« Et n'oublies pas de sortir les poubelles ! »

Ethan eut tout juste le temps de rattraper le dossier que Jérémy lançait par dessus son épaule avant qu'il ne tombe par terre. Il releva la tête pour lancer un : « Oui, oui ! Bien sûr ! » mais son supérieur avait déjà disparu. Le jeune homme poussa un léger soupire Et déposa tous les papiers qu'il tenait dans les mains sur son petit bureau. Il était membre du FBI mais on le considérait presque comme une femme de ménage. Dans la hiérarchie, il se trouvait tout en bas. Enfin pas vraiment puisqu'il s'occupait de l'administration et avait, pas conséquent, accès à des bases de données. On avait confiance en lui, c'était déjà ça. Mais on lui refilait toutes les tâches, il ne disait jamais rien. Toute sa vie il n'avait jamais rien dit de toute façon, hein ! Ca ne changerait pas maintenant et il était content, c'était l'essentiel. Il poussa un petit soupire et entreprit de classer les dossiers que Jérémy venait de lui refiler. Ethan fatiguait un peu. Non, il ne fatiguait pas de classer des dossiers mais on lui donnait un peu trop de travail, même s'il ne se plaignait pas. Le jeune homme s'assit à son bureau et ouvrit le dossier bleu. Il en sortit quelques feuilles. De l'administration encore et toujours. Il allait ensuite devoir nettoyer la salle de repos ; en général personne ne nettoyer. Normalement ils devaient embaucher une femme pour le ménage mais ça coûtait trop d'argent. On ne payait pas Ethan pour ses heures supplémentaires. Enfin... C'est lui qui avait demandé à ne pas l'être, il ne voulait pas avoir l'air de faire du travail en plus parce qu'il était pauvre alors qu'il vivait avec une certaine aisance. Finit la colocation, il avait une petite maison fort sympathique à New York, se qui prouvait bien qu'il n'était pas un pauvre homme. Ethan s'adossa sur sa chaise et frotta ses yeux de son pouce et son indexe.

La fatigue se faisait sentir, surtout le matin. Si ça continuait il deviendrait le genre d'homme qui faisait des siestes. Il se leva. Autant se réveiller un peu mieux avant d'attaquer les papiers administratifs longs et toujours ennuyeux au file des ans. Mais son poste était important à ses yeux. Parce que, selon lui, sans lui ils n'iraient tous pas bien loin. Déjà ils travailleraient dans un foutoir et en plus personne ne gérerait aussi bien les papiers. Il ne se lançait pas des fleurs, il était loin d'être quelqu'un aimant se venter. Simplement c'était le cas, il était travailleurs, concentré, méticuleux. Et ce n'est pas lui qui le disait, vous pouvez vérifier c'est écrit noir sur blanc dans un rapport sur lui. Ethan était aussi quelqu'un de perfectionniste mais dans les urgences il ne faisait pas dans la dentelle non plus. Le jeune homme s'avança dans les couloirs du FBI. Il y avait du monde ce matin, comme toujours d'ailleurs. Ils étaient à l'étage administratif. Non sans blague ? Ethan descendit une volée de marche pour entrer dans la salle de repos. Il y avait là quelques personnes qui discutaient, des « collègues » d'Ethan. Entre guillemet parce qu'ils travaillaient au même étage, c'est tout. L'un d'eux, un gars assez narcissique et arrogant, lança son mégot de cigarette sur Ethan. Celui se baissa pour le ramasser et l’aplatit dans le cendrier avant de faire quelques rangement. Le gars, qui s'appelait Jerry, siffla.

-Hé dit donc, le larbin ! Quand t'auras finit de mettre les cartons de pizza à la poubelle, ça te dirait de me chercher un café ?

Ethan se tourna vers lui. En général, Jerry ne s'adressait presque pas à lui, comme s'il était trop bien pour parler à quelqu'un qu'on considérait comme un sous-fifre ; il se contentait de lui lancer des regards méprisants. Ethan n'aimait pas qu'on lui parle ainsi, autant il supportait les humiliations mais pas verbales. Du moins pas celles-ci. Il n'était pas très violent -même si un bon coup de poing dans la gueule ça calme- et intériorisait beaucoup. On avait souvent l'impression qu'il ne s'énervait pas ou n'était pas triste, tout simplement parce que tout ses commentaires, il les gardait enfouit dans son cœur. Quand il était énervé, il pouvait bien hurler « Connard je vais te faire la peau » dans sa tête mais sourire poliment. Le jeune jeune homme ne répondit pas pas à la demande de Jerry. Celui-ci en fut grandement agacé et il lança sa serviette roulée en boule sur sa tête.

-Hé je te parler, imbécile ! Tu m'apportes un café et dépêches toi.

Très calme, Ethan se tourna vers lui. Il lui sourit sympathiquement. Les autres ne rigolaient pas trop, ils trouvaient ça un peu immature. Mais ils ne voulaient pas entrer dans les mauvaises grâces de Jerry. On se croirait presque au lycée là !!

