The Mysteries of Paris
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 Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !]

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MessageSujet: Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !]   Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !] Icon_minitimeSam 8 Fév - 16:04

Vincent & Ben


« Les âmes des morts restent là où ils ont vécu. Lorsqu'il n'y a pas de bruit, pas de vent, on entend les esprits. »

Comme chaque premier dimanche du mois, je déposai une rose blanche sur sa tombe. Elle avait toujours aimé ces fleurs immaculées. Elles représentaient sa pureté. Je mis un genou à terre, la tête basse, dans une prière silencieuse. J'étais sobre, aujourd'hui. Ça ne durerait pas longtemps, mais je tenais à être moi-même, là où elle reposait pour l'éternité. Ma main vint doucement se poser sur la pierre tombale. On disait que les portes du Paradis ne s'ouvraient pas aux suicidées, mais j'étais sûr qu'elle avait trouvé sa place Là-Haut. Jamais Hélène n'aurait pu aller en enfer. Si seulement j'avais été présent pour elle, jamais elle ne serait tombée amoureuse d'un autre, et si cet autre ne l'avait pas laissé tomber, jamais elle ne serait morte. Je vouais une haine féroce envers ce jeune homme au cœur damné, et si jamais, un jour, je venais à croiser sa route, il payerait le prix fort pour avoir arraché ma flamme de vie. Je me redressai et passai une main dans mes cheveux presque noirs pour les rejeter en arrière et les gominer. Je soufflais une dernière prière et tournai les talons, sortant du cimetière. Mes bottes en cuir étaient entièrement recouvertes de boue, car il avait plu durant la nuit. Il ne cessait de pleuvoir, ces derniers temps... Ce qui était sans doute normal pour un mois de Mars. Le printemps allait bientôt pointer le bout de son nez. Hélène aurait été radieuse, elle adorait le printemps, comme elle adorait la campagne. Je gardais une nette image d'elle, lumineuse, ses cheveux blonds détachés, alors qu'elle courait, pieds nus, pour la première fois depuis sa petite enfance, dans l'herbe verdoyante qui longeait mon manoir de campagne, aux abords de Lyon. Nous avions passé de merveilleux moments, les plus merveilleux de ma vie. J'étais bien plus âgé qu'elle, à dire vrai, de cinq ans son aîné, et étais déjà diplômé de médecine. J'avais peu de temps à lui consacrer, je devais bien l'avouer... Pourtant, nous avions passé de merveilleuses vacances. Nous attendions notre mariage proche pour unir nos corps l'un à l'autre... Mais elle s'était suicidée peu avant. Et tout était parti en fumée : le mariage, la bague, son rire, et même ses cheveux d'or alors qu'elle courait au vent. J'essuyai les larmes qui picotaient mes yeux avant d'entrer dans un bar et de commander un double scotch que je bus cul sec. Depuis la mort d'Hélène, je n'avais cessé de boire, c'était devenu comme un état second. Je buvais, je buvais, encore et encore. Pourtant, malgré mon alcoolisme tenace, j'avais l'esprit très clair, et je travaillais sans relâche, dans mon laboratoire situé dans le huitième arrondissement. J'avais acheté ce bâtiment huit ans auparavant, soit deux ans après la mort de ma fiancée. J'y faisais à ce jour un grand nombre d'expériences dont certaines pourraient être qualifiées d'illégales. Mais, au grand jour, je proposais des idées qui aidaient la médecine et la science à faire de fabuleux bonds en avant, alors on ne me dérangeait pas, et j'étais même plutôt célèbre et reconnu. Hélène serait fière de moi.

