The Mysteries of Paris
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 Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !

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MessageSujet: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeMar 15 Avr - 15:42

Lucifer ∞ Véni

« Le diable s'occupe de nous, et nous des autres. »






Le son des violons emplissait la salle toute entière alors que les chanteurs, sur scène, donnaient toute leur voix pour le dernier morceau. Plongé dans la pénombre d'une loge, assis dans mon fauteuil en velours rouge, les yeux clos derrière mon masque, j'écoutais les paroles italiennes avec un certain délice. Je comprenais quelques birbes de cette langue chantante, et je l'aimais beaucoup. Si j'avais plus de temps, et plus de motivation, peut-être l'aurais-je apprise. Pour lors, le français et l'anglais me suffisaient. Seulement pour lors... Un jour, il me faudrait acquérir bien plus de connaissances que je n'en avais déjà. Et ce jour n'allait plus tarder, à présent. Je rouvris les yeux et un sourire amusé apparut au coin de mes lèvres camouflée par mon masque alors que je serrais un petit anneau au creux de ma main élégamment gantée de cuir. Les objets petits sont les plus précieux, William, ils détiennent un pouvoir immense, car ils semblent insignifiants Les murmures de mon père raisonnaient à mes oreilles, de douloureux souvenirs. Lointains. D'une autre vie, peut-être ? Je le revoyais, écrire ses poèmes, intarissable, mais prisonnier de son art, comme la plupart des romantiques de cette époque... Cela faisait des mois, des années même, que je cherchais cet anneau. Il était petit et simple. En or, je crois, avec quelques inscriptions gravées autour. Des paroles de la bible. « Conduisez-vous en enfants de lumière. » Ephésiens 5. Il n'était pas aussi bien gardé que ce à quoi je m'attendais... Cela m'avait, d'ailleurs, un peu surpris. J'avais du faire beaucoup d'efforts et de sacrifices, pour y parvenir, notamment abandonner les derniers pans attachant de mon joli visage qui n'était à présent plus que laideur informe et déformation causée par les flammes. Mais cela n'avait guère d'importance... J'avais eu ce que je désirais. Cet anneau. Cet anneau que peu de personnes connaissaient et que la plupart des gens avaient oublié. Cet anneau, bien que relativement simple, détenait un pouvoir formidable, et immensément grand, non négligeable. Avec lui, l'on pouvait contrôler le Diable, Lucifer en personne.

Mon père, Charles Baudelaire, avait déjà commencé des recherches à ce sujet, lui qui s'adonnait si souvent à de nombreux vices, surtout à celui de la luxure. Il avait connaissance de l'enfer, et de tout ce que celui-ci réservait aux âmes comme les siennes. Mais il avait préféré prendre un maximum de plaisir dans le monde actuel, plutôt que de s'ennuyer à mourir de tous ces hommes vertueux et insipides. Dans l’œuvre de sa vie, dans les Fleurs du Mal, il avait parsemé ses poèmes de nombreux indices, concernant cet anneau. Mais personne ne semblait y avoir fait attention... Sauf une personne. Victor Hugo. Ce vieux sage imbécile qui avait piqué l'un des manuscrits de mon père pour le cacher, et le mettre en sécurité. Ce fut l'une des partie les plus délicate de mon plan, à la vérité... Gagner la confiance de cet homme trop bon, trop juste, trop vertueux pour pouvoir vivre dans ce monde bien longtemps. Ou, du moins, avoir une fin paisible. Quoiqu'il en soit, j'avais mis la main sur ces documents perdus, où les dernières parties de l'énigme s'étaient tout naturellement offertes à moi. Quel délice suprême de lire les derniers vers que mon père avait écrit, révélant l'endroit et la manière de se procurer l'anneau. “ Don Giovanni a cenar teco m’invitasti e son venuto ! ” (Don Juan, à souper avec toi tu m'as invité, et je suis venu.) chantait la statut du commandeur sur scène. Mon attention s'y reporta. Il s'agissait de mon passage favori de la pièce... Dom Juan a une dernière possibilité de se repentir, mais il tient à ses idéaux jusqu'au bout, et n'abdique pas. “ Non l’avrei giammai creduto; ma farò quel che potrò. Leporello, un altra cena fa che subito si porti ! ” (Jamais je ne l'aurais cru ; mais je ferais tout ce que je pourrais. Leporello, bien vite, fais apporter un autre couvert !) Tout en regardant les acteurs chanter et jouer sur scène, je faisais tourner mon anneau entre mes doigts. “ Ah padron ! Siam tutti morti !” (Ah patron ! Nous sommes tous morts.) Gémit Sganarelle, ou Leporello s'il fallait garder les noms Italiens, à moitié affalé sur l'un des faux piliers de la scène. “ Vanne, dico ! ” (Vas, te dis-je !)

Alors que la scène continuait à se dérouler, sous les chants de Don Juan et de la statut, accompagné de l'orchestre en bas de scène, j'enlevai le gant de ma main gauche. “ Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !” (Repends-toi, change de vie, c'est l'instant suprême !) Je glissai l'anneau à mon doigt au moment où les violons jouaient un accord plus fort, suivi des autres instruments. “No, no, ch'io non mi pento vanne lontan da me !” (Non, non, je ne me repends pas, va-t-en loin de moi !) Je fermai les yeux, une nouvelle fois et soufflai, dans un murmur inaudible avec le vacarme que faisait la scène finale du spectacle :

« Je t'appelle, Lucifer, viens à moi, qui suis ton nouveau maître. »

Je gardai les yeux fermés durant quelques secondes, jusqu'à sentir un frisson me parcourir l'échine. “Pentiti, scellerato !” (Repends-toi, sélérat !) “No, vecchio infatuato !” (Non, vieil orgueilleux !) Je rouvris les yeux et me retournai, regardantfixement l'homme qui se tenait devant moi, derrière mon masque. Un sourire de victoire étira les traits hideux de mon visage alors qu'il se dressait là, dans son costume impeccable, les cheveux gominés, tel un Seigneur. Le Seigneur des ténèbres. Mon coeur bondissait de joie. J'avais réussi l'oeuvre de mon père. J'avais réussi à surpasser tous ses rêves, tous ses idéaux. A présent, seul un goût de vengeance amer remplissait ma bouche. J'allais pouvoir finement utiliser le Diable, dans mon organisation. Il me servirait à la fois de pression, mais à la fois, égalemment, de missionnaire le plus dangereux, le plus puissant, l'imbattable. Et, le plus merveilleux, je détenais un pouvoir entier sur lui. Je commencerais tout d'abord par les bases : lui interdire d'attenter à ma vie, lui interdir de voler mon anneau, ou de le faire voler par quelqu'un d'autre, et, enfin, lui ordonner de me protéger en toutes circonstances. Je ne doutais pas qu'il jouerait sur les mots, c'était sa spécialité, après tout, n'est-ce pas ? J'allais devoir me montrer plus fin que Lucifer. Mais, après tout, les énigmes et les mots étaient aussi l'une de mes spécialité. Nous allons voir qui perdrait en premier... Et j'avais un atout indégniable. Souplement, je me levai au même moment où les spectateur applaudissaient. Don Juan venait de mourir et d'être envoyé aux enfers.