-Ecoutez Jerry on ne se connaît pas trop mais je pense que vous n'avez pas à donner d'ordre que je sois placé au dessus ou en dessous de vous dans la hiérarchie. Et j'estime que vous êtes assez intelligent pour vous préparer un café tout seul. Qui plus est, je n'aime guère qu'on me traite de larbin, donc si ça ne vous gêne pas, je m'appelle Ethan. -smile-

Les trois autres personnes levèrent un sourcil. Ils trouvaient qu'Ethan était bien le seul à ne pas s'énerver à ce genre de réflexions. Ils sourirent en coin mais firent bien attention à ne pas se faire remarquer de Jerry. Ce dernier lança à Ethan un regard noir et glacé. Un petit sourire arrogant se peignit sur son visage. Il se leva. Il ne mesurait pas bien grand comparé à Ethan et ses deux mètres neuf. Il saisit le jeune homme par sa cravate violette pour l'attirer un peu en avant.

-Ecoute le géant, je te conseil de garder ta langue dans ta poche. Je me fiche de ton prénom, t'es qu'un sous-fifre et tout le monde te méprise ici que tu le veuilles ou non. Alors retourne faire ta paperasse et laver les carreaux. Jerry se leva pour partir et, avant de franchir la porte, se tourna une nouvelle fois vers Ethan, Ah et... La cravate violette c'est d'un démodé. x)

Les autres sortirent derrière Jerry. L'un s'excusa auprès d'Ethan qui lui sourit avec bienveillance. Ah ! C'était tellement rare que l'on s'excuse auprès de lui ou qu'on le remercie. Il était content d'avoir dit se qu'il pensait, en quelque sorte, à cet imbécile. Il se pencha et continua se qu'il avait à peine commencer. Au moins à présent il était bien réveillé. Il prendrait un café tout à l'heure. Enfin... Il espérait ne pas croiser Jerry au distributeur. Si ça se trouve il se trouverait quelqu'un d'autre pour faire se qu'il voulait ! Ethan poussa un soupire et prit les poubelles pour les mettre dans la bène qu'il y avait en bas. Il remonta à l'étage administratif aussi vite qu'il le put et s'assit de nouveau à son bureau pour finir entièrement les papiers ce matin. Mais il n'eut pas encore le temps de s'y mettre. Jérémy débarqua dans la pièce et il tira Ethan par le bras avant qu'il ne puisse réagir d'une quelconque manière. Le jeune homme se laissa entraîné, perplexe. D'habitude on le laissait à son bureau ; il ne se rendait pratiquement jamais sur le terrain sauf de temps à autre mais c'était si rare. Jérémy le poussa dans la pièce de réunion et lui souffla tout bas, afin que lui seul puisse l'entendre :

-Tu fais chier Ethan je t'ai cherché depuis tout à l'heure !
-J...Je suis désolé, ça ne se reproduira plus.

Jérémy grommela dans sa barbe mais se tut. Celui qui les avait demandé ce tenait face à quelques personnes. C'était le patron du patron d'Ethan. Il passa ses mains derrière son dos et leur fit un bref sourire avant de reprendre sur un ton très sérieux et professionnel :

-Messieurs, mesdames. Vous êtes les personnes de confiance du service d'administration ainsi que du service de communication du FBI. Je vous ai fait venir en réunion pour que nous nous penchions de toute notre énergie sur un cas très important. Un groupe de terroriste a prit en otage une femme, nous pensons, et a lancé un message il y a peu. On ne sait ni où il est et il parle Russe.

Il posa un mot écrit en Russe à plat sur la table. « Мы будем выследить и уничтожить вас.» (Nous vous pourchasserons et nous vous détruirons.)

-Y a-t-il un traducteur dans la salle ?

On entendit voler les mouches. Le patron du patron d'Ethan fit une légère grimace. Ses yeux se braquèrent sur lui. Ils s'étaient déjà croisés une ou deux fois pour quelques papiers en retard. Cet homme débordé n'avait pas le temps de tous les remplir et on lui avait suggérer de demander à ce très charmant Ethan de tout régler. Heureusement qu'il était là, encore une fois. Le patron le pointa d'un signe de tête :

-Vous, Ethan, allez donc traduire ce mot pendant que nous faisons le boulot.

Ethan resta sur place deux secondes avant de hocher la tête et de quitter la pièce en tout hâte. Pourquoi à lui ? Il ne se posa pas plus de question. Il savait un peu près où trouver quelques traducteurs. Ils étaient relativement rares au FBI et dans les étages de communications. Quoique... Ce fut là qu'il eut l'idée de se rendre en tout premier. Il poussa la porte de la grande salle et tourna sur lui même. Il allait devoir demander. Il aperçut un homme plus loin. Il ne sut pas exactement pourquoi mais sa première idée fut d'aller le voir. Il s'avança.

-Excusez-moi, monsieur. Je cherche... un traducteur pour une affaire. Vous n'en avez peut-être aucune idée mais sauriez-vous où je pourrais en trouver un ici ?

Il faisait un peu le gars paumé là. Il ne quittait pas souvent l'étage administratif, ça se voyait ! Il était loin de se douter qu'il se trouvait face à un traducteur lui même. 8D