Après un autre verre, je sortis du bar et entrais dans le bâtiment qui me servait de laboratoire. Je descendis au sous-sol et déverrouillai la lourde porte qui en bloquait l'entrée. D'immenses étagères bordaient les murs, remplies de bocaux dont le contenu était pour le moins étrange. En vérité, il s'agissait principalement de différents organes d'animaux – principalement du porc et de vache – ainsi que quelques cœurs et foies humains. Rassurez-vous, je ne tuais personne J'étais un scientifique, pas un assassin. A dire vrai, un collègue me fournissait pas mal de cadavres que je pouvais examiner et dont je conservai certaines choses. Après tout, ça ne leur servait plus à rien, maintenant qu'ils étaient morts. Autant qu'ils servent à une bonne cause ! Et quelle cause... Cela faisait huit longues années que je travaillai sur un projet en particulier : celui de ramener ma fiancée à la vie. Je m'approchai au fond de la pièce. Un cadavre était encore allongé sur la table d'opération et dégageait une odeur peu ragoûtante qu'il me faudrait évacuer de toute urgence avant qu'elle ne s'amplifie et ne s'étende dans le quartier. Tout au fond se trouvait comme un immense cercueil de verre dans lequel était soigneusement installée ma douce Hélène. Elle avait perdu toutes ses belles couleurs, et ses cheveux, jadis d'or, étaient devenus très ternes. Mais je comptais bien la faire revenir parmi les vivants. Pour le moment, je conservais son corps en bon état grâce à un système de congélation prolongé que j'avais instauré moi-même, ce qui empêchait au corps de moisir. Ma douce et chère Hélène. Je me perdis dans sa contemplation quelques instants. J'avais moi-même exhumé sa tombe, le lendemain de son enterrement. Mais personne n'en savait rien, et je me rendais tous les premiers dimanches du mois au cimetière, pour avoir bonne conscience auprès de Dieu.

Je retournai près de la table d'opération après avoir frôlé le dôme de verre du bout de mes doigts et attrapai mes instruments de travail. Je mis des gants – toucher physiquement tout ça, très peur pour moi, et bonjour l'odeur et la contamination ! – et plongeai mes mains dans le cadavre ouvert. Je lui retirai méticuleusement le foie que je plongeai dans le bocal rempli d'un liquide translucide qui n'attendait que ça. Je refermai précieusement le couvercle et le rangeai sur l'étagère, avec les autres. Il fallait maintenant que je teste la compatibilité avec Hélène. Tout ce que je faisais, la plupart ses scientifiques de notre époque l'ignoraient. Ils se contentaient de tâtonner, alors que moi, je faisais de réelles avancées. Lorsque j'aurais ramené Hélène à la vie, ils comprendraient tous et m'acclameraient en héros. J'allais faire faire un bond en avant à la médecine, qui serait alors considérée comme le plus noble de tous les arts. Dommage que le sang soit déjà coagulé sur les cadavres, et que je ne puisse plus faire des tests sanguins. Ça irait beaucoup plus vite que de tester les organes, et ce serait surtout beaucoup plus fiable. Peut-être pourrais-je faire une annonce ? Je payerai quiconque se porterait volontaire pour me donner un peu de son sang. Je savais que plusieurs pauvres ou plusieurs ouvriers seraient ravis. Après, je n'aurais qu'à attendre que la personne compatible meure... Plus ou moins accidentellement. Un sourire se forma sur mon visage alors que je pensais à tous ces beaux projets. La journée passa ainsi, dans la pénombre de mon laboratoire secret. Je finis par recoudre le cadavre vidé de ses organes vitaux et de le remettre dans son cercueil. J'enverrais ensuite la dépouille à l'Ordre qui finirait de faire quelques expériences, à leur tour. C'était comme ça que ça fonctionnait : Matthew, moi, l'Ordre. Parfois, c'était l'inverse : l'Ordre, moi, Matthew, et d'autres fois, je passais en dernier, mais alors il n'y avait plus rien à récupérer sur les cadavres, ce qui ne m'intéressait nullement. Je nettoyais la pièce de fond en comble, me lavai les mains et m'aspergeai d'un peu de parfum, pour sentir autre chose que le cadavre pas frais.

