fois encore. Sauf que... Cette fois il resterait toute une nuit. J’appréhendais cela. Que se passerait-il ? Devraient-ils dormir ensemble ? Sa peau nue contre la tienne... Je me rappelais mes nuits blanches lors de ce voyage en France avec Père. Ces affreuses nuits blanches où, à chaque fois que Père bougeait à côté de moi, je dressais l'oreille, tendu, le cœur battant. Mais cela serait différent si Peter était là, n'est-ce pas ? Ca devait être différent... Nous parlerions toute la nuit. Nous discuterions de choses passionnantes, comme à leur habitude. Nous ne serions pas obligé de... Enfin de... Nous l'avions pourtant déjà fait. Je me demandais pourquoi maintenant je bloquais à nouveau. Je me sentais ridicule. Vraiment ridicule. Je souris à Peter, pas vraiment convainquant. Je tenais toujours son poignet dans ma main et l'avait serré très fort, sans même m'en rendre compte. Je relâchais la pression en m'excusant dans un demi grognement. Je n'aimais pas trop m'excuser... Même si je le pensais très fort les mots refusaient de sortir de ma bouche... Une sorte de fierté, je suppose.

« Toutefois je... Qu'aimes-tu manger ? … »

Je savais parfaitement tout ce qu'il aimait. Mais je voulais rompre mon malaise une bonne fois pour toute. Son dessert préféré était la tarte aux pommes, il adorait les pizzas, les pâtes, ou ce qui se préparaient assez rapidement et vite. Des choses simples, pas de fine bouche avec Peter. Moi, personnellement, je mangeais peu mais de tout. Il n'y avait rien – mis à part les pruneaux – que je ne pouvais pas avaler. Je tâcherais donc de commander une Pizza... Ou deux, qui sait ? Et puis nous la mangerions dans ma chambre, à l'écart de tout le monde. De toute façon, je pouvais bien mourir de faim, ma mère s'en fichais. Elle en serait même parfaitement heureuse, j'en étais sûr. Stanislas veillait à ce que je me nourrisse suffisamment. Il n'était pourtant pas obligé de ce faire un tel sang d'encre pour moi. Je me portais comme un charme... Si on veut. Je grignotait toute la journées de biscotte, à la manière d'une petite souris. J'en avais des paquets entiers dans ma chambre. C'était ma principales nourriture. Ensuite venaient les pâtes. Et puis … le reste, ma foi, je mangeais quand j'y étais obligé, par nécessité. Nous étions, malheureusement, obligés de manger pour vivre... Je m'en serais aisément passé, personnellement. Détendu, à nouveau moi-même, je caressais avec tendresse les cheveux de Peter et déposais un baiser sur sa joue, avec un amour, pour une fois, non dissimulé. J'allais même jusqu'à l'embrasser passionnément, plaquant mon corps contre le sien. A cet instant précis, je me disais que, ce soir, je le prendrais. Qu'il serait tout à moi. Et ce, sans peur aucune. La porte en métal claqua, me faisant sursauter. Je me détachais – trop lentement – de Peter et levais mes yeux sur le nouveau venu qui avait une vue parfaite sur notre petit couple. Je le connaissais. Il était dans la deuxième classe Scientifique. Plutôt grand, baraqué, un gros tas de muscle. Il était inscrit au club de football et de catch. Cela dit, il ne me faisait pas peur. Ce n'était qu'un bourrin de base, qui tapait sans réfléchir. Plus crétin que lui, on ne trouvait que rarement. Mais, après tout, il y a toujours pire. Mais les crétins rependaient des nouvelles comme une traînée de poudre... et étaient homophobes. Ou homosexuels refoulés, tout dépendait. Je suppliais mentalement Peter de descendre de mes cuisses. Prière qu'il, à mon grand soulagement, réalisa. Je me levais à mon tour. L'autre abruti, Angelo – son nom de famille – ou Angero... Ou quelque chose comme ça, je n'avais pas la mémoire des noms, nous regarda à tour de rôle avec de rire grassement et de lâcher avec un méprise bien pesé :

« Ah ! Les tarlouzes ! J'aurais dû m'en douter qu'vous n'étiez que deux pédales, deux petits pédés de merde ! Ah ah ah ! Vous vous enculez sur le toit du lycée ? Vous prenez bien l'air ? »

Je souris, amusé. Réellement amusé. Ses mots ne m'atteignais nullement. J'étais prêt à défendre Peter s'il se montrait agressif. J'étais prêt à le menacer pour ne pas qu'il ouvre sa grande gueule. Il verrait que la tarlouze, le pédé, était très méchant. Si méchant que ce serait lui la tapette qui ferait dans son pantalon en pleurant. . . Bon... Peut-être pas à ce point là. Mais en tout cas, John savait quels mots utiliser pour faire peur. Et si ça ne suffisait pas, ses poings experts en boxes n'attendraient pas longtemps pour lui faire comprendre qui était le plus fort. De plus, il ne faisait pas parti de ceux qui allaient se plaindre aux supérieur après une bagarre. Il serait bien trop honteux de l'avoir perdu. Je finis par éclater de rire. Un rire moqueur, certes, pas un rire franc que j'avaits lorsque j'étais avec Peter

« Et toi, tu prends sans doute un malin plaisir à te branler en t'imaginant les seins de ta prof de maths. Mais en fait, tu n'es jamais passé à l'acte, comme tout ceux qui se vantent mais ne l'ont jamais fait. »

Je souris calmement. L'autre serrait déjà les poings le long de son corps et s'avança vers eux en ricanant bêtement. Je ne le quittait pas des yeux. Prêt à bondir s'il esquissait un geste brusque. Je ne pensais pas à mon père. Pas encore... Je ne pensais pas au fait que, à présent, il pourrait l'apprendre aisément. Parce que l'autre abruti savait. Je ne pensais qu'à Peter et qu'à enfoncer l'autre avec ses propres moqueries. Je posais une main apaisante sur l'épaule de mon petit ami sans lâcher l'autre des yeux. Il s'approcha plus près encore... Je lançais, un peu méfiant :

« Que comptes-tu faire ? Nous frapper ? Crier Aux Tapettes, au secours ! ? Parce que, très sincèrement, et pour éviter tout bavardages inutiles par la suite, je doute que tu sois en mesure de faire les deux. Alors fiche le camp d'ici et si tu l'ouvres... »
« Tu crois que tu me fais peur, sale pédé ? Tout le monde saura, tiens ! Vous serez tout deux des petites tapettes de merde. Je dirais à tout le monde que vous étiez en train de vous enculer sur le toit ! »

Je souris en coin. L'autre s'approcha encore de nous, petit à petit... Puis il fut devant nous, menaçant. Je fis docilement reculer Peter de quelques pas et eus juste le temps d'arrêter le puissant coup de poing qui m'était destiné. Je retournais méthodiquement son poignet afin qu'il ploie et s'agenouille face à moi. Je le regardais non sans un malin petit plaisir. Il regrettait, n'est-ce pas, d'être venu et de nous avoir traité de pédés ? J'assénais un furieux coup de poing dans sa mâchoire qui le laissa pantois avant de relâcher son poignet. Il se recula, quelque peu sonné et me décrocha un regard incrédule et furieux, où naissait une pointe de douleur. Il s'élança sur moi. J'esquivais aisément, de quelques rapides pas de côté. Je pus ainsi lui donner un coup de pied dans les jambes, en balayette. Ce qui lui fit perdre l'équilibre. Il s'écrasa lamentablement sur le sol. Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit rire méprisant et m'avançais vers lui.

