"C'était comme vouloir faire pousser des fleurs sur la neige..."
Des fleurs sur la neige, d'Elisa T.

"Il ne me reste plus que ça à faire je suppose... De toute façon je ne compte pas passer ma vie ici à rien foutre. Autant que je sorte pour bonne conduite. J'ai pas pris à perpétuité parce que j'suis en prison que pour tentative de meurtre involontaire. Soit disant... Mais c'est vrai ! Faut me croire même si on dirait pas trop... Chui obligé de tenir un journal à la con pour le quartier psychiatrique. Parce que je suis en prison, mais je vois un psy en plus ! L'horreur total, mon pote. Mais bon... Je suis pas non plus du genre à pleurer ma mère. D'ailleurs qu'elle crève cette pute, elle ne m'a jamais aimé et c'est réciproque. Mon père c'est barré quand j'avais sept ans, que de la joie, vous voyez ? Ma mère faisait comme si j'éxistait pas, alors je devais me démerder. C'est dur, vous savez... De se démerder tout seul... "
Extrait du journal de Théodore Kellerman.

-20 septembre 2000: Théodore Kellerman, 19 ans. Né le 8 janvier 1981 à Boston; enregistré sous le numéro 6 312 à la prison de pour tentative de meurtre à main armée. Peine de 10 ans, sortie sous surveillance au bout de six ans si bonne conduite.

"Ils vont me rendre fou. J'suis innocent mais personne ne me croit apparemment. L'important c'est que je sois libéré un jour, s'ils m'avaient condamnés à vie je me serais suicidé. Ouais... J'aurais pas hésité, qu'est-ce qu'ils croient ? J'ai vécut une vie couverte de honte... Je n'ai jamais vraiment compris le concept de l'existence humaine. Lorsque j'ai rencontré cette femme, elle se faisait appeler Angélica. Tout le monde dit ici que je l'ai tué. A cette époque, je faisais parti d'un gang pour gagner du fric comme je n'étais allé que deux ans à l'école, dans mon enfance. Mon rôle dans le gang était de soutiré de l'argent à des personnes démunies, il me suffisait de leur faire des discours minables pour qu'ils fassent de bonnes actions, pour le bien de l'Amérique, et ils marchaient à la baguette. La famille du chef était pourtant l'une des plus riche du pays... J'ai vécu une vie remplie de honte..."
Extrait du journal de Théodore Kellerman

-Déjà incarcéré deux ans étant mineur pour vandalisme, et six mois pour tentative de viol finalement déclaré innocent. Mère au chômage et alcoolique, père parti à l'âge de ses sept ans. Il a appris à écrire durant les deux années durant lesquelles il s'est rendu à l'école. Il fait beaucoup de fautes et ses lettres sont en pattes de mouches. Il est toutefois très intelligent et persuasif. Envoyé en psychiatrique pour de plus amples analyses sur son passé.

"J'aime bien les clopes... Ca me manque ce gout là. J'ai pas envie d'en prendre parce que ça coûte la peau du cul en prison ou des gâteries. J'ai pas tellement envie d'en faire à des gars d'ici surtout qu'en prison on tabasse les homosexuels, je suis bien placé pour être au courant. Moi j'm'en fou j'suis bi. Et puis je cause de souci à personne j'suis plutôt dans mon coin à rien demander. Les psy me prennent la tête. J'ai envie de me pendre. Pas métaphoriquement, vraiment. Ils disent que j'suis maniaco-dépressif. Mon cul, ouais ! Tu parles que je suis dépressif, comme si ça pouvait se louper. C'est leur terme technique qui me font chier. Et puis j'en ai rien à foutre, je suis bien comme je suis merde..."
Extrait du journal de Théodore Kellerman

-Patient Théodore Kellerman. Diagnostic présent pour le moment: troubles maniaco-dépressifs consistant à passer d'euphorie à dépression. Nous constatons différentes humeurs à chacune des visites de Théodore. Il semble de plus en plus plongé dans la dépression mais quelque fois son côté euphorique ressort. Comment différencier particulièrement les deux cas et diagnostiquer le syndrome maniaco-dépressif ? Les épisodes dépressifs sont marqués par des symptômes que l’on retrouve dans les autres formes de dépression : tristesse extrême et permanente, perte d’intérêt pour toutes choses, irritabilité, troubles du sommeil, manque d’énergie, troubles de la mémoire ou de la concentration, troubles de l’appétit, pensées de mort et de suicide… Quand aux épisodes maniaques, ils sont marqués par une humeur euphorique, une énergie permanente et démesurée, une activité débordante voire une grande agitation, une surestimation de ses capacités, un sommeil réduit à quelques heures sans entraîner de fatigue, un accroissement de l’appétit sexuel, un jugement erroné sur la réalité, consistant à méconnaître les difficultés et les problèmes, et notamment à ne pas s’apercevoir du caractère anormal de son propre état.