Je pris le temps de rentrer chez moi, car si mes parents étaient morts, me léguant leur fortune, et mon père son titre de Marquis de Préville, j'avais une petite sœur à charge. En réalité, elle aurait dû avoir dix-huit ans aujourd'hui, et s'être mariée à un Duc, ou un comte. Mais, en réalité, elle n'avait que l'apparence d'une enfant de neuf ans, tout comme la mentalité. Elle resterait à jamais une enfant, à cause de l'une de mes expériences premières qui avait mal tourné. Émilie en avait subi les conséquences, mais elle ne m'en voulait pas. Elle resterait une petite fille jusqu'à ça mort, et cela semblait l'enchanter. Le scandale avait fait la Une des journaux, et, depuis, tous les enfants et les nobles évitaient soigneusement ma petite sœur. Elle ne semblait pourtant pas souffrir de solitude, et je l'élevais désormais un peu comme si j'avais une fille. Au moins, en passant du temps avec elle, j'oubliais Hélène pendant un moment. Je savais qu'Émilie m'en voulait de ne pas passer assez de temps au manoir, de toujours être ou au bar, ou en train de travailler... Mais elle comprendrait, plus tard. A moins qu'elle ne comprenne déjà. Car elle était extrêmement intelligente, derrière son masque de petite fille de neuf ans. Nous mangeâmes tous les deux, ce soir. Elle me raconta sa journée, les livres qu'elle avait lus, les dessins qu'elle avait faits. Moi, je n'avais rien à dire. Je l'écoutais donc parler avant de monter la coucher et de sortir me promener. Je saisis la flasque que je gardais dans une poche de ma veste et voulu en boire une gorgée... Mais j'étais à sec. Je poussai un grognement et entrai donc dans un bar où je commandai un grand verre de whisky. Je bus ainsi toute la soirée, passant du whisky au gin, du gin à la vodka, de la vodka au scotch. Tard, à je ne sais quelle heure, je finis par me lever, le pas lourd, la bouche pâteuse, les yeux piquants de larmes. Je poussai la porte du bar et entrai littéralement dans quelqu'un. Je redressai la tête, les joues rouges à cause de l'alcool, l'air renfrogné.

« Vous ne pourriez pas faire attention, oui ? »[/b] bougonnai-je en levant la tête vers l'inconnu. Je ne sais pour quelle raison, mais je reconnus immédiatement ses traits, son visage. Émilie m'avait empêché de le retrouver pour lui casser la figure. Mais c'était lui. Là, juste devant moi, le visage fier dans ses habits proprets. L'alcool aidant, je ne réfléchis pas et m'écriai-je : « Mais c'est VOUS ! C'est VOUS !! Espèce de sale fils de putain de meurtrier !! » Je le frappai en plein visage. L'alcool me donna plus de force que je n'en possédai, sur le coup, mais mon bras retomba mollement le long de mon corps alors que je vacillai en avant.
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Benjamin Anderson

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MessageSujet: Re: Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !]   Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !] Icon_minitimeMer 4 Juin - 20:31

Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.
Avant, je volais pour survivre. Aujourd’hui, je survis pour voler. C’est tout ce que je sais faire et c’est toute ma vie.  ♡


Je crachai un petit morceau de dents, ainsi que du sang puis je levai les yeux vers mon adversaire. J’essuyai mes lèvres du revers de la main avant d’afficher un sourire en coin, satisfait. Il m’attrapa par le col de ma chemise et me remit debout, sa colère était palpable et je ne savais pas me défendre. Je souriais cependant, j’avais une confiance excessive en ma bonne étoile et je savais que j’allais m’en sortir. Son poing s’abattit une seconde fois, dans mon estomac. Je laissai échapper un soupir de douleur mais je serrai les dents, j’avais une résistance à la souffrance plus élevée qu’un homme normal, alors ce n’étaient pas quelques coups qui m’arrêteraient. Il me poussa violemment contre le mur derrière moi et ma respiration fut coupée pendant une demi-seconde. Il me cracha dessus avec dédain avant de me lancer un « Tu vaux même pas la peine que j’me fatigue, fils de putain. Et que j’te r’vois plus, toi et ton sourire, par ici, sinon c’est en-dessous de la ceinture que je cognerais. » Il retourna dans son bar miteux et claqua la porte derrière lui. Je soupirai de soulagement et je passai une main dans mes cheveux pour retrouver un peu de prestance. Je desserrai mon autre poing et laissai apparaître un bout de papier froissé. Mon sourire s’élargit. J’aurais pu récupérer cela sans que mon homme ne s’en rende compte, évidemment. Cependant, je l’avais un peu provoqué après l’avoir vu frapper une demoiselle, eh oui, personne ne le savait mais j’étais un véritable chevalier servant, un héros, sans me vanter ! … Un héros qui ne savait pas se défendre, bon. L’important, c’était de détourner son attention de la jeune femme pour qu’elle puisse partir, après, encaisser quelques coups, c’était facile, j’étais même un expert en la matière !