« Enfin, te voilà à moi, Lucifer. Je suis Enchanté... »

Un rire amusé et enfantin s'échappa de mes lèvres alors que je m'inclinai d'une drôle de façon. Je me redressai en sautillant et me mis à tourner autour du Diable, qui semblait plus en colère qu'autre chose. Peut-être aurais-je dû attendre et le faire venir dans un lieu plus isolé ? Mais je n'avais rien à craindre. Fièrement, j'agitais ma main devant ses yeux – celle où l'anneau y était inséré. Je fis une cabriole en arrière, pour ne pas que l'idée lui prenne de me tordre le poignet jusqu'à me broyer les os. Il en était très certainement capable, et bien pire encore ! Les spectateurs se levaient de leurs sièges, et un brouhaha empli l'opéra alors que les nobles sortaient en fredonnant, et en parlant entre eux. Je fis un grand sourire à mon nouvel esclave, derrière mon masque et soufflai :

« Suis-moi. Nous sortons du bâtiment et je t'expliquerai tout, Lucifer. »

Je passai devant lui en sautillant. J'allais tout de suite devoir exposer les règles... Mais j'avais envie de voir ce qu'il allait faire... J'envisagerai les mesures à prendre en temps et en heure. Je me retournai vers lui, curieux de voir s'il allait obéir. De toute façon, il n'avait pas le choix, j'avais l'anneau, et je savais qu'il ne pouvait pas faire autrement que de m'obéir !
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MessageSujet: Re: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeDim 27 Avr - 21:56

Le souffle du diable qui te susurre habilement des paroles mielleuses à l’oreille pour te mener à la tentation est empoisonné. Il s’introduit en un rien de temps dans les ténèbres de l’âme pour la dominer, c’est ça un démon.
Il y a une raison pour laquelle les démons sont devenus des démons… Dieu rend les anges fous.   ♡


Lorsque j’entrais dans une église, sous ma forme immatérielle, je ne pouvais m’empêcher de penser que sans moi, Dieu n’existerait plus. Les hommes se raccrochaient à Dieu parce qu’ils cherchaient le réconfort, l’attention, l’amour, dans ce monde empli de désespoir, de tristesse et de haine. Dieu ne devait qu’à moi toute sa popularité. Sans mal, pas de bien. Il devrait me remercier, au lieu de chercher à me contrôler. Mais non, Dieu était ingrat. Au lieu de m’envoyer des fleurs, il avait ordonné la création d’un objet maudit qui contiendrait mon âme. Je suppose que vous vous demandez comment peut-on s’emparer de l’âme de Lucifer ? Eh bien… J’avoue ne pas avoir été très intelligent sur le moment. Me laisser approcher par Michel avait été une erreur que je ne referai plus, il était mon frère et pendant un instant, j’ai cru à sa sincérité. Que voulez-vous ? Même le Diable a ses faiblesses, elles sont infimes mais elles existent. En tous les cas, Michel avait été viré de mes amis Facebook… Oh, attendez, Facebook n’existe pas encore, vous comprendrez dans un siècle. Je voulais simplement dire que l’on ne me reprendrait plus à faire confiance à un ange, frère ou pas.  Il s’était donc emparé de mon âme lors d’un moment d’inattention de ma part et il l’avait ramenée au Créateur. Qui, grâce à un tour de magie, l’avait emprisonnée dans un anneau. Quiconque porterait l’anneau, aurait le pouvoir de me contrôler. Et les anges devaient s’en servir pour m’enfermer dans un corps sur Terre et m’empêcher de faire le mal. Cela ressemblait à une peine de prison, pour vous, les humains. Bien entendu, je ne m’étais pas vanté de cet exploit auprès de mes confrères démoniaques. Ma politique aux Enfers était déjà assez bancale sans que je vienne leur donner un autre prétexte pour organiser un putsch. Car oui, le problème des démons, ou anges déchus, c’était qu’ils n’étaient pas des démons pour rien, ils s’étaient rebellés (après moi, mais ils l’avaient tout de même fait), ils avaient pris conscience d’eux, ils avaient refusé la tyrannie du Créateur. Ils avaient donc du mal à accepter un chef, contrairement aux anges débiles et lèches-bottes qui n’avaient d’yeux que pour Dieu, mes démons m’obéissaient plus ou moins parce qu’ils me respectaient et parce que j’étais le plus fort, les tuer ne me dérangeait pas mais nous manquions d’effectifs efficaces alors je préférais éviter. Je n’en avais donc parlé qu’à Bélial, le seul en qui j’avais une confiance (presque) aveugle. Il était chargé de gérer la situation aux Enfers en mon absence et de me faire ses rapports. Et quelques heures plus tard (en heures humaines), j’étais sur Terre, dans le corps d’un Russe fraîchement assassiné. Corps qui, je l’admets fort bien, me convenait à la perfection. Grand, séduisant, musclé, un petit côté ténébreux, c’était tout moi, les cornes en moins.

Je dus donc m’adapter à cette nouvelle vie. Le plus difficile fut sans doute de ne pas pouvoir  tuer. Imaginez-vous, vous avez huit ans, vous avez un scalpel dans la main, le chat est attaché les quatre pattes écartées et le ventre en évidence sur la table du salon et au moment où vous vous apprêtez à l’ouvrir, votre père vous prend le scalpel et vous met une gifle. Vous ressentez ce sentiment de frustration ? De colère ? Eh bien, c’était cela que je ressentais tous les jours. J’avais les humains à portée de main (car j’étais immatériel d’habitude, je ne pouvais pas tuer directement les hommes, sauf certains jours de l’année…), j’avais les armes mais je ne pouvais pas associer les deux. Ce n’était pas faute d’essayer. Je trichais un peu, demandant à un ami de guider ma main tenant l’arme sur la poitrine d’une jeune femme mais bien sûr, Tonton Charlie (Dieu adore les surnoms… Ou pas. Peu importe !) ne me laissait jamais m’amuser tranquillement. En bref, voir toutes ses âmes défiler sans pouvoir les torturer me rendait fou. Cette période d’adaptation me parut terriblement longue. Mais je ne passais qu’une année humaine à me lamenter. Après cela, je pris mon mal en patience et je décidais d’être obéissant (façon de parler, si un jour je devenais obéissant, vous n’auriez plus qu’à mettre fin à mon existence), je n’avais pas le choix, c’était bien cela tout le problème. Je m’occupais donc, comme un humain. De temps à autres, je parvenais à violer une fille, par exemple le jour d’Halloween ou à Noël, lorsque les anges étaient trop occupés pour se soucier d’un petit délit comme celui-là. Et au bout d’une centaine d’années d’emprisonnement, une vie entière pour vous, une fraction de secondes pour moi (cela dit, dans la peau d’un humain, ça m’a paru assez long), je m’habituais enfin à ma condition. J’avais appris à aimer la nourriture humaine, je n’en avais pas besoin mais j’appréciais le goût. J’avais pris l’habitude de dormir et de rêver, un phénomène extraordinaire que les démons ne connaissaient pas. Je buvais beaucoup, me droguais beaucoup, baisais beaucoup. Je faisais toujours le mal, persuadant des âmes faibles de se suicider ou des pédophiles en sommeil de passer à l’acte mais rien de bien méchant comparé aux génocides que je pouvais provoquer sans cet anneau.  En fait, j’apprenais à vivre avec les humains et j’aimais bien cela. Je tentais de comprendre leurs sentiments, leur préoccupation, leur difficulté et c’était amusant. J’évitais cependant le sujet avec Bélial. Il allait finir par croire que j’étais un sentimental qui avait demandé à Dieu de pouvoir vivre sur Terre. Non, si j’avais pu, je serais retourné chez moi, aux Enfers, mais je ne pouvais pas, donc au lieu de me plaindre, je voyais le bon côté des choses. Eh oui, le Diable est un éternel optimiste !