"J'ai vécu une vie.. remplie de honte. Même devenu adulte, je me rend compte que le comportement des êtres humain est toujours un mystère. Le comportement des femmes en particulier, échappe complètement à mon raisonnement. En voulant me protéger, une femme est morte. Une femme qu'un gars du gang et moi même avions essayé de tuer. Je ne l'ai pas tué. Elle m'a protégé, croyant que je me faisait agressé par mon chef. Et pan... Elle était là, sur le sol, couverte de sang. Quand je dis que je n'y suis pour rien ! Ou peut-être que si, finalement ? Mais ce n'est pas moi qui ai appuyé sur cette putain de détente !! C'était mon chef. J'ai rien fait..."
Extrait du journal de Théodore Kellerman

-La mère de Théodore s'appelait Alicia Kellerman. Elle avait gardé son nom de jeune fille. Son fils prit le nom de sa mère parce que son père partit de la maison. Le fils unique fut Théodore. Sa naissance fut tellement difficile que la mère faillit mourir et on lui ligatura les trompes. Elle reporta son malheur sur cet unique enfant et toute la haine qu'elle avait toujours gardé dans son cœur, elle finit par la reporter sur le bébé. Sans que son mari le sache, elle hurlait après son fils lorsqu'il n'était pas là. Durant les disputes habituelles qui éclataient entre le père et la mère, Théodore pleurait, à cause de la peur. Un jour, Philippe quitta la maison en claquant la porte. Ce sont les plus vieux souvenirs de Théodore et se que nous concluons d'après le passé de sa mère et son père. Elle prit pour habitude de frapper son fils lorsqu'il était petit, avec ses ceintures, elle reportait toutes les fautes sur lui. Si Philippe partait après une dispute, c'était la faute de Théodore, si la vaisselle n'était pas propre, c'était la faute de Théodore, etc... Elle finit par arrêter de le battre lorsque Philippe partit définitivement de la maison. Il déménagea très loin, et, bien qu'il sache se qu'il arrivait à Théodore, il ne voulait pas le garder. Théodore sut alors qu'il n'était aimé d'aucun de ses deux parents. Il s'attendait à se que les coups de sa mère augmente mais cela ne se produisit pas, elle commença tout simplement à boire et l'ignorer. Elle faisait comme si elle était seule, préparant des repas pour elle seule, ne l'écoutant pas lorsqu'il essayait de lui parler, ne lui achetant pas de nouveaux habits. Il faisait parti du décore.

"Se que je peux dire de ma mère... C'est que c'était une sacré putain. Elle gagnait pas d'argent, juste elle touchait son chômage et son aide social. Elle avait soudoyé le vicaire du village je me souviens, pour avoir de la nourriture et de l'argent. Il s'en était rendu compte et avait cessé de l'aider. J'avais ri sous cape mais en même temps ça ne m'arrangeait pas non plus. Elle était une sacré menteuse, une voleuse et hypocrite par dessus le marché. J'ai souvent vu quelques hommes crécher chez nous pour quelques temps. Un était très gentil et il avait causé avec moi un soir, il m'avait même offert des liqueurs, des chips et un soda. Ma mère, saoul, c'était endormie en haut. Lorsqu'elle descendit le lendemain matin, et qu'elle nous vit causer son amant et moi, elle sortit de ses gonds et se mit à casser des vitres avec les chaises. Ce fut la seule fois qu'elle se rappela que j'existais. Et ce fut ensuite une raclée pire que toutes celles que j'avais pu un jour recevoir ! Elle me frappait avec tout se qui lui tombait sous la main. Je n'en pu plus m'asseoir pendant une semaine tellement j'avais mal aux fesses et que j'avais les jambes raides. Cet homme ne revint jamais, et j'en fus bien triste. J'aurais aimé qu'il m'amène mais je savais que cela n'était pas possible. Je me faisais une fois de plus jeté comme une pauvre chaussette. Je du bien apprendre la vie à mes dépends. A dix ans, je travaillais, je n'allais plus à l'école, ce n'était pas pour moi. Tout l'argent que je pouvais bien gagner, ma mère me le prenait pour s'acheter de la bière. C'était là aussi les seuls moments où elle remarquait ma présence. Il me fallait être plus malin qu'elle. Alors je pris pour habitude de cacher mon argent dans une planque et comme elle voyait que je ramenais plus rien, ou presque rien, elle se mettait en rage folle et cassait toute la maison encore. Mais elle se contenta de ça ensuite. A treize ans j'entrais dans un gang. J'étais le plus jeune, le plus maigre, et le plus petit en taille. En fit de moi une sorte de passe partout. Je touchais à la cigarette dans la même année ainsi qu'à l'alcool et aux drogues. Pour ne pas me faire virer du gang et ne plus recevoir d'argent, je me pliais à tout ça, et cela devint même quelque chose de bon au file du temps. "
Extrait du journal de Théodore Kellerman