Je me relevai en m’appuyant sur le mur derrière moi. Il était temps pour moi de rentrer me changer. Ma quête du moment était presque terminée, j’étais ravi. Je songeai à retourner dans mon vieil appartement délabré … Mais j’avais maintenant un autre endroit où je pouvais faire ce que j’avais à faire … J’esquissai un sourire et me dirigeai vers l’immeuble où vivait John. John, l’homme dont j’étais éperdument tombé amoureux en un seul regard. Il était beau, brillant et m’avait accepté dans sa vie si rapidement que j’étais bien obligé de croire qu’il m’aimait bien. Cependant, en amour, j’étais dépourvu de chance : Les cochons auraient des ailes le jour où John se déciderait à ressentir les mêmes sentiments que moi…. En y repensant, cet amour était dépourvu de toute logique, je n’étais jamais tombé amoureux, j’étais plus hétérosexuel qu’homosexuel, et John et moi étions très différents. C’était sans doute mon châtiment pour tous les péchés que j’avais commis. La patience n’étant pas l’une de mes vertus, l’attente risquait d’être très, très longue, mais j’étais déterminé à gagner son amitié, puis sa confiance et enfin son amour. Je savais que je pouvais parvenir à l’apprivoiser… J’ouvris la porte, il n’était pas chez lui. Je supposais qu’il travaillait sur une enquête, il pouvait disparaître des jours pour suivre un criminel. Cela n’était pas dérangeant, j’avais moi-même besoin de liberté, ce qui m’inquiétait en revanche, c’était qu’il en oubliait de se nourrir. Je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose. J’allais dans la chambre pour me changer puis je m’occupais de soigner ma lèvre pour que la blessure ne soit pas visible. Une fois sur mon trente-et-un, je me rendis au lieu indiqué sur le bout de papier. Il s’agissait d’un bar luxueux. Je n’avais plus qu’à attendre ma cible, assis à une table dans le fond de la salle, à l’abri des regards.

L’homme que j’attendais arriva, il avait l’air inquiet et s’installa au bar en tremblant légèrement. Il n’était pas dans mes habitudes de m’attaquer à un homme dont le compte en banque était peu rempli, cependant … Il avait un tableau que je désirais ardemment depuis des années. Je n’avais pas trouvé l’œuvre chez lui, il devait la garder ailleurs et pour cela, il me fallait le suivre. J’avais mis du temps à le trouver, si je savais où se trouvait sa maison, cela ne signifiait pas qu’il s’y rendait souvent. Ainsi, il m’avait fallu me renseigner d’où ma bagarre un peu plus tôt... Je soupirai. La filature était un travail pénible et ennuyeux mais j’étais motivé. Il but quelques verres et se leva enfin. Il sortit. Je le suivis discrètement. Je restai derrière lui, à une bonne distance. Nous marchâmes une bonne demi-heure, avant qu’il ne se décide à entrer dans un second bar. Je n’étais pas prêt d’arriver à destination. Je m’apprêtai à le suivre mais au moment où j’allais entrer, un homme me percuta de plein fouet (choix de mot étrange … Passons). Il avait l’air d’avoir bu. Je ne relevai donc ce qu’il me dit. L’alcool était la solution de certains pour oublier, grand bien leur fasse, ce n’était pas mon problème. Je comptais passer mon chemin lorsqu’il commença à m’insulter plus violemment. Il me reconnaissait. Je le regardai des pieds à la tête, me demandant si j’avais pu oublier le visage de quelqu’un qui semblait tant me haïr ? J’étais plutôt physionomiste pourtant … Un éclair de fureur passa dans ses yeux, une telle haine me paraissait improbable car personne ne m’avait jamais vraiment détesté (excepté l’épouse de mon père peut-être mais elle me l’avait toujours montré avec une profonde indifférence, ce qui au final, était plus agréable). Il me donna un coup de poing dans la mâchoire. Le deuxième en quelques heures ! Je caressai doucement ma joue, la douleur m’étant familière, surtout à cet endroit, je devais avouer que je ne ressentais plus grand-chose.