« Je pense que tu as eu ton compte. Alors sois tu te tais, sois je dis à tout le monde que je t'ai ridiculisé sur le toit du lycée. Et je pourrais le refaire devant témoin si besoin est. Ne viens pas nous emmerder, Ang.. ... Connard. »

Je ne savais plus son nom. J'aurais eu l'air stupide de me tromper en un si beau discours. Ainsi je devenais vulgaire. Il se redressa, furieux, mais dubitatif. Il s'en retourna en courant et nous lançant des injures. Je ne doutais pas qu'il allait s'empresser de le raconter. Entouré de sa bande de pote, il se sentirait plus fort. Mais je saurais les faire taire, tous. Et soudain, l'idée que mon père l'apprenne me foudroya tout entier. Je restais figé sur place. Mes pires cauchemars allaient arrivés... C'était une fatalité ! Comme dans les pièces de théâtre dramatiques. Une fatalité. Mais mon père n'en saurait rien. Je l'avais ainsi décidé. Et si jamais il l'apprenait, je démentirais... Je me sentais sale. Terriblement sale. J'allais démentir mon propre petit ami à mon père. Je ne valais pas mieux que ce Ange..Machin... J'étais un connard. Mes nerfs me lâchèrent soudain et je m'effondrais sur le sol, à genoux. Je me fis mal en tombant. Je frissonnais et claquais des dents sans pouvoir l'arrêter. Et je n'avais pourtant pas froid. Devant Peter.... ! Quelle honte. Les larmes montèrent à mes yeux mais je les refoulais vivement. Il ne manquerait plus que ça ! Je serrais mes bras contre ma poitrine pour contenir ces tremblements incontrôlables.
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MessageSujet: Re: Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]   Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor] Icon_minitimeDim 11 Nov - 5:31

« Une chute profonde mène souvent vers le plus grand bonheur. » Shakespeare.

Mon idée fonctionna peut-être un peu trop bien. Il semblait complètement déboussolé. Je ne savais pas ce que je faisais pour le troubler autant… Je devais bien faire quelque chose de mal… Je me sentis nul. J’avais déclenché cela en le caressant un peu trop, parce que je savais qu’il réagissait toujours de la sorte. Nous n’avions couché ensemble qu’une seule fois. Cela ne me gênait pas, je n’étais pas un drogué du sexe mais j’avais l’impression de lui faire peur… J’étais persuadé que je faisais mal les choses… Comme d’habitude. C’était quelque chose de récurrent chez moi. On me l’avait toujours dit ! Il prit mon poignet et leva ma tête vers lui. Il me fit un peu mal mais cela aussi, j’en avais l’habitude. Je voulais tellement qu’il répondît oui. J’avais envie d’aller au cinéma et de ne pas rentrer chez toi… Non ! Je voulais aller chez John. Nous n’avions jamais dormi ensemble… C’était l’occasion et… Il me se décida enfin à ouvrir la bouche ! Je commençais à ne plus supporter de devoir m’écouter penser… Il souhaitait que je vienne ! Je ne pensais pas que ce serait si simple ! J’allais éviter une désagréable punition, dormir avec John ! J’eus un peur de ce qu’il pût penser à cet instant. Je ne m’invitais pas chez lui pour faire l’amour contrairement à ce qu’il devait croire ! Mais… Il avait accepté, cela signifiait qu’il voulait de moi ? Que je n’étais pas si nul que ça ? Qu’il m’aimait même ! Je repris mes esprits, il ne fallait pas tout confondre. Il m’aimait, sans doute mais il n’y avait aucun rapport avec ce soir. Peut-être qu’il avait juste envie de baiser et qu’ensuite il … Non, c’était du grand n’importe quoi. John n’avait jamais envie de baiser alors pourquoi ce soir serait différent ? L’amour me rendait paranoïaque ? Ce serait une soirée formidable, nous irons au cinéma et plus nous rentrerons chez lui, il commanderait des pizzas et nous les mangerions en discutant. Je n’aurais pas besoin de penser à Debbie et lui… N’aurait pas besoin de croire que je veux passer la nuit chez lui juste pour le baiser. Je ne pouvais pas savoir s’il avait connu des trucs désagréables, il s’était peut-être fait violer ! … Moi aussi cela dit. Non, je voulais dire, il avait sans doute vécu quelque chose, sinon, il ne serait pas… Comme il l’était. Il ne m’aurait pas presque cassé le poignet –oui j’exagère- pour quelques caresses si tout avait été normal de son côté, non ? … C’était rassurant, je n’étais pas le seul à être brisé. Nous allions former un club ! Il me lâcha et je frottai mon poignet, cela ne servait à rien mais c’était un réflexe. Il ne m’avait même pas fait trop mal… C’était John après tout. Je ne sortais pas avec un mec pour qu’il me fît mal… Du moins, je l’espérais. Ce n’était pas mon but. Je supposais que je devais prendre son bruit bestial pour des excuses ? Il me fit penser à un homme de Neandertal mais je n’émis aucun commentaire.

Je le regardai, un peu surpris par sa seconde question. Je supposais qu’il le savait maintenant que nous nous connaissions depuis longtemps. Il voulait peut-être ne pas laisser de blanc, de silence entre nous ? Je lui souris. En plus, c’était simple, j’aimais tout ou presque, même si j’avais une préférence pour tous les trucs de pauvre que j’avais l’habitude de manger et qui n’était pas trop long à préparer. Les pâtes, le riz, ou la pizza, j’adorais les pizzas. Je m’occupais tous les soirs du diner chez moi alors pour ne pas avoir à subir les foudres de Debbie, je faisais toujours des plats rapides et peu coûteux. Donc, contrairement à tous les gosses de ce lycée, je n’avais jamais eu le plaisir de goûter à du caviar ou à du saumon des Dieux… Je ne me souvenais même pas avoir déjà mangé du saumon tout court. Bref, je supposais que cela ne me manquait pas. Je savais que John ferait quelque chose de bon, il n’avait pas à s’en faire de toute façon, même s’il me servait quelque chose que je détestais, je l’aurais mangé pour lui faire plaisir. Au bout de quelques minutes, il sembla plus détendu. J’étais heureux. J’adorais sentir sa main dans mes cheveux. Il m’embrassa et le contact de ses lèvres me ravit. J’avais l’impression que tout était encore plus beau lorsque c’était lui qui prenait les commandes. Dans ces moments-là, je savais qu’il m’aimait. J’avais l’impression de flotter, comme si je faisais un rêve vraiment merveilleux : Ce qui était plutôt rare. Ma réalité avec John était beaucoup mieux qu’un rêve. J’aurais voulu que ce baiser ne cessât jamais. Je me surpris même à avoir envie de lui faire l’amour… Peut-être que ce soir… Cette idée m’enchanta mais je ne le dis pas à John, je ne voulais pas lui faire peur, s’il en avait envie aussi alors, nous le ferions. Je pouvais attendre. La porte claqua. Pourquoi fallait-il que quelqu’un vînt ici, aujourd’hui, à cette heure ? N’avions-nous pas le droit de passer du temps rien que tous les deux ? Etait-ce trop demandé ? Je me tournai vers le mec qui venait nous emmerder. Voyant qu’il n’était pas le genre de gars à nous dire « Oh, désolé, je m’en vais. », je me levai à contrecœur des jambes de John. Je reconnus son visage, bien que le reste me fût inconnu. Je ne m’intéressais pas à ce genre de gars et je faisais souvent n’importe quoi pour les oublier, au contraire. Rien que son visage me parut détestable. John se leva et je restai près de lui. Je savais me défendre mais, il me faisait peur. Il représentait tout ce que je détestais. La stupidité, la brutalité, il n’aimait pas les homos sans doute, comme tous les gars dans son genre, il se croyait trop sexy mais j’avais jamais eu l’occasion de baiser la moindre jeune femme. Il était le genre de mec le plus pitoyable de la planète… Quoiqu’il devait y avoir pire.

