•TA PLUS GRANDE QUALITÉ : La patience.
•TON PLUS GROS DÉFAUT : L'indifférence.
•UN TIC, UNE MANIE : J'ai toujours une arme dans les mains.
Patient, déterminé, autoritaire, froid, sadique, réfléchi, méticuleux et méthodique. Sûr de lui, sans pitié, distant, sans sentiments, misanthrope, consciencieux, franc. Observateur, économe et cupide. Il ne perd jamais son sang-froid, déteste parler si ça n'en vaut pas la peine. Il n'a peur de rien et il pourrait survivre dans les conditions les plus rudes. Il ne sait faire que son travail et il le fait à la perfection.

Règle n°1 : Un homme qui sait commander a d’abord appris à obéir.

« Ne remets plus jamais en question mes ordres, Heathcliff ! Répète-moi ta dernière leçon ?
La joue brûlante, le petit garçon leva les yeux sur son père. Il chercha les mots à toute vitesse dans son esprit.
- Un enfant doit toujours obéissance à son père et ce, même si son père lui donne un ordre dénué de sens tel que se jeter d’une falaise.
- Et ?
- Je ne devrais jamais douter de vos paroles et je devrais toujours me soumettre à vos commandements quoi que vous ordonniez.
- Bien. Alors ?
- Je vous demande pardon d’avoir réclamé à manger, cela ne se reproduira plus, père.
- Parfait. Retourne faire tes exercices de langues.
- Oui, père. »

Le père du petit garçon déposa un verre d’eau sur son bureau. Il regarda brièvement ses exercices puis hocha la tête d’un air satisfait. Un sourire s’afficha sur le visage de Heath. Il voulait que son tuteur soit fier de lui, donc il apprenait rapidement et il était très obéissant. Après tout, sans cet homme, il serait toujours à l’orphelinat. Son père fit demi-tour et monta les escaliers pour sortir. Heath entendit le bruit habituel de la clé tournant dans la serrure… Il avait aujourd’hui six ans et quelques mois. Il vivait dans ce manoir depuis plus d’un an et il n’avait pratiquement jamais quitté cette cave. Il n’avait pas de lit, simplement un petit matelas fait de pailles. Il possédait un bureau sur lequel il travaillait la moitié de la journée (lorsque le soleil permettait de faire entrer assez de lumière par la seule fenêtre ridiculement étroite). Le reste du temps, il s’occupait de son chiot, Roby, ou faisait les exercices d’agilité et de combats que son père lui avait montrés. Heath ne se plaignait pas de son sort, son père était sa première et sa seule famille. Il était heureux. Son ventre gargouilla mais il l’ignora. Il n’avait pas mangé depuis deux jours. Il commençait à avoir vraiment faim, mais il ne devait pas réclamer, son tuteur déciderait du moment où il lui donnerait de la nourriture, c’était ainsi. Rien ne lui paraissait plus normal que cette façon de vivre. Et … C’était toujours mieux que l’orphelinat.

Règle n°2 : Survivre est le premier objectif de l’humanité.

Heathcliff attendait la venue de son père chaque jour avec beaucoup d’impatience. Il se demandait s’il allait le féliciter de ses progrès ou s’il lui apprendrait des nouvelles choses ou s’il lui apporterait une surprise ! Peu importait que son père soit de mauvaise humeur, rien n’était plus agréable au petit garçon que les moments passés avec lui. Il se sentait aimé. Heath était assez vif d’esprit pour comprendre que l’amour n’avait rien à voir là-dedans, son père ne l’avait pas adopté pour le chérir, il l’avait fait pour l’entraîner. Mais il aimait penser qu’une petite part de cet homme le considérait comme un fils.

« Bonjour Heathcliff. As-tu fait tes exercices ?
Le ventre du garçon gargouilla mais il n’en tint pas compte. Il n’avait pas mangé depuis trois jours. Il s’inclina légèrement devant son père.
- Oui, père.
Son père se rapprocha et les regarda à la lueur d’une bougie. Il corrigea ce qui n’allait pas, donc assez peu de choses, avant de relever la tête, il ne semblait pas en colère. Heath avait été assez sage. Peut-être allait-il recevoir de la nourriture !
- C’est bien. A partir de demain, tu auras des exercices de biologie à faire en plus.
- Oui, père.
- Comment vas-tu ?
- J’ai faim. Mais je vais bien, père.
Son père le battait lorsqu’il mentait. Heath ne lui mentait donc jamais.
- Bon. Tu vas encore devoir tenir plusieurs jours sans manger. T’en sens-tu capable ?
- Oui, père ! J’en suis capable !
- C’est bien. N’oublie pas qu’avec la volonté nécessaire, un homme peut survivre à n’importe quel traitement. »

Il passa rapidement la main dans les cheveux du petit garçon avant de remonter. Heath aurait donné n’importe quoi pour recevoir cette marque de tendresse, il en oubliait même qu’il avait faim. S’il parvenait à tenir aussi longtemps que son père le voulait, il serait fier de lui ! Avant de l’adopter, monsieur Williams lui avait expliqué ce qu’il recherchait chez son fils. Il voulait qu’il soit fort, obéissant et résistant. Il avait dit qu’il avait vu toutes ces qualités chez Heath mais que ça pouvait ne pas fonctionner et que dans ce cas, il le ramènerait à l’orphelinat. Le petit garçon voulait juste que l’on s’occupe de lui. Cet homme le faisait alors il ne pouvait plus le décevoir. Il tiendrait le temps qu’il faudrait. Il n’avait pas besoin de nourriture parce qu’il était fort et résistant ! Il se coucha sur sa paillasse et prit Roby dans ses bras. Il ferma les yeux. Il en était capable.