« … Vous devez vous tromper de personne, Monsieur. Je ne vous connais pas… Vous êtes saoul et vous ne savez sans doute plus ce que vous dites. Alors je vais vous laisser cuver tranquillement et je vais m’en aller. »

Je le dépassais et repartis dans la rue, ma mission était annulée. Cependant, je ne pouvais pas m’empêcher d’être inquiet, si cet homme m’avait vraiment reconnu, moi, Benjamin Anderson, cela risquait de poser un problème…





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MessageSujet: Re: Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !]   Le pardon n'est pas envisageable pour les lâches. [Pv ; Ben !] Icon_minitimeVen 20 Juin - 20:23

Vincent & Ben


« Dans la vie, il y a des choses plus douloureuse que la mort... Car la mort n'est qu'un instant, mais une vie de malheurs et de souffrance est continuelle et détruit l'âme et le cœur de celui qui l'endure. »

Tout allait très vite... Mes pensées n'étaient pas claires. Je n'arrivais pas à réfléchir correctement. Je savais que quelques idées traversaient mon esprit, mais je ne parvenais pas à les exprimer, ou à mettre la main dessus... Tout ce que je voyais, c'était son visage. Le visage de ce salaud. Cet homme qui avait pris ma femme. Qui l'avait séduite avant de la détruire et de passer à autre chose. Mais moi, je ne pouvais pas oublier... Jamais ! Des larmes me brouillèrent la vue. Je les chassai d'un revers de manche et me redressai de toute ma hauteur. Il ne se rappelait plus de rien ! Il ne se souvenait même plus de moi... Ni d'elle, sans doute. Ma douce, ma chère, ma tendre Hélène... Si innocente, si pure et si joyeuse... Il l'avait tué. Il m'avait tué. J'allais le tuer. Un éclair de folie passa dans mon regard et un rictus méprisant naquit sur mes lèvres. Le tuer serait trop doux. Il parlait... Je crois. Je vis sa bouche s'ouvrir et se fermer, mais n'en saisis pas exactement les paroles... Tout ce que je compris, c'est qu'il s'en allait... Il recula de quelques pas avant de faire présentement demi-tour.

« LÂCHE ! » m'entendis-je hurler à plein poumon. « Espèce de lâche !! ... »