Il rit en nous regardant. Je le détestais à cet instant. Il me rappelait tout ce que j’avais toujours haï chez les gens. Et le pire, il me faisait vraiment peur. J’avais l’impression d’entendre mon père. Je voulais partir, je… Je ne voulais pas rester là. Il allait me frapper. Je me mordis la lèvre pour ne pas pleurer. Je me sentais faible et lâche. Il ne manquait plus qu’il nous traitât de gonzesse pour que tout fût comme avant. J’étais terrorisé. Comme avant, comme… Quand j’avais onze ans et que je ne pouvais rien faire. « Vas-y chiale ! T’es bon qu’à ça, t’es qu’un p’tit pédé ! C’est pour ça que tu portes des robes ?! T’aime les mecs, hein ? Tu veux me sucer j’parie ! » NON ! Je serrai mes bras sur ma poitrine et baissai la tête. J’étais terriblement mal-à-l’aise. Je plantai mes ongles dans ma chair sans m’en rendre compte. Je n’arrivai pas à me calmer. Je me balançai doucement d’avant en arrière en essayant de reprendre ma respiration. John ne devait pas voir ça. Je n’avais peur de rien, c’était stupide. Surtout pas d’un débile comme lui… « On devrait les tuer les mecs comme toi ! T’es bon à rien ! T’es qu’une gonzesse pleurnicharde ! J’suis sûr que si on te disait de nous sucer là, tu le ferais, hein ? C’est à cause des gens comme toi qu’y’a des guerres ! On pourrait te trucider comme l’a fait Hitler avec les gens de ton espèce ?! Qui te regretterait ? » Je crus que mon cœur s’arrêtât l’espace d’une seconde, ce qui était impossible, tellement cette voix me semblait réelle. Alors, qu’en y réfléchissant, c’était stupide. Avant John, je ne savais même pas que j’étais gay. Et ce n’était pas la faute des gays s’il y avait eu des guerres, mais ces gosses étaient idiots je le savais ! Alors pourquoi cela me touche autant ? Je voulais ne plus y penser, je voulais oublier. Je devais oublier. Et je pensais que j’y étais parvenu… Avant ce mec et ses critiques… Pourquoi ? Pourquoi je ne pouvais pas laisser cela derrière moi ? J’avais John maintenant, tout allait bien… Et tout irait bien. Je n’étais plus tout seul, je n’étais plus un garçon paumé sans ami. Il m’aimait et il me protégerait, je le savais. Je ne devais plus avoir peur. J’avais déjà assez peur chez moi. Pourquoi en rajouter alors que je pouvais aisément me défendre ? Non, en fait, j’avais peur parce que si jamais il décidait de me frapper, je serais resté tétanisé, je n’aurais pas pu répondre, parce que je m’étais toujours laissé faire… Mais je pouvais me battre, j’avais réussi avec mon père, je pouvais les empêcher de me faire du mal. Je restai néanmoins derrière John. Lui, il ne semblait pas du tout effrayé par la situation, au contraire, cela semblait l’amuser… Il n’avait pas vécu ce que moi j’avais vécu, et heureusement, je ne le souhaitais à personne. Même pas à ceux qui me l’avaient fait…

Mon idée fonctionna peut-être un peu trop bien. Il semblait complètement déboussolé. Je ne savais pas ce que je faisais pour le troubler autant… Je devais bien faire quelque chose de mal… Je me sentis nul. J’avais déclenché cela en le caressant un peu trop, parce que je savais qu’il réagissait toujours de la sorte. Nous n’avions couché ensemble qu’une seule fois. Cela ne me gênait pas, je n’étais pas un drogué du sexe mais j’avais l’impression de lui faire peur… J’étais persuadé que je faisais mal les choses… Comme d’habitude. C’était quelque chose de récurrent chez moi. On me l’avait toujours dit ! Il prit mon poignet et leva ma tête vers lui. Il me fit un peu mal mais cela aussi, j’en avais l’habitude. Je voulais tellement qu’il répondît oui. J’avais envie d’aller au cinéma et de ne pas rentrer chez toi… Non ! Je voulais aller chez John. Nous n’avions jamais dormi ensemble… C’était l’occasion et… Il me se décida enfin à ouvrir la bouche ! Je commençais à ne plus supporter de devoir m’écouter penser… Il souhaitait que je vienne ! Je ne pensais pas que ce serait si simple ! J’allais éviter une désagréable punition, dormir avec John ! J’eus un peur de ce qu’il pût penser à cet instant. Je ne m’invitais pas chez lui pour faire l’amour contrairement à ce qu’il devait croire ! Mais… Il avait accepté, cela signifiait qu’il voulait de moi ? Que je n’étais pas si nul que ça ? Qu’il m’aimait même ! Je repris mes esprits, il ne fallait pas tout confondre. Il m’aimait, sans doute mais il n’y avait aucun rapport avec ce soir. Peut-être qu’il avait juste envie de baiser et qu’ensuite il … Non, c’était du grand n’importe quoi. John n’avait jamais envie de baiser alors pourquoi ce soir serait différent ? L’amour me rendait paranoïaque ? Ce serait une soirée formidable, nous irons au cinéma et plus nous rentrerons chez lui, il commanderait des pizzas et nous les mangerions en discutant. Je n’aurais pas besoin de penser à Debbie et lui… N’aurait pas besoin de croire que je veux passer la nuit chez lui juste pour le baiser. Je ne pouvais pas savoir s’il avait connu des trucs désagréables, il s’était peut-être fait violer ! … Moi aussi cela dit. Non, je voulais dire, il avait sans doute vécu quelque chose, sinon, il ne serait pas… Comme il l’était. Il ne m’aurait pas presque cassé le poignet –oui j’exagère- pour quelques caresses si tout avait été normal de son côté, non ? … C’était rassurant, je n’étais pas le seul à être brisé. Nous allions former un club ! Il me lâcha et je frottai mon poignet, cela ne servait à rien mais c’était un réflexe. Il ne m’avait même pas fait trop mal… C’était John après tout. Je ne sortais pas avec un mec pour qu’il me fît mal… Du moins, je l’espérais. Ce n’était pas mon but. Je supposais que je devais prendre son bruit bestial pour des excuses ? Il me fit penser à un homme de Neandertal mais je n’émis aucun commentaire.