Après 217 années, 3 mois, 23 jours et 4 heures, une chose irréaliste se produisit : les anges perdirent l’anneau. Je ne savais pas si l’un d’eux s’en était mal occupé ou si l’un de mes démons avait tenté de le prendre, dans tous les cas, l’anneau échoua sur Terre et presque immédiatement, tous mes pouvoirs revinrent. J’étais à nouveau moi, Lucifer. Une joie intense s’empara de moi et je tuais tous les hommes sur mon passage. Je pus retourner aux Enfers et tout rentra dans l’ordre … Aah … Si seulement ! Jusqu’au jour où un stupide humain passa l’anneau à son doigt. Sans même le savoir, il m’invoqua sur Terre. Lorsque j’apparus en face de lui, il fut tellement surpris qu’il perdit connaissance. Je tentais en vain de reprendre ce qui m’appartenait au final. Je ne pouvais prendre l’anneau que si le porteur me le donnait. Une idée idiote, qui renoncerait aux pouvoirs de Lucifer ? J’étais donc fichu. Obligé de servir des humains sans intérêts jusqu’à leur disparition (En 2578). Bélial, qui savait toujours où j’étais, ne fut pas non plus ravi de cette nouvelle. Nous essayâmes tous les deux de multiples façons de voler mon âme aux différents porteurs mais jamais je ne connus d’aussi nombreux échecs. Je parvenais à tuer les hommes qui me commandaient, à les rendre fous, voire même à les persuader de me donner l’anneau mais rien n’y faisait. C’était exactement comme dans un conte de fée mièvre et stupide, pour retrouver ma liberté, il fallait que le porteur veuille me rendre l’anneau parce qu’il m’aurait apprécié d’une quelconque façon. Autant dire que ce jour n’était pas prêt d’arriver. Même les hommes qui me préféraient à Dieu n’auraient pas fait cela. C’était connu, les humains étaient égoïstes. Par ma faute en plus. Je décidais donc d’attendre une fois encore, peut-être aurais-je de la chance.
Contrairement à mes années avec les anges, les humains ne se transmettaient pas l’anneau, j’avais des mois de répit, le temps qu’un nouveau porteur tombe sur l’objet et se décide à le mettre à son doigt. Je ne perdais donc pas le contrôle aux Enfers. Ce n’était pas si mal. Puis, Bélial me tenait compagnie la plupart du temps, l’avantage aussi avec les humains, c’était qu’ils ne m’empêchaient pas de tuer à ma guise. Et Bélial et moi nous amusions bien. Parfois des anges intervenaient, ce n’était pas un problème. Nous étions tous les deux bien plus puissants qu’une poignée d’angelots ! C’était une vie plutôt agréable et tranquille.
Maintenant que vous connaissez toute mon aventure, revenons-en à l’époque qui nous intéresse : 15 Avril 1890. Je ne suis commandé par aucun humain depuis une dizaine d’années. J’ai l’espoir que l’anneau est perdu, au fond de l’océan atlantique par exemple, et que personne ne remettra la main dessus avant un siècle. Bien évidemment, j’ai tort, sinon, il n’y aurait pas d’histoire. Voilà où nous en sommes :

Mes yeux se fermèrent et ma tête bascula vers l’arrière. Je m’ennuyais. J’avais déjà convaincu deux personnes de se suicider ce matin, dont un enfant. J’avais brisé trois ménages. J’avais guidé la main armée d’un adolescent contre la poitrine de son père. J’avais convaincu un Roi de se lancer dans une guerre inutile. J’avais perché un chat dans un arbre (… Je l’avoue, je n’aime pas les chats, j’ai juste fait ça pour l’emmerder)… Et pourtant, j’étais en train de dépérir d’ennui. Torturer les âmes des défunts ne m’avait jamais réellement amusé, une fois qu’ils étaient chez moi, autant en prendre soin, ils avaient choisi le bon camp en faisant le mal alors au final, je les aimais bien. En vérité, je me surprenais à regretter les humains vivants. Leur nourriture, leur alcool, leur musique, leur drogue, leur sentiment et leur joie de vivre. Tout cela me manquait. J’étais tellement désespéré que j’écoutais Allan Poe me réciter ses poèmes. Je me demandais pourquoi j’avais accepté ce dépressif ici. L’entendre pendant mes moments de doutes c’était un peu comme écouter une chanson de Nike Cave alors que l’on était au bord du suicide (comprendront ceux qui pourront ! Le 21ème siècle m’aura marqué !). Je le fis disparaître d’un claquement de doigts avant de bâiller. Asmodée, mon démon de la luxure caressait mon torse et léchait langoureusement ma joue. Pour me détourner de mes pensées lugubres, il n’avait cependant jamais été à mon goût comme la plupart des démons. J’avais couché avec lui (je couchais avec à peu près tout ce qui bougeait), mais il ne m’attirait plus. Je préférais les humains : Je préférais toujours les humains. Et c’était l’une de mes facettes que je gardais bien cachée au fond de moi. Il ne manquerait plus que mes démons me prennent pour une lopette. Soudain, un appel me sortit de ma torpeur. Quelque chose que je ne pensais plus entendre avant longtemps … Quelque chose qui allait enfin me permettre de m’amuser un peu. Je repoussai Asmodée en lui disant que j’avais à faire sur Terre. Un nouveau maître. Une nouvelle distraction.

J’apparus sur Terre. Je mis quelques secondes à m’habituer à mon nouveau corps humain, à l’oxygène, aux odeurs, aux bruits. Toutes les sensations étaient différentes, ici et il fallait toujours un temps d’adaptation, c’était un peu comme l’effet jet lag, pour vous, avec le décalage horaire. Le bruit assourdissant de l’opéra parvint enfin à mes oreilles et je serrai les poings. J’étais sur Terre depuis trente secondes et j’avais déjà mal au crâne (l’inconvénient de vivre dans un véritable corps). Le petit bonhomme déguisé se tourna vers moi. Pour une fois, je savais que je n’étais pas tombé sur un parfait abruti. (Je pouvais compter sur les doigts d’une main les hommes m’ayant appelé avec un véritable but). Il avait cependant cet air triomphant qui m’horripilait (oui, je vois à travers le masque. Non je ne suis pas Superman), il allait encore falloir que je mette les points sur les i. Je n’étais pas un chien. Celui qui m’utilisait condamnait son âme (et les maîtres que j’avais eus souffrent maintenant, je vous le garantis). Ce que les possesseurs de l’anneau n’avaient pas compris, c’était que je restais le Seigneur des Ténèbres, si je ne voulais pas obéir, j’avais la possibilité de le faire. Un ange et un humain n’avaient pas la même force de caractère (et encore, seuls les anges puissants pouvaient s’occuper de mon cas), je pouvais détruire et briser un humain qui me déplaisait.
Je détaillai mon petit homme du regard. Un look grotesque, des fringues has-been, il souhaitait juste être original dans une société conformiste. Bien sûr, je savais qui il était. Je savais ce qu’il avait vécu, pourquoi il avait besoin de moi, je savais même comment tout cela finirait (Bien entendu, pour ceux qui ne s’en doutent pas : Je gagne). Il semblait trop sûr de lui, trop fier … Et très énervant. Lorsqu’il brandit sa main sous mon nez (Avec MON anneau !), j’eus envie de lui attraper le poignet et de le lui briser, mais bien sûr, je n’en fis rien. En fait, ce qui me fit, légèrement sortir de mes gonds, ce fut d’entendre le mot « esclave ». Oui, il ne l’avait pas dit. Mais n’oubliez pas que le diable lit dans les pensées aussi (oui, je sais que vous êtes en train de penser à un sandwich au poulet !). J’attrapai ce lutin par la gorge et je le plaquai contre le mur. Je le soulevai bien au-dessus du sol, l’étranglant à moitié.