Il se mit brusquement à pleuvoir et je fus bientôt trempé jusqu'aux os, debout au milieu de la rue sous le regard ahuri et dégoûté de quelques passants pressés. Je jetai ma bouteille contre la façade d'un bâtiment, et elle explosa en mille morceaux. J'allais le tuer... J'allais le tuer lentement... Un rire morne, sans joie, sans passion, un simple rire dégoûté de ma vie et de ce que je devenais, sortit de ma bouche. Je plongeai une main légèrement tremblante dans la poche de ma veste et en ressorti deux petites seringues. En bon scientifique que j'étais... Il fallait savoir repérer les bonnes opportunités. A tout instant. Je me mis en route, d'un pas plus assuré que jamais. La pluie semblait dissiper le brouillard et éclaircir mes idées. Je rattrapai bien vite le fuyard, sachant qu'une autre opportunité comme celle-ci ne se représenterait sûrement plus jamais. D'une main ferme, l'alcool aidant mes muscles, je plaquai ce salaud contre le mur et le regardai droit dans les yeux, sans ciller. Il allait connaître une douleur pire que la mort. Oui... Oh, oui... J'enfonçai les deux seringues pleines d'un puissant anesthésiant dans son cou. Il se débattit bien faiblement. Je le sentais paniquer, à mon plus grand plaisir. Il avait bien raison d'avoir peur... Doucement, ses muscles se détendirent, et sa tête dodelina sur mon épaule. Je le repoussai d'un coup de genou dans le bas-ventre, et il alla s'affaisser contre le mur de la ruelle, derrière lui. Je me laissai tomber sur le sol, moi aussi, la respiration haletante, les cheveux plaqués sur mon crâne à cause de la pluie qui ne cessait de tomber, drue. Je plongeai ma tête dans mes mains, oscillant entre tristesse et contentement. Je n'avais toujours pas les idées claires... Je ne parvenais pas à les classer dans un ordre bien précis. Que devais-je faire maintenant ? Oh mon Dieu... Que m'apprêtais-je donc à faire ? Je n'avais jamais travaillé que sur des cadavres... Mes yeux se portèrent sur le corps inerte de ce Benjamin Anderson. Car c'était lui, malgré son maquillage, malgré ses costumes ridicules pour se cacher. Seuls les lâches se dissimulaient ainsi aux autres et à eux-mêmes.

Le corps... Cette pensée me fit tressaillir et me réanima. Je me traînais, à genoux, jusqu'au corps de Benjamin et attrapai ses chevilles pour le tirer vers moi. Le tout allait être de le transporter jusqu'à mon manoir, à présent... Je pris une grande inspiration, tâchant de rassembler mes idées comme je le pouvais. Je n'étais pas assez fort pour porter un homme endormi comme ce Benjamin, cela allait de soi... Il ne me restait donc qu'une solution. Une solution qui ne me plaisait guère, car je m'étais juré de ne jamais l'appliquer... Mais en de telles circonstances... Je poussai un léger soupir et dissimulai le corps derrière un tas d'ordures. Je ne me faisais aucun souci, avec la dose d'anesthésiant que je lui avais injecté, il dormirait profondément, au mieux jusqu'à demain. Je me mis donc rapidement en quête de Jean, mon ancien valet. Il avait démissionné en découvrant mon projet, celui de ramener ma défunte fiancée à la vie. Cependant, il me devait la vie. Il était donc tenu de me rendre au moins un service, c'était la moindre des choses... J'appréciais beaucoup Jean, à l'époque où il me servait, et je devais vraiment être au fond du trou pour lui quémander une aide quelconque. Fort heureusement, je ne fus pas obligé de parcourir les rues de Paris pendant très longtemps... Ses fréquentations n'avaient pas changé, depuis le temps, et je le trouvais dans un petit bistrot au coin du huitième arrondissement. Sans un mot, je me laissai tomber à côté de lui, grelottant de froid, tremblant à la fois de haine et de fatigue. D'un geste, il congédia ses compagnons de tablé et me regarda sans mot dire. Sa position m'interdisait de m'adresser la parole le premier, de toute façon. Après tout, j'étais marquis... Cependant, il commanda pour moi un verre de whisky que je bus cul sec avant de tourner les yeux dans sa direction.

« J'ai besoin de ton aide... » Lentement, il hocha la tête. Je le mis en garde : « Ne pose pas de question. Ne me demande rien. Et nous serons quitte une bonne fois pour toute. » Il plongea ses yeux dans les miens, toujours silencieux. « S'il fallait qu'il en vint quelque chose aux oreilles des autorités... » Commençai-je à le mettre en garde. Mais je n'eus pas besoin d'en dire d'avantage. Il hocha la tête, une fois encore.
« Vous êtes soûle... »

Se contenta-t-il de constater. Ce à quoi je haussai les épaules : soûle, je l'étais constamment. Nous nous levâmes d'un même mouvement et, lentement, je l'amenai là où j'avais laissé le corps de Benjamin quelques instants plus tôt. Ce ne fut pas une mince affaire, car je n'avais que des souvenirs flous du lieu et de l'endroit... Fort heureusement, la chance était avec moi, semblait-il. J'enlevai les quelques ordures qui dissimulaient le corps inerte de Benjamin et tournai la tête vers Jean qui restait impassible. Il s'agenouilla près de l'homme et tata son pouls, sûrement soulagé de constater qu'il était toujours vivant.