Je le regardai, un peu surpris par sa seconde question. Je supposais qu’il le savait maintenant que nous nous connaissions depuis longtemps. Il voulait peut-être ne pas laisser de blanc, de silence entre nous ? Je lui souris. En plus, c’était simple, j’aimais tout ou presque, même si j’avais une préférence pour tous les trucs de pauvre que j’avais l’habitude de manger et qui n’était pas trop long à préparer. Les pâtes, le riz, ou la pizza, j’adorais les pizzas. Je m’occupais tous les soirs du diner chez moi alors pour ne pas avoir à subir les foudres de Debbie, je faisais toujours des plats rapides et peu coûteux. Donc, contrairement à tous les gosses de ce lycée, je n’avais jamais eu le plaisir de goûter à du caviar ou à du saumon des Dieux… Je ne me souvenais même pas avoir déjà mangé du saumon tout court. Bref, je supposais que cela ne me manquait pas. Je savais que John ferait quelque chose de bon, il n’avait pas à s’en faire de toute façon, même s’il me servait quelque chose que je détestais, je l’aurais mangé pour lui faire plaisir. Au bout de quelques minutes, il sembla plus détendu. J’étais heureux. J’adorais sentir sa main dans mes cheveux. Il m’embrassa et le contact de ses lèvres me ravit. J’avais l’impression que tout était encore plus beau lorsque c’était lui qui prenait les commandes. Dans ces moments-là, je savais qu’il m’aimait. J’avais l’impression de flotter, comme si je faisais un rêve vraiment merveilleux : Ce qui était plutôt rare. Ma réalité avec John était beaucoup mieux qu’un rêve. J’aurais voulu que ce baiser ne cessât jamais. Je me surpris même à avoir envie de lui faire l’amour… Peut-être que ce soir… Cette idée m’enchanta mais je ne le dis pas à John, je ne voulais pas lui faire peur, s’il en avait envie aussi alors, nous le ferions. Je pouvais attendre. La porte claqua. Pourquoi fallait-il que quelqu’un vînt ici, aujourd’hui, à cette heure ? N’avions-nous pas le droit de passer du temps rien que tous les deux ? Etait-ce trop demandé ? Je me tournai vers le mec qui venait nous emmerder. Voyant qu’il n’était pas le genre de gars à nous dire « Oh, désolé, je m’en vais. », je me levai à contrecœur des jambes de John. Je reconnus son visage, bien que le reste me fût inconnu. Je ne m’intéressais pas à ce genre de gars et je faisais souvent n’importe quoi pour les oublier, au contraire. Rien que son visage me parut détestable. John se leva et je restai près de lui. Je savais me défendre mais, il me faisait peur. Il représentait tout ce que je détestais. La stupidité, la brutalité, il n’aimait pas les homos sans doute, comme tous les gars dans son genre, il se croyait trop sexy mais j’avais jamais eu l’occasion de baiser la moindre jeune femme. Il était le genre de mec le plus pitoyable de la planète… Quoiqu’il devait y avoir pire.

Il rit en nous regardant. Je le détestais à cet instant. Il me rappelait tout ce que j’avais toujours haï chez les gens. Et le pire, il me faisait vraiment peur. J’avais l’impression d’entendre mon père. Je voulais partir, je… Je ne voulais pas rester là. Il allait me frapper. Je me mordis la lèvre pour ne pas pleurer. Je me sentais faible et lâche. Il ne manquait plus qu’il nous traitât de gonzesse pour que tout fût comme avant. J’étais terrorisé. Comme avant, comme… Quand j’avais onze ans et que je ne pouvais rien faire. « Vas-y chiale ! T’es bon qu’à ça, t’es qu’un p’tit pédé ! C’est pour ça que tu portes des robes ?! T’aime les mecs, hein ? Tu veux me sucer j’parie ! » NON ! Je serrai mes bras sur ma poitrine et baissai la tête. J’étais terriblement mal-à-l’aise. Je plantai mes ongles dans ma chair sans m’en rendre compte. Je n’arrivai pas à me calmer. Je me balançai doucement d’avant en arrière en essayant de reprendre ma respiration. John ne devait pas voir ça. Je n’avais peur de rien, c’était stupide. Surtout pas d’un débile comme lui… « On devrait les tuer les mecs comme toi ! T’es bon à rien ! T’es qu’une gonzesse pleurnicharde ! J’suis sûr que si on te disait de nous sucer là, tu le ferais, hein ? C’est à cause des gens comme toi qu’y’a des guerres ! On pourrait te trucider comme l’a fait Hitler avec les gens de ton espèce ?! Qui te regretterait ? » Je crus que mon cœur s’arrêtât l’espace d’une seconde, ce qui était impossible, tellement cette voix me semblait réelle. Alors, qu’en y réfléchissant, c’était stupide. Avant John, je ne savais même pas que j’étais gay. Et ce n’était pas la faute des gays s’il y avait eu des guerres, mais ces gosses étaient idiots je le savais ! Alors pourquoi cela me touche autant ? Je voulais ne plus y penser, je voulais oublier. Je devais oublier. Et je pensais que j’y étais parvenu… Avant ce mec et ses critiques… Pourquoi ? Pourquoi je ne pouvais pas laisser cela derrière moi ? J’avais John maintenant, tout allait bien… Et tout irait bien. Je n’étais plus tout seul, je n’étais plus un garçon paumé sans ami. Il m’aimait et il me protégerait, je le savais. Je ne devais plus avoir peur. J’avais déjà assez peur chez moi. Pourquoi en rajouter alors que je pouvais aisément me défendre ? Non, en fait, j’avais peur parce que si jamais il décidait de me frapper, je serais resté tétanisé, je n’aurais pas pu répondre, parce que je m’étais toujours laissé faire… Mais je pouvais me battre, j’avais réussi avec mon père, je pouvais les empêcher de me faire du mal. Je restai néanmoins derrière John. Lui, il ne semblait pas du tout effrayé par la situation, au contraire, cela semblait l’amuser… Il n’avait pas vécu ce que moi j’avais vécu, et heureusement, je ne le souhaitais à personne. Même pas à ceux qui me l’avaient fait…

John éclata de rire. Maintenant c’était certain, il ne réagissait pas comme moi. Je me fis violence pour cesser d’avoir peur. J’esquissai un sourire aux paroles de John. Je le trouvais merveilleux à cet instant. Je me demandais même s’il n’était pas un peu mon héros. J’avais l’impression d’être Loïs Lane et de voir Superman pour la première fois de ma vie. Bon, ce n’était pas super flatteur mais, cela représentait bien la situation. Et puis au point où j’en étais, me comparer à une jeune femme ne me gênait même plus. Le gars serrait les poings, à dire vrai, même si je trouvais les paroles de John réconfortantes, il cherchait un peu la merde, sans vouloir être vulgaire. John posa une main sur mon épaule et cela eut pour effet de me rassurer entièrement. Il maîtrisait la situation. J’avais envie de lui prendre la main mais ce n’était pas le moment. Je regardai John et ce gars avoir leur conversation… Personnellement, cela ne me gênait pas que tout le monde sût. C’était John qui ne voulait pas et je respectais cela. Après, peu importait l’époque, l’homosexualité n’était jamais bien vu, surtout dans un lycée, les élèves étant tous stupides. Je craignais donc un peu de me faire tabasser à la sortie par un groupe d’adolescents néo-nazis. Tant que j’étais avec John, je ne risquais rien mais tout seul… Eh bien, tout seul, je n’étais qu’une femmelette impuissante. De plus, c’était intéressant de voir à quel point ce gars embellissait la situation. Nous n’étions pas en train de nous enculer… Je doutais que John acceptât de faire cela ici, et heureusement. Rien ne valait un bon lit et celui de John était parfait ! Il se rapprocha de nous. J’avais envie de partir en courant mais cela n’aurait pas fait très sérieux. John me fit reculer, et je le remerciais mentalement, je me sentais mieux en sachant qu’il ferait n’importe quoi pour me protéger. J’ouvris la bouche dans l’espoir de prévenir John que l’autre abruti allait le cogner mais il arrêta le coup à temps. A cet instant, je le voyais vraiment comme mon héros. Il savait tout faire, c’était un génie. C’était le mien. Il lui donna un coup de poing, j’eus envie d’applaudir avant de me souvenir que j’étais contre la violence… Ici, elle était justifiée mais ce n’était pas une raison… Je me giflais mentalement. Il était en train de nous protéger… De me protéger et je pensais que la violence n’était pas la solution, j’étais ingrat… Et au lieu de s’avouer vaincu, l’autre idiot tenta à nouveau de se jeter sur John qui le fit tomber… Il était ridicule pour un sportif. Un sourire admiratif s’afficha sur mon visage. John n’était pas souvent vulgaire mais là, je trouvais cela sexy. Il était merveilleux ! J’eus envie de le prendre dans mes bras et de lui dire que cet abruti n’avait eu que ce qu’il méritait –quelque part, c’était aussi une vengeance pour tout ce que m’avait fait vivre les salauds dans son genre.