« Je ne t’obéis que parce que je le veux bien, William. Lucifer n’a pas d’autre maître que lui-même. N’oublie pas à qui tu t’adresses. Tu es bien placé pour savoir qu’à trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. »

Je donnai un violent coup de poing dans le mur juste à côté de sa tête en le regardant dans les yeux (mes pupilles étaient rouges écarlates), je fis trembler légèrement le bâtiment (je ne mesure pas ma force !) avant de le balancer à l’autre bout de la salle comme un vulgaire bout de chiffon. Je voulais simplement mettre les choses au point. Je n’étais ni son esclave, ni son ami, ni je ne sais quel autre stupidité du genre. Je me téléportai hors du bâtiment et je l’attendis devant la sortie. Bien sûr, j’avais profité de ce moment, je me doutais que je n’aurais plus l’occasion de le frapper avant un bout de temps. L’inconvénient de me retrouver au service d’un humain avec un cerveau, c’était qu’il allait sans doute me donner une série d’ordres pour que je ne tente rien contre lui ou l’anneau. Des ordres auxquels je serais obligé d’obéir puisqu’il ne semblait pas particulièrement réceptif à la manipulation mentale. Quelle déception. Lorsqu’il arriva (enfin), nous étions seuls dans la rue. Je n’esquissai pas un sourire, je ne montrais rien. Mais j’étais plutôt heureux (chose assez rare chez un démon), j’aimais les humains, sinon je ne m’intéresserais pas autant à leurs péchés et à leurs âmes ! J’aimais toutes les sensations qu’ils ressentaient sur Terre, je voulais les comprendre.

« Je sais déjà tout ce que tu veux faire, William. Je sais pourquoi et je sais comment ça va se finir. Maintenant, ce que je ne comprends pas c’est pourquoi tu m'as appelé ? Tu sais te débrouiller tout seul alors … Est-ce que je ne suis qu’un … Joker dans ton jeu ? Ou est-ce que tu as réellement besoin de moi ? »




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MessageSujet: Re: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeLun 14 Juil - 15:25

Lucifer ∞ Véni


« Le diable s'occupe de nous, et nous des autres. »


La réaction de Lucifer ne fut pas si étonnante que ça, au fond... Qui n'aurait pas régi de la sorte en voyant son pouvoir glisser entre les mains d'un humain aux pouvoirs nettement inférieurs ? Il m'attrapa par la gorge et me plaqua contre le mur, ne me laissant plus que très peu d'air pour respirer. Suffoquant à moitié, je posai par réflexe ma main sur son bras, sans pour autant chercher à me dégager de son étreinte. Je savais déjà que cela aurait été vain. Quelques paroles sifflantes sortir de sa bouche, auxquelles je ne prêtai pas trop d'attention. J'avais appris à mes dépens que les mots prononcés sous la colère n'étaient souvent pas véridiques. Lucifer était présentement comme un homme ayant perdu sa virilité et qui cherchait à la retrouver en s'imposant par la force et la violence. Lorsqu'il abattit son poing juste à côté de ma tête, faisant trembler le bâtiment d'un même temps, je ne cillai même pas. Je me contentai de soutenir son regard rouge et flamboyant. Il y connaissait quelque chose au feu, lui aussi... Je souris derrière mon masque. Au moins, lui, pouvait-il savoir ce qui se cachait derrière le masque sans que j'eus besoin de le lui dire, ou de le lui montrer. En fait, c'était déjà mon ami le plus intime, qu'il le veuille ou non, que nous nous haïssions ou pas, par la suite. Il savait tout de moi, d'un seul regard : mes pensées, mon passé, mes sentiments... J'étais plus proche de lui que je ne l'étais de n'importe qui d'autre. Alors que je commençai à suffoquer, il me lança à l'autre bout du bâtiment. J'atterris lourdement sur le dos et ma tête heurta le dallage. Quelques points noirs dansèrent devant mes yeux avant que ma vision ne se rétablisse lentement et que je puisse me relever, faisant craquer quelques articulations au passage. J'étais émerveillé par tant de force ! Il m'avait saisi et jeter comme si je n'avais été qu'une poupée de chiffon... Impressionnant, effrayant et merveilleux à la fois ! Je disposai à portée de main, grâce aux pouvoirs d'un si petit objet, d'une machine à tuer. Je pouvais engendrer un massacre si je le voulais. Je pouvais le faire détruire le monde, même... Heureusement que tel n'était pas mon but, n'est-ce pas ? Je n'étais qu'un humble marionnettiste, poète, acrobate, magicien, et tant d'autres choses à la fois... Rien de bien méchant. Rien de bien dangereux.

J'époussetai mes habits à fanfreluches et refixai correctement mon masque sur mon visage avant de sortir de l'Opéra, comme si de rien n'était. Mon Diable m'attendait à la sortie, comme un brave petit toutou, puisque je pouvais employer ce terme au risque de le mettre encore une fois en colère. Nous étions seuls dans la rue. L'air nocturne était frais et agréable. J'aimais beaucoup les nuits d'été, elles étaient les meilleures. Surtout lorsque éclataient des orages. Les pluies chaudes étaient les plus plaisantes, à mes yeux. Passons, là n'était pas le sujet qui nous rassemblait ici, cette nuit. Je lui souris et sautillai jusqu'à lui. Ainsi donc, il savait déjà tout... Ce n'était pas étonnant ! N'importe qui d'autre que moi lui aurait demandé des détails, moi non. Je ne voulais pas savoir ce qu'il savait, car il y avait toujours une possibilité de changer le futur et le cours des événements. Je partais du principe que l'avenir s'ouvrait sur une multitude de chemins différents et qu'il n'était déterminé que d'après nos actes. Si aujourd'hui le futur était d'une certaine manière, demain, il pouvait changer de façon très différente. J'en étais sûr. A ces paroles, je fis un salto arrière pour atterrir sur mes mains et me déplacer de la sorte autour de lui. Un Joker ou un pion très utile ? ... Seul l'avenir le dirait, non ? Il était toujours très important de disposer de cartes importantes, et Lucifer était primordiale. C'est avec lui, et lui seul, que je pourrais gagner. Car sans ça, la partie serait bien trop serrée... Je me remis sur mes pieds, faisant face à Lucifer. Deux êtres extrêmement différents. Le Diable sous le contrôle d'un humain... C'était cocasse ! Et certainement frustrant pour lui. Je tendis la main dans sa direction, comme pour passer une sorte de pacte ...

« Ce que tu seras, seul l'avenir nous le dira, qu'en penses-tu, toi qui as une si belle vision des choses ? » je penchai légèrement la tête sur le côté avant de baisser ma main le long de mon corps. « Voici ce que je te propose, Lulu : ne pas me tuer ou de me faire tuer par quelqu'un d'autre. Ne pas voler l'anneau ou le faire voler par quelqu'un d'autre. Ne pas me faire du mal ou laisser quelqu'un d'autre m'en faire... Et je pense que tout se passera bien, tant pour toi que pour moi.. »

Je serrais l'anneau dans le creux de ma main avant de le passer à mon doigt. Je penchai la tête sur le côté, une fois encore, plongeant mes yeux gris dans les siens. Je me perdis un peu dans ces deux prunelles de feu. Je me demandais, avec amusement et curiosité, où tout cela allait nous mener, lui et moi. Mais une chose était sûre : j'avais les pouvoirs de Lucifer dans le creux de ma main.