-Sa première arrestation eut lieu peu après qu'il eut été émancipé, à seize ans. Il pouvait se débrouiller parfaitement bien seul. Il n'était pas très raisonnable avec l'argent toutefois... Mais il en gagnait pas mal avec le gang, il s'en tirait donc toujours à bon compte. Il fut arrêté au centre ville pour vandalisme puérile consistant à dégrader des monuments, des bâtiments, et destruction dans des lieux publics. Il resta deux années en prison avant d'être relâché avec avertissement. Il se tint un peu près tranquille, passant simplement quelques nuits en garde à vu de temps en temps. Il resta dans son gang. Il commis une tentative de viol. La victime porta plainte mais durant le procès, elle nia tout se qu'elle avait raconté et se rétracta. La défense de l'accusé remporta donc devant les jurés et Théodore évita la prison. Le gang avait surement fait pression sur la fille, tout cela reste un mystère. Puis vint la tentative de meurtre à mains armées. Il nia d'abord puis se laissa faire sans chercher a appeler d'avocats pour se défendre. Il Laissa son chef s'en tirer.

"Lorsque je me suis fait émancipé, j'ai été soulagé. Je n'en pouvais plus de rester chez ma mère à me faire ignorer à longueur de temps. J'en avais l'habitude mais ça me saoulait. Je n'avais qu'une envie, égorger ma mère dans son sommeil d'alcoolique. Je n'ai guère travaillé par la suite, mon appartement je le payais avec l'argent que je gagnais en faisant partis du gang. J'en deviens le second de mon chef, étant donné mon ancienneté. J'avais seize ans. Je savais tout faire, gérer mon argent, préparer mes repas, voler dans les magasins et aux gens, être discret, réparer des meubles ou des objets, faire le ménage de temps en temps. Je devais garder un bon appartement si je ne voulais pas retourner chez ma mère. C'était se qui me poussait le plus. Et puis... Il y a eu ce jour ou on avait pris en chasse cette demoiselle. Je suivis mon chef dans les rues; c'était un fils de riche et pourtant il arnaquait les gens aussi bien que je sais le faire présentement. On était armé, mais on ne voulait pas faire de blessés ni de morts. On a tenté de dépouiller ce joli bout de femme de son argent et de ses belles chaussures neuves. Elle s'est débattu et mon chef me hurlait dessus. La femme a sans doute cru qu'il allait me tirer dessus, elle m'a protéger et le coup et parti dans sa poitrine. On a été sous le choque et on s'est barré... Pas assez vite bien sûr, on était trop secoué pour aller bien loin. Toutes les accusations se sont retournés contre moi. Mais je préférais qu'il en soit ainsi. Au moins aurais-je quelque part où aller quand je sortirais d'ici, n'ayant pas trahis mon chef. Je ne fis appelle à aucun avocat, je fus ma propre défense et je ne niais aucun fait. J'avouais que j'avais tiré. Que si les empruntes de mon chef se trouvait sur l'arme c'est parce que je lui avait prise des mains et que je portais des gants, comme on était en hiver. Et voilà... "
Extrait du journal de Théodore Kellerman.

-10 Septembre 2011, Théodore Kellerman est autorisé à sortir pour bonne conduite. Mis sur surveillance. Les psychologues l'ont jugé mentalement stable, il doit se rendre chez un psy tous les mois et prendre des anti-dépresseur.

"Ca y est ! J'écris de mon petit appart' maintenant. C'est devenu une habitude d'écrire un journal, et je crois que ça ne va pas me quitter; je trouve ça amusant d'un côté. Je suis de bonne humeur aujourd'hui ! J'aime respirer à nouveau un peu. Je suis un peu malade, j'ai dû m’empiffrer de bons petits plats. Sachant que je sortais de prison, mon chef de gang m'a fait passer le message de venir le retrouver au lieu habituel. J'irais, bien sûr, il faut que je me refasse les poches. Je tâcherais de me trouver un rapide métier, cela dit, je suis sous surveillance. Je devrais être prudent avec les drogues et tout le bordel. Tiens d'ailleurs ! J'ai appris que mon compagnon de cellule, avec qui j'avais assez bien sympathisé, devait sortir bientôt. C'est tant mieux pour lui, un brave gars. Peut-être qu'on se recroisera un de ces jours ! Bon allé... Je vais poser ce stylo, à moi la liberté ! "
Extrait du journal de Théodore Kellerman.