Mais, il ne m’en laissa pas le temps. Il n’allait pas bien. Je m’approchai de lui et avançai ma main pour la poser sur son épaule mais il tomba à genoux. Comme s’il était mort de froid. Je ne savais pas ce que je devais faire ! Que se passait-il ? Qu’avait-il ? Il s’en voulait d’avoir frappé cet idiot ? Non c’était peu probable. Il avait peur ? Mais de quoi … ? John… Parle-moi… Mais il y avait des choses que l’on ne pouvait pas dire, non ? Je le sais mieux que personne… J’aurais sans doute pu le deviner, j’en avais les capacités mais je ne voulais. Pas sans son accord, j’aurais l’impression de … De le violer. Pour moi aussi il aurait pu deviner, quoique… Peut-être pas tout, mais, j’étais battu et il le savait, il avait remarqué que je lui avais menti. Pourtant, il n’en avait pas parlé, il n’avait rien dit, parce que cela ne le regardait pas et que nous respections chacun l’intimité de l’autre… Mais là. Je ne pouvais pas l’aider sans savoir ce qu’il se passait vraiment ! Je m’agenouillai en face de lui et le pris dans mes bras. C’était cela que devait faire un petit-ami. Le réconforter. Je lui chuchotai que tout allait bien, que l’autre idiot était parti, qu’il ne risquait rien mais, je ne savais même pas de quoi il avait peur. Peut-être que le sportif raconte tout à ses amis ? Et que la rumeur fasse le tour du lycée ? Etais-je à ce point embarrassant pour lui ? Avait-il honte de sortir avec moi ? Non, ce n’était pas cela la raison… S’il avait honte de moi, cela voudrait dire que nous ne sortions ensemble que pour le sexe, or, ce n’était pas le cas. Il avait peut-être peur qu’ils nous arrivent quelque chose ? Qu’il m’arrive quelque chose ? Je trouvais cela adorable mais, il serait toujours là pour me défendre, non ? Je lui faisais aveuglément confiance. Il serait toujours là. Je le lâchai. Il était toujours aussi beau. Même quand il était effrayé. Je posai une main réconfortante sur son épaule et le regardai dans les yeux. J’avais envie de lui dire que je l’aimais mais… Je pensais qu’il n’était pas d’humeur pour écouter ce genre de chose. Il voulait juste que je … Je n’en savais rien, je ne savais pas ce qu’il voulait. Je me sentais terriblement inutile. Il s’arrêta de trembler. Je le réconfortais peut-être un peu finalement ? Je m’assis et allongeai John sur mes cuisses. Je lui caressai tendrement les cheveux.

-Je t’aime, John. Tu es mon héros !

Je tentai de lui faire un sourire joyeux. Je le pensais évidemment mais… J’avais peur qu’il trouvât cela stupide. Je l’étais un peu, avec John. C’était cela l’amour. Je pris sa main et la serrai doucement comme je le faisais toujours. Je ne voulais jamais le lâcher, il m’appartenait… Et je lui appartenais. Je souris à cette pensée et le redressai pour poser un baiser sur ses lèvres. Je ne savais pas non plus si c’était le moment de faire cela, mais, j’étais nul dans ce domaine, je n’avais jamais réconforté quelqu’un, et à contrario, personne ne m’avait jamais réconforté depuis la mort de ma mère. J’avais envie de lui demander pourquoi il avait réagi de la sorte mais… Il n’avait sans doute pas envie de me le dire. Et je n’avais peut-être pas trop envie de le savoir. Je le regardai dans les yeux.

-Je ne t’avais jamais vu te battre et je dois t’avouer que c’est très impressionnant et… Incroyablement sexy.

Voilà, j’avais essayé de lui remonter le moral comme je le pouvais. Même si lui dire ce genre de chose me paraissait un peu trop stupide pour lui remonter le moral. Je pensais qu’il avait peut-être besoin que je lui parle, que je lui montre que je suis là… Je le serrai contre moi, même si c’était déplacé, j’avais envie de lui. Je voulais revivre ce que nous avions vécu cet été. Je voulais quitter ce lycée. Je voulais que nous partions tous les deux, nous aurions travaillé ensemble, j’en étais certain ! Tout aurait été merveilleux ! Tout… Mais ce n’était pas possible. Même après mon bac, je n’étais pas sûr de pouvoir le suivre… Il y avait Henry… Sans lui je ne pouvais rien faire. Je n’avais d’autres choix que de faire ce qu’il souhaitait… J’aurais pu demander à John de me payer mes études mais enfin… Personne ne ferait cela ! Je n’étais pas nécessiteux au point de faire la charité à mon petit ami. Je me sentais pitoyable. Je voulais oublier cela.

-Pourquoi … ? Pourquoi as-tu réagi de la sorte ? Tu as peur qu’il aille tout raconter, c’est cela ? …Tu sais… Même s’il le racontait à tout le monde, ce ne serait pas grave. Je ne sais pas de quoi tu as peur, et… Je comprends que tu ne veuille pas me le dire mais… Je te promets que tout ira bien, d’accord ?

Je l’embrassai tendrement. Je passai une main dans ses cheveux. J’avais bien envie de sécher les cours pour passer toute la journée en compagnie de John. Main dans la main. Cela n’était pas un problème, notre intelligence nous permettait de ne pas prendre de retard. Mais je ne pouvais pas lui dire cela.

-Nous pouvons faire ce que tu veux, maintenant !
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MessageSujet: Re: Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor]   Rentrée des classes. [Pv: Peter Connor] Icon_minitimeDim 11 Nov - 20:38

Avons-nous donc commis une action étrange ?
Expliques, si tu peux, mon trouble et mon effroi.
Je frissonne de peur quand tu me dis « Mon ange »,
Cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Charles Baudelaire.