* De nos jours *

Assis sur mon lit, au sommet de la tour dans laquelle j'habitais, je lisais quelques papiers que l'un de mes voleur avait dérobé la nuit-même dans la grande bibliothèque gardée par le Dictateur. Je me laissai tomber sur les couverture, les bras levés au-dessus de ma tête pou continuer de lire, allongé sur le dos. C'est alors que, en un souffle, il fut ici. Cela faisait déjà quelques années que Monsieur était à mon service. Nous avions tout mis au point cette nuit-là. Désormais, nous étions comme les deux doigts de la main... Enfin, peut-être pas ? Sans me redresser, je lui adressai joyeusement la parole :

« Bonjour, Lulu ! Quel bon vent t'amène ? La réussite de la mission que je t'avais confié ? » je me redressai d'un bond sur mon matelas, posant les feuilles dérobées à côté de moi et tournant la tête en direction de mon cher Diablotin. « Ou simplement le plaisir d'être en ma charmante compagnie ? »

Je lui fis un immense sourire déformé par les brûlures qui rongeaient la chair de mon visage et me redressai, sautillant jusqu'à lui. L'anneau qui contrôlait Lucifer n'avait jamais bougé de mon doigt depuis que nous nous étions rencontrés. Parfois, je l'attachai à une chaîne que je passai autour de mon cou, mais plus souvent, il était à mon index, étincelant. Je me mis sur la pointe des pieds et déposai un rapide baiser sur sa joue. Comme d'habitude, ce geste me brûla les lèvres. Mais je n'en avais cure, mon visage était déjà si difforme...
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MessageSujet: Re: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeDim 28 Sep - 22:53

Le souffle du diable qui te susurre habilement des paroles mielleuses à l’oreille pour te mener à la tentation est empoisonné. Il s’introduit en un rien de temps dans les ténèbres de l’âme pour la dominer, c’est ça un démon.
Il y a une raison pour laquelle les démons sont devenus des démons… Dieu rend les anges fous.   ♡


« Monsieur Zakharov ! Quel bon vent vous amène ? De quoi avez-vous besoin aujourd’hui ?
Son sourire stupide m’horripila. Et la forme de son visage me faisait fortement penser à ce salaud de Raphaël. Je tendis ma main vers sa gorge (un peu comme Dark Vador, dans Star Wars, je n’ai pas besoin de faire le geste mais c’est la classe) avant de la baisser. Je dus me faire violence pour ne pas lui sortir les tripes de l’estomac. Je n’avais pas le droit de tuer n’importe qui, n’importe quand. Abruti de William.
- Je veux voir Cléo.
- Ah ! Elle est occupée pour le moment, mais Béa et Zéphir seront ravies de vous recevoir ! Elles s’occuperont bien de vous !
- JE VEUX CLÉO ! BORDEL ! »

Je donnai un violent coup de poing sur la table, ce qui eut pour effet de la fracturer. Je réprimai un sourire de satisfaction devant les yeux terrifiés de ce bon vieux George, gérant de l’un des bordels du Duc Lecomte. Il regarda la table avant de me fixer … « Oui en effet, si je peux briser un beau bureau en bois, je peux aussi briser ton crâne. » Je ne pris pas la peine de le dire à haute voix, il avait très bien compris. Il posa son stylo et ses documents et sortit de la pièce avec précipitation pour me récupérer Cléo. Je profitais de son absence pour jeter un œil à sa liste de client (Amusante cette expression, non ? Comme si on pouvait jeter ses yeux pour voir de plus près. Les humains inventent vraiment n’importe quoi !). J’aurais pu farfouiller dans son esprit aussi, pour avoir accès à ses listes, mais c’était beaucoup moins marrant. Je me défiais moi-même en m’imposant d’utiliser mes pouvoirs le moins possible. Donc j’usais simplement de persuasion et je récupérais mes informations comme un humain. Il fallait bien que je m’amuse puisque je n’avais pas le droit de tuer. Mon ami George revint et s’inclina.

« Cléo vous attend dans la chambre bleue, Monsieur. Amusez-vous bien.
- C’est ça. La prochaine fois que je viens, si tu essaies encore de me refiler une autre fille que Cléo, je te fais bouffer tes couilles par le nez, c’est clair ?
- Tr-très cl-clair…. »

Je crus qu’il allait se pisser dessus. J’éclatai de rire avant de monter le grand escalier qui menait aux chambres. Le XIXème était une époque délicieuse pour les prostituées. Les maisons closes, c’était là le paradis des humains. Et évidemment, j’en profitais un maximum. Cléo était une belle femme, typée indienne, de longs cheveux noirs et de magnifiques yeux de la même couleur, elle m’avait plu dès la première rencontre. Douce et habile à la fois, retenue mais perverse… Elle était un petit plaisir qui ne pouvait pas se refuser. J’entrai dans la chambre bleue et je fermai la porte avec ma délicatesse habituelle (LOL –comment ça vous ne savez pas ce que ça veut dire ? Ce sera dans le dictionnaire dans plusieurs années). Cléo se tourna vers moi et m’offrit un sourire resplendissant. Bien sûr, lorsque je lus ses pensées, ça disait « Encore ce pervers violent et sadique. Quand je quitterai ce travail, je les retrouverai tous et je les tuerai de mes mains. On verra qui hurlera comme ça ! ». J’aimais ces femmes emplies de haine. L’idée qu’elle me déteste m’excitait. Un sourire se dessina sur mon visage et je l’attrapai par les cheveux. (J’ai dit qu’elle était séduisante et que je l’appréciais, pas que j’étais gentil à son égard. Lucifer gentil, franchement vous y avez cru ?!). Elle gémit de douleur alors que je la plaquai sur le lit. Je la tenais fermement, la tête en arrière pour qu’elle ne me regarde pas, je fis disparaître mon pantalon (d’une main, faut avouer que c’est carrément chiant à enlever sinon). Sans attendre, je la pénétrai avec brutalité. Ses mains s’enroulèrent dans les draps alors que je la violai à moitié. Elle voulut hurler mais je plaquai mon autre main sur sa bouche. Elle me mordit. Cela ne fit que m’exciter d’avantage. J’accélérai mes va-et-vient dans son corps de déesse jusqu’à la jouissance. Tout mon être profita de cet orgasme fort appréciable en ces temps troublés et je pris une grande inspiration avant de la lâcher (Evidemment, ça vaut pas Pénélope Cruz mais on fait avec ce qu’on a sous la main, les amis !)

« Un plaisir comme d’habitude, Cléo. Lâchai-je dans un soupir satisfait en me rhabillant. Si nous avions été dans un monde parfait, à ce moment précis, Cléo aurait fermé sa jolie petite gueule. Mais en entrant ici, je savais déjà ce qui allait se passer donc ça ne me surprit même pas.
- Enfoiré de merde. Murmura-t-elle.
Je me tournai dans sa direction. Mon sourire avait disparu, mes yeux flamboyaient. Je voulais lui foutre la trouille et ça marchait à la perfection.
- Répète donc ça pour voir ?
- … Je … Euh … Pardonnez-moi, Monsieur ! Je ne le pensais pas.
- Mais bien sûr que tu le pensais, ma petite salope adorée. T’es une garce. Tu te crois plus maligne que tout le monde ici mais c’est loin d’être le cas. Je vais te révéler une chose….
Je m’approchai d’elle. Elle reculait mais fut coincée par le mur. Je posai ma main sur son front. Je choisis les passages de son futur les plus horribles dans mon esprit et un à un, je les insinuai dans le sien. Viol. Torture. Drogue. Hôpital psychiatrique. Plusieurs futurs, en fonction de ses choix. Je ne lui montrai que ceux qui la rendraient fort malheureuse. Elle hurla et s’évanouit.
- Tu fais chier Cléo. Maintenant, tu vas te suicider et j’vais être obligé de me trouver une nouvelle pute dans cette ville de merde. T’aurais pu être sacrément heureuse avec moi en Enfer, j’te jure. Mais tu m’as insulté. Et il faut que tu en payes le prix, tu comprends ? C’est comme ça que ça marche. Bélial se fera une joie de te torturer après ta mort. Il adore s’en prendre à mes prostituées favorites. Quel gâchis. »