« Que voulez-vous que je fasse ? » s'enquit-il simplement, sur un ton neutre mais las. Pas un seul instant, je me dis qu'il aurait pu m'assommer et aider Benjamin à se réveiller tranquillement dans le lit d'une auberge. Il en aurait pourtant eu l'occasion... Mais malgré tout, Jean avait un sens de l'honneur extrêmement développé... Il avait une dette à effacer, et il comptait la payer.
« Aide-moi à le transporter. » marmonnais-je d'une voix pâteuse.

Maladroitement, j'agrippai les chevilles de Benjamin alors que Jean l'attrapait sous les aisselles pour le soulever. Aussi précautionneusement que si nous venions de profaner une tombe, nous nous dirigeâmes vers mon manoir en prenant soin de rester plongé dans l'ombre. Jean m'aida à déposer le corps de Benjamin sur le sol, dans le hall d'entrée, mais il ne fit rien de plus. Sans un mot, il s'essuya les mains sur son pantalon et, sans même me saluer, disparut, comme un fantôme désireux de se faire oublier. Je finis donc seul de traîner Benjamin jusqu'au sous-sol, où je gardais tout le fruit de mes expériences. Sa tête heurta plusieurs fois les marches, mais je n'en avais cure, je ne souhaitais pas son bien-être. Le plus dur fut de le hisser sur une table d'opération, mais, chose faite, je réussis à serrer de puissants liens autour de ses poignets. S'il tentait de bouger trop frénétiquement, la corde s'enfoncerait profondément dans sa chaire, et il se mettrait fatalement à saigner, se vidant lentement de son sang. Assez lentement pour que je puisse pratiquer quelques opérations sur lui sans risque de trop abîmer ses précieux organes.
Il avait tué Hélène, maintenant, il allait m'aider à la ramener à la vie. De gré ou de force.


* * *
A partir de là, je revins toutes les heures, guettant son réveil. Finalement, c'est tard dans la nuit que je le vis ouvrir les yeux, si lentement que s'en était affligeant. Je bus une grande gorgée du cognac que je gardai dans une fiole et m'approchai de la table où il était retenu prisonnier. Un sourire qui ne présageait rien de bon se peignit sur mes lèvres alors que je le regardai jeter des coups d’œil ahuris autour de lui. Finalement, alors qu'il essayait mollement de détacher ses liens, ses yeux tombèrent sur moi. Il s'arrêta net dans ses mouvements sans me lâcher du regard, pendant quelques secondes, avant de souffler :

« Vous ? Mais qu'est-ce que... »

J'attrapai un scalpel et commençai à l'essuyer à l'aide d'un petit chiffon. Sans tourner la tête vers lui, je répondis d'une voix calme et mesurée à son interrogation interloquée :

« Inutile de vous débattre... Ce serait douloureux. Pour vous, pas pour moi ! »

Il parut assez effrayé. Et je dois dire que cela me fit sourire encore plus. Je plaçai mon scalpel sous sa gorge, testant la largeur de la larme en sifflotant une petite mélodie entre mes dents.

« Vous savez... Vous n'êtes pas obligé … J'ai de l'argent. Beaucoup d'argent, même ! Je vous payerai très cher si vous me laissez partir. »

L'adrénaline monta dans mes veines. Sentir sa gorge serrée par l'anxiété sous la lame de mon scalpel m'excitait. J'enfonçai légèrement l'outil chirurgical dans la chaire de son cou et me penchai au-dessus de lui. Il pouvait très certainement sentir mon haleine alcoolisée, à présent.