Je tremblais comme une feuille là, sur le sol. Sans pouvoir m'arrêter. Mes nerfs. Oui, c'était cela. J'avais lu quelque part que, soumis à de trop fortes pressions, les nerfs finissent par lâcher. Je n'arrivais plus à contrôler quoique se soit. J'aurais préféré ne pas m'effondrer de la sorte devant Peter mais je n'arrivais plus à me faire obéir de mon corps. Quelle honte. Qu'allait-il penser de moi ? Je me trouvais si ridicule. Alors que je venais de mettre à terre cet imbécile. Mais mon père allait être au courant. Forcément ! Il allait savoir. Il allait savoir et alors... Quoi ? Que veux-tu qu'il te fasse de plus ? Je serrais mes bras un peu plus fort autour de ma taille, m'agrippant à mes propres vêtements, claquant des dents comme si nous étions en Sibérie. Pourtant je n'avais pas froid. Je sentais la présence de Peter derrière moi. J'avais envie qu'il s'en aille. J'avais envie qu'il me prenne dans ses bras. Je ne voulais ni qu'il me juge ni qu'il me voit ainsi... Je baissais piteusement la tête, incapable de retenir ces stupides tremblements qui parcouraient tout mon corps. Je ne voulais pas le regarder dans les yeux lorsqu'il s'agenouilla devant moi. Je gardais obstinément la tête baissée. Je voulais... Il me prit dans ses bras. Instinctivement je détachais mes bras de ma propre taille pour les enrouler autour de la sienne et de me blottir contre lui. Il était là et tout allait bien. Tout irait parfaitement bien, il n'y avait pas de souci à se faire. Personne ne lui ferait du mal, personne ne toucherait à ses cheveux. Pourtant j'étais persuadé que, tous les jours, on lui en faisait, du mal... Je ne souhaitais pas m'insinuer dans sa vie privée. Je voulais juste le rendre heureux d'une façon ou d'une autre. Je ne pouvais pas lui prouver mon amour, alors je lui offrais des cadeaux afin qu'il soit content. Je me doutais que ça ne lui suffirait pas toujours. Je crois qu'il faisait parti des personnes qui, au file du temps, en demande un peu plus. Mais moi j'apprendrais. J'étais doué dans ce domaine, n'est-ce pas ? L'apprentissage c'était mon domaine. J'apprenais vite, normalement. Mais pour les sentiments... Ce n'était pas mon point fort et, dans ce domaine, j'étais un parfait imbécile. Nous étions jeunes tous les deux, nous aurions le temps d'apprendre lui et moi. Mes tremblements s'arrêtèrent petit à petit. Mes nerfs, tout à l'heure à vif, s’apaisèrent. Je cessais de claquer des dents par la même occasion. Peter me chuchota quelques paroles à l'oreille. Je souris en coin, il n'était vraiment ps obligé de faire ça. Et il ne pouvait pas comprendre de quoi j'avais le plus peur. Que tout le lycée le sache, je m'en fichais, la Terre entière pouvait bien être au courant : tant mieux. Nous étions gay et amoureux. Mais une seule personne ne devait jamais savoir. Cela me rendait malade rien que de l'imaginer. Mon père ne devait jamais savoir. C'était quelqu'un de déranger pour m'aimer comme un amant. Alors que ferait-il s'il apprenait que je l'avais... « trompé »... Si l'on puis dire ?

Peter me lâcha. J'eus envie de me raccrocher à lui, comme à une bouée, mais je retins mon geste. N'avais-je pas déjà été assez pathétique ? Je laissais tomber mes bras le long de mon corps et n'osais pas le regarder directement dans les yeux. Pourtant il cherchait mon regard. Je le lui offrit, incapable de me dérober. Nous nous regardâmes longuement, sa main rassurant était posée sur mon épaule. Il se rassis convenablement et posa ma tête sur ses cuisses. Mes yeux bruns fixaient ainsi le ciel bleu parsemé de nuages. Je m'imaginais là-haut, les ailes déployées, prêt à prendre mon envole vers d'autres horizons plus clairs. En compagnie, bien sûr, de Peter. Loin de Londres, loin des ennuis. Plus jamais d'ennuis... Plus jamais ! Mon petit ami me dit qu'il m'aimait, que j'étais son héros. Je souris en coin à cette idée. Vraiment ? Je m'imaginais là, sur le rebord du toit, habillé comme Superman ou Captain America, une cape rouge voletant dans mon dos, les poings sur les hanches, le regard vers l'horizon. Ou plutôt comme Batman... Et Peter serait mon Robin. Ou mon Joker... Ca dépendait du point de vue des fans ! Moi je n'étais pas fan. J'avais feuilletais des BD, j'avais regardé les dessins animés quand j'étais petit. Mais sans plus... Ce n'était pas cela qui m'intéressait, après tout. N'étais-je ps surdoué ? J'étais reconnaissais à Peter de ne pas demander pourquoi je m'étais effondré. Je le sentais hésiter cependant. Je ne voulais plus en parler. Un jour, je savais que nous nous dirions des choses. Mais pas maintenant. Quand ce serait derrière nous. Nous en parlerions comme de mauvais souvenirs. Le sourire joyeux sur le visage de Peter sonnait assez faux. Il avait peut-être peur que je trouve ses paroles stupides ? Oh ! Mais elles l'étaient ! Simplement ses attentions étaient si gentilles que ces paroles devenaient adorables. Je ne fis aucun commentaire. Même lorsqu'il me dit que j'étais sexy en train de me battre. Je doutais de ces paroles. Oh... Certes je savais que je n'étais pas moche, plutôt charmant même. Mais je m'en fichais éperdument, de mon physique. J'eus envie de le prendre dans mes bras à mon tour. Mais mes yeux restaient fixés sur le ciel. Je ne bougeais plus d'un cil. Seul le rythme de ma respiration prouvait encore que j'étais en vie, tout comme le léger battement de mes paupières. Tout était calme. J'adorais le calme. C'était l'une des meilleurs qualités. J'aimais discuter de beaucoup de choses intéressantes avec Peter. Mais j'appréciais aussi le respect qu'il avait pour ces moments de silence. Il me comprenait. Et ça... C'était mieux que n'importe quoi d'autre !

Et puis... La question. La fatale question vint briser ce moment de silence. J'eus envie de pousser un long soupire las. Mais je me retins. Peter n'aurais pas souhaité entendre ça de ma bouche. Je connaissais ses capacités à se faire des films. C'était quelqu'un de relativement paranoïaque si on ne lui disait pas toutes les choses correctement. Personnellement, je préférais ne rien m'imaginer du tout, c'était beaucoup plus simple. Mais chacun sa méthode pour ne pas être déçu, je suppose ? Je ne voulais pas parler de tout ça. Et Peter le fallait. Mais il devait demander. Je comprenais parfaitement. Ce n'était pas grave qu'il demande. Nous voulions tout les deux tout savoir. Et il ne voulait pas deviner. Alors il me posait la question. Pourquoi... Ce mot... Ce simple mot. Je répondais toujours à « pourquoi » et à « comment » dans les cours que nous suivions. Mais... Sur le plan sentimental et personnel... J'allais être incapable de répondre. J'allais devoir esquiver. Et je savais déjà comment j'esquiverai. Soit je ne répondrais tout simplement pas. Soit j'enchaînerai directement sur un autre sujet d'une futilité accablante et sans intérêt tel que la météo. La pluie et le beau temps, somme toute. C'était mieux qu'il ne comprenne pas pourquoi j'avais peur. C'était mieux qu'il ne sache pas pour mon peur. S'il savait, que penserait-il ? Non. Et puis ce serait lourd à porter avec ses autres problèmes. Il allait me proposer toutes sortes de solutions auxquelles je ne voudrais pas prendre part. Bien sûr que partir le tenait à cœur, m'éloigner de ce fou furieux amoureux de moi. Mais... C'était mon père et je n'étais même pas sûr de vouloir partir de mon propre chef. Lorsque j'aurais dix-huit ans, c'était certain. J'étais complètement fou. Complètement stupide de me laisser faire, de ne pas partir, de ne pas me plaindre. Stanislas aurait pu témoigner si j'avais voulu dénoncer mon père. Mais je ne souhaitais pas le faire. Mon nom et ma photo seraient alors publiés dans les journaux et on me connaîtrait comme le pauvre garçon violé par son père. Je voulais que personne ne sache. J'avais honte. Parce que, au fond, c'était aussi de ma faute. Si j'avais été moins intelligent, plus banal... J'étais sûr que mon père ne m'aurait pas regardé comme un amant. Ne m'aurais pas désiré... Mais j'aimais mon intelligence, là n'était pas la question. Je m'y réfugiais avec joie. Je me redressais pour m'asseoir moi aussi et repliais mes genoux. Il était gentil. Vraiment, c'était gentil de sa part. De n'importe qui d'autre, j'aurais accueilli ce réconfort avec mépris. Mais avec Peter, je trouvais ça adorablement mignon.