J’attrapai ma veste et je l’enfilai avant de sortir de la chambre. Le hurlement avait rameuté les autres filles et le gérant. Mais lorsqu’il croisa mon regard, il se hâta de faire déguerpir tout le monde et de retourner à son bureau. Qu’est-ce que ça pouvait être amusant d’être le méchant ! Je ne m’étais pas éclaté comme ça depuis des années (William s’était un peu amusé avant de me laisser libre de mes actes –de la plupart-, il avait testé ce qu’il pouvait m’ordonner et ce qu’il ne pouvait pas m’ordonner –ce qui revenait à pas grand-chose, même si je ne voulais pas l’avouer, j’étais obligé d’obéir-, du coup, j’avais passé quelques jours bien chiants avant de pouvoir me divertir avec des prostituées !). Je marchai dans les rues d’un pas décidé (ouais, ouais, décidé !) pour me rendre chez un bourgeois dans les quartiers riches. J’aurais pu me téléporter évidemment, mais j’aimais utiliser mes jambes. Je me sentais … Humains. V’là la sentimentalité qui s’ramène. Cela n’avait rien à voir. J’appréciais simplement le fait de… Ressentir. Je frappai à la porte de mon futur nouvel ami.

« Qui est-ce ?
- Le père Noël.
- Le quo-
D’un coup de pied, je fracassai la porte et j’entrai, sourire aux lèvres.
- Bonsoir, bonsoir. En voilà une bien jolie demeure ! Et une bien jolie femme !
Je la pris contre moi de force. Une belle française aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Qui aurait eu envie de tromper pareille beauté si ce n’est un salaud ? Et les salauds étaient ma spécialité. Elle tenta de me repousser mais …. J’étais trop fort (évidemment que je l’étais, je défonce des portes mais elle pense pouvoir me faire lâcher en prise en me donnant des coups de coude ?).
- Lâchez ma femme !
- Pas avant de lui avoir expliquée les plaisirs de la sodomie, mon vieux !
- Qui êtes-vous bon sang ?!
- Je suis …. (Musique dramatique, ambiance lugubre, lumière tamisée) Ton pire cauchemar.
Ah ! Ce que je pouvais adorer dire ça ! Je n’avais pas le droit de le tuer bien sûr, mais lui, n’avait pas besoin de le savoir. Il croisa mon regard et ses jambes se mirent à trembler. Sa femme sanglotait dans mes bras. Au moins, elle ne criait pas.
- Sortez de chez moi, on ne veut d’ennuis !
- Fallait y penser avant. On doit avoir une petite conversation toi et moi sur ta passion pour les bordels du Duc Lecomte.
La femme le fusilla du regard (oui, dans ma position, je ne pouvais pas la voir mais je savais ce qu’elle pensait !). L’homme pâlit. Ce n’était pas très malin de visiter tous les bordels en donnant à chaque fois son véritable nom. Mais il n’avait pas l’air très malin, de toute évidence, il n’était qu’un messager.
- Sortez d’ici …. Il pleurait presque.
- Si je viole ta femme sous tes yeux, tu seras peut-être plus enclin à me parler ?
J’arrachai violemment le corset de la demoiselle en souriant. J’aurais pu lire dans ses pensées évidemment mais où était le plaisir dans ce cas-là ? J’aimais leur faire peur. Si je lisais dans les pensées de chaque humain pour avoir ce que je voulais, je m’ennuierais ferme !
- Arrêtez ! Que voulez-vous savoir ? … Voilà, il chialait. Je balançai la femme à l’autre bout de la pièce et je m’assis en face du monsieur.
- T’aurais pas du café ? Je sais que ta femme est dans les vapes mais tout le monde est capable de faire du café, même toi … Je suppose.
Il s’exécuta et me ramena ma tasse. J’attrapai son bras et je bus une gorgée. Il était fade. Comme lui et toute sa vie minable. Mais ce n’était pas mon genre de critiquer (en fait, si). Sans le lâcher, je plantai mes yeux dans les siens. Il ne connaissait pas le nom de son employeur ni son visage. Il ne faisait que livrer des paquets pour gagner des francs supplémentaires.
- C’est bon, j’ai tout ce que je voulais ! Merci bien mon vieux !
- … QUOI ? … Mais ! Qui êtes-vous bon sang ?!
- Je te l’ai dit, le père Noël, j’apporte des fessées à tous les gamins pas très sages. »

Je me levai et lui donnai un violent coup de poing dans le ventre (juste par plaisir oui). Je m’inclinai légèrement avant de sortir de sa baraque merdique. Il ne me restait plus qu’à …

Je pris une grande inspiration avant de disparaître et de réapparaître devant le bouffon, mon bouffon. Ce bouffon qui m’horripilait presqu’autant qu’il m’attirait. Il était énervant et différent. Mais une chose était certaine, je le détestais. Pas parce qu’il me traitait comme son chien de garde mais parce qu’il avait osé jouer avec cet anneau. Je comptais bien lui faire comprendre un jour qu’il ne fallait pas se prendre pour le maître de Lucifer. Pour le moment … Je devais simplement attendre que ça passe et obéir. Je n’avais pas le choix. Le son de sa voix me donna envie de le gifler (oui j’exagère mais rien qu’un tout petit peu, croyez-moi !). Il se leva et vint m’embrasser, comme l’auraient fait deux amis. Je haussai un sourcil, sachant très bien que ma peau était aussi brûlante que de la lave (mais je peux réguler ma température, ne vous en faites pas pour mes conquêtes, je ne les ai jamais brûlées involontairement). William était donc masochiste.

« Je déteste cette expression. Et ne m’appelle pas …Lulu. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Tu devrais me vénérer et te mettre à genoux devant ma puissance plutôt que de m’utiliser comme tu le fais, stupide humain. Je réprimai un sourire. D’une certaine façon, je ne le trouvais pas du tout stupide. J’aimais juste être méchant et désagréable (je ne suis pas le diable pour rien, non ?). Je lui balançai la tête de ma « mission » dans les mains. Alors, elle est réussite ma mission, là ? »

Je m’assis dans un fauteuil et je fis apparaître un cocktail entre mes doigts. Je le sirotai longuement en regardant mon bouffon jouer avec sa tête. Il m’amusait sans doute autant que je devais l’amuser.

« Crois-moi, il n’y a aucun plaisir à être en ta compagnie. Heureusement que tu me donnes des missions amusantes et que je peux passer par les bordels entre temps pour violer des filles. Sinon tu serais déjà mort et enterré. Bluff évidemment. Je ne pouvais pas le tuer, ni le faire tuer, ni le rendre fou (contrairement aux autres, il était solide). D’ailleurs, j’aimerais fortement que tu reviennes sur ta belle décision de m’interdire de tuer d’autres personnes que tes cibles. C’est inadmissible ! Est-ce que j’ai une tête à épargner les gêneurs ?! Ce n’est pas bon pour mes affaires que tu m’empêches de tuer. Je suis Lucifer, pas ton garde du corps. Merde. »

Je le fixai un petit moment. J’adorais son visage couvert de brûlures, je trouvais ça séduisant. J’aimais tout ce qui représentait la chaleur, le feu, les flammes…. Alors lui, il m’attirait. Bélial serait devenu fou s’il avait su cela. Mais au fond, qu’est-ce que ça pouvait me faire ?