Règle n°6 : Les sentiments sont une faiblesse et l’amour, une illusion.

« Fais-le !
- Non… Non…
Le petit garçon pleurait pour la première fois aujourd’hui, il venait d’avoir sept ans. Son père le gifla avec tant de violence qu’il fut projeté sur le sol.
- Obéis-moi Heathcliff !
- Père … S’il vous plait …
- OBÉIS !
- Non … Je ne peux pas …
- … Prends tes affaires. Je te ramène à l’orphelinat. Je me suis trompé sur ton compte, tu n’es pas assez fort pour être mon fils.
La panique s’empara de Heath. Il ne voulait pas retourner là-bas. Il ne voulait plus jamais y retourner ! Il voulait rester avec son père ! Il était fort ! Son tuteur le prit par le bras et le releva. Heath tenta de se dégager.
- S’il vous plait, non ! Je ne veux pas y retourner ! Je vous en prie, père, ne m’obligez pas à y retourner !
Il s’agenouilla en face de Heath, il avait presque l’air tendre. Le garçon essuya ses yeux.
- Fais ce que je te demande et je te promets que tu ne retourneras jamais à l’orphelinat, tu seras officiellement mon fils pour toujours. C’est d’accord ?
Heath le regarda. Il aurait une vraie famille pour toujours ?
- Oui, père. C’est d’accord !
- Rappelle-moi la leçon d’aujourd’hui ?
- Je ne dois pas éprouver de sentiments. Les sentiments rendent les hommes faibles et faciles à tuer. L’amour est le sentiment le plus destructeur, je ne dois ni m’attacher, ni compter sur l’attachement d’un autre envers moi. L’amour n’est qu’une illusion. Les humains sont mauvais et aucun d’entre eux ne peut réellement aimer. Je ne dois pas tomber dans ce piège et comme ça, je serai plus fort que les autres !
- C’est très bien. Maintenant, il te faut apprendre à respecter les paroles que tu prononces. Tu ne dois pas aimer et pour me prouver que tu t’es défait de ce sentiment, tu dois faire ce que je te demande.
Il donna le couteau à son fils. Il le regarda quelques secondes, hésitant. Il était assez fort. Et après, il aurait un vrai père pour toujours !
- Oui, père. »

Son père attrapa Roby et le tendit à Heath. Le petit garçon prit son chien. Il ne voulait pas le faire, il était vraiment désolé… Mais il souhaitait tellement cette famille… Il bloqua le chien contre lui. Il se débattait, sachant ce qui allait arriver. Heath leva le couteau et le planta dans le cou du seul compagnon qu’il avait eu pour jouer. Son cœur se serra si fort qu’il crut qu’il allait exploser. Tout le sang de Roby giclait sur lui alors qu’il mourrait. Heath se mordit la langue pour ne pas pleurer. Il était fort, l’amour et la gentillesse étaient des sentiments destructeurs et il devait s’en débarrasser. Il laissa tomber le couteau, lâcha le chien et leva les yeux sur son père. Il semblait fier. Heath savait qu’il avait adopté d’autres garçons avant lui, les grands racontaient qu’il était fou à l’orphelinat, qu’il prenait et ramenait les garçons sans arrêt… Heath espérait avoir passé le test avec succès, lui, il ne retournerait pas à l’orphelinat. Jamais. Son père lui sourit et pour la première fois, il le prit dans ses bras. Ce n’était toujours pas de l’amour mais aujourd’hui, Heath avait pu rendre son père fier de lui. Il n’aurait pas dû, mais il se sentit profondément heureux contre lui, même si l’effusion ne dura que quelques secondes. Il avait réussi ! Son père se releva.

« C’est très bien, Heathcliff. A partir de maintenant, tu es mon fils.
- Merci, père. »

Heath aurait pu lui sauter dans les bras tant il était ravi ! Mais il se résolut à ne pas le montrer. Son père lui sourit et remonta. Heath attendit quelques minutes mais il ne revint pas enlever la dépouille de son chien… Le petit garçon se nettoya avec l’eau froide du robinet et changea de vêtements. Son ventre émit un grognement. Encore une fois, il n’avait pas mangé depuis cinq jours et il commençait vraiment à avoir faim. Mais son père était fier de lui alors il reviendrait surement pour se débarrasser du chien et pour lui donner à manger. Il en était sûr !