« Il faut beau mais frais, aujourd'hui. »

J'étais désolé, au fond de moi, de changer ainsi de sujet. Je ne souhaitais pas être subtile. Je voulais qu'il comprenne que le sujet, pour moi, était clos. C'était arrivé, un point c'est tout. J'aurais préféré qu'il ne me voit jamais dans un état pareille mais... Ce qui est fait est fait. Point. Je ne voulais pas être brutale, ni méchant. Mais... Il devait comprendre. J'espérais qu'il comprenait. Moi je ne lui avait pas parlé de cette gifle qu'il avait sans aucun doute reçu. Je lui souris. Ce sourire faux que je servais pour être poli. J'en étais désolé. Je ne voulais pas être faux en sa compagnie je voulais être... moi. Mais c'était dur. J'espérais que ça aussi il le comprenait. Quelle patience il avait avec moi... Il devait vraiment m'aimer pour vouloir rester en ma compagnie. Certes nous nous comprenions parfaitement bien. Mais c'était lui qui devait sans cesse faire les premiers pas. Sauf pour notre première fois au lit. Il avait compris, je crois, que c'était à moi de décider pour ce genre de chose. Qu'il prenne les initiatives me mettait affreusement mal à l'aise. Je me demandais vraiment comment j'avais pu trouver le courage, un après-midi où je l'avais invité, entre deux baiser, de lui enlever son tee-shirt, son pantalon, son slip, d'avoir fait de mêmes avec mes propres vêtements et puis... De m'être jeté à l'eau avec lui. Lui que j'aimais plus que tout au monde. Lui avec qui je n'avais formé qu'un seul être entre deux étreintes amoureuses. Je n'avais pas osé en faire trop, de peur qu'il se pose des questions. Mais cela avait été vraiment une expérience fabuleuse. Beaucoup mieux qu'avec mon père. Mais j'avais peur de recommencer. J'avais peur qu'il me touche, qu'il me prenne. Je ne voulais pas qu'il me prenne. Je voulais le prendre. Mais lui, il n'en avait pas le droit. Cela me faisait peur. Et s'il voulait me prendre, je le laisserai faire. Je le savais. Je le laisserai faire, tétanisé. Mais au-dessus de cette peur, je sentis monter en moi un désir puissant. Je m'imaginais déjà, ce soir, dans ma chambre, rien que tous les deux... Je le pousserai sur mon lit avec douceur. Je monterait à califourchon sur lui, embrasserai son torse... Et puis plus tard il enroulerait ses jambes autour de moi et... A quoi tu penses ? J'ouvris les yeux que j'avais fermés sans m'en rendre compte. Mon cœur battait très vite. Me voilà excité. Je resserrais mes jambes contre moi et les entourait de mes bras afin de poser mon menton sur mes genoux. J'avais honte de penser à des choses aussi salaces. Non. Il ne se passerait rien ce soir. Mais tu en as sacrément envie. J'avais peur. Baise-le. Vraiment peur. Mes lèvres tremblaient un peu mais, cette fois, je repris rapidement contenance.

Je me sens seul, Peter. Terriblement seul. Tu es là. Je suis heureux, très heureux. Mais je suis seul. Lorsque mon père me baise le soir, je suis un objet sans vie, dans une bulle. Seul. Lorsque je suis chez moi, durant la journée, je n'ai personne à qui parler. Je suis seul. J'ai toujours été seul. Dis-moi pourquoi cela changerait ? Pourquoi ne serais-je plus seul à présent ? Tu as bien du courage de me supporter. Ou alors... Toi aussi, n'est-ce pas, tu es aussi seul que moi je le suis. Nous sommes deux hommes seuls, Pet'. Et ça me fait très peur. Mais plus que cela, ça me fait très mal. Nous sommes seuls. Et nous pleurons intérieurement, sans que des larmes ne coulent le long de nos joues. Nous sommes seuls à jamais. Même tous les deux nous sommes, seuls, pas vrai ?Voilà la réponse que j'aurais pu lui donner à sa question. J'eus envie de rire tristement. Je voulais lui dire tout ça. Lui parler de tout mes sentiments. Lui expliquer à quel point je me sentais seul. Et à quel point je me sentais faible, pathétique, sale et... Non. Je ne pouvais pas le lui dire. Parce que c'était impossible. Les mots ne franchiraient pas mes, lèvres. A quoi bon ? Après cela je serais encore plus seul. Plus sale. Plus pathétique. J'eus soudain l'idée de sécher les cours. Je n'avais pas envie de faire face aux autres. L'imbécile que j'avais mis à terre avait sans doute raconter à tout ses copains que nous étions deux pédales et que nous nous... « enculions » sur le toit. Je l'aurais volontiers encastré dans un mur... Mais la violence ne réglait pas les problèmes... Sauf avec ce type de personne. J'étais quelqu'un qui gardait mon calme fasse à ce genre d'abruti. Je riais même car je savais que, quand moi j'aurais un métier et une fonction aisée, intéressante et qui me plaisait, eux n'auraient qu'un mouchoir pour pleurer et des poubelles à ramasser. Je souris et tournais la tête vers Peter, complice cette fois-ci. Je savais qu'il pensait la même chose que moi. Et nous allions sécher les cours ! Comme si une journée en moins allait nous être fatal pour le reste de l'année ! Cette perspective m'enchantait. Je n'avais jamais sécher les cours, cela allait être intéressant. Une expérience en compagnie de Peter. Et je savais qu'il serait d'accord. Je ne risquais rien de toute façon. Mon père ne serait pas là avant Noël et ne l'apprendrait donc certainement pas. Quant à ma mère, elle s'en fichait éperdument. Je ne savais pas si ce serait la même chose dans la famille de Peter. Mais je supposais qu'il n'avait rien à perdre, n'est-ce pas ? Je me levais. J'avais déjà tout un plan dans ma tête. Un petit plan parfaitement... parfait, dirais-je. J'hésitais à lui tendre la main mais jugeais qu'il serait préférable que non.