« Et au fait, ne pense plus jamais au mot « diablotin » quand tu veux me désigner. C’est affreusement dénigrant. Tu sais ce qu’est un diablotin ? C’est une espèce de petit monstre rouge avec des cornes noires qui sautillent comme un demeuré toute la journée en répétant la même syllabe en boucle comme si quelqu’un pouvait le comprendre ! La différence majeure entre un diablotin et moi, outre que je suis un Dieu magnifique et le Roi des Enfers, c’est que j’ai un cerveau et pas lui. Peut-être que si tu faisais preuve d’un peu moins d’ignorance à propos de mon monde, je te trouverais un peu moins énervant. »




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MessageSujet: Re: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeVen 15 Mai - 1:21

Lucifer ∞ Véni


« Le diable s'occupe de nous, et nous des autres. »


Ce cher Lucifer... C'était toujours un plaisir, pour moi, d'être en sa charmante compagnie ! L'eau avait coulé sous les ponts depuis notre première rencontre à l'opéra ! Cela me faisait beaucoup rire, en y repensant. En vérité, je n'avais pas peur du diable. Je l'avais, après tout, moi-même invoqué, et je le contrôlais à ma guise : que craindre ? Je maîtrisais la situation, et si je gardais cela à l'esprit, il n'y avait aucune raison, pour moi, de m'inquiéter. Je restai toutefois sur mes gardes, j'aurais été le plus grand de benêt si je ne l'avais pas fait ! Quoiqu'il en soit, je savais que je finirais en enfer, lorsque je mourrais. Je vivrais un tourment éternel pour avoir ainsi utilisé le Diable à ma guise, et sans vergogne, lui confiant bien des tâches humiliantes et frustrant ses envies de destruction massives. Pourtant, je ne le regrettais pas, si cela pouvait me permettre de refaire de cette ville un monde meilleur pour tous les habitants. Il s'agissait aussi, bien sûr, d'une petite vengeance personnelle. On m'avait volé mon identité, ma couronne, mes droits, ma dignité... Je comptais les reprendre.
A bout de bras, j'attrapai la tête que Lucifer me lança. L'odeur était nauséabonde, mais c'était bien la personne qu'il fallait... Éliminer. Peut-être pas de cette manière mais, après tout... Pourquoi pas. Je la regardai quelques minutes avant de la poser lentement sur une table basse poussiéreuse. Je n'étais pas sadique, et ne comptais donc pas la garder en trophée, Lulu s'en débarrasserait plus tard, et ce, avec le sourire ! Je pencha lentement la tête sur le côté en le regardant, assit, à siroter un petit cocktail. Même assit, il dépassait ma taille. J'avais celle d'un enfant de treize ans, et lui, d'un géant des montagnes. Je lui arrivais, en tout et pour tout, au torse. Et encore ! Alors qu'il commençait à me faire un flot de reproches, comme à son habitude, j'en profitai pour grimper sur le lit et m'y asseoir en tailleur, sans cessé de le regarder attentivement, sourire aux lèvres.

« A vrai dire, tu as tort : tu ne peux pas me tuer. Mais je ne t'apprends rien, n'est-ce pas ? Tu es un petit diablotin apprivoisé... » Je lui souris un peu plus. Le provoquer était un passe-temps essentiel pour garder une bonne relation professionnelle avec lui : il ne semblait comprendre que nos joutes verbales. Lorsqu'il sortait de ses gonds, il devenait un peu plus fidèle. J'ajoutai : « Et puis, ce serait un peu trop facile si tu pouvais tuer tout le monde, à ta guise ! Les missions que je te confie n'auraient plus la moindre valeur, ni même le moindre challenge si tu pouvais apparaître devant la personne et tuer tout le monde en levant le petit doigt. »

L'affamer aussi, était une façon de garder de très bonnes relations professionnelles entre nous. A la manière d'un drogué en manque, je ne lui donnais qu'une petite ration de ses pilules, assez pour qu'il reste accro en ayant ses doses, mais pas suffisamment pour le satisfaire tout à fait. Aussi, j'étais le seul qui pouvait lui apporter satisfaction, et il revenait donc indéniablement vers moi. Je me gardais bien de le lui dire, mais Lucifer était extrêmement intelligent, cela allait sans dire, aussi, j'étais certain qu'il connaissait déjà tous mes petits manèges. Cela ne m'empêchait pas de les employer. Et cela ne les empêchait pas de fonctionner !
Je ne pus m'empêcher de rire, suite à sa petite explication sur les différences entre lui et un diablotin. Qu'importait ! Cela lui allait comme un gant, et je ne me priverai jamais de le surnommer comme bon me semblait. Il ne me faisait pas peur, et il devait le comprendre... Mais il le comprenait déjà. Tout cela, ce n'était que pour la forme, au fond... Je sautai à terre et atterrit sur mes deux pieds, droit comme un i avant de m'incliner profondément. Je déclarai ensuite :

« Je ne vois clairement pas la différence entre toi et un diablotin, si je m'en fie à ta définition... » je posai mon index sur mes lèvres et plongeai mes yeux dans le vide, en proie à une intense réflexion sur la question. Réflexion inexistante, bien entendu, je m'en donnais juste les airs. « Non, vraiment... Je ne vois pas ! Je te retrouve parfaitement dans la description du mot « diablotin », il n'y a pas à dire ! »

J'éclatai de rire en faisant un salto arrière avant de m'asseoir sur le bord de la table basse et de reprendre la tête entre mes mains. Je plongeai mes yeux au fond de ceux, sans vie, de cet homme et essayai de deviner quelle avait été sa vie avant de mourir. Je levai la tête vers Lucifer et, ayant repris tout mon sérieux, lui demandai d'une voix grave :

« Je veux connaître toute sa vie. Montre-moi ! Qui était-il, enfant ? A-t-il été violenté ? A-t-il aimé une jeune femme, adolescent ? Etait-il un père ? Va-t-il reposer en paix ? » je penchai la tête sur le côté, les yeux grands ouverts et intrigués. Après quelques secondes de réflexion, j'enchaînai : « Est-ce que ça fait mal de mourir ? Que ressent-on après ? Y a-t-il une lumière blanche ? »

Je me l'étais toujours demandé. Et j'avais peur, au fond de moi, de mourir. Même si ma vie n'avait pas de valeur, à mes yeux, l'inconnu m’effrayait et je voulais savoir à quoi m'attendre, pour ne plus être terrifié par toutes es questions... Lucifer le saurait, il savait lire dans mes pensées, mais je n'en avais nulle honte, même s'il n'hésiterai pas à se moquer de moi et de ma faiblesse. Les faiblesses façonnent les hommes avec leurs qualités. Les faiblesses sont ce qui font d'un homme un homme... Tout comme notre mortalité. Alors, autant s'y préparer. Je serrai la tête de l'homme dans mes mains en plongeant mes yeux gris dans ceux de mon serviteur.
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MessageSujet: Re: Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento !   Pentiti, cangia vita, è l’ultimo momento ! Icon_minitimeVen 15 Mai - 14:29

Le souffle du diable qui te susurre habilement des paroles mielleuses à l’oreille pour te mener à la tentation est empoisonné. Il s’introduit en un rien de temps dans les ténèbres de l’âme pour la dominer, c’est ça un démon.
Il y a une raison pour laquelle les démons sont devenus des démons… Dieu rend les anges fous.   ♡


Non. Je ne pouvais pas le tuer. Je n’en avais même pas l’envie à dire vrai, mais cela, il ne devait pas le savoir. Que m’apporterait sa mort ? Je retournerais en Enfer et je m’ennuierais à torturer des humains. La vie de Lucifer était ennuyeuse après des milliers d’années. Une petite guerre contre ces foutus anges m’aurait fait du bien, comme à la bonne époque. Mais ce n’était pas moi qui décidais de ces choses. Eh oui, contre toute attente, votre serviteur n’avait jamais déclenché aucune bataille. C’étaient les anges qui venaient nous chercher. Nous ne faisions que nous défendre. Que dites-vous de ce fait, humains croyant en la bonté de ces stupides êtres ailés ? La prochaine ne tarderait pas, sans aucun doute, mais en attendant, je me divertissais auprès de William et des humains. Il me provoqua avec un sourire. Je ne lui faisais pas peur, je le savais. Je ne m’énervais pas dans ce but. Le démon que j’étais adorait et détestait toute forme d’insultes et de provocations à la fois. J’étais beau, puissant, intelligent et il osait me traiter de diablotin apprivoisé, cela méritait une punition mais j’aurais pu tout aussi bien réagir par un éclat de rire. Il avait du cran, pour un tout petit homme. J’aimais ça. Il n’avait pas tort. Même si au final, il n’y avait aucun réel challenge sur terre pour Lucifer. Les humains étaient faibles, fragiles, faciles à tuer, faciles à convaincre de s’entretuer. Les éliminer était comme un jeu. J’en tuais dix, vingt autres sortaient du ventre de leur mère. Un jeu sans fin avec pour seule règle, mon amusement exclusif. Je suis Lucifer, que diable ! Les humains n’existent que pour se soumettre à mes désirs les plus pervers ! Mais lui, il m’empêchait d’assouvir mes besoins. Et il le faisait exprès parce que cela m’obligeait à le supplier de me laisser tuer. J’aurais sans doute dû essayer de me retenir, de lui montrer que tuer ne m’importait pas, que je pouvais faire le bien également, mais cela aurait été plus fatigant, moins amusant. Peut-être le ferais-je à l’occasion, pour voir sa réaction.

Je levai les yeux en le voyant se moquer de moi. Il ne rira plus autant dans quelques années. Cela me fit sourire. Je n’avais encore aucune idée du traitement que je lui réservais, mais tous les porteurs de mon anneau avaient atrocement souffert chez moi. Il y a un prix à payer pour chaque acte, William connaissait cette loi et il avait l’air de le supporter assez bien. Il n’était pas comme Henry Bravenheart, stupide bonhomme, qui, à la découverte de mon anneau, me fit réaliser tous ses désirs les plus idiots et qui, une fois en Enfer, ne supporta même pas que je lui coupe un doigt, il devint fou rapidement mais mes tortures ne s’arrêtèrent qu’après des centaines d’années. Aujourd’hui, il vivait au service de Léviathan et subissait des outrages constants. Ah, comme ce souvenir me paraissait agréable. Il me donnait des idées de torture à infliger à mon petit bonhomme, cela m’enchantait. Il serait mignon, sur un chevalet, écartelé éternellement. Je sirotai mon verre lorsqu’il leva la tête vers moi. Je sus tout de suite ce qu’il voulait savoir, un seul mot me vint à l’esprit : ENNUYEUX. Toutes ses questions étaient stupides. La lumière, le paradis. Des sornettes, et oui, ce mot n’est plus utilisé par personne mais j’aime me démarquer, vous le savez bien.

« Tu es ennuyeux quand tu veux. Qu’est-ce que cela peut faire ? Personnellement, je m’en fous de sa vie. Et de celles des humains en général. Il n’y a rien d’extraordinaire, d’intéressant dans vos vies misérables et pathétiques. Même si je dois avouer que la tienne est pas mal. Mon petit roi sans trône. »

Je lui souris et soufflai un baiser dans sa direction. Puisqu’il insistait, de toute évidence, je me levai et fis apparaître des images sur le parquet de la chambre. Les scènes défilaient au rythme de mes paroles.

« Lawrence Arabya, il est né d’un mariage entre un cousin et une cousine. Troisième enfant du couple, il souffre de ne pas être la priorité de ses parents. Pauvre chou. Il grandit pour s’orienter vers la religion. Mais entre nous, il a violé sa première gamine alors qu’il avait quinze ans et elle onze. Enfin quel prêtre n’est pas pédophile, hein ? Bref, blague à part, il tombe amoureux à vingt ans d’une fillette de huit ans, leur relation va durer cinq ans. D’ailleurs cette fillette traumatisée est tombée dans la drogue et a tué son dealer hier. Elle a signé son arrêt pour l’Enfer, génial non ? Je devrai remercier tous les pédophiles individuellement pour le nombre de gens qu’ils détraquent à ma place ! Ne fais pas cette tête, cette époque est une mine d’or de la pédophilie, ça se calmera un peu dans quelques siècles. La plupart des gens que tu connais ont vécu ça, certains tournent bien et d’autres deviennent des psychopathes : mes préférés. Il était père, de quelques bâtards, tous miséreux et dans la rue, d’ailleurs tu en connais un, le petit blond qui t’apporte des infos le mercredi. Il ne reposera pas en paix, j’y veillerai. Et ne vomis pas. Les images étaient dégoûtantes mais c’est toi qui m’as demandé de te montrer ! »

Je me rassis. Il ne manquait plus que ses questions existentielles. Il avait peur de mourir, c’en était presque touchant.

« Oui ça fait mal. Ton âme se détache de ton corps, mais ce n’est pas aussi douloureux que ce que tu as déjà connu, mon grand. On ressent tout, après. La douleur. La joie. La tristesse. Parce que ce n’est pas ton corps qui ressent mais ton esprit. Si je coupe le doigt d’un esprit en enfer, il aura aussi mal que si je lui coupais le doigt sur terre. Si je te torture en Enfer, tu auras mal. C’est le principe, cela n’aurait pas d’intérêt sinon. La seule différence, c’est que tu ne pourras mourir, la seule façon de mettre fin aux souffrances sera de me supplier. Et il n’y aura aucune lumière blanche, du moins pas pour toi. Il n’y a que les enfants qui connaissent la lumière. Les adultes voient leurs actes être mesurés, les bonnes actions, contre les mauvaises. Un meurtre t’envoie directement en Enfer pour des centaines d’années. Lorsque tu as payé ta peine, tu vas t’ennuyer au Paradis, un monde tout blanc, tout illuminé, tout pourri. Les anges traitent les humains comme des moins que rien, si tu savais… Tu t’amuseras plus en Enfer avec moi ! »

Ou pas. Vous savez, je vois l’avenir. Je sais ce qu’il va se passer. Mais comme tout avenir, cela reste hypothétique, les avenirs sont des centaines de possibilité. Il y en a certains qui ne plairont pas à William. D’autres qui seront tout en sa faveur… Et d’autres encore qui me paraissent surréalistes mais qui nous conviendraient à tous les deux… Je ne peux pas affirmer ce qui arrivera mais … Je sais déjà lequel me plait le plus. D’un geste rapide, je disparus pour réapparaître juste en face de mon bouffon. Pour l’embrasser sur les lèvres.

« Satisfait par mes réponses sur tes questions personnelles ? Tu ne verras pas Dieu lorsque tu perdras la vie. Et crois-moi, il ne vaut mieux pas le voir. Aucune ange ne t’emmènera au paradis ou ne viendra te sauver. Les anges ne se soucient nullement des humains, ils se trouvent supérieurs, ils sont hautains, suffisants, ils ne leur adressent même pas la parole. J’adore les humains, ils sont comme des marionnettes avec lesquelles je peux jouer et apprendre. Tu as de la chance d’être tombé sur moi. N’importe quel autre être immatériel t’aurait ri au nez et aurait refusé de te parler. »




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