« Tu crois que ton argent va réparer ce que tu as fait à ma fiancée ? Elle est morte par ta faute ! »

Parler d'elle était si douloureux... Elle était si belle, si innocente... Et il l'avait détruite en lui faisant de belles promesses et en la manipulant. Il l'avait tué ! Tout cela était entièrement de sa faute !! Il allait amèrement regretté son attitude suffisante, ce merdeux ! Garde ton calme, Vincent. « Mais je ne l'ai pas tué... ! C'est vous l'unique responsable de tout ça. A votre avis, pourquoi avait-elle besoin de réconfort dans les bras d'un autre ? »
« Tais-toi... TAIS-TOI !!»

Je lui enfonçai brusquement une seringue dans la jugulaire. Elle contenait un puissant produit qui lui bloquerait les cordes vocales pendant plusieurs heures d'affilées. Au moins ne geindrait-il pas pendant les délicates opérations. Il ne pourrait que pleurer et tenter de se débattre sans comprendre. Je le giflai, hors de moi, la respiration saccadée, les yeux écarquillés par ma fureur grandissante. Il fallait que je me calme. J'attrapai sa tête entre les doigts de ma main gauche et plongeai mes yeux dans les siens, me retenant de lui cracher dessus.

« C'est TOI qui l'a tué. TOI !! »

Je repoussai brusquement sa tête contre la table d'opération et me retournai vers la table où étaient exposés scalpels, fils chirurgicaux et autres outils, comme des pinces, par exemple. Je comptais lui prendre un maximum de choses avant de le laisser crever comme il méritait de crever. J'attrapai un scalpel et me retournai vers ma victime. Je le tenais enfin. Une étrange euphorie déferla dans mes veines alors que j'appuyai la lame sur sa chair. J'étais en train de me demander si j'allais ou non anesthésier la zone, étant donné qu'il était encore conscient. Je décidai finalement que non. Qu'il méritait de souffrir autant que j'avais souffert. J'enfonçai la lame, et le sang commença à couler. Je l'épongeai minutieusement et arrivai jusqu'à l'un de ses rein. Reine que je lui enlevai précautionneusement avant de le mettre dans du formole afin de le conserver un long moment et de pouvoir le donner à ma fiancée, dans ma folle idée de lui redonner vie. Ensuite, je m'attaquai à son appendice. Rien de vital. Je voulais qu'il souffre. Et qu'il souffre le plus longtemps possible. Ces deux opérations faites, je remarquai qu'il s'était évanoui de douleur. Pas étonnant, je venais de lui enlever deux organes sans anesthésie. Je souris, sans aucun remords. Non... Aucun. Cela m'effraya, l'espace d'un instant, alors que je venais de refermer son bassin. Je n'avais pas de remords. J'agissais à la manière d'un monstre. Je venais d'arracher sans honte. Sans regret... Lentement, je me laissai tomber devant l'endroit où reposait ma femme, conservée depuis des années alors que je tentai désespérément de lui redonner la vie. Je posai ma main sur la sienne, glacée à travers la vitre qui nous séparait, et je posai mon front contre le sien... Sans pouvoir vraiment la toucher.

« Oh, Helène... Que suis-je devenu ? »

Je ne pus m'empêcher de pleurer toutes les larmes de mon corps, aidé par l'alcool qui coulait toujours dans mes veines, puis me relevai en titubant, jusqu'à la table où était toujours allongé Ben. Je pris alors la plus grande décision de toute une vie : lui laisser la vie sauve. Je détachai les sangles qui le retenait attaché à la table et le traînai dehors par la porte de derrière. Je n'osais pas le réveiller tout de suite, de peur qu'il reconnaisse l'endroit. Je n'avais aucune envie de voir débarquer des types louches dans ma demeure. Bien que je sois Duc, j'avais encore un peu de réputation, malgré mes fréquentes beuveries. Je le laissai tomber dans une ruelle, loin de chez moi, le dos cassé par le poids de son corps et m'agenouillai près de lui.

« Jamais je ne te pardonnerai ! Jamais... »

Je me redressai et m'enfuis dans la nuit, disparaissant dans les ténèbres comme un anti-héros sorti tout droit d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe.
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