« J'espère que sécher le premier jour de classe ne te gênera pas ! Ca va être beaucoup mieux que d'être assis sur une chaise toute la journée, tu me suis, n'est-ce pas ? »

Je souris doucement et descendis les escaliers avant de sortir des bâtiments. Nous nous dirigeâmes vers la sortie. A cette heure il n'y avait plus personne dans la cours, nous étions les seuls. Nous sortîmes dans la rue. Je n'aimais pas sortir mais avec Peter c'était différent. Je me sentais bien, libre, en pleine forme. J'aimais un peu mieux ces idiots. Je regardais ma montre. Dix heures. L'heure à laquelle nous étions censés commencer les cours. L'adrénaline monta dans mes veines et je me sentis libre et heureux. Je saisis la main de Peter sans réfléchir et l'entraînais vers une glacerie en bas de la rue. J'avais de l'argent sur moi, toujours. Un sacré paquet de billets. Je n'avais pas peur que l'on me vol, je voyais, j'entendais et sentais tout. C'était comme ça... Un grand atout dans la vie comme, parfois, une tare. Nous entrâmes dans la boutique et je lâchais la main de mon petit ami. J'avais repris du poile de la bête, tant mieux. Je me sentais … Comme un imbécile heureux. C'était la faute de Peter ça, il m'avait rendu amoureux et... Débile. Je savais tout de Peter, y compris son parfum de glace préféré. Je demandais une boule à la pistache pour lui et une au cassis pour moi. Nous partîmes ensuite et marchâmes dans les rues, discutant de tout... je m'en suis mis partout ![/srike] et de rien. [strike] T'es qu'un bon à rien ! J'étais heureux, pour la première fois, de parler de futilités. Nous dérivâmes sur des sujets plus intéressants, d'autres un peu moins mais nous étions ensemble. Et ça, j'aimais toujours. Au lieu de retourner manger au self – qui selon moi n'était pas bon du tout – je l'invitais à manger au restaurant. Je supposais que lui n'avait pas l'habitude de rester sans rien dans le ventre jusqu'au soir. Alors j'allais faire une effort et manger aussi. Je payais le repas, et nous passâmes une délicieuse après-midi. Je l'amenais dans une librairie que je ne connaissais pas, dans le coin. Elle n'était pas aussi bien que celle de Mr. Jake mais bon... J'y dénichais quelques petits traités intéressants. Bref. L'après midi fut beaucoup meilleur que si nous étions restés au lycée avec ces idiots. Nous rentrâmes en bus. Personne ne nous posa de question. Personne ne fit attention. Ils étaient stupides. Ils ne remarquaient rien. Je remontais jusqu'au château et entrais, suivis de Peter.

Je montais jusque dans ma chambre. J'avais un peu honte parce que je savais que Peter était pauvre, et moi je vivais dans un luxe complet. Je l'aurais bien invité à vivre toute sa vie au château... Si mon père n'avait pas été mon amant. Ma mère n'aurait rien dit, elle m'ignorait. Et Stanislas aurait été ravi. Je me surpris à rêver que mon père soit mort et enterré. Je secouais la tête, refermais la porte derrière moi et m'assis sur mon lit, invitant Peter à faire comme chez lui. Ce qui était à moi lui appartenait également. Je n'étais égoïste que dans mes actes, pas avec mes objets. En tout cas pas avec Peter. Ni avec Nath'. Mais c'est vrai que je n'aimais prêter mes objets et mes livres. Passons. Je le regardais. J'étais vraiment raide amoureux de lui... C'était fou ça, tout de même. J'enlevais mes chaussures et me mis à genoux sur mon lit afin d'être assez grand pour l'enlacer, car il se tenait encore debout. Je l'attirais à moi sur le lit et l'embrassais tendrement. Ces gestes, de ma part, étaient rares. J'espérais qu'il en profitais bien. J'avais dans l'intention de commander une pizza végétarienne – la préférée de Peter – pour vingt heures. Personne ne savait que Pet' était là. Je doutais que quiconque dans ma famille connaisse son existence. Et, brusquement, le désir qui m'avait pris sur le toit du lycée me repris là. Alors que je serrais Peter contre moi, mes lèvres contre les siennes, mon corps contre le sien. Je sentis mon pantalon se faire plus étroit. J'avais un peu honte. Mais que pensais-je ? Je fis descendre mes lèvres dans le cou de Peter et glissais ma main sous son tee-shirt, comme il l'avait fait avec moi ce matin. Je ne réfléchissais plus. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était finit. Je ne réfléchissais plus ! Si j'avais réfléchis, j'aurais tout arrêté. Alors j'avais éteint mon cerveau. Je l'avais mis en mode pause. Enfin pas totalement... Parce qu'il n'y avait pas d’interrupteur... J'enlevais son tee-shirt, embrassais son torse. J'enlevais le mien aussi et baissais son pantalon et son slip avant de les-lui en débarrasser entièrement. Je fis de même et caressais du bout des doigts les courbes fines de son corps nu, admirant sa beauté masculine. Ce n'était pas du tout pareille qu'avec mon père. Ca non, rien de comparable ! … Comment osais-je penser à lui dans un moment pareille ?! Des gifles. Voilà ce que je méritais ! Je me perdis un instant dans le regard de mon amant avant de l'embrasser à pleine bouche et de grimper à califourchon sur lui. Je caressais amoureusement son torse en le regardant dans les yeux un moment. Mes mains expertes – il fallait l'avouer, avec toutes les pratiques que j'avais déjà faites – attrapèrent fermement son érection. Il fallait arranger tout ça, n'est-ce pas ?

Je n'étais plus qu'une pelote de nerf s'étiolant doucement sous l'effet apaisant du plaisir. Je t'aime ! C'était ce que hurlaient mes yeux. Mais je ne pouvais prononcer ces mots. Pas encore... Oh je te promet, Peter, qu'un jour je te le dirais ! Ce jour-là, je serais prêt. Nos bouches se rencontrèrent puis j'entrepris de poser des baisers sur son torse. Ses jambes c'étaient depuis lors enroulées autour de moi. Nous ne formions plus qu'un. Une seule et même personne, une seule âme. En symbiose. Je laissais échapper de mes lèvres entrouverte un gémissement de plaisir et puis... Ce fut terminé. Je me laissais rouler à côté de lui sur mes draps et me blottit contre lui. Je l'embrassais sur la joue et fermais les yeux. J'aurais aimé rester comme ça des heures et des heures. Mais déjà, je recommençais à réfléchir et je avais peur, à nouveau. Je me raidit un peu dans les bras de Peter. Et si Père rentrait et qu'ils nous découvraient comme ça, nus, dans les bras l'un de l'autre ? Mon souffle s'étrangla dans ma gorge et, comme la première fois que nous avions fait l'amour, j'eus envie de pleurer. Mais c'était mal. Très mal de pleurer après l'amour. Il n'aurait pas compris. Il se serait demandé ce qu'il avait fait de mal. Alors que tout était parfait. Je ravalais ses idiotes avec amertume et me dégageais gentiment.

« Je … Je t... Tu veux que je commande la pizza ? »

Idiot, idiot !! J'eus envie de me gifler moi-même. Ca n'arrivait pas à sortir ! Ca bloquait. C'était si difficile, bordel ?! Je baissais la tête et attrapais mon caleçon et mon pantalon pour les enfiler rapidement. Je sortis de la chambre – après avoir mis une veste à capuche grise – et descendis pour passer le coup de file et commander la pizza, laissant Peter dans ma chambre. J'avais toute confiance, il ne ferait rien de mal. J'appelais, commandais, prit un verre d'eau dans la cuisine. Je précisais à la cuisinière de ne pas préparer ma part, que j'avais commander quelque chose avec un ami qui restait dormir. Ana, qui passait par là, me demanda si elle devait préparer des draps et un matelas pour cet ami, s'il restait dormir. Je dis que cela n'était pas nécessaire, que je m'en occupais moi-même. J'attendis sur le pas de la porte et allais à la rencontre du livreur pour lui régler la course et la nourriture avant de remonter dans ma chambre. Je fermais la porte derrière moi et souris doucement à Peter.

« Végétarienne, ta préférée. »

Je posais la Pizza au milieu du lit et ouvrit le couvercle en carton. Elle était déjà découpée. Je levais les yeux vers Peter.

« Peter... Est-ce que tu m'aimes ? »

C'était risqué de demander ça. Je savais qu'il m'aimait. Et il allait très certainement me dire quelque chose du style : « Et toi ? ». Et à ça, je ne pouvais pas répondre. Mais je voulais le lui entendre